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Note
d’intention
ROUPPE Nicolas (1769-1838)
ROUPPE Nicolas, Jean, né en 1769 à Rotterdam, décédé en 1838 à
Bruxelles
Age en 1830 : 61 ans
Congressiste (1830-1831, Bruxelles)
Libérale. Elu par l’arrondissement de Bruxelles de 1831 à 1836
Biographies (par V. FRIS (1908) et A. DU BOIS
(1898))
Interventions
sessions : 1830-1831 (Congrès national), 1831-1832, 1832-1833, 1833, 1833-1834, 1834-1835, 1835-1836, 1836-1837
(Extrait
de V. FRIS, Biographie nationale de Belgique, t. XX,
1908-1910, col. 229-235)
ROUPPE (Nicolas-Jean), magistrat, homme politique, né à Rotterdam, le 17 avril 1769, mort à
Bruxelles, le 3 août 1838. Tout jeune encore, Rouppe entra au séminaire, devint
sous-diacre, mais quitta la cléricature sans doute sous l'influence du
mouvement philosophique qui fut l'avant-coureur de
Il vint s'établir à Bruxelles, se rallia dès la fin de l'année 1794 aux
vainqueurs de Fleurus et fut nommé par
Au 18 brumaire, la place de commissaire fut supprimée et Rouppe resta sans
fonctions. Voulant lui témoigner leur gratitude pour sa bonne gestion, ses
concitoyens lui décernèrent une médaille d'or qui portait cette inscription:
« En exécutant les lois, il fut juste et bon. » Rouppe fut peu a près
relégué dans le poste de conseiller de préfecture de
En effet, en l'an X, Fouché, ministre de la police générale, avait ordonné
l'incarcération au fort de Ham de plusieurs habitants notables de Bruxelles, prévenus
de contrebande. Rouppe demanda la liberté des innocents et protesta, en vertu
de l'article 83 de
A son retour, ses concitoyens voulant lui donner un gage d'estime,
l'élurent juge de paix. Fouché s'opposa à l'installation de Rouppe, l'exila à
trente lieues de Bruxelles et le plaça sous la surveillance de la police. Grâce
à de nombreux protecteurs, Rouppe sut échapper à toutes ces vexations. Le
prince de Ligne, commandant les troupes de Bruxelles, le prit comme adjudant ;
c'est dans cette condition que Rouppe l'accompagna au-devant du cortège
consulaire et assista à la réception de Napoléon à Bruxelles, le 21juillet
1803. Sous l'empire, Rouppe exerça quelques fonctions secondaires, mais en 1807
il parvint à se faire nommer inspecteur général de la prison de Vilvorde. Il
réorganisa cette institution et en fit un modèle d'établissement pénitentiaire,
aussi bien au point de vue disciplinaire, qu'hygiénique. Grâce à ses soins, la
mortalité considérable qui y sévissait à cette époque fut réduite des neuf
dixièmes. En 1809, il alla offrir à Utrecht, au roi Louis-Napoléon de Hollande,
son livre intitulé: Tableau statistique de la maison de détention et de
refuge de Vilvorde.
A la chute de l'empire, Rouppe fut destitué. Sous le régime hollandais, il
ne remplit pas de charges publiques. Bien au contraire ; lié avec Louis de
Potter et les chefs du parti libéral, il se joignit aux manifestations de
l'opposition, qui devaient aboutir à la révolution belge de 1830.
Le 28 août 1830, il assista à la réunion des notables qui s'installèrent à
l'hôtel de ville sous la présidence du baron de Sécus, et fut chargé de
rédiger, avec.
Félix de Mérode, S. Van.de Weyer, Joseph d'Hooghvorst
et Gendebien, une adresse au roi Guillaume empreinte d'une grande franchise.
