Accueil Séances Plénières Tables des matières Biographies Documentation Note d’intention

Les débuts d'un grand règne (1865-1868). Notes pour servir à l'histoire de la Belgique contemporaine
GARSOU Jules - 1934

Jules GARSOU, Les débuts d'un grand règne. Notes pour servir à l'histoire de la Belgique contemporaine

(Paru à Bruxelles en 1932 (tome I) et 1934 (tome II), aux éditions L'Eventail)

Tome I. De la mort de Léopold Ier à la retraite du général Chazal (décembre 1865-novembre 1866)

Chapitre XXVI. Vandenpeereboom, ministre de la guerre ad interim. Le désaccord s'accentue entre le Roi et Rogier

Nouvelle velléité de retraite de Vandenpeereboom. L'intérim du ministère de la Guerre

(page 152) Jusqu'ici. A. Vandenpeereboom avait prêté une oreille attentive aux bruits de politique extérieure ; après (page 153) avoir annoncé, le 24 août, que tout est redevenu calme au dehors, il cesse, pendant une période, de relater les nouvelles d'ordre international, si importantes soient-elles.

Il paraît repris de sa manie de retraite.

« J'ai fait connaître au Roi directement et par Devaux - écrit-il le 11 septembre - que je désire me retirer avant la réunion des Chambres. Cela ne va pas au Roi, me semble-t-il. Sa Majesté m'a engagé à diverses reprises à me reposer et m'a fait aller passer quelques jours à cet effet avec Elle à Ostende. Il m'a fait préparer un logis au Palais. »

Il ajoute, le 12 :

« Le retour du Roi aujourd'hui pour aller demain à Arlon m'a fait ajourner ce projet.

« Chazal est parti pour Paris ; Rogier est à Ostende ; Frère à la campagne. Bara à Tournai et Vanderstichelen à Spa ; je suis tout seul ici. »

La démission de Chazal, tant de fois annoncée, était enfin imminente. Loin de prendre sa retraite, Vandenpeereboom allait, devant le refus de Frère et de Rogier, se charger de remplacer ad intérim le ministre de la Guerre.

« Chazal a prié Frère de prendre l'intérim de la Guerre : il a refusé. Rogier refuse aussi. J'ai prié le Roi de ne pas m'imposer cet intérim. Sa Majesté, craignant de me fatiguer et de me voir partir, m'a fait écrire qu'elle refusait de signer l'arrêté qui me délègue et que Rogier lui a soumis ; j'avais dit que si tout le monde refusait, il faudrait bien que je le prenne, mais que ce serait à la condition que je serais libéré des deux portefeuilles avant la session de novembre. Devaux m'a écrit que le Roi ne consentira pas à accepter cette condition, mais qu'il ne signera pas l'arrêté qui me confie l'intérim de la Guerre, sans mon consentement formel. »

Rogier ayant définitivement maintenu son refus, Vandenpeereboom, tout en maugréant, se laissa vaincre. Il note à ce sujet le 19 septembre.

« Rogier refuse de prendre l'intérim de la Guerre. Il se figure que si l'action diplomatique et militaire était concentrée en ses mains, l'Europe en serait fort émue. J'ai donc été forcé de prendre cet intérim bien malgré moi. On ne peut laisser un département sans chef. Je suis en vérité bête à force d'être bon. Me voilà surchargé de travail alors que j'ai si besoin de repos. »

L'arrêté est du 16 et a été publié au Moniteur le 19.

Le Roi et la Reine à Tournai

(page 154) Alors que le 5 août aucune autorité française n'était venue complimenter le Roi à Mons, le 17 septembre, lors de la « joyeuse entrée » à Tournai de nos Souverains, que quatre ministres, Rogier, Bara, Vanderstichelen et Vandenpeereboom, accompagnaient, une délégation fut chargée par Napoléon III de féliciter Léopold II et Marie-Henriette. Elle se composait du préfet du Nord Sencier, du général de Planhol, commandant la 3ème division militaire, et du sénateur d'Havrincourt, chambellan de l'Empereur. L'enthousiasme des Tournaisiens ne le céda pas aux démonstrations loyalistes des autres villes du royaume.