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DSCN2992SURLET DE CHOKIER Erasme (1769-1839)

 

 

 

 

 

SURLET DE CHOKIER, Erasme, Louis, né en 1769 à Liège, décédé en 1839 à Gingelom  

Age en 1830 : 61 ans

Congressiste (1830-1831, Hasselt)

 

Biographie

Interventions au cours de la session 1830-1831 (Congrès national)

 

BIOGRAPHIE

 

(Extrait de Th. JUSTE , Biographie nationale de Belgique, t. IV, 1873, col. 78-83)

SURLET DE CHOKIER (Erasme-Louis, baron), régent de la Belgique, né à Liége dans la paroisse de Saint-Servais et baptisé le 27 novembre 1769, mort au château de Gingelom en 1839, était le second fils de Jean-Guillaume Arnold de Surlet de Chokier, chevalier du Saint Empire romain, seigneur de Gingelom, conseiller de la cité de Liége, etc., et de dame Marie-Gertrude Deprez. Érasme-Louis appartenait à une très-ancienne race, originaire du' duché de Juliers. Jean II de Surlet, grand bailli de la Hesbaye en 1345, obtint par mariage la seigneurie de Chokier, entre Liége et Huy, et ses descendants en prirent le nom. Jusqu’au XVIIIe siècle, les Surlet et les Chokier fournirent à l'église et à la commune de Liége des hommes remarquables à divers titres. Ils furent activement mêlés à l'histoire de l'ancienne principauté et se signalèrent dans le parti populaire ou des Grignoux.

Érasme-Louis, qui avait été d'abord destiné à l'état ecclésiastique, suivit une toute autre carrière. Lorsque les Liégeois se furent insurgés en 1789, il se rangea parmi les adversaires de l'évêque Hoensbroeck et fut nommé aide-de-camp du général Donceel, commandant en chef de l'armée des patriotes, Il passa ensuite dans les rangs des Belges soulevés contre la domination autrichienne et obtint, du congrès souverain le 12 octobre 1790, un brevet de lieutenant au régiment d'infanterie n°11. Après la restauration de l'évêque Hoensbroeck à Liége et de l'empereur Léopold II à Bruxelles, il chercha pendant quelque temps un refuge en Hollande, puis revint furtivement au château de Gingelom, On le perd de vue pendant les bouleversements qui suivirent la bataille de Jemmapes. Après l'installation du Directoire, il fut élu (20 mai 1797) administrateur du département de la Meuse-Inférieure, Deux ans après, le premier Consul le nomma membre du conseil général de ce département, fonctions qu'il conserva après la proclamation de l'empire. En 1805, il créa la Société pastorale de la Sénatorerie de Liége pour  le perfectionnement des laines et la propagation des mérinos. Il s'enorgueillissait d'avoir rendu un service réel à l'agriculture en introduisant le premier dans la Belgique la race précieuse des mérinos et en élevant lui-même de nombreux troupeaux, Le 20 février 1812, il fut élu candidat au corps législatif par le collège électoral de Hasselt et le sénat impérial lui accorda également ses suffrages. Il siégea parmi les représentants de l'empire français jusqu'à la capitulation de Paris (30 mars 1814), .

Le royaume des Pays-Bas ayant été constitué, Surlet de Chokier se rallia franchement au nouvel ordre de choses. Par une résolution du 1er septembre 1815, le roi Guillaume 1er, à qui la loi fondamentale déférait la première désignation des députés, l'appela dans la seconde Chambre comme représentant de la province de Limbourg, Le 19 décembre suivant, Surlet de Chokier fut nommé membre du syndicat des Pays-Bas, et le 16 février 1816 il fut admis dans l'ordre équestre du Limbourg. Il fit partie des états-généraux jusqu’en 1818. Tout en montrant une grande modération dans ses opinions, il se signalait aussi par l'indépendance de son caractère et la causticité de son esprit. Le ministère, à qui cette causticité déplaisait beaucoup, réussit à l'écarter de l'enceinte législative. Mais, dès l'année suivante, les électeurs du district de Brusthem tâchèrent de le dédommager en le choisissant pour les représenter aux États-Provinciaux.

