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DE SMET Joseph
(1794-1877)
DE SMET Joseph, Jean, né en 1794 à Gand, décédé en 1877 à Gand.
Age en 1830 : 36 ans
Congressiste (1830-1831, Gand)
Interventions au cours de la session 1830-1831
(Congrès national)
(Extrait de : V. FRIS, Biographie
nationale de Belgique, t. XXII, 1914-1920, col. 778-791)
DE SMET (Joseph-Jean), historien, écrivain ecclésiastique,
né à Gand le 11 décembre 1794, mort dans la même ville, le 13 février 1877. Il
fit ses études de collège et de séminaire dans sa ville natale, encore sous le
coup de l’émoi causé par l’intrusion, de l’abbé de
« L’enseignement
moyen, dit P. De Decker, en complet désarroi depuis l'introduction chez nous du régime des
lycées impériaux de France, laissait beaucoup à désirer au point de vue des
livres classiques, tous rédigés dans un esprit qui était peu en rapport avec
nos traditions nationales. Le corps professoral du collège d'Alost s'attacha
immédiatement à combler cette lacune importante M. de Smet, convaincu de la nécessité
d'une direction nationale à imprimer surtout à l'étude de nos annales, publia
dès 1822 (lisez 1821) une histoire de
D'après De Decker, à partir
de ce moment, le gouvernement hollandais, froissé de l' « impartiale
franchise » du jeune historien lui fit une guerre tantôt sourde, tantôt
déclarée qui n'eut d'autre résultat que d'affermir et d'accroître sa popularité.
Depuis lors, quatre autres éditions (l832, 1836, 1839 et 1847), des abrégés
(par J. Coomans, 1836) et des résumés traduits en
flamand (par Ch. van Damme, 1836 et plusieurs autres éditions) donnèrent au
livre de l'abbé de Smet une grande vogue qui dura jusqu’à la fin du règne de
Léopold ler.
D'ailleurs, encouragé par le
succès, le jeune professeur entreprit toute une série de publications
classiques. En 1824, il publia à Gand une Géographie générale en deux
volumes (qui fut rééditée en l831, 1834, l837 et 1842) ; le Messager de
1824 (p. 301) fit à ce manuel géographique le même accueil qu'à la seconde
.édition de l' Histoire de Belgique : « Il faut l'avouer, dans des
écoles où peuvent se rencontrer des jeunes gens de communion différente, il
serait peut-être inconvenant d'admettre un livre où l'auteur se prononce un peu
trop exclusivement en faveur de la sienne ; nous sommes de la même communion
que lui, nous partageons ses principes ; mais il nous semble qu'il est des
opinions qu'il n'est pas nécessaire de professer dans un livre de
géographie ».
En
C'est cette même année que
parurent les arrêtés du roi Guillaume sur l'enseignement, qui compromirent
l'existence du collège épiscopal d'Alost.
Ch. Durand, un écrivain
français au service du gouvernement hollandais, publia, sous le pseudonyme de
M. K., pour justifier la suppression des collèges ecclésiastiques et l'érection
du collège philosophique de Louvain, une brochure intitulée : Droit du
prince sur l'enseignement public. M. de Smet se jeta dans la lice et, avec
la collaboration de son ami l'abbé Verduyn, opposa à ce factum un travail qui
démolissait le prétendu monopole du gouvernement sous le titre : Le droit
exclusif su l'enseignement public (1827). Il continu d'ailleurs la guerre
contre l'Etat hollandais quand, après le Concordat de 1827, celui-ci prétendit
poursuivre sa politique joséphiste.
A près avoir applaudi à
l'union des catholiques et libéraux, l'abbé de Smet put se réjouir du triomphe
des idées séparatistes. L'indépendance nationale fut proclamée ; un congrès
national fut réuni. La ville d'Alost envoya siéger l'abbé de Smet à la grande
assemblée nationale, où il se fit remarquer par l'énergie avec laquelle il
défendit l'indépendance du clergé. Après l'élection du roi Léopold, il
retourna à. Gand, où il fut nommé professeur au grand séminaire et devint
chanoine de la cathédrale.
