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Allard-Pecquereau Jullien (1803-1882)

Portrait de Allard-Pecquereau Jullien

Allard-Pecquereau Jullien libéral

né en 1803 à Tournai décédé en 1882 à Tournai

Représentant entre 1848 et 1882, élu par l'arrondissement de Tournai

Biographie

(Extrait de : E. BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, folio n°10)

ALLARD, Henri-Julien.

Chevalier de l’Ordre Léopold

Né à Tournai, le 12 juin 1805,

Représentant, élu par l'arrondissement de Tournai.

Le père de M. Allard entreprit avec succès la construction d'une partie des fortifications de Tournai. Ce fut sous la direction paternelle que M. Julien Allard étudia l'art de construire, mais il ne prit pas officiellement le titre d'architecte.

On doit à ses connaissances théoriques et pratiques plusieurs des embellissements de sa ville natale, et surtout la belle transformation du quartier du Parc.

Officier de la schuttery, M. Allard prit une large part aux événements qui se passèrent à Tournai le 28 septembre 1830. Après l'attaque de la caserne des Capucins, occupée par les Hollandais, il alla, avec un autre officier, enlever près de la porte de la caserne, les citoyens tués en combattant pour l'indépendance nationale.

Lors de la formation de la Garde civique, il fut successivement élu Capitaine, puis Major, et servit dans ce dernier grade pendant plus de vingt ans. En 1832, M. Allard fut nommé membre de la commission administrative de l'académie de dessin, de sculpture et d'architecture de Tournai, et il a conservé jusqu'à ce jour ces utiles fonctions.

En 1838, choisi pour administrateur du charbonnage de Strépy-Bracquegnies, et pour président depuis 1846, il contribua puissamment, par son intelligence et son énergie, au développement de ce bel établissement qui, dans le moment actuel, prend encore plus d'extension par la construction de hauts-fourneaux et de laminoirs.

En 1842, M. Allard fonde, avec quelques-uns de ses amis, l'Association tournaisienne, la première Association libérale qu'ait possédée le pays, et il est délégué, en 1846, au grand Congrès de Bruxelles.

Membre, depuis 1847, de la Commission des hospices civils de Tournai, il est élu représentant, le 26 juillet 1848, en remplacement de M. Barthélemy Dumortier qui, honoré d'une double nomination, a opté pour Roulers.

Dès son entrée à la Chambre, M. Allard s'est appliqué à se montrer digne de son mandat, et s'est occupé spécialement des lois sur les denrées alimentaires, sur la sortie du minerai de fer, sur les questions militaires, et presque toujours il a fait partie des sections centrales pour l'examen de ce dernières questions.

Dans la séance du 22 juillet 1851, l'honorable représentant de Tournai a pris un rôle actif à la discussion du projet de loi relatif à l’accise sur les bières et les vinaigres fabriqués.. M. Allard possédait à cette époque une vaste brasserie, et ses connaissances spéciales furent très uties dans le débat. Membre de la minorité, s'il ne put obtenir gain de cause pour les brasseurs, il défendit du moins leurs intérêts avec zèle. et vota contre le projet.

Toujours réélu par concitoyens, l'honorable M. Allard a su conserver dans tous les temps la ligne de conduite publique. Homme de bon conseil, patriote sincère. il honore son parti par sa probité politique et son attachement inaltérable à nos institutions.


(Extrait de l’Echo du Parlement, du 20 novembre 1882)

On lit dans l’Economie :

M. Allard-Pecquereau. ancien représentant de l’arrondissement de Tournai, est décédé hier, en notre ville, à l'âge de 80 ans.

