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de Bronckart Emile (1813-1884)

de Bronckart Emile libéral

né en 1813 à Liège décédé en 1884 à Bra-sur-Lienne

Représentant entre 1853 et 1864, élu par l'arrondissement de Liège

Biographie

(BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, Bruxelles, 1858, folio n°20)

M. Emile de Bronckaert, dont nous trouvons le nom inscrit sans désignation de titre spécial, sur la liste officielle de la noblesse belge, a fait ses études à l'Université de Liége.

La carrière politique de M. de Bronckaert date de 1844, époque à laquelle il fut nommé Membre du Conseil provincial.

En 1853, le décès de l'honorable M. Destrivaux lui ouvrit l'accès au parlement, Les électeurs de l’arrondissement de Liége savaient M. de Bronckaert entièrement dévoué aux principes du libéralisme ; ils le choisirent pour leur Représentant ; le nouvel élu prêta serment Ie 11 mars.

L'honorable M. de Bronckaert, juste appréciateur des utiles rendus par les employés provinciaux, appuya, dès la session 1854, une proposition ayant pour but de ranger ces employés parmi les fonctionnaires de l'Etat, et de fixer ainsi leur sort et leur avenir.

A la session suivante, il critiqua vivement le projet de loi concernant la police sanitaire des animaux domestiques, et demanda l'ajournement du projet d'enseignement agricole « afin, dit-il, de mieux l’étudier, et de ne pas forger une loi à coups d’amendements. »

En 1855, il profita de la discussion du budget de l'Intérieur pour renouveler ses observations en faveur des employés provinciaux.

Le projet de dotation de S A. R. le Comte de Flandre n'eut pas M. de Bronckaert pour approbateur. L'honorable Membre vota contre cette donatlion parce que, selon lui : « L’exposé des motifs était l’absence des motifs. »

Réélu en 1856 avec tous ses Collègues de la représentation liégeoise, M. de Bronckaert parla sur la question du Jury d'examen pour la collation des grades académiques et sur celle de la falsification des médicaments, fit plusieurs observations de détail sur le budget de l'Intérieur, demanda une loi répressive du braconnage et intervint de nouveau, sans plus de succès, pour faire obtenir aux employés provinciaux le titre et les avantages de fonctionnaires de l'Etat.

En 1857, il combattit de sa parole et de son vote la loi aux établissements de bienfaisance.

Après la dissolution de la Chambre, il se représenta devant ses commettants et, le 10 décembre, aux élections générales, il obtint un nouveau Mandat.

Le projet de loi sur les Conseils de prud'hommes occupa plusieurs séances de la Chambre renouvelée. M de Bronckaert se prononça pour la présidence-née des Juges de paix dans ces Conseils où se débattent les intérêts des travailleurs.

En un mot, constant dans ses opinions, l'honorable Représentant de Liége s'est toujours montré mandataire intègre et dévoué.


(Extrait de la Meuse, Liège, le 3 juin 1884)

Nécrologie

Nous apprenons la mort de chevalier de Bronckart, ancien conseiller provincial, ancien membre de la députation permanente de Liége, ancien représentant de notre arrondissement, décédé avant-hier au château de Bra, à un âge avancé.

M. de Bronckart avait représenté l'arrondissement de Liége à la Chambre depuis le 3 mars 1853 au 11 août 1864.

C'était un libéral, ferme, sincère. dévoué à son parti ; c'était en même temps un orateur et un écrivain incisif. spirituel, qui a rendu beaucoup de services à l'opinion libérale dans l'arrondissement de Verviers.

Sa mort inspirera d'universels et légitimes regrets.

M. de Bronckart, nous assure-t-on, a légué toute sa fortune - qui est considérable - à la ville de Liége pour l'enseignement primaire. C’est couronner dignement une vie consacrée au service du pays.


(Extrait de la Meuse, Liège, le 5 juin 1884)

M. Warnant, conseiller faisant fonctions de bourgmestre, et MM. les échevins ont quitté Liége ce matin, à 11 heures, pour assister à l’enterrement de M. le chevalier Emile de Bronckart, enterrement qui a lieu à Bra, aujourd’hui, à 4 heures de relevée.

M. de Bronckart a fait un bel usage de sa fortune : il a légué à la ville de Liége une somme importante en faveur de ses écoles. On parle d'un million.

L'huissier de l'Hôtel-de-ViIle, accompagnant les membres du Collège, était porteur d'une magnifique couronne, qui sera déposée sur la tombe de M. de Bronckart, au nom de la ville de Liége, par M. Warnant.


(Extrait de la Meuse, Liège, le 6 juin 1884)

Nécrologie

Les funérailles civiles de M. le chevalier de Bronckart, ancien représentant et ancien membre de la députation permanente, ont eu lieu hier à Bra (canton de Stavelot), au milieu d'un très grand concours de monde.