Pendant vingt-cinq ans, le
chanoine de Smet poursuivit au grand séminaire son cours d'histoire
ecclésiastique. Il fut amené à exposer les tribulations de l'évêque de Gand,
prince Maurice de Broglie, ses démêlés avec Napoléon, sa déportation et celle
des séminaristes gantois envoyés à Wesel. « On lui avait confié la minute
autographe du journal de Mgr de Broglie, écrit jour pour jour pendant les
discussions du Conseil, ainsi que des pièces inédites et des notes curieuses
réunies par le savant directeur B ,Van de Velde, qui avait partagé les travaux
et les captivités de son évêque. » Ainsi parut en 1836 son Coup d'œil
sur l’histoire ecclésiastique dans les premières années du XIXe siècle, et en
particulier sur l'assemblée des évêques à Paris en 1811, d'après des
documents authentiques et en partie inédits. Déjà en 1869, le comte d'Haussonville, au tome IV de son ouvrage : L'Eglise
romaine et le premier Empire, rendait hommage au talent consciencieux de
l'abbé de Smet (on sait que l'ouvrage eut une seconde édition treize ans plus
tard).
C'est à cette époque q ne M. de Smet fut élu
membre de la classe des Lettres de l'Académie royale de Belgique (6 juin 1835)
; deux ans après, il fut choisi pour faire partie de
Lorsque Warnkoenig
quitta Gand pour Tubingue, ce fut. le chanoine de
Smet que
Avec Kervyn de Lettenhove, de Smet fut dès lors l'historien de
Plus importants
sont les quelques articles que le chanoine de Smet consacra à notre ancien
régime ; telle sa Note sur
les troubles
de Flandre
en 1709, sa Notice sur les atteintes apportées en 1759 à la
constitution flamande, son Etude sur la
révolution brabançonne à
Gand en
1789,
d'après le Liber dierum du religieux Emilien Malingié ; son étude sur
En 1864, le docte
chanoine se décida à réunir en deux volumes l'ensemble de sa contribution
scientifique aux publications de l' Académie. On
trouvera la liste chronologique de ces travaux dans la notice que P. de Decker
consacra à son ami dans l'Annuaire de l'Académie de 1878.
(L’article de
En outre, Mr de Smet prit
part à deux discussions solennelles qui eurent lieu entre les historiens
faisant partie de la classe des Lettres de notre Académie. L'une avait pour
sujet : Le génie des Van Artevelde et leur rôle dans l' histoire (Bull.
Acad., t, V, n° 6,1838) ; l'autre, Le Supplice d' Huqonet
et d' Hembercourt a-t-il été le résultat d'une
vengeance populaire? (ibid., t. VI, n°7, 1839). « Mr de Smet prit part
à ce tournoi académique entre MM. de Gerlache, Gachard,
J .de Saint-Genois et Kervyn de Lettenhove,
et il y figura avec honneur par l'étendue de ses connaissances et par la
solidité de sa critique historique. » Tel est le jugement de De Decker ; ce n'est pas du tout le nôtre.
Le chanoine De Smet fut
aussi collaborateur de
Ajoutons ici que le chanoine
de Smet s'intéressait particulièrement à l'histoire de la cathédrale dont il
fut le pénitencier ; en 1853, il publia une Notice sur la cathédrale de Saint-Bavon que l'on consulte encore,
Bien qu'il fût lié
personnellement avec les rédacteurs du Messager des Sciences, le docte
prélat ne publia dans ce recueil qu'une seule notice, sur la commune de Middelbourg en Flandre (1836), remplacée depuis par le
travail de Ch. Verschelde.
De même au Belgisch Museum de
son ami J.-F. Willems, il ne donna qu'un article sur
Gilles Li Muisis (t. IV). Chose assez
curieuse, il y fit imprimer également une pièce en vers : DeVriendschap
van den Christen, ochtendbespiegeling (t. 1, 1838), dont une première
rédaction datait de 1825.
En effet, le chanoine De
Smet lutinait la muse à ses moments perdus, et cela dans sa langue maternelle.
