Berten Félix, Joseph catholique
né en 1812 à Poperinghe décédé en 1905 à Poperinghe
Représentant entre 1871 et 1896, élu par l'arrondissement de Ypres(Extrait de Galerie nationale. La Chambre des représentants en 1894-1895, Bruxelles, Société belge de librairie, 1897, pp. 244-245)
BERTEN, Félix-Joseph
Représentant catholique pour l’arrondissement d’Ypres, né à Poperinghe le 2 avril 1812
M. Berten a été nommé notaire la résidence de Poperinghe en 1845. Trois ans après, un arrêté royal l'appela aux fonctions d'échevin. Il occupa ce poste jusqu'à sa nomination de bourgmestre de sa ville natale, le 29 juillet 1871. Ce dernier mandat lui a été renouvelé sans interruption jusqu'à ce jour.
Il fut élu sans lutte membre de la Chambre des représentants par l'arrondissement d'Ypres, le 27 juillet 1871, en remplacement de M. Van Renynghe, décédé. Depuis lors, il fut toujours réélu et pour la huitième fois le 14 octobre 1894, à une très grande majorité, en opposition aux libéraux.
Dès son entrée au Parlement, il défendit avec énergie et persévérance les intérêts de l’arrondissement d'Ypres et notamment ceux de l'agriculture ; il préconisa et obtint des réductions du coût de transport, ainsi que l'amélioration de la voirie ; il prit également une part importante à la discussion de la loi sur le notariat pendant la session de 1874-1875.
Bientôt, il se vit forcé d'abandonner son étude notariale, à cause de l’impossibilité où il se trouvait de concilier ses fonctions de notaire, exigeant sa présence au lieu de la résidence, avec l'exercice régulier de son mandat législatif et l'assistance assidue aux séances de la Chambre des représentants.
Devenu doyen d'âge de la Chambre à la suite de la mort de Mgr de Haerne, il présida la séance d'ouverture de la session de 1890-1891 et celles des sessions de 1892-1893 et de 1893-1894.
M. Berten est officier de l'Ordre de Léopold et décoré de la Croix civique de classe.
(Extrait du Journal d’Ypres, du 25 février 1905)
Mort de M. Berten
Mercredi est décédé à Poperinghen à l'âge de 93 ans, M. Félix Berten, ancien bourgmeste, ancien membre de la Chambre des représentants.
M. Berten fut nomme échevin de sa ville natale en 1848, Il conserva ces fonctions jusqu'en 1868.
En 1871 il succéda M. Charles Van Renynghe, en sa double qualité de bourgmestre et de député.
En 1896n il ne se laissa plus représenter pour la Chambre à cause de son grand âge ; mais il conserva ses fonctions de bourgmestre jusqu’il y a deux ans.
M. Berten a rendu de réels services à la ville de Poperinghe et à l’arrondissement d’Ypres. Il était officier de l’ordre de Léopold et décoré de la croix civique de première classe.
Ses funérailles auront lieu mardi prochain, à 10 1/2 heures.
(Extrait du Journal d’Ypres, du 4 mars 1905)
M. Berten
Les funérailles de Mr Felix Berten, ancien bourgmestre de la ville de Poperinghe, et ancien membre de la Chambre des représentants, ont été célébrées solennellement mardi matin. A dix heures une foute immense se pressait autour de la maison mortuaire, devant laquelle étaient massés l'harmonie communale et le corps des sapeurs pompiers, appelés à rendre les honneurs militaires au défunt, en sa qualité d'officier de l'Ordre de Léopold.
Avant la levée du corps, des discours ont été prononcés au nom de l'administration communale par M. le bourgmestre van Merris ; au nom des hospices civils par M. Georges Lebbe.
A dix heures et demie une décharge de mousquetterie annonçait que le cortège se mettait en marche. Le deuil était conduit par les familles Berten, Goubeau et Lefebvre du Prey.
Les coins du poêle étaient tenus par MSM. G. Lebbe, président des hospices, Eug. Struye, ancien sénateur ct ancien représentant, Colaert, représentant et bourgmestre d’Ypres et van Merris, représentant et bourgmestre de Poperinghe.
Parmi les notabilités nous avons remarqué, outre le conseil communal, les membres des hospices civils et du bureau de bienfaisance. MM. le sénateur Baron de Vinck Struye, ancien sénateur, Colaert, représentant, Biebuyck, président du tribunal de première instance d’Ypres, les bourgmestres Reninghelst et de Westoutre.
L'église de St Jan n'a pu contenir tous ceux qui avaient voulu accompagner la dépouille mortelle de M. Berten.
Dans ses vastes nefs, remplies de fidèles, on remarquait, priant pour leur bienfaiteur, les protégés de toutes les œuvres charitables catholiques, orphelins, vieillards, enfants des écoles. L'offrande a duré jusqu’à la fin du service. A l’issue de la cérémonie religieuse le cortège s’est dirigé vers le cimetière, et pendant le trajet, alternant avec le chant religieuse l'harmonie communale fit entendre plusieurs airs funèbres.
