Brassine Jacques, Joseph indéterminée
né en 1830 à Namur décédé en 1899 à Auderghem
Ministre (guerre) entre 1893 et 1896(Extrait de La Réforme, du 29 décembre 1899)
Mort du Général Brassine
Le lieutenant-général Brassine, ancien ministre de la guerre, est mort lundi en sa maison de campagne d'Auderghem.
Jeudi dernier, le général, atteint d’un refroissement, dut garder le lit ; confiant dans sa robuste constitution, il ne fit appeler aucun médecin et ce fut vendredi seulement que les docteurs Dupont et de Vauclerou furent appelés. Ils déclarèrent le cas très grave.
Un mieux se manifesta dimanche ; dans l'après-midi, le général reçut ses aides de camp, les majors Koucker et Du Rutte. Lundi, jour de Noël, sept heures du matin, il expirait...
Après avoir parcouru toute l'échelle des grades militaires, - parti simple soldat - partout où il passa il ne laissa que des amis.
Le général Brassine, qui commandait la circonscription d Anvers, fut appelé au ministère de la guerre le 4 mai 1893.
Ayant accepté. bien malgré lui, lui qui n'aimait que la vie de famille, et sur les pressantes instances de son neveu feu Jules de Burlet. les charges du pouvoir, il fit le vœu, en entrant dans le cabinet. de réaliser quelque chose. Ses collègues acceptèrent son programme et lui
donnèrent leur parole qu'ils l'aideraient à le faire réussir.
Comme ministre de la guerre, il s'est attaché surtout à l'amélioration du sort des soldats ; il a accompli dans cet ordre d'idées plusieurs réformes louables.
Il a laissé le meilleur souvenir dans les casernes comme dans les bureaux de son département. C'était un officier sympathique et affable.
Bornons-nous pour le moment rappeler l'attitude correcte qu'il a prise, à la différence de son prédécesseur et du ministre la guerre actuel, sur la question du service personnel au sujet de laquelle nos maîtres s'obstinent depuis des ans à jouer la comédie que l'on sait.
Ne pouvant faire triompher la réforme militaire que et le pays attendaient de lui, le général Brassine a déposé loyalement son portefeuille.
Il s'en alla, fièrement, en honnête homme, et tous doivent saluer ce caractère.
Insoucieux des honneurs, il s'en alla vivre là-bas, à Auderghem, dans cotte coquette villa « où, nouveau Cincinnatus, il se reposa des joies du pouvoir en plantant des choux et soignant ses salades. »
Le roi éleva son ministre de la guerre au grade d’aide de camp honoraire et lors de l’entrevue de Léopold II et de l’empereur Guillaume à Kiel, en 1897, le général Brassine prit place à bord du yacht royal.
Le général était, à Spa, l’hôte favori de la reine ; cette année encore, il fit deux séjours à la villa de la rue du Marteau.
Sa modestie fut la marque de sa vie et on la retrouvera encore dans cette volonté qu'il exprima à diverses reprises aux siens : « Pas d’honneurs, pas de fleurs. »
Le général Brassine était né ) Namur le 12 octobre 1830. A quinze ans, il s’engageait comme soldat aux grenadiers, pour entrer en 1848 à l’école militaire. Colonel à quarante-huit ans, il était général cinq ans plus tard.
La Belgique perd en lui un grand citoyen.
Le défunt emporte l’estime et les regrets de tous ceux qui l’on connu.
Les funérailles seront célébrées à Auderghem, jeudi à onze heures. L’inhumation aura lieu dans le caveau de famille, au cimetière d’Ixelles.
La volonté du défunt sera respectée : il n’y aura ni troupes, ni discours.
(Extrait du Journal de Bruxelles, du 26 décembre 1899)
Nous annoncions samedi soir que le général Brassine, ancien ministre de la guerre, malade depuis quelques jours, avait reçu les derniers sacrements. Tout espoir de voir le général revenir à la santé n'était pas encore perdu et l'on ne s'attendait pas au brusque dénouement survenu lundi matin. Dimanche après-midi le général avait encore reçu des visiteurs et avait pu s'entretenir pendant quelques minutes avec ses anciens aides de camp, MM. Keucker et Durutte. Mais dans la soirée, son état empira brusquement, il perdit connaissance et s’éteignit doucement lundi matin vers 6 heures.