N'avait-il pas débuté, lui l'ami du poète flamand D. Cracco
(mort en 1860), par un essai d'ode : Het Priesterdom, proeve van lierzang ter gelegenbeyd van het eerste onbloeding
slachtoffer van Richard Raepsaet?
(1815).
C'est que ce savant, était
aussi professeur et ecclésiastique. Outre sa charge de pénitencier à Saint-Bavon, le chanoine De Smet avait la direction spirituelle
des Sœurs de Notre-Dame, à l'ancienne abbaye du Nouveau Bois. Dr. là une série
d'ouvrages de nature religieuse ou d'édification pieuse. En
Pour être complet, nous
devons citer encre son Nouveau mois de Marie dédié aux fidèles de Flandre (1849
; 2e édit., 1851) qui fut traduit en flamand (2 éditions, s. d.) ; son Nouveau
mois de saint Joseph (1851), traduit par J. van de Velde ; son histoire de
l'image miraculeuse de Notre-Dame à l'Epine à Eceloo
(1864, en flamand). Et enfin, un petit ouvrage qui montre toute sa piété et sa
grande bouté de cœur, et qui est comme le testament de sa vie religieuse : Entretiens
sur la charité ou l'amour du
prochain (Gand, 1875). Ces livres, écrits pour l'édification des fidèles,
rencontrèrent un vif succès dans les familles pieuses de
P. de Decker, son ami, a
apprécié son mérite au point de vue littéraire proprement dit en ces termes :
« Ancien professeur de rhétorique, il rédigeait d'une manière correcte et
conforme aux règles classiques de la composition ; mais, comme il arrive
souvent aux vétérans de l'enseignement, il manquait de spontanéité et
d'originalité, de mouvement et de vie. Son style, facile et clair, ne se
faisait remarquer ni par l'élégance ni par la vigueur. Marche, écriture,
élocution, rédaction, chez lui tout. procédait avec lenteur et uniformité ;
et, quelqu'un qui ne l'eût jugé que sur les apparences extérieures eût été bien
injuste pour lui : car l'imagination ne lui faisait pas absolument défaut.
Nous avons dit plus haut ce que nous pensons de ses éditions de textes, très
peu critiques et presque dépourvues de préfaces et de notes. Quant à la valeur
historique de ses écrits, dont les titres mêmes dénoncent l'époque, inutile de
dire qu'aujourd'hui elle est de devenue quasi nulle. Tous ces exposés de faits
purement politiques semblent bien vieillots à côté des productions de la
génération historique belge suivant immédiatement - celle des Vanderkindere, des Fredericq, des
Kurth, qui pénètre au fond des choses du passé,
étudie leur évolution, et ne se contente plus de les effleurer ou de les voir
en surface. En somme, le chanoine De Smet, camille
historien, s'est survécu, et son Recueil de Mémoires de 1861 aurait pu
être son testament scientifique.
P. de Decker a
exalté les rares qualités d'esprit et de cœur de son ami ; il a loué ce
caractère droit et élevé, sa vraie humilité, sa honte inaltérable, sa piété
sincère, sa charité inépuisable, sa fidélité indéfectible, sou ardeur au
travail : « Il a laissé dans ma mémoire, dit-il, des souvenirs qui
embaument ma vie, et dont je voudrais faire passer le parfum dans ces pages que
ma vieille et fidèle amitié est heureuse de lui consacrer. Ces paroles, qui
honorent à la fois celui qui les écrivit et celui qui les mérita, témoignent
des hautes vertus privées du vénérable prélat, qui mourut à 81 ans, la plume à
la main. Son nom restera en Flandre comme celui d'un des précurseurs de la
science historique belge. »
V. Fris.
(00) Vérification de ses
pouvoirs comme membre du Congrès (10/11/1830)
(01) Forme du gouvernement de
(02) Question du sénat (13/12/1830)
(03) Constitution.
Indépendance des cultes vis-à-vis des pouvoirs publics, notamment
question de l’antériorité du mariage civil sur le mariage religieux (23/12/1830)