En 1821, Surlet de Chokier acquit une grande popularité en venant défendre courageusement devant la cour d'assises de Liége un ancien collègue, un vieil ami, Jean-François Rennequin qui, en qualité de bourgmestre de Maestricht, avait refusé d'exécuter une loi illégale. Cependant Surlet de Chokier, tout en déplorant les fautes du gouvernement, était encore un ferme partisan de l'union du Nord et du Midi des Pays-Bas, il faisait des vœux sincères pour l'affermissement de cette union. Le roi Guillaume, qui savait l'apprécier l'autorisa le 27 juillet 1827 par une faveur personnelle à prendre pendant sa vie le titre et le prédicat de baron. L’année suivante, le 2 juillet 1828, les États de la province de Limbourg le renvoyèrent à la seconde Chambre des États-Généraux, où il se signala de nouveau par des discours aussi sensés que spirituels. Il faisait partie de l'opposition belge, mais sans avoir le dessein préconçu de renverser le gouvernement ; il se proposait seulement de le ramener dans une voie moins dangereuse. .

Les événements qui suivirent en Belgique la révolution française de juillet 1830 déterminèrent le roi Guillaume à convoquer les États-Généraux en session extraordinaire à La Haye. Surlet prit part à ces suprêmes délibérations et se prononça pour la séparation administrative des deux parties du royaume.

Mais déjà, après les quatre journées de Bruxelles, le gouvernement provisoire de la Belgique insurgée avait proclamé l'indépendance du pays et annoncé la convocation prochaine d'un Congrès constituant. Le 3 novembre, le collège électoral de l'arrondissement de Hasselt plaça Surlet de Chokier en tête des députés qu'il était appelé à choisir. Le lendemain de l'ouverture du Congrès, Surlet de Chokier fut élu par ses collègues président de l'assemblée, puis réélu de mois en mois jusqu'à son élévation à une position encore plus haute, Par sa bonhomie, par son esprit à la fois conciliant et vif, par sa modération, il avait su se faire des amis dans tous les partis. Il s'était d'ailleurs associé par ses votes à tous les actes constitutifs du nouvel État belge. Lorsque le moment fut venu de choisir le chef de l'État, Surlet de Chokier signa le premier la proposition par laquelle cinquante-deux députés demandaient l'élection du duc de Nemours. Le fils de Louis-Philippe l'emporta sur son compétiteur, Auguste de Beauharnais, duc de Leuchtenberg : le 3 février 1831, le duc de Nemours fut élu roi des Belges. Une députation de dix membres du Congrès, y compris le président, se rendit immédiatement à Paris pour informer le roi des Français de l'élection de son fils, Le 17 février, la députation, après avoir vainement sollicité jusqu'alors une décision du gouvernement français, fut solennellement reçue au Palais - royal. Surlet de Chokier donna lecture du discours qu'il avait rédigé pour cette mémorable circonstance et remit ensuite entre les mains du roi Louis- Philippe le décret officiel de l'élection du duc de Nemours. Louis-Philippe, redoutant de provoquer une guerre européenne, refusa le trône qui était offert à son fils.

DSCN8339Après que le président du Congrès eut fait. part à cette assemblée de l’insuccès de sa mission, le gouvernement provisoire demanda l'établissement d'une régence selon les termes de la constitution qui venait d'être mise en vigueur. Le 24 février, Surlet de Chokier fut élu régent de la Belgique par cent et huit suffrages sur cent et cinquante-sept votants. Le lendemain, il prêta serment dans une séance solennelle du Congrès. Le jour suivant, il constitua son premier cabinet en conférant le titre et le pouvoir ministériels aux anciens présidents, ou administrateurs généraux des comités du gouvernement provisoire, Mais ce cabinet, divisé par des opinions divergentes et miné par des rivalités irréconciliables, n'eut qu'une durée éphémère. Le 23 mars, il était en pleine dissolution, au moment même où le peuple se soulevait contre les orangistes dans les trois principales villes du pays. Cette réaction avait été provoquée par la conspiration militaire à la tête de laquelle se trouvait le général Vandersmissen. En ces graves circonstances, le régent ne manqua point d'énergie. S'il ne réussit pas à prévenir les excès auxquels se portait à Bruxelles une multitude furieuse, il prit toutefois les mesures nécessaires pour entraîner les desseins des chefs de la conspiration.

