De Lexhy Emile, Arnold, Hubert libéral
né en 1828 à Momalle décédé en 1880 à Bruxelles
Représentant entre 1856 et 1880, élu par l'arrondissement de Waremme(Extrait de La Meuse, 2 mars 1880)
Mort de M. De Lexhy, représentant.
Une bien triste nouvelle nous est arrivée hier matin de Bruxelles.
M. Emile De Lexhy, représentant de Waremme, a succombé l'avant-dernière nuit, à la maladie qui le tenait éloigné depuis plusieurs mois des travaux de la Chambre.
Après avoir rempli pendant plusieurs années les fonctions de conseiller provincial, M. De Lexhy avait été élu membre de la Chambre des représentants, par l'arrondissement de Waremme en 1856. Il ne cessa depuis lors, sauf pendant un intervalle de quatre ans, de représenter cet arrondissement à la Chambre.
L'honorable M. De Lexhy était un libéral ferme et convaincu. L’arrondissement de Waremme avait en lui un mandataire animé d'un sincère dévouement pour les intérêts agricoles, dont il prenait la défense dans le Parlement avec autant de zèle que d'intelligence.
Caractère profondément loyal et honnête, serviable et bienveillant, M. De Lexhy s'était acquis dans toute la Hesbaye une légitime popularité. Sa mort inspirera dans notre province et dans l'arrondissement de Waremme surtout les plus vifs et les plus profonds regrets.
(Extrait de La Meuse, 4 mars 1880)
FUNÉRAILLES DE M. DE LEXHY.
Hier, onze heures, ont été célébrées dans la paroisse Saint-Josse, au quartier Léopold, à Bruxelles, les funérailles solennelles de M. Emile-Arnold-Hubert De Lexhy, membre de la Chambre des représentants, chevalier de l'Ordre de Léopold, président de la Section agricole de Landen et Hesbaye-Limbourgeoise, ancien conseiller provincial, etc., décédé à Bruxelles, le 29 février, à ' l’âge de 51 ans.
Des détachements de la garnison de Bruxelles ont rendu les honneurs funèbres militaires au défunt.
Dès 10 h. 1/2, une très nombreuse assistance se trouvait réunie à la maison mortuaire, 98, ,rue de la Loi.
Outre la députation dé la Chambre, composée de MM. de d'Alviella, de Thuin, Puissant, A. Jamar, Guyot, Van Wambeke, Van Brabant,i Verhaeghe de Naeyer, Hanssens, conduite par le président Guillery, on remarquait : MM. Bara, Rolin-Jaequemyns, Graux, Van Humbeeck, Liagre -ministres. MM. Frère-Orban empêché par un deuil de famille et Sainctelette, pour indisposition, s'étaient fait excuser.
A la députation de la Chambre s'étaient encore joints : le vénérable M. Rogier, ministre d'Etat ; MM. Decamps, vice-président de la Chambre ; de Rossius, Mouton, Emile Jamar, Lejeune, Le Hardy de Beaulieu, Jottrand, De Vrindts, Boucqueau, de Macar, de Lhonneux, Mondez et Mineur, membres de la gauche.
Du côté de la droite, on remarquait : MM. Malou, Thonissen, Nothomb, Delcour De Lantsheere, Beernaert, et M. le chanoine de Haerne, ancien membre du Congrès national ; MM. de Sélys-Longchamps, vice-président du Sénat ; de Looz, sénateur de Liége, et de Renesse, de Bruxelles, étaient aussi présents. En outre, foule de magistrats et de membres de la haute société bruxelloise.
Beaucoup de personnes des plus notables de Saint-Trond, Tongres, Hasselt et Maeseyck avaient tenu à rendre un dernier hommage à celui qui avait toujours été leur ami, leur soutien et leur défenseur.
Le discours suivant a été prononcé à la maison mortuaire par M. le président de la Chambre des représentants :
Discours de M. GUILLERY, président de la Chambre des représentants :
« Né à Momalle, le 3 mai 1828. Emile De Lexhy entra de bonne heure dans la vie politique, c'est par le conseil provincial que commença une carrière vouée tout entière au service du pays.
« Elu membre de la Chambre des représentants le 10 juin 1856, il fit partie de cette assemblée jusqu’au 11 août 1864.
« Réélu le 12 juin 1866, il ne cessa d'être notre collègue que le jour de sa mort.
« C'est dons une période de 24 ans, pendant laquelle De Lexhy n’ a cessé que pendant deux ans de prendre part à nos débats.
« Aussi, lorsque la croix de Léopold lui fût conférée par le Roi, cette distinction fut-elle ratifiée par l'opinion publique.