Le général Brassine était né à Namur le 12 octobre 1830. Dès sa prime enfance ses penchants, très vifs, le portèrent du coté des armes, et sa vocation fut ainsi irrévocablement décidée.
A quinze ans, en décembre 1845, il s'engage comme soldat au régiment d'élite, qu'il quitte pour entrer à l'Ecole militaire en avril 1848 et de laquelle, après de brillantes et rapides études, il sort premier de sa promotion (1850).
Sous-lieutenant au troisième chasseurs à pied, il permute bientôt au régiment des grenadiers où il gravit vivement l'échelle des grades intermédiaires. Lieutenant à 23 ans, capitaine à 29 ans, major à 40 ans lieutenant-colonel à 45 ans, il a occupé dans les premiers grades les fonctions de porte-drapeau et celles d'aide de camp du général Damman. Nommé colonel à 48 ans (1878), il quitte à son tour le régiment des grenadiers où il a su conquérir toutes les sympathies, gagner la confiance du soldat et le respect des officiers sous ses ordres, pour prendre le commandement du 6ème régiment d'infanterie en Anvers.
A cette date, les colonel Brassine et Poplimont, sous l'impulsion du lieutenant-général Boucher, se signalèrent d'une façon louable et luttèrent d'émulation pour rendre meilleur le bien-être moral et physique de la troupe à la 2ème division
d'infanterie. Les résultats obtenus furent si concluants que le ministre de la guerre recommanda à tous les chefs de corps l'adoption des mesures prises dans les régiments d'infanterie d'Anvers pour améliorer le logement ct la nourriture du soldat, diminuer les corvées nombreuses et accablantes, créer des distractions à la caserne afin de combattre d'une façon efficace le spleen et le dégoût qui font déserter les rangs aux plus forts et aux mieux intentionnés.
C’est dans les casernes des 6ème et 8ème régiments que furent établis les réfectoires des soldats, le parloir, etc... tout cela bien longtemps avant que le règlement en ait prescrit l'Installation.
Le colonel Brassine fut désigné le 30 mars 1882 pour commander la 4ème brigade d'infanterie, et le 29 décembre 1883p pour prendre le commandement de la 3èm brigade ; le Roi lui conféra alors le grade de général-major le 25 juin 1883.
Entretemps Il fut envoyé, en 1882, comme chef de mission aux grandes manœuvres dirigées en France par le général Cornat. Fort bien accueilli dans ce pays en reconnaissance de la délicatesse et du tact de sa conduite envers les prisonniers français détenus au camp de Beverloo dans la guerre désastreuse de 1870 et à la garde desquels il fut préposé avec un bataillon de grenadiers, le président de la République, en souvenir de sa mission, remit les insignes de commandeur de la Légion d’honneur.
Le général Brassine, âgé d'à peine 53 ans, s’efforça d’encourager les conférences des officiers , les travaux en commun sur le terrain, l'étude des guerres modernes au point de vue de l'application des principes émis par nos règlements de manœuvres. Il introduisit dans sa brigade, dès l'année 1882, les manœuvres avec cadres dans les divers secteurs du camp retranché d'Anvers. Les résultats probants obtenus incitèrent le général Graty à étendre à toute l'armée ce système d'instruction, qui peut être mis en pratique sur n'importe quelle sorte de terrain.
Appelé le 11 octobre à commander la 2ème division d'infanterie, le général poursuivit, dans cette grande unité d'armée, le développement de ses idées sur l'instruction pratique de notre cadre d'officiers. L'instruction ministérielle du 15 avril 1884, modifiée par la circulaire du 18 octobre 1885, interdisant pour les manœuvres avec cadres tout déplacement de plus d un jour, forçait de travailler toujours sur le même terrain - inconvénient particulièrement sensible à Anvers à cause de la présence des forts, - enlevait aux officiers généraux et supérieurs la possibilité de résoudre les problèmes tactiques en rapport avec leur grade et rendait absolument impraticable l'étude de la défense éloignée d'Anvers.