Pendant les orages provoqués par les orangistes, Surlet de Chokier avait laborieusement constitué, du 23 au 27 mars, son second ministère. Les hommes qui y exerçaient le plus d'influence se proposaient de faire aboutir la révolution par l'élection du prince Léopold de Saxe-­Cobourg. Quoique Surlet de Chokier conservât toujours une grande prédilection pour le duc de Nemours, il eut la loyauté, en vrai chef constitutionnels, de ne jamais contrarier les projets de ses ministres. Le prince Léopold ayant été élu roi des Belges, le 4 juin, le régent lui écrivit immédiatement pour le conjurer de se rendre sans retard aux vœux de la nation. Mais le prince avait subordonné son acceptation à une entente préalable du Congrès avec la conférence de Londres. De nouvelles négociations s'engagèrent, pendant lesquelles le rôle du régent devint très pénible. Le pays était profondément agité : orangistes et réunionnistes travaillaient à faire avorter une combinaison qui devait détruire leurs dernières espérances. Le régent domina la crise par sa loyauté ; il s'efforça, selon ses propres expressions, d'amener, avec le concours du Congrès, le vaisseau de l'État à bon port. Le 9 juillet, le Congrès adopta les dix-huit articles proposés par la conférence de Londres. Le 19, au soir, le régent recevait le prince Léopold au château de Laeken. Pendant les dernières discussions du Congrès, Surlet de Chokier, impatient de se dépouiller du pouvoir suprême, s'était montré parfois sceptique, incrédule même ; maintenant il était radieux: il voyait le vaisseau de l'État. arriver à bon port ; la conscience tranquille, il pouvait remettre les destinées de l'État belge dans les mains du chef définitif, de ce prince habile et loyal que le peuple, comme s'il avait eu le pressentiment de l'avenir, acclamait avec enthousiasme.

Le 20 juillet, le Congrès décréta que M. le baron Erasme-Louis Surlet de Chokier avait bien mérité de la patrie et lui alloua une pension viagère de dix mille florins à charge du trésor public, Le lendemain, sur la place royale à Bruxelles, et devant le prince qui allait devenir roi des Belges, le régent déposa solennellement ses pouvoirs. « J'ai vu, dit-il dans son discours, l'aurore du bonheur se lever pour mon pays ; j'ai assez vécu. »

DSCN2838Après l'inauguration de Léopold Ier, Surlet de Chokier se retira dans son château de Gingelom, entre Landen et Waremme, refusa le mandat de sénateur qui lui avait été conféré par le collège électoral de Liége et ne voulut plus exercer d'autres fonctions que celles de bourgmestre de sa commune: Mais le bon régent (c'était son nom populaire et historique) conserva toujours des relations affectueuses avec le roi Léopold, avec Louis-­Philippe et avec les princes et princesses de la maison d'Orléans, qui se plaisaient à lui donner des témoignages de leur cordiale sollicitude. Surlet de Chokier mourut au château de Gingelom le 7 août 1839 et fut enseveli dans le cimetière de ce village.

Th. Juste.

(Remarques

1) outre cet article, Th. Juste est également l’auteur de l’ouvrage suivant : « Le Régent, d'après ses papiers et d'autres documents inédits », Bruxelles, 1867. Cet ouvrage a conduit Alexandre Gendebien a y  faire des répliques et à rédiger un aperçu de sa contribution personnelle à la révolution belge. Ces « mémoires » sont numérisées sur ce site.

2) Th. Juste fait tache dans l’unanimité des historiens (en ce compris des contemporains) qui ont été nettement plus critiques à l’égard du Régent. On renvoie à cet égard aux passages des livres (numérisés sur ce site) de Thonissen et de Royer.

 

INTERVENTIONS AU COURS DE LA SESSION 1830-1831 (Congrès national)

 

 

Intervention en tant que président du congrès national

 

(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre du Congrès (10/11/1830), démission (01/03/1831, 02/03/1831)

(01) Formation du bureau définitif (11/11/1830)

(02) Projet d’adresse en réponse au discours du gouvernement provisoire (11/11/1830)

(03) Renouvellement des sections et du bureau du congrès (10/01/1831)

(04) Recouvrement anticipé de la contribution foncière pour l'année 1831 (26/01/1831)

(05) Pétition en faveur du prince d’Orange (27/01/1831)

(06) Discussion sur le choix du chef de l’Etat (28/01/1831, 02/02/1831, 03/02/1831)

(07) Protestation contre le protocole du 20 janvier 1831 contenant les bases de séparation entre la Belgique et la Hollande (29/01/1831, 01/02/1831)

(08) Remerciements à la garde civique (04/02/1831)

(09) Députation pour annoncer au roi des Français l'élection du duc de Nemours (12/02/1831, 21/02/1831)

(00) Proclamation de la régence (24/02/1831)

 

Intervention en tant que régent du royaume

 

(10) Prestation de serment et discours du régent (25/02/1831)

(00) Proposition tendant à donner à M. le baron Surlet de Chokier, régent de la Belgique, un témoignage de la reconnaissance nationale (20/07/1831)

(11) Réception du régent dans le sein du congrès (21/07/1831)

(12) Inauguration du roi et bilan de la régence (21/07/1831)