« Représentant d'un arrondissement agricole il savait mieux que personne défendre les intérêts de l'agriculture, cette grande industrie qui peut être considérée comme la mère de toutes les autres. Il pensait qu'un gouvernement éclairé doit la protéger de tout son pouvoir. Dans le débat, sa parole était nette, claire, franche convaincue, persuasive.
« Libéral sincère, il fut d'une fidélité à toute épreuve, et c'est dans cette franchise d'allure que se trouve le secret de sa popularité.
« On aime cette foi vive et profonde dans l'avenir de l'humanité ; cette tolérance, vertu essentiellement belge qui respecte toutes les convictions, les protège toutes sans en imposer aucune.
« Il eut beaucoup d'amis ; la cordialité de ses manières les réunissait autour de lui par une invincible attraction.
« Pour ses amis. pour tous ceux qui l'ont connu, pour l’arrondissement qu’il représentait si dignement, pour le pays lui-même, la mort prématurée de De Lexhy est un grand malheur !
« II meurt à 51 ans, alors que son expérience et son dévouement pouvaient faire espérer tout de lui.
« La Chambre, qui sait honorer de loyaux services, a voulu être représentée aux funérailles d’un aussi digne citoyen.
« Au nom de tes anciens collègues, De Lexhy, adieu ! »
Après le service funèbre, célébré, le corps présent, dans l'église Saint-Josse, le cortège s'est dirigé vers la station du Nord, où un tram spécial était mis la disposition des assistants, afin de se rendre, à une heure, à Fexhe-le-Haut-Clocher (Liége) et de là à Momalle, lieu de l'inhumation.
A Momalle lez-Waremme, il y avait aussi une affluence immense , malgré un temps épouvantable. Les habitants des cantons de Momalle , Waremme , Avennes et Landen y assistaient en foule. On y distinguait beaucoup de conseillers provinciaux : MM. Germeau, Libert, Lejeune, Cornet, de la Députation permanente ; les juges de paix de Hollogne-aux-Pierres, Jehay-Bodegnée, Waremme et Landen ; MM. de Diest, ancien conseiller provincial ; Hallet, commissaire d'arrondissement ; Landrain. bourgmestre de Wasseiges et autres notabilités. On peut dire que toute la Hesbaye, où M. De Lexhy était si populaire, avait voulu assister à la triste cérémonie.
L’honorable représentant dont on pleurait la perte était un des plus fermes soutiens du libéralisme et un des plus intelligents défenseurs des intérêts agricoles de l'arrondissement de Waremme. Il y jouissait d'une estime rare et des sympathies de tous. Aussi est-ce avec une profonde et douloureuse émotion que la foule a assisté à ces funérailles.
M. le baron de Sélys, vice-président du Sénat, a prononcé sur la tombe l'éloge du défunt.
Les Sociétés de fanfare de Momalle, Waremme et Oreye exécutaient alternativement des airs funèbres pendant le parcours du cortège de la station de Fexhe à Momalle.
Le deuil était conduit par MM. Jules De Lexhy, bourgmestre de Saint-Georges, frère du défunt, TH. Naveau, son beau-frère, et MM. Rigo, frères de Madame De Lexhy.
Puissent les nombreuses marques de sympathies données à la dépouille mortelle de M. De Lexhy être une consolation pour sa famille
(Extrait de La Meuse, 5 mars 1880)
Voici le discours prononcé avant-hier par M. le baron de Sélys-Longchamps. vice-président du Sénat, au nom de la Société libérale de l'arrondissement, de Waremme, sur la tombe du regretté représentant, M. De Lexhy, à Momalle :
« Messieurs,
« Lorsque la Belgique, s'apprêtant à célébrer son jubile de cinquante ans, voit disparaître l'un dies rares vétérans qui en 1830, ont fondé son indépendance et élaboré l’immortelle Constitution qui nous a d0nné un demi-siècle de prospérité, de paix et de liberté, elle se couvre de vêtements de deuil et montre sa reconnaissance envers les pères de la patrie ; cependant, elle doit s'incliner devant les décrets de la Providence, le terme de la vie humaine étant limitée.
« Mais quand la mort frappe prématurément parmi ceux qui, dans toute la force de l’âge, n’•ont encore parcouru qu'une partie de la durée ordinaire de la vie, en se consacrant au bien public, on est saisi, en présence d'une catastrophe inattendue, et l'on se livre à de poignants, à d'amers regrets, en pensant à toutes les choses utiles qu'un homme intelligent et dévoué aurait pu accomplir encore dans l'ordre naturel des choses.
« Telle est la pensée qui nous accable vis-à-vis de la perte de notre excellent collègue et ami, Emile De Lexhy.
« Emile-Arnold-Hubert De Lexhy n’avait que cinquante-un ans. Il appartenait à une ancienne et honorable famille liégeoise. Son père faisait partie des Etats provinciaux du royaume des Pays-Bas, et son oncle représenta également le canton de Bodegnée au Conseil provincial. Sous ce bon patronage, il fit des études approfondies à notre Université, obtint le diplôme de docteur en droit et se rendit ensuite à Paris, où, à la Sorbonne, au Collège de France, il suivit les cours de plusieurs des grands maîtres qui illustraient alors le professorat.
« A son retour. ayant à peine atteint l'âge réglementaire, ses concitoyens de Bodegnée, où résidait sa famille, l’appelèrent au Conseil provincial, dont il devint l’intelligent secrétaire.
« Mais bientôt après, en 1856, l'honorable Guillaume Lejeune s'étant retiré de la Chambre des représentants, l'arrondissement de Waremme porta son choix sur Emile De Lexhy qui, depuis vingt-quatre ans, ne cessa de justifier la confiance de ses commettants.
« Il fut élu et huit fois : en 1859, 57, 61, 66, 70 (deux fois par suite de la dissolution), 74 et 78. Il n’y eut dans son mandat qu'une interruption de 1864 à 1866.
« A la Chambre, il jouissait, à juste titre, de l'estime générale. Dans l’ordre politique, il fut invariablement fidèle à ses convictions libérales dans la bonne comme dans la mauvaise fortune de son parti, en soutenant de sa parole et de son vote les projets de loi importants qui furent successivement présentés.
« Dans l’ordre matériel, mandataire d’un arrondissement rural, il se préoccupa surtout des intérêts de l'agriculture et de tout ce qui s'y rattache. Aussi notre contrée hesbignonne, avec laquelle on reconnaissait qu’il fallait compter, acquit-elle dans nos débats une considération à laquelle, d'ailleurs, elle avait droit.
« Dans ces discussions, le « représentant campagnard », comme on l'appelait, ne négligeait aucun occasion de mettre en relief les intérêts de la Hesbaye. IL réclama, pour les transports, des tarifs favorables aux cultivateurs ; préconisa la suppression dos octrois ; contribua à l'établissement du fonds communal, cette ressource inespérée que le parti libéral créa au profit des communes rurales ; le premier il réclama l'abolition des barrières. Il combattit sans cesse en faveur de l’augmentation des subsides pour la voirie vicinale, réclama et obtint la reprise par I'Etat de plusieurs chemins de grande communication ; la construction de nouvelles routes, l’établissement de nouvelles stations, l'ouverture de bureaux télégraphiques. II montra enfin une ténacité sans égale pour faire décréter d'abord, exécuter ensuite le chemin de fer de Hesbaye-Condroz.
« En dehors des travaux législatifs, il s'occupa ardemment de l'organisation de la Section agricole de Landen et Hesbaye-Limbourgeoise, dont il était président.
« Il était d'une rare obligeance ; jamais il ne refusa de se charger des justes réclamations de ses commettants ; aussi le nombre de ceux auxquels il rendit service est-il énorme.
« La popularité dont il jouissait chez nous se montra lorsque le Roi, reconnaissant les services qu'il avait rendus, lui décerna la croix de chevalier de l'Ordre de Léopold. Tous nous étions heureux de l'honneur qui lui était fait.
« De Lexhy était d'un caractère énergique, tenace. Parfois, il se montrait impatient, brusque ; de sorte qu'on lui reprochait de manquer de souplesse et de savoir-faire ; alors je répondais: C'est possible, mais il est si sûr, si franc, si honnête dans le grand sens du mot ! Cela ne vaut-il pas mieux que de se montrer retors et habile dans les petites choses ?
« Il est presque superflu de mentionner qu'un tel homme était excellent fils et excellent époux.
« Depuis deux ans sa forte constitution s'était profondément altérée. Les médecins lui prescrivaient des cures urgentes à l'étranger ; mais, insoucieux du soin de sa santé et déjà bien malade, il n'hésita pas à rester à son poste pendant les sessions d'été de 1878 et 1879.
« Il est douloureux de penser que ce dévouement admirable aggrava et compliqua la cruelle maladie dont il était atteint.... De Lexhy voulut accomplir son devoir jusqu'au bout. Il est mort sur la brèche !
« Pendant un quart de siècle, nous avons travaillé, combattu ensemble, toujours d'accord, la main dans la main, inspirés des mêmes sentiments !
« Puisse la suprême justice récompenser un caractère aussi droit !
« Adieu, ami dévoué ; au nom de tous tes collègues de la Société libérale de l'arrondissement de Waremme, dont tu fis partie pendant toute ta carrière politique , adieu, Emile De Lexhy ! »