Cools Pierre, Joseph libéral
né en 1800 à Mol décédé en 1884 à Bruxelles
Représentant entre 1839 et 1852, élu par l'arrondissement de Sant-Nicolas(Extrait et traduit de : B. DE COCK : Zestig jaar onmodigheid van het volk, Saint-Nicolas, 1969, pp. 60-64).
Lorsque Pierre Cools devint commissaire de l’arrondissement de Saint-Nicolas, il était le quatrième à ce poste en moins de quatre années : fait qui illustre combien la vie politique et administrative de la jeune Belgique était alors encore bien instable. Le poste de commissaire était en effet un tremplin idéal pour un mandat parlementaire, et, à ce titre, Charles de Brouckoven, Constantin Rodenbach et Jean de Man d’Attenrode n’avaient fait que précéder Pierre Cools dans cette voie. Pour les jeunes éléments de la riche élite bourgeoise, il s’agissait là d’un bon placement. Le pays unioniste était généreux envers ses fils favorisés.
Pierre Cools est né le 29 octobre 1800 à Mol. Il était étranger au pays de Waes lorsqu’il fut désigné commissaire en 1834. Il bénéficia sans aucun doute du soutien du comte Philippe Vilain XIIII, ainsi que le suggère un trac électoral de 1839 intitulé : « Quelque chose au sujet du comte Vilain XIIII ». Ce trac, à connotation à la fois patriotique et catholico-conservatrice, n’était guère favorable au comte, et plaidait plutôt pour Constantin Rodenbach, Pierre Verwilghen et Albert Hoobrouck de Fiennes. Il accusait notamment le comte de « se promener tel un mendiant sans dignité mais plein d’ambition, et avec beaucoup de promesses à la lèvre. », « de vouloir éliminer Rodenbach pour le remplacer par d’autres de sa trempe. » Le résultat ne fut pas en faveur du comte, en dépit du fait que son fils Charles et Pierre Cools furent quand même élus, simultanément avec le démissionnaire Van Hoobrouck.
Aux élections suivantes, en 1843, un accord fut conclu entre le comte et l’évêque Delebecque. Avec l’arrivée de Pierre Verwilghen et de Charles de Meester, les électeurs du pays de Waes modifient clairement leurs affinités politiques en choisissant ces représentants parlementaires catholiques. Ceci explique aussi pourquoi Pierre Cools, qui appartenait au courant libéral, n’est pas réélu.
On a dit que la gestion d’une carrière politique ne relevait pas de la science mais plutôt de l’art de s’accommoder avec le possible. Les élections du 13 juin 1848 vont le démontrer : sont en effet élus ‘t Serclaes, de Meester et Charles Vilain XIIII. Toutefois ce dernier est également choisi par les électeurs de Maeseyck. En optant pour ce dernier arrondissement, il laisse ainsi la place à Pierre Cools qui redevient parlementaire. Effet du pur hasard ou bien jeu subtil des deux Vilain XIIII ? Le fait est que depuis 1840 Pierre Cools n’avait plus exercé de mandat de commissaire et qu’il ne pouvait plus exercer autant d’influence sur l’électorat ; le compromis de 1843 entre le comte et l’évêque ainsi que les derniers événements rendaient la deuxième hypothèse plausible. Ceci dit, à un époque où libéraux et catholiques s’éloignent les uns des autres, il n’est pas toujours facile de poursuivre ainsi. Cette situation s’accentue avec la constitution du parti libéral en 1846, même si certains libéraux s’appuient sur les libéraux catholiques et si dans certains arrondissements des candidats communs sont encore proposés.
L’année 1848 marque le terme de la carrière politique de Pierre Cools. Face à l’influence croissance de la bourgeoisie catholique et au déclin du comte vieillissant (qui reste néanmoins solide), il ne peut résister à l’accélération des transformations sociales et à la génération montante. En 1851, le conflit avec les catholiques fut cause de l’éviction du comte Vilain XIIII lors des élections sénatoriales et son remplacement par De Munck-Moerman. Aux élections de 1852, deux jeunes candidats, Théodore Janssens et Isidore Van Overloop, se présentent. Soutenus par l’évêché, ils ne sont pas choisis particulièrement pour contrer la personne de Pierre Cools (c’est du moins ce qu’affirmera plus tard Janssens) mais ils s’opposent à ses opinions. Les catholiques vont gagner ces élections, première étape d’une période que les élections de 1843 préfigurait déjà.
Un des enjeux de ces élections de 1852 est la question de l’interventionnisme française dans les affaires intérieures belges. Cette volonté d’ingérence joue en faveur des catholiques, surtout dans la Flandre orientale où l’industrie textile a été évincée des marchés françaises et en subit les conséquences. En outre, à l’intérieur, le gouvernement libéral de Rogier vient à peine de faire adopter une loi sur l’enseignement moyen qui mécontente le monde catholique, mécontentement accentué par une encyclique de Pie IX insistant sur les dangers que cette loi fait courir aux catholiques belges. Rien d’étonnant dès lors que l’évêque Delebecque prenne à cœur de faire élire ses candidats et se mêle de politique… dans son cas, avec succès. Sur les 2473 électeurs du pays de Waes, 1929 s’étaient inscrits de sorte que la majorité absolue est de 965 : les candidats catholiques récoltent en leur faveur 1643 voix (’t Serclaes), 1340 voix (Janssens) et 1293 voix (Van Overloop) ; les candidats libéraux Cools (633 voix) et Vander Gracht (343) sont hors course. Une période de domination catholique homogène a commencé, qui ne prendra fin qu’en 1904.
Tout ceci explique que Pierre Cools avait désormais perdu toute chance de réussir dans la carrière politique, bien qu’il n’ait jamais prôné un libéralisme excessif. Il s’opposa notamment aux manifestes électoraux de Théodore Verhaegen, président de la Chambre, et d’autres libéraux issus de l’Association bruxelloise.
(…) (Il devient conseiller à la Cour des comptes en 1854. Son mandat fut constamment renouvelé jusqu’à sa mise à la pension en 1882, à l’âge de 81 ans). Pierre Cools mourut à Bruxelles le 16 août 1884.
(Extrait de J.L. DE PAEPE – Ch. RAINDORF-GERARD : Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, Commission de la biographie nationale, 1996, pp. 70)
Docteur en droit de l’Université de l’Etat de Liège (1824)
Premier commis au ministère de l’intérieur (1835) ; directeur au ministère des finances (1847-1848)
Commissaire d’arrondissement de Saint-Nicolas (1835-1839)
Membre de la commission de liquidation pour la réparation des pertes causées par les événements de guerre de la révolution (1842-1847)
Membre du comité consultatif pour les affaires des Flandres, 1848-1850
Conseiller (1854-1882) puis conseiller honoraire (1883-1884) à la Cour des comptes.