Plus de quarante voitures attendaient à la gare de Trois-Ponts, à I'arrivée du train de deux heures, les nombreuses personnes qui, de Liége, de Verviers , de Spat de Stavelot, etc., se rendaient à Bra pour assister cet enterrement.

La cérémonie funèbre a eu lieu à 4 heures et demie de relevée. Le corps du défunt était déposé dans un des salons du château de Bra. tout tendu de noir. Les honneurs militaires lui ont été rendus, en sa qualité d'oflicier de l'Ordre de Léopold. par un piquet de gendarmerie ; l'harmonie de la Société d'Orphée de Stavelot ouvrait la marche, en exécutant des airs funèbres.

Les coins du poêle étaient tenus par M.M. J. Warnant , représentant et bourgmestre de Liége ; Neef, représentant ; Ziane, échevin ; F. Massange, bourgmestre de Stavelot ; Vinche et Mathelot, amis de la famille. Le deuil était conduit par MM. Lhoest, neveux par alliance de M. le chevalier de Bronchart.

Derrière le cercueil des enfants portaient de magnifiques couronnes de deuil. envoyées par l'Administration communale de Liége, la Loge de Liége, etc.

Parmi les personnes qui faisaient partie du cortège, citons MM. Jamme et T 'Serstevens, représentantsi, MM. Micha et Van Marcke, échevins de notre ville; Fraigneux, Thiriart et Lovinfosse, conseillers communaux ; Coirbay, secrétaire communal ; Wasseige, professeur à l'Université ; Jules Neef, président de la Société agricole de l'Est ; Ch. de Thier et G. Frère-Orban, conseillers la Cour d'appel ; W. Frère, bourgmestre d'Ensival : Allard, conseiller communal à Bruxelles ; Rogister, inspecteur des postes ; G. Massanges ancien conseiller provincial ; Groulard, secrétaire communal à Verviers ; des députations de la Loge maçonnique de Liège, de l'Association libérale de Verviers, la plupart des habitants de Bra et de toutes les communes avoisinantes.

Ce nombreux cortège s'est rendu au cimetière par les grandes allées du jardin du domaine de Bra. Avant la descente du cercueil dans le caveau mortuaire, cinq discours ont été prononcés : par M. Warnant, au nom de la ville, qui inscrira M. le chevalier de Bronckart parmi ses bienfaiteurs ; par M. Vinche, au nom des amis du défunt ; par Pirard, receveur communal à Stavelot, au nom de la Société d'Orphée de Stavelot; par M. Gillard, au nom du Comité scolaire de Bra-Lierneux, et enfin par M. L. Flechet, au nom de la Loge de Liége. Tour le cimetière était rempli d'une foule nombreuse et recueillie qui témoignait par sa présence des regrets unanimes causés par la mort de M. le chevalier de Bronckart.

Nous avons dit que le défunt avait légué toute sa fortune à la ville de Liége en faveur de l'enseignement primaire, avec réserve d’usufruit au profit de Madame de Bronckart. D’après une clause de son testament, tous les tableaux, antiquités, porcelaines et généralement toutes les œuvres d’art qu'il possédait devront être déposés dans les divers Musées de notre ville.

Discours de J. Warnant

« Je viens, au nom de la ville de Liége, dire un dernier adieu à M. de Bronckart, et exprimer sur sa tombe nos sentiments de vive gratitude et de profonde reconnaissance pour le legs important qu’il a fait à nos écoles communales.

« De Bronckart était né à Liége, le 25 décembre 1813, et il a toujours éprouvé pour sa ville natale d’ardentes sympathies.

« A plusieurs reprises, il fut l »lu du corps électoral liégeois, qu’il représenta au Palrment avec honneur et distinction.

« Ce descendant d’une vieille race était de son siècle.

« Longtemps il avait vécu au milieu de la population légeoise ; il s’était profondément pénétré de ses aspirations larges et généreuses ; il partageait tous ses ressentiments et toutes ses colères contre un passé abhorré.

« Dans sa haute intelligence, le chevalier de Bronckart avait jugé et apprécié l'ancien régime; il en détestait les injustices et les odieux privilèges.

« Citoyen d'élite, son esprit était accessible à tous les progrès. son cœur était bon et sa main toujours largement ouverte tous les malheureux qui étaient sûrs de trouver près de lui aide, secours et assistance.

« Son libéralisme était un libéralisme de vieille roche, ferme. Droit, ennemi de toutes les intolérances et de toutes les aventures.

« La confiance qu'il a eue en la ville de Liége ne sera pas déçue et sa fortune sera sous bonne garde.

« Les enfants qui sortiront de nos écoles - nous en prenons l'engagement - seront des citoyens bonnètes, aimant la liberté et les institutions de la patrie.

« Que vos cendres reposent en paix, de Bronckart, vos dernières volontés seront scrupuleusement respectées.

« Vous êtes mort comme vous aviez, en faisant le bien et en restant fidèle aux convictions de toute votre vie.

“Dieu vous en récompensera.