Adieu, cher Monsieur Berten, adieu ; que votre souvenir reste à jamais gravé dans nos cœurs.
Discours de M. van Merris
« Messieurs,
« Sil est un moment solennel pour moi, c’est bien celui auquel, au nom de mes concitoyens, je suis appelé à adresser un triste adieu à l’homme le plus estimé que nous ayons connu dans notre bonne ville de Poperinghe.
« Toutefois, c'est pour moi un impérieux et doux devoir d'honorer d'un hommage suprême sa mémoire en lui offrant la reconnaissance de tous les habitants de Poperinghe et même de leur postérité.
« Monsieur Félix Berten naquit à Poperinghe, il y a à peu près un siècle, de parents honorables. Son père à la tète d’une bonne étude de notaire, avait acquis la confiance générale, et faisait des affaires brillantes.
« D'une honnêteté irréprochable, actif et d’une exactitude reconnue c'était un fonctionnaire modèle qui ne connaissait ni l'ambition. ni la soif des honneurs et des dignités. Son fils, le regrette défunt, succéda à son père dans son étude comme dans ses vertus. Honnête et travailleur, il gagna la confiance de toutes les familles.
« Il conserva l’humilité et la simplicité de ses parents, quoique les honneurs lui échurent en abondance. Les destinées des hommes sont parfois très singulières.
« Un tel, hautain et ambitieux, pourchasse les honneurs et les grandeurs ; et toute sa vie n'est qu’une amère déception pour lui-même et pour les autres.
« Tel autre, humble et sans ambition, est comble d'honneurs et de dignités, au point que sa modestie en souffre. Il en fut ainsi de M. Félix Berten.
« En 1848 les suffrages des électeurs l’appelèrent à siéger au sein du conseil communal. A peine entré au conseil, sa Majesté le Roi, par son arrêté du 30 septembre 1848, lui conféra les fonctions d'échevin. Les finances communales, dont la gestion faisait l'objet de ses principales préoccupations, ne pouvaient être confiées de meilleures mains. Grâce à une surveillance étroite et active, le produit de l'octroi prit sous sa sage direction, un essor tel qu'il s'accrut d'un tiers dans une période de 10 années. Aussi lorsque la loi du 18 juillet 1860 vint remplacer I octroi par le fonds communal, une augmentation de ressources de 10,000 francs par an fut assurée à la ville.
« Tel était le résultat de son habile gestion comme échevin des finances. Au décès de son regretté collègue M. Charles van Renynghe, qui avait été durant près de 40 ans à la tête de l'administration, les services que M. Félix Berten avait rendus en qualité d’échevin et son expérience administrative le désignaient pour recueillir sa succession Cette promotion était d'ailleurs dans les vœux de la population entière. Par son arrêté du 29 Juillet 1871, le Roi l'appela aux fonctions de bourgmestre, fonctions que dans l’intérêt de la ville il a bien voulu conserver jusqu’au jour où ses forces physiques ne lui permettaient plus de s’occuper activement des intérêts de la ville.
« Membre de la Chambre des Représentants depuis 1871 jusqu'en 1894, il n'eut rien de plus à cœur que de mettre son mandat au service de l'administration locale. A peine eût-il ceint l'écharpe de bourgmestre, qu'il dirigea ses efforts à faire doter la ville d'une nouvelle route gouvernementale. celle de Poperinghe à Elverdinghe. C'était comme on le disait à cette époque, un magnifique don de joyeuse entrée.
« Pendant sa longue et laborieuse carrière en qualité de bourgmestre, rien n'échappait à son activité. Il a dans tous les domaines qui sont du ressort de l'administration marqué son passage aux affaires ; dans le domaine de la voirie vicinale par la construction des routes vers Crombeke, Watou, Boeschepe, Woesten et l’IOuderdom ; dans le domaine de l’enseignement par la construction d une nouvelle école communale; dans celui de la bienfaisance publique. par la création à l'hôpital d'une salle spéciale pour les indigents atteints de maladies épidémiques, et surtout par des sacrifices personnels dont sa modestie nous empêchait toujours de lever le voile.
« L'unique ambition. l'unique rêve de la vie de M. Ie bourgmestre Berten fut de se dévouer au bonheur de sa ville natale ; l'immense bienfait qu'il vient de lui offrir en est une preuve évidente dont elle se ressentira toujours.
« Voilà, messieurs, pourquoi, en ma qualité de successeur de M. Berten, je rends hommage à cet homme éminent. cet administrateur prévoyant et admirable.
« Voilà pourquoi je voudrais que toute notre ville reconnaissante garde de lui le plus cher souvenir. Puisse.t-il là-haut être l'ange tutélaire de Poperinghe, comme il l’a été pendant le cours d'une vie exceptionnellement longue, et en même temps puisse-t-il vivre éternellement dans la mémoire des habitants de Poperinghe !
« Qu'il repose en paix ! »
[suit le discours du G. Lebbe, président des hospices, non repris dans la présente version numérisée]