Broustin François, Alexandre libéral
né en 1809 à Bruxelles décédé en 1874 à Schaerbeek
Représentant entre 1866 et 1870, élu par l'arrondissement de Bruxelles(Extrait de l’Echo du Parlement, du 6 juin 1866)
Chronique électorale. Association libérale de Bruxelles. Assemblée général du 4 juin 1866.
(…) La discussion est ouverte sur le mérite des candidats [pour l’élection au Parlement]
La discussion est ouverte sur la candidature de M. Broustin
Le docteur Thiry. - Messieurs, je vous demande la permission d'appuyer la candidature de l'honorable M. Broustin.
La situation dans laquelle nous nous trouvons est une situation grave, il importe donc que les hommes que nous acclamons pour aller siéger à la Chambre des représentants soient des hommes d'une expérience complète, des hommes dont les principes libéraux, l'attachement au libéralisme ne laissent aucune prise au moindre doute. Il importe que' ces hommes soient doués d'un sentiment de patriotisme ardent. De plus, messieurs, nous devons surtout tenir aux hommes qui dans lé passé ont donné des gages de ce qu'ils seront dans l'avenir. Il ne suffit pas, messieurs, de faire de beaux discours, de prêcher des théories plus ou moins fantaisistes, il faut que les hommes que nous choisirons réalisent par des actes ce que le libéralisme est en droit d'attendre d'eux. Je pense enfin, messieurs, qu'il nous faut des hommes progressistes, dont les regards soient tournés non vers le passé, mais vers l'avenir. La prévoyance est une garantie pour la société. Je veux le progrès, mais je veux un progrès réel, un progrès sage et non pas un progrès qui, pour réaliser une somme considérable d'améliorations hypothétiques, ne tendrait à rien moins qu'à bouleverser la société et à conduire notre pays dans l’abîme. (Applaudissements,)
Je veux donc le progrès en fait, le progrès sérieux, le progrès vrai, mais je ne veux pas .de ces hommes qui, pour se dire partisans du progrès, n'ont que de vaines théories et qui, en définitive, n'ont d'autre solidité que le bruit qu'Ils font. (Nouveaux applaudissements.)
A ce point de vue, messieurs, la candidature de M. Broustin doit avoir toutes nos sympathies. M. Broustin n'est pas pour nous un nouveau venu. Ai-je besoin de vous dire la conduite qu'Il a tenue au conseil provincial, dont il est membre depuis plusieurs années ? Ai-je besoin de vous rappeler la sympathie dont l'entourent tous ses collègues, l'attachement qu'Ils lui portent, les témoignages de confiance qu'ils lui ont donnés ? Il a été appelé au secrétariat de l'assemblée, il a été appelé aux difficiles et délicates fonctions de vice-président de la commission des bourses d'études. Il a été nommé rapporteur du budget provincial. Il a constamment donné des preuves non seulement de s capacité administrative, mais aussi de son habileté financière. Le désintéressement de M. Broustin n'est pas à contester ; ce qu’il est dans la vie privée, il l’est dans la vie publique. Il n'attend rien, il ne veut rien que les suffrages de ses commettants pour accomplir le bien qu’il se propose (Applaudissements.)
M. Broustin n’est pas seulement bon administrateur; il n'est pas seulement financier habile, il n'est pas seulement l'homme désintéressé dont je viens de parler, il est encore homme du progrès, mais du progrès sage, peu bruyant, mais solide, ce qui vaut mieux. Passez en revue tous ses votes au conseil provincial et dites moi s'il est une seule mesure progressive, sérieusement progressive bien entendu, qui n'ait reçu son approbation et son appui efficace.
M. Broustin, dans une période difficile, a été pendant de nombreuses années président de notre Association, et dans cette position il a eu à surmonter des difficultés de plus d’une espèce ; je puis en parler, moi qui l'ai aidé de mon faible appui à surmonter ces difficultés. En 1859, cette vieille Association bruxelloise, qui a tant fait pour asseoir le libéralisme sur les bases solides sur lesquelles il repose actuellement, en 1859, cette Association a failli sombrer :et, je puis le dire, c'est au dévouement et à l'énergie de M. Broustin que nous devons de nous trouver encore réunis ici. C’est là un souvenir qui ne peut pas plus s’effacer du cœur de l'assemblée que du cœur des individus. C'est là une dette que nous devons tenir 'à honneur d'acquitter, et ce faisant, je vous garantis que nous ferons une chose utile pour le pays et pour la capitale. (Longs applaudissements.)