Mais dans l'entre-temps l'armée du prince Guillaume d'Orange était arrivée
à Anvers. Dans la matinée du 31 août, le comte de Cruquenbourg,
aide de camp du prince, vint inviter le commandant de la garde bourgeoise à se
rendre sans retard au château de Laeken. J. d'Hooghvorst partit sur-le-champ,
accompagné, entre autres, de Rouppe et de Vande Weyer, tous deux membres du
conseil attaché à l'état-major de la milice urbaine ; ils devaient
exprimer aux princes Guillaume et Frédéric le désir de les voir entrer en ville
sous la seule escorte des députés. La délégation fut mal reçue. Les princes se
montrèrent irrités à la vue des couleurs brabançonnes. Rouppe leur répondit que
c'étaient là non des emblèmes de rébellion, mais des insignes patriotiques ;
qu'ils n'avaient pris ces couleurs que comme signe de ralliement et pour éviter
qu'on n'arborât partout le drapeau tricolore français.
Les princes prétendirent entrer à Bruxelles à la tête de leurs troupes.
Quand les délégués eurent fait afficher cette déclaration, la foule devint
menaçante. Une seconde délégation parvint à convaincre Guillaume de renoncer à
cette intention ; celui-ci entra donc seul dans la ville, mais y courut de
grands dangers. Cependant le 1er septembre 1830, le prince d'Orange nomma une
commission consultative, à laquelle le lendemain on adjoignit comme délégués de
la milice citoyenne, Rouppe et Vande Weyer ; en cette qualité, l'ex-maire
assista au banquet offert par le prince aux délégués. Le 3, la commission
consultative se prononça à l'unanimité pour la séparation du Nord et du Midi.
Au soir, d'Hooghvorst, Rouppe et Vande Weyer
déclarèrent à Guillaume que, sans troupes ni armée, sa personne courait de
graves dangers ; de sorte que le prince quitta Bruxelles, après avoir fait
signer, à l'hôtel de ville, par Rouppe et ses amis, l'engagement de ne pas
souffrir un changement de dynastie durant son absence.
Les patriotes avaient désormais les mains libres. Rouppe assista à toutes
les réunions de la garde bourgeoise, qui finit par créer une commission de
sûreté publique (9 septembre). Il fut élu en tête de la liste après avoir
refusé avec cinq de ses. collègues d'accepter ce poste, « les termes de
leur mandat ayant été dénaturés », il finit par se rendre aux vœux de .la
réunion, à la suite de quelques modifications aux délibérations du Conseil.
Le nom de Rouppe, non moins que ceux de Gendebien et de Vande Weyer,
montraient qu'à l'insurrection allait succéder la révolution. Le 14 septembre,
Rouppe invita le procureur général Schuermans à
résigner ses fonctions. Le lendemain, le comité convoqua les trente-deux
délégués des huit sections de la garde bourgeoise avec quelques notables, et
fit rédiger une adresse, rappelant les députés belges qui s'étaient rendus aux
Etats généraux. Tout cela n'empêcha pas Rouppe et ses collègues d'être bientôt
accusés de tiédeur. La commission fut débordée par le Club de
Le 23 septembre 1830, au milieu de l'anarchie qui régnait à Bruxelles, le
prince Frédéric pénétra dans la capitale ; les chefs de la révolution
s'enfuirent. Mais durant les quatre glorieuses journées de septembre, Mellinet, Juan van Halen et Stildorf
parviennent à chasser les Hollandais du Parc ; puis Charles Rogier institua un
gouvernement provisoire. Le 22 octobre 1830, par 497 voix contre 468 données au
marquis de Trazegnies, Rouppe fut nommé bourgmestre de Bruxelles. Le 4
novembre, le district de Bruxelles le nomma membre suppléant du Congrès
National ; mais, comme le comte Cornet de Grez n'accepta pas son mandat, il
devint effectif. Le 5 novembre, il s'inscrivit en tête de la liste des
organisateurs d'une cérémonie en mémoire de Jenneval.
A partir du 10, il prit une part active aux travaux du Congrès.