C'était un des vétérans du parti libéral tournaisien, dont il avait été pendant 34 ans le mandataire à la Chambre. La première élection de M. Allard-Pecquerea remontait, en effet, au 26 juillet 1848, époque où il avait remplacé dans notre députation M. Barthélemy Dumortier, qui avait opté pour Roulers. Depuis lors, à dix reprises, les électeurs du Tournaisis avaient renouvelé son mandat, récompensant ainsi son dévouement inébranlable à la cause du libéralisme. Chacun sait qu'il avait quitté la vie politique lors des élections de juin dernier ; depuis quelques années déjà, l'état de sa santé l'avait empêché de suivre régulièrement les séances du Parlement, dont il avait été pendant si longtemps un des membres les plus zélés et les plus assidus, et où ses collègues, qui le tenaient en profonde estime, lui avaient plusieurs fois confié les fonctions de questeur.

M. Allard tait au nombre de ces libéraux qui commencèrent, il y a plus de quarante ans, et qui devaient poursuivre avec tant d'énergie la lutte contre les prétentions cléricales. Il appartenait à cette énergique génération dont le congrès libéral de 1846 résuma les aspirations et les tendances en un programme dont tous les articles ne sont pas encore réalisés aujourd'hui. En toutes circonstances il fit vaillamment son devoirs et l'on ne pourrait signaler aucun moment de défaillance dans sa longue carrière politique. En 1879, quoique éprouvé gravement déjà par la maladie, il alla, en adversaire convaincu de la loi de 1842, voter la nouvelle loi sur l'enseignement primaire : l'an dernier, quand le débat relatif à la réforme électorale mit le pays à deux doigts d'une crise redoutable qui eût pu porter un coup terrible à notre parti, il se fit transporter à Bruxelles pour donner au ministère l'appui de son vote : il ne se faisait plus alors la moindre illusion sur l'issue de la maladie dont il souffrait depuis longtemps : le voyage pouvait lui être fatal et il le savait bien : mais il serait mort à son banc plutôt que de ne pas remplir, en cette grave et solennelle circonstance, ses devoirs de citoyen et son mandat de député libéral.

M. Allard-Pecquereu était membre du conseil communal de Tournai, dont il faisait partie depuis une quinzaine d'années : il était membre de la commission administrative des hospices civils et président du conseil d'administration des charbonnages de Strépy-Bracquegnies.

II était commandeur de l'ordre de Léopold et de l'ordre du Christ de Portugal, chevalier de la Légion d'honneur, décoré de la Croix commémorative de 1830 et de la Croix civique de première classe.

Ses funérailles auront lieu lundi prochain 20 novembre, à 11 heures du matin, en l'église Saint-Brice.


(M. ARNOULD., dans Biographie nationale de Belgique, tome XXIX, 1956, col. 51-55)

ALLARD (Henri-Julien), industriel et homme politique, né à Tournai le 12 juin 1830, y décédé le 18 novembre 1882.

Membre d'une opulente famille bourgeoise, aujourd'hui éteinte, il était le fils de Lactance Louis-Joseph Allard, entrepreneur de bâtiment, et de Sophie-Joseph Vinchent. Son père, qui avait édifié une partie de la citadelle et des fortifications de Tournai, l'initia à l'art de construire ; lui-même contribua aux embellissements de la ville, notamment en transformant le quartier du Parc.

Son frère Lactance Allard-Drogard (1779-1844) fut membre du Congrès national en 1830, vice-président du Conseil provincial et échevin de Tournai.

Dès avant 1830, Julien Allard avait épousé Catherine Pecquereau. d'où le nom d'Allard-Pecquereau, sous lequel il fut généralement désigné. En 1828, alors qu'il exploitait une brasserie en association avec son frère, il fut nommé second lieutenant dans la garde communale ou schuteerij ; il y fut ensuite promu capitaine et c'est ainsi qu'en 1830, il rut mêlé aux événements du 28 septembre, au cours desquels il s'exposa courageusement au danger. En 1831, il était secrétaire adjoint du Comité tournaisien de la Souscription nationale pour la défense de la patrie