M. Broustin. - Messieurs, je ne m'attendais certainement pas au brillant éloge dont je viens d’être l’objet de la part de mon honorable ami M. le docteur Thiry. Cet éloge est trop flatteur. Je ne puis vous offrir que le dévouement que j'ai toujours apporté à l'Association libérale et au libéralisme.
Comme vous le disait mon honorable ami, je suis un libéral progressif, mais j'entends marcher d'un pas mesuré, sagement. Je désire progresser, mais de manière à ne devoir jamais reculer. (Applaudissements.)
Ainsi, messieurs, dans la question qui nous occupe aujourd'hui, la question de la réforme électorale, gît l'une des plus graves difficultés qui puissent se rencontrer parmi nous. Que vous demande-t-on ? On nous demande je ne dirai pas le suffrage immédiatement universel, mais c'est la même chose, puisqu’on veut accorder le droit de voter à tout homme sachant lire et écrire plus ou moins couramment. Je pense, moi, qu'il faut considérer comme sachant lire et écrire celui qui a reçu une certaine instruction, une instruction qui lui permet da comprendre la portée du vote qu'il émet. (Applaudissements.)
Voilà, messieurs, dans quel sens j'entends la réforme qu'il importe d'accomplir. Toute autre réforme conduit directement au suffrage universel et nous avons vu par l'expérience ce que c'est que le suffrage universel. (Longs applaudissements.)
Il n'est pas jusqu'au premier ministre du roi de Prusse qui ne veuille en faire goûter aux populations. Lui aussi veut le suffrage universel. Eh bien ! messieurs, quand on l'a vu fonctionner dans un pays voisin, qu'il a privé de sa liberté, et dans un autre pays qu'il a privé de sa nationalité, je crois qu'on ne doit pas s'empresser de l'appliquer à la Belgique. (Nouveaux applaudissements.)
- La discussion est close sur la candidature de M. Broustin.
Extrait de l’Echo du Parlement, du 21 juillet 1870)
Chronique électorale. Réunions électorales de Bruxelles.
Hier soir ont eu lieu à la salle Navalorama et à la salle du Jardin Joyeux les premières réunions électorales organisées par l’Association libérale en vue des élections du 2 août.
(…) Triple salve d'applaudissements pour M. Anspach, qui assistait à la séance. On s'étonna que M. Broustin sollicite le renouvellement de son mandat. Un orateur, dont le nom nous échappe, estime que les doctrinaires sont tenus de voter contre lui, parce que ce candidat. envoyé par eux à la Chambre pour combattre l'extension du droit de suffrage, n'a pas ouvert la bouche sur cette question importante. II ne leur a donc rendu aucun service. Il ne s'est fait entendre que sur la question notariale. Sa compétence en cette matière ne saurait être niée, mais ce n'est pas un titre suffisant. Sur ce, la candidature de M. Broustin est écartée.
(Extrait du Journal de Bruxelles, 30 décembre 1874)
On annonce la mort de M. François-Alexandre-Ferdinand Broustin, ancien notaire, ancien membre de la Chambre des représentants, ancien membre et secrétaire du conseil provincial du Brabant et vice-président de la commission des bourses d’études, décédé hier à Bruxelles. Le service funèbre pour le repos de son âme sera célébré le jeudi 31 décembre courant, à onze heures. en l'église des SS. Jean et Nicolas, à Schaerbeek. L'inhumation aura lieu immédiatement après.
(Extrait de : J.L. DE PAEPE – Ch. RAINDORF-GERARD, Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, Commission de la biographie nationale, 1996, p. 45)
Docteur en droit ; candidat notaire à l'université libre de Bruxelles (1837) ; notaire à Bruxelles (1867)
Conseiller provincial du Brabant (1854-1866)