. On a conservé le texte de l'affiche par laquelle le bourgmestre de
Bruxelles annonça (4 février 1831) à la population l'élection du duc de Nemours
comme roi des Belges sous le nom de Louis Ier. Durant les tribulations de la
régence, son attitude énergique sut maintenir l'ordre dans la capitale. Enfin,
le 21 juillet 1831, ce fut lui qui complimenta Léopold 1er, lors de son entrée
à Bruxelles.
Un arrêté de Rouppe du 30 juillet transforma là place Saint-Michel en place
des Martyrs ; mais il n'eut pas le bonheur d'assister à l'inauguration du
monument des Martyrs qui eut lieu un mois après sa mort, en septembre 1838.
Lorsque, le 6 août 1831, le bourgmestre apprit l'agression inattendue du
roi Guillaume et l'envahissement du pays par les troupes hollandaises, il
électrisa la population de Bruxelles par une proclamation vibrante. Puis, afin
d'assurer le service des ambulances et des hôpitaux, il adressa un chaleureux
appel à la charité publique. Durant les heures angoissantes qui suivirent la
déroute de Louvain et précédèrent l'arrivée de l'avant-garde du maréchal
Gérard, Rouppe ne perdit pas un moment son sang-froid et maintint Bruxelles
dans le devoir.
Aux premières élections législatives, Rouppe fut élu député de Bruxelles au
second tour (12 septembre 1831). Il fit partie de l'opposition libérale et
refusa de voter le traité des vingt-quatre articles, comme étant un acte imposé
au peuple belge.
Le 19 août de l'année suivante, le bourgmestre Rouppe reçut solennellement
Louise-Marie d'Orléans qui venait d'épouser notre premier roi. C'était l'époque
où une terrible épidémie de choléra avait éclaté à Bruxelles: Rouppe se
distingua par son attitude courageuse et prit des mesures radicales pour
enrayer le fléau. Le roi Léopold le nomma chevalier de son ordre le 1er janvier
1833.
L'année suivante, le bourgmestre dut réprimer une violente émeute. A l'occasion
de la vente du haras du prince d'Orange, à Tervueren,
le journal orangiste Le Lynx ouvrit une souscription publique pour
racheter les chevaux. Les journaux orangistes, tels le Messager de Gand, tirèrent
parti de cet événement pour adopter un langage insultant et provoquant. Aussi
le 5 avril 1834, la foule se porta vers les bureaux du Lynx et voulut
saccager quelques hôtels appartenant à des membres de la noblesse. Le
bourgmestre Rouppe, accouru à cheval, parvint à, apaiser l'effervescence. Mais
il fut moins heureux le jour suivant ; il fut menacé lui-même par la populace
et ne put empêcher la dévastation presque complète des hôtels du duc d'Ursel et du baron de Béthune. En vain, Rouppe s'était-il
multiplié ; les pillages s'étaient commis sur quantité de points à la fois avec
une rapidité foudroyante.
Cette même année, le bourgmestre reçut solennellement à Bruxelles les
membrés exilés de l'ancien gouvernement provisoire de Pologne, parmi lesquels
Joachim Lelewel.
Rouppe s'occupa activement de la fondation de l'université libre de
Bruxelles ; le 29 novembre, il prononça un discours à la séance d'installation
de cet établissement, et ce fut son ami Baron, professeur de belles-lettres,
qui lui répondit au nom du corps académique. En .1835, Rouppe fut décoré. de
Presque septuagénaire, Rouppe avait trop présumé de ses forces. L'excès de
travail ruina sa santé. Lorsqu'il mourut, il laissa une mémoire universellement
honorée, grâce à son désintéressement, son intégrité, son dévouement à la chose
publique et ses grandes qualités administratives. On a pu dire de lui qu'il
n'eut pas d'ennemis.
Ses funérailles, célébrées le 7 août 1838, eurent le caractère d'un deuil
public. L'échevin Van Volxem, au nom du collège, le professeur Baron, au. nom
de l'université, prononcèrent l'éloge. funèbre du défunt.
