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de Selys-Longchamps Edmond (1813-1900)

Portrait de de Selys-Longchamps Edmond

de Selys-Longchamps Edmond, Michel liège

né en 1813 à Paris décédé en 1900 à libéral

Représentant en 1848, élu par l'arrondissement de Waremme

Biographie

( Henri MICHELS, dans Biographie nationale de Belgique, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1990, tome XXII, 1914-1920, colonne 192-199)

(colonne 192) SELYS LONGCHAMPS (Michel-Edmond baron DE), naturaliste, président du Sénat, né à Paris, le 25 mai 1813, mort à Liége, le 11 décembre 1900.

En 1816, lors de son premier séjour à Longchamps, Michel-Edmond vit pour la première fois son père, retenu en notre pays par les événements politiques. C'est seulement en 1827 que Michel-Edmond vint s'installer définitivement chez nous avec sa mère et sa sœur. Le beau domaine de Longchamps lui inspira une véritable passion pour l'histoire naturelle.

A l'âge de quinze ans, il faisait, avec Henri Stephens, jardinier de l'Université, un herbier, classé d'abord selon la méthode de Linné, puis suivant celle de de Jussieu. L'année suivante, le 5 mai 1829, H. Stephens et Davreux présentaient le jeune naturaliste comme membre à la Société des sciences naturelles de Liège, où il lisait un travail qui ne fut peut-être jamais publié. C'était un Mémoire sur les Lépidoptères de la province de Liège. Deux ans plus tard, il écrivit pour le Dictionnaire géographique de la province de Liège, publié par Ph. Vander Maelen, un Catalogue des oiseaux des environs de Liège classés d'après une nouvelle méthode. L'aspirant naturaliste, comme il s'intitulait, s'était donné la peine de dessiner et de peindre, en ce mémoire, les figures des espèces du pays. Dans le même volume, il fournit aussi la Liste des genres d'insectes aptères, névroptères et lépidoptères de la province de Liège. A partir de ce moment jusqu'à la fin de son existence, ses notices scientifiques vont se suivre en séries continues sur des sujets variés, mais se rapportant d'ordinaire à la systématique et à la morphologie animales.

Le 27 février 1838, de Selys Longchamps épousait Sophie-Caroline d'Omalius d'Halloy, fille du célèbre géologue belge, mais son mariage ne vint entrave en rien son inclination pour l’histoire naturelle. Il envoya même à la Société d’entomologie de France, dit (colonne 193) A. Lameere, une liste de Lépidoptères qu'il avait recueillis pendant son voyage de noces en Italie. Ses publications, qui se succèdent rapidement, forcèrent l'attention des hommes de science. Dès 1841, l'Académie royale de Belgique lui conféra le titre de correspondant. Cinq ans plus tard, il était membre titulaire de ce corps savant.

Naturaliste descripteur, il a toujours marqué ses prédilections pour l'étude de la faune de Belgique. En 1842, il fit paraître la première partie de sa Faune belge {Indication méthodique des Mammifères, Oiseaux, Reptiles et Poissons observés jusqu'ici en Belgique). A la séance publique du 16 décembre 1852 de l'Académie, il prononça un discours sur le Calendrier de Faune en Belgique. Et cette faune lui suggéra encore, en 1854, le sujet de son discours comme directeur de la Classe des sciences. Il envisagea surtout, en cette lecture, la distribution géographique des animaux et il divisa, à ce point de vue, notre pays en sept régions. Nous nous trouvons ici en face d'un travail à peu près définitif. Plus tard, dans la Patria Belgica, il écrivit avec grande compétence et d'une façon à la fois soignée et complète, le chapitre : Mammifères, Oiseaux, Reptiles. Toujours épris de la faune de Belgique et plus particulièrement de celle de la région qu'il a si longtemps habitée, il fit en 1897, de nouveau comme directeur de la Classe des sciences de l'Académie, un discours intitulé : Le déclin d'une fatinule. Dans ce travail, il rechercha les causes de l'appauvrissement d'un petit territoire hesbayen et il y montra que » l'homme finit par établir le désert autour de lui ».

Passons successivement en revue les divers groupes du règne animal dans l'étude desquels M.-E. de Sélys s'est spécialisé. [Cette (longue) revue n’est pas reprise dans la présente version numérisée].