En 1838, il rut nommé administrateur de la vieille société des charbonnages de Strépy-Bracquegnies et, dès ce moment, il insuffla à l'entreprise une vie nouvelle : élaboration de statuts, ouverture de nouveaux puits, établissement de la route de Mons au Roeulx, affiliation des ouvriers à la caisse de prévoyance du Centre, etc. Mais les difficultés techniques rencontrées en creusant les nouvelles fosses épuisèrent les ressources de la société ; elle ne sortit de cette crise que grâce à l'ingéniosité de son directeur-gérant, Alphonse De la Roche. et l'appui financier de son administrateur Julien Allard, à qui fut confiée la présidence en 1846. Le 24 mai 1847, à Strépy, une fête solennelle marqua la victoire sur les sables mouvants et l'ouverture de la fosse de Saint-Alexandre. De nouveaux progrès furent réalisés sous la présidence d'Allard : des fours coke (1850), puis des hauts fourneaux et une fonderie (1857) furent adjoints aux houillères ; en 1858. un long litige relatif aux limites, avec la société du Bois-du-Luc, fut tranché et l'ancienne redevance seigneuriale qui continuait de grever l'exploitation fut rachetée en partie à son bénéficiaire. En 1862, un service de meunerie et de boulangerie fut créé, afin d'assurer aux ouvriers une nourriture bon marché ; la même année, la construction d'une cité ouvrière était décidée et, en 1863, celle de l'église de Bracquegnies; en 1869, l'étendue de la concession fut augmentée par l'acquisition d'un autre charbonnage. C'est donc avec raison que, le 27 avril 1871, une cérémonie fut organisée à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de la présidence de Julien Allard.

Entretemps, ce dernier avait pris une part non moins active à la vie politique.

En 1842, il avait fondé l'Association libérale de Tournai, la première de notre pays. En 1848, il avait été envoyé à la Chambre des représentants par les électeurs de Tournai ; il y siégea jusqu'en juin 1882, date à laquelle il se retira de l'arène parlementaire. Jusqu'en 1873. année où il atteignit l'âge de soixante-dix ans, il prit une part très active au travail législatif, souvent comme rapporteur, notamment dans les questions relatives l'armée, à la garde civique et aux travaux publics.

Il intervint fréquemment dans les débats se rapportant l'industrie et au commerce (notamment de la houille), aux voies de communications (principalement celles du Hainaut, et notamment le chemin de fer de Tournai à Lille), aux douanes, aux poids et mesures, et à l'instruction publique. En mars 1849, il combattit une proposition tendant à la suppression du Conseil des mines. En avril 1851, il fut rapporteur sur les pétitions des habitants des Flandres signalant la crise de l’industrie linière. La même année, il se prononça en faveur du traité de commerce avec les Pays-Bas, qu'il trouvait favorable aux industries de son arrondissement.

Tournai trouva souvent en lui un défenseur : en novembre 1850, lors de la discussion du budget de la Justice, il réclama une augmentation de subsides pour la restauration de la cathédrale ; il se préoccupa de l'agrandissement de la station de chemin de fer ; en avril 1860, il fut rapporteur sur le projet de loi instituant un conseil de prud'hommes à Tournai.

De 1859 1870, il fut questeur de la Chambre.

N'ayant jamais cessé de vivre à Tournai, il fut élu conseiller communal de cette ville, en novembre 1868 ; il fut aussi membre de la Commission administrative des hospices.

Plusieurs distinctions honorifiques couronnèrent une existence si bien remplie : à la fin de sa vie, Allard était commandeur de l'Ordre de Léopold, chevalier de la Légion d'honneur, commandeur de l’Ordre du Christ, du Portugal, détenteur de la croix civique de première classe et de la croix commémorative de 1830.

Lors de ses funérailles, les honneurs militaires lui furent rendus par une partie de la garnison et le ministre de la Guerre se fit représenter, tandis que le ministre de la Justice, son concitoyen Jules Bara, était présent. Le deuil fut conduit par son neveu. M. Peterinck. Il ne semble pas, en effet, que son épouse, qui l'avait précédé dans la tombe, lui ait donné de descendance.

Le portrait qui lui fut offert lors de la cérémonie de 1871 est toujours accroché au mur de la salle du Conseil d'administration, au charbonnage de Bracquegnies.