En vue de perpétuer sa mémoire, la ville de Bruxelles créa, le 17 septembre
1840, une place publique à laquelle elle donna son nom, à l'extrémité sud de la
rue du Midi. Une souscription nationale procura les fonds nécessaires pour y
élever en 1846 une fontaine de bronze dont les plans furent mis au concours. Poelaert obtint la préférence du jury ; le monument fut
élevé en
V. Fris
__________________________
(Extrait de A. DU BOIS, Les
bourgmestres de Bruxelles, dans Revue de Belgique, t. XVI, 1896, pp. 365-384)
L'histoire nous apprend que de tout temps les Belges ont
été jaloux de leurs privilèges et qu'ils ont souvent versé le plus pur de leur
sang pour la défense de leurs libertés. Lorsque nos ancêtres érigeaient ces
magnifiques hôtels de ville qui constituent tant d'admirables chefs-d'œuvre
d'architecture dont nous sommes fiers à bon droit, l'on eût dit qu'ils
élevaient autant de temples à cet esprit d'indépendance pour lequel ils
professaient un véritable culte. Dans ces palais communaux, ils installaient
une délégation chargée de veiller soigneusement à la sauvegarde de leurs
franchises. A la tête de ce conseil investi de la confiance des citoyens et
dépositaire du pouvoir communal, si important en Belgique, se trouve le collège
des bourgmestre et échevins.
Il nous a paru qu'une étude sur la carrière administrative
des divers bourgmestres de Bruxelles depuis 1830 jusqu'à nos jours offrirait un
intérêt spécial. Esquisser les phases de la gestion des premiers magistrats de
la capitale, c'est, en effet, faire en quelque sorte un tableau de l'existence
de la bourgeoisie bruxelloise.
Il va de soi que nous n'avons mis en lumière que des
faits saillants et caractéristiques de nature à faire apprécier l'importance
du mandat de bourgmestre, tout en signalant, en passant, les incidents les plus
curieux qui se produisirent dans le cycle de la vie communale durant cette
longue période.
Le premier des bourgmestres de Bruxelles, depuis la
création de
Rouppe était un caractère. Louis Hymans,
dans Bruxelles à travers les âges, nous donne de curieux détails sur son
passé. Rouppe, né à Rotterdam, le 17 avril 1767, bachelier en théologie en 1794,
renonça à la prêtrise lors de la seconde entrée des Français dans le pays.
Nommé d'abord secrétaire de la nouvelle municipalité de la ville de Louvain, il
devint plus tard commissaire du Directoire exécutif près l'administration
centrale du département de
Ses bons et loyaux services furent aussi reconnus par le
gouvernement, car nous le retrouvons parmi les membres du conseil de
préfecture.
Peu après, nommé maire de Bruxelles, Rouppe eut à lutter de
nouveau contre les actes du plus odieux despotisme.
Un ordre du ministre de la police générale, Fouché, de
sinistre mémoire, adressé au préfet de
Goffin ne
put d'abord être arrêté, son nom ayant été mal écrit. Mais Aerts
fut incarcéré le 11. Ses papiers furent saisis au même instant et visités le
Comme, néanmoins, ni cet acte ni l'ordre du ministre ne
furent motivés sur aucune loi et que Aerts s'était
adressé à Rouppe pour se plaindre de cette arrestation arbitraire, celui-ci
n'hésita pas à ordonner sa mise en liberté.
Aerts et Goffin n'en ayant pas moins été conduits au fort de Ham,
Rouppe, persistant à défendre les intérêts de ses administrés, osa dénoncer cet
acte au Tribunat dans un mémoire qui est un véritable monument de sagesse
courageuse.
Rouppe paya cher cette énergique réclamation ; il fut
arrêté lui-même et transféré à la prison du Temple, à Paris, sous la prévention
de manœuvres contre le gouvernement. La place de maire ayant été conférée à M.
de Mérode, Rouppe fut élu juge de paix par ses concitoyens, qui ne pouvaient à
ce moment lui donner un gage plus éclatant de leur estime. Mais Fouché s'opposa
à son installation et l'exila à trente lieues de Bruxelles.