C'est alors que le général Brassine , se reposant sur des motifs d'ordre élevé, demanda et eut du général Pontus, ministre de la guerre, la permission d'entreprendre chaque année un voyage-manœuvre de plusieurs jours, dont le premier, en 1888. eut lieu dans le district de Herenthals, et celui de 1889 vers Heyst-op-den-Berg. Ces travaux eurent une pleine réussite et un entier succès ; aussi, dès la seconde année, un assez grand nombre d'officiers n'appartenant pas à la division de manœuvre sollicitèrent l'autorisation d'y assister à leur frais.
Le général Brassine commanda ensuite aux manœuvres en terrain varié de 1888 et 1890. En 1889, il fut arbitre en chef aux manœuvres qui eurent lieu.
Nommé lieutenant-général le 26 juin 1890, il fut désigné, le 11 octobre de la même année, pour commander la 4ème division d'infanterie de Bruxelles.
A la dernière réorganisation des grandes unités de l'armée, un arrêté royal du 26 septembre 1892 plaça le lieutenant-général Brassine à la tête de la 4ème circonscription militaire. Enfin, le 4 mai 1893 il fut appelé par la confiance du Roi à prendre le portefeuille de la guerre, avec pour aides de camp les capitaines-commandants adjoints d'état-major Keucker et Durutte.
Dans les situations les plus élevées, le général Brassine est demeuré un modeste et un humble, travaillant dans l'ombre.
Les principaux actes du général Brassine, ministre, peuvent se ramener à ces points :
Continuation du complément du dispositif de défense de la position d'Anvers par l'extension de la ligne avancée au moyen de la construction des redoutes de Beirendrecht, d'Oorderen et Cappellen ; commandes importantes à l'industrie nationale qui pourvoit désormais à tous les besoins de la défense du pays : bouches à feu, carabines à répétition, projectiles, coupoles, etc. ; organisation des divers services de la défense nationale (comité supérieur des forteresses. gouverneurs des positions de Liége et de Namur, comités d'études des places fortes) ; l'effectif du corps de la gendarmerie notablement augmenté, ce qui a permis de donner des brigades à de nombreuses communes rurales ; construction de casernes à Bruxelles, Namur, Malines ; projets d'installations nouvelles pour l'école de guerre et l'école militaire à Bruxelles ; publication de différents règlements sur les manœuvres, les services de campagne et de garnison, etc. ; allocation d'une indemnité aux officiers mariés qui changent de garnison ; paiement anticipatif payement au traitement mensuel des officiers ; application plus large des dispositions relatives aux congés avec solde à accorder à certaines catégories de sous-officiers; haute paye des volontaires avec prime versée à la caisse d'épargne au lieu de leur être remise ; allègement de l'équipement du soldat ; obligation imposée aux directeurs des hôpitaux d'informer les parents indigents en cas de maladie grave et faculté pour ceux-ci de se rendre auprès des malades aux frais de l'Etat ; création d'une école d'application pour les officiers d'infanterie.
On sait à la suite de quels incidents le général Brassine fut amené donner sa démission le 11 novembre 1896.
L’année suivante, le 18 mars, le général Brassine quitta définitivement l'armée, à laquelle il avait rendu, pendant cinquante ans, tant et de si éminents services.
Les funérailles du général Brassine seront célébrés jeudi prochain, à 11 heures, à l'église d'Auderghem. L'inhumation se fera dans le caveau de la famille, au cimetière d'Ixelles.
Le général a déclaré avant de mourir qu'il renonçait aux honneurs militaires. De plus, suivant un vœu exprimé par le défunt, les amis du général sont priés de n'envoyer ni fleurs ni couronnes.
Voir aussi :
Page biographique spéciale sur le site familiale de la famille de Launois (consultée le 7 octobre 2025)
Episode sonore du 24 juillet 2006 de l'émission "Mon grand-père, ce héros" (RTBF),(consultée le 7 octobre 2025)