« Vous concitoyens n’oublieront pas vos bienfaits et ils bénirons votre mémoire. »


(Extrait de la Meuse, Liège, le 21 juin 1884)

A la dernière séance du Conseil communal, M. Warnant, après avoir fait connaître que M. le chevalier de Bronckart, ancien membre de la Chambre des répresentants, avait légué toute sa fortune à la ville de Liége, a déclaré que le Collège ferait prochainement des propositions pour honorer la mémoire de ce généreux citoyen. Le Collége proposera lundi au Conseil communal de donner à l’une des rues de la ville le nom de rue de Bronckart.


(Extrait de la Meuse, Liège, le 28 août 1885)

Chronique locale. Legs à la ville de Liége.

Un arrêté royal du 23 août porte :

LÉOPOLD 11, Roi des Belges, etc.

Vu l'expédition délivrée par le notaire Kerstenne, de résidence à Basse-Bodeux, d'un testament en date du 7 mai 1884, par lequel M. Emile-Joseph de Bronckart de Bra dispose notamment comme suit :

« Je donne et lègue à ma chère épouse, Madame Thérèse Grandjean, l'usufruit de ma succession, la dispensant, pour autant qu'il dépend de moi, de fournir caution et de faire inventaire.

« Sous réserve de l'usufruit ci-dessus et des legs ci-après, j'institue pour ma légataire universelle la ville de Liége, à la condition d'employer le produit de ma succession en faveur de l'enseignement primaire dans la dite ville...

« Indépendamment du legs universel ci-dessus, je lègue à la ville de Liége, pour être, autant que possible, déposés dans les Musées que la chose concerne , avec indication de mon nom et de celui de ma femme, les porcelaines, grès, sculptures, tableaux, objets d'art, d'antiquité et de curiosité qui se trouveront m'appartenir à mon décès. »

Vu la délibération du 6 octobre 1884 par laquelle le Conseil communal de Liége sollicite l'autorisation d'accepter cette libéralité ;

« Vu les requêtes en date du 23 juin et du 16 septembre 1884 par lesquelles la dame veuve Colin, née Adèle de Bra, et la dame Cudell, née Emerence Massart, réclament contre le legs précité ;

Vu l'avis du Conseil communal de Liége du 31 octobre concluant au rejet des réclamations prémentionnées ;

Attendu qu'aucune parenté de la dame Colin avec le testateur n'est établie ;

Attendu que la parenté de la dame Cudell avec le défunt existe réellement ; qu'il résulte, en effet, des actes authentiques produits, que la requérante est cousine germaine de M. de Bronckart de Bra ;

Attendu que la situation de fortune de la dame Cudell justifie pleinement sa réclamation ;

Vu l'avis de la Députation permanente du Conseil provincial ;

Vu les articles 910, 931 du Code civil et 76 de la loi communale ;

Sur la proposition de notre ministre de l’intérieur et de l'instruction publique et de notre ministre de la justice,

Nous avons arrêté et arrêtons :

Le Conseil communal de Liége est autorisé à accepter, aux conditions stipulées par le testateur :

1° Sans réduction, le legs particulier précité des porcelaines, grès, sculptures, tableaux, objets d'art, d'antiquité et de curiosité ;

2° Le legs universel susmentionné, à concurrence des deux tiers seulement du montant de ce legs.

Le troisième tiers restera dans la succession ab intestat.


(Extrait du Moniteur belge, du 5 juillet 1888)

Léopold II, Roi des Belges,

A tous présents et venir, Salut.

Vu la délibération du conseil communal de Liége, du 18 juin 1888, tendant obtenir l'autorisation d'accepter les propositions lui faites par CudelI-Massart, de céder à la ville, sous les garanties de fait es de droit, au prix de 65,000 francs, tous les droits qu'elle possède dans la succession de M. le chevalier Emile de Bronckart, décédé à Bra, le 1er juin 1884, soit un tiers en nue propriété, cession à réaliser dans diverses conditions énoncées dans la susdite délibération ;

Revu Notre arrêté du 24 août 1885, statuant sur une demande du conseil communal de Liége, qui avait pour objet d'accepter notamment le legs universel Ait à la ville et compris dans les dispositions testamentaires prises par M. le chevalier de Bronckart suivant acte du 7 mai 1884 ;

Vu l'avis de la députation permanente du conseil provincial de Liége. du 20 juin 1888;

Vu l'avis de Notre Ministre de la justice, du 29 juin 1888 ;

Vu l'article 76 de la loi communale ;

Sur la proposition de Notre Ministre de l'intérieur et de l'instruction publique,

Nous avons arrêté et arrêtons :

Art. 1er. La délibération précitée du conseil communal de Liége, du 18 juin 1888, est approuvée.

Art. 2. Notre Ministre de l'intérieur et de l’instruction publique est chargé de l’exécution du présent arrêté.

Donné à Bruxelles, le 3 juillet 1888.

Léopold.

Par le Roi : Le Ministre de l’intérieur et de l'instruction publique, J. Devolder.