Revenu de cet exil, Rouppe exerça gratuitement sous
l'Empire diverses fonctions, entre autres celle d'inspecteur de la prison de
Vilvorde, où régnait à cette époque une mortalité considérable qui, par ses
soins, fut réduite des neuf dixièmes.
Quoique
né à Rotterdam, Rouppe ne remplit aucune fonction publique sous le gouvernement
hollandais, mais quand éclata la révolution de 1830, il s'empressa d'offrir à
son pays d'adoption le tribut de sa vieille expérience. Il fut un des notables
qui se réunirent à l'hôtel de ville le 28 août et qui rédigèrent une adresse au
roi Guillaume pour demander le redressement des griefs nationaux. Le 31 août,
il fit partie de la députation qui fut envoyée à Vilvorde auprès du prince
d'Orange pour l'engager à ne pas employer la force contre la ville de
Bruxelles. Le prince ayant remarqué que Rouppe portait à la boutonnière les
couleurs nationales, lui dit: « Connaissez-vous le code pénal ? Savez-vous que
vous portez l'emblème de la révolte et que je pourrais vous faire arrêter
? » Rouppe lui répondit : « Nous regrettons de paraître devant votre
Altesse Royale d'une manière qui lui, semble si peu respectueuse. Telle n'est
pas notre intention ; ces couleurs ne sont pas le symbole de la révolte, mais
de la nationalité et du patriotisme. »
Tel
était l'homme que les Bruxellois nommèrent bourgmestre, le 22 octobre. Un
semblable passé était un sûr garant de l'avenir.
Les
fonctions de premier magistrat de la capitale n'étaient pas à cette époque
aussi absorbantes qu'elles le sont devenues par la suite. Bruxelles était
encore une ville peu importante, en somme. Un simple détail que nous fournit «
Le
bourgmestre de Bruxelles accomplissait donc assez facilement son rôle au début
du règne de Léopold 1er, en gérant les affaires communales en bon père de
famille et en prenant part aux cérémonies publiques ou aux fêtes officielles.
Nous le voyons tantôt au théâtre assister à une représentation où se trouvait
Sa Majesté. Voulez-vous une esquisse d'une semblable soirée ? La salle était
magnifiquement éclairée « en bougies ». On y donnait un opéra de
Rossini, suivi de
En
1832, éclata l'épidémie cholérique durant laquelle Rouppe paya courageusement
de sa personne et donna à tous l'exemple du dévouement et de l'abnégation. Il
avait pris du reste toutes les mesures contre l' épidémie et institué des
commissions sanitaires pour en assurer l'exécution.
C'est
au mois d'août 1832 que le roi Léopold Ier épousa, à Compiègne, làaprincesse Louise-Marie- Thérèse-Charlotte-Isabelle
d'Orléans. Cette union accomplie, les souverains prirent le chemin de
Le 17
août, Rouppe faisait afficher dans la capitale une proclamation annonçant aux
habitants l'arrivée à Bruxelles de Leurs Majestés. Ce document contient
notamment les articles suivants :
« ART.
1er. - Demain, samedi 18, à 8 heures du soir, les cloches de toutes les églises
annonceront la solennité du lendemain.
« ART. 2. - Le dimanche 19, jour fixé pour l'entrée
solennelle de LL. MM. le Roi et
« ART. 3. - Les jeux publics, qu'il est d'usage de
donner à l'occasion de semblables solennités et qui maintenant ne pourraient
l'être sans danger pour la santé de ceux qui s'y livreraient, seront remplacés
par une distribution de 8,000 pains et de 8,000 pièces de un demi-franc. Cette
distribution aura lieu par l'entremise des maîtres des pauvres le samedi 25
août, jour de la fête de S. M.