(colonne 197) Son labeur scientifique intense, qu'affirment plus de 250 publications, attira sur lui de nombreuses distinctions honorifiques : à deux reprises directeur de la Classe des sciences de l'Académie, président, puis président d'honneur de la Société entomologique de Belgique, plusieurs fois président de la Société royale des Sciences de Liège, membre d'honneur des sociétés entomologiques néerlandaise, de France, de Londres, de Berlin, de Florence, de Vienne, de Stockholm, de Dresde, de Stettin, de Berne, d'Helsingfors, de la société zoologique de France, etc. Dans la séance générale des trois classes de l'Académie, tenue le 11 mai 1897, on célébra son cinquantenaire académique. M . E . de Sélys Longchamps (colonne 198) a toujours montré beaucoup d'affection à cette savante compagnie. Outre le prix donné pour rechercher les moyens de repeupler les rivières de notre pays, il laissa à la Classe des sciences une rente annuelle et perpétuelle de 500 francs à charge de l'employer à décerner des prix biennaux, triennaux ou quinquennaux à des mémoires publiés ou à publier concernant la faune de Belgique. Un prix de Selys Longchamps de 2,500 fr. est décerné tous les cinq ans.

Le vénérable savant affectionnait les réunions scientifiques : congrès, excursions, etc. A 78 ans, il se rendit à un congrès à Budapesth ; à plus de 80 ans, on le vit dirigeant une excursion dans la Haute Fagne.

Homme de cœur, il a tenu à rappeler la carrière de plusieurs de ses confrères et à commémorer leurs œuvres (notices sur Lejeune, Wesmael, Candèze, Dumont, Spring, Ghaye Walsch, de Borchgrave, Donckier de Donceel, etc.).

Son rang social et son ascendance le désignèrent au choix de ses concitoyens qui en firent souvent leur mandataire dans les assemblées publiques. A 28 ans, il fut nommé conseiller communal de Waremme et depuis toujours réélu. La fidélité de ses électeurs lui faisait attacher beaucoup de prix au modeste mandat qu'ils lui confiaient. Il assistait même régulièrement à toutes les réunions du conseil communal. Par son testament, il légua à la petite ville, à laquelle il avait déjà fait don d'un cimetière, une somme de 25,000 francs pour entreprendre des travaux de salubrité et d'embellissement, ainsi qu'une somme de 2,000 francs destinée à la bibliothèque populaire.

M.-E. de Sélys Longchamp a pris, en 1846, une part active au premier congrès libéral et il fut un des promoteurs de celui de 1894. Elu conseiller provincial, il quitta cette fonction deux ans plus tard pour passer,en 1848, à la Chambre des représentants. De 1855 à 1900, il fit partie du Sénat. C'est surtout dans cette haute assemblée qu'il donna la (colonne 199) mesure de sa valeur comme législateur. Le meilleur de ses efforts fut consacré à l'amélioration des conditions d'existence des classes laborieuses. Il prit part aussi à la discussion de toutes les lois politiques importantes, telles les lois sur les bourses d'études, sur l'enseignement supérieur, sur l'enseignement inférieur et sur l'emploi des langues. Il faut rappeler encore son intervention efficace en faveur de nos sociétés scientifiques, dont on voulait supprimer les subsides.

D'abord vice-président du Sénal, il fut en 1880 porté à la présidence qu'il occupa jusqu'en 1884, époque de la chute du ministère libéral. Après avoir siégé au Sénat 45 ans, il résolut, en 1900, d'abandonner la vie politique. Cette décision provoqua, au sein de cette assemblée, une manifestation de sympathie sans précédent. Promu peu après grand cordon de l'Ordre de Léopold, une cérémonie à la fois grandiose et touchante célébra cet événement le 24 mai 1900 à Longchamps. Dans des discours enthousiastes, on tint à évoquer les phases multiples et brillantes de l'existence de l'éminent savant et du grand citoyen qu'était M.-E. de Selys Longchamps. Au mois de juin 1900, il avait tenu à assister à Paris au IIIème congrès international d'ornithologie. A son retour, sa santé, déjà délabrée, devint de plus en plus précaire. Le 11 décembre, il s'éteignait à Liège. On lui fit d'imposantes funérailles. Son corps repose à Waremme.