« La cloche de retraite ne sera pas sonnée. »
L'entrée des souverains eut lieu avec toute la solennité
voulue par la porte de Laeken, où, sous une tente, le bourgmestre et les
membres de la régence attendaient Leurs Majestés. Le premier magistrat de la
capitale leur adressa ce discours :
« Sire,
« Le corps municipal est glorieux de vous offrir en
ce beau jour les sincères et respectueuses félicitations de votre bonne et
fidèle capitale. Interprètes de la joie publique, nous vous supplions, Sire,
d'agréer les vœux que nous formons pour votre bonheur, pour le bonheur de
l'illustre princesse qui, associée à votre destinée, partagera avec vous notre
respect, notre amour et notre reconnaissance.
« Les liens intimes que Votre Majesté vient de contracter
avec un grand et puissant prince, Roi comme elle par le vœu national,
consolideront le trône constitutionnel, la gloire, les libertés et la
prospérité des deux nations qui s'estiment et que tant de sympathies unissent,
« Déjà le commerce, les arts et les sciences
reprennent parmi nous leur premier lustre; votre sagesse, votre fermeté dans
les négociations, au besoin votre vaillant courage et le dévouement d'une armée
de braves forcement bientôt notre ennemi à reconnaître les droits qui nous sont
garantis par des traités solennels.
« Jouissez, Sire, jouissez longtemps avec votre aimable
et auguste compagne du bonheur que vous assurent à la fois sa tendre affection
et l'attachement inviolable d'un peuple dont vous êtes le sauveur et le père ;
qu'une heureuse lignée perpétue votre dynastie pour le bonheur de nos neveux.
« Madame,
« En unissant votre destinée à celle de notre Roi
bien-aimé, Votre Majesté s'est alliée à un peuple généreux, loyal et brave.
« Les bénédictions universelles des populations qui
partout se pressent sur votre passage, prouvent à la fois, Madame, que la
nation belge est digne de son Roi et qu'elle sait apprécier vos éminentes
qualités. Tant de vertus unies à tant de grâce assurent à votre royal époux
tous les charmes du bonheur domestique. En embellissant ses jours, Votre
Majesté nous aidera à acquitter notre dette. Votre nom se confondra avec le
sien dans notre amour et notre reconnaissance.
« Jamais la nation belge n'oubliera, Madame, que
c'est à l'imperturbable sang-froid, à l'intrépide courage de son Roi et à la
généreuse intervention de votre auguste père qu'elle a dû la conservation de
son indépendance et de ses libertés.
« Recevez, Madame, avec bienveillance, nos hommages,
nos félicitations et nos vœux. Ils partent du cœur. Ils sont purs, sincères,
et, a ce titre, dignes de vous. Vive le Roi ! Vive
La conservation de l'indépendance et de la liberté, à
laquelle Rouppe fait allusion à la fin de son discours, semble, comme nous le
verrons par la suite de ce travail, devenir le mot d'ordre de tous nos
bourgmestres.
Au
cours de l'année 1833, un curieux conflit surgit entre la régence et l'autorité
militaire. La régence avait, paraît-il, refusé jusqu'alors d'obtempérer aux
diverses demandes qui lui avaient été adressées par les auditeurs militaires
afin d'obtenir d'elle un local pour la tenue des audiences du conseil de
guerre. L'infortuné conseil avait donc été obligé de siéger dans une petite
pièce de quinze pieds carrés dépendant du bâtiment de l'ancien hôtel des
finances, rue des Sols, pièce occupée par le concierge, qui avait consenti à
prêter une table et quelques chaises aux membres du tribunal militaire.
M. Van Uje, major des cuirassiers, président du conseil de guerre
près la troisième division, fatigué de ce que la régence non seulement
n'obtempérait pas à sa demande, mais ne répondait pas même aux lettres qu'on
lui écrivait à ce sujet, se mit en devoir de faire enfoncer les portes de la
pièce où se tenaient les assises, rue des Sols, afin d'y siéger. Déjà douze
hommes armés, commandés à cet effet, allaient faire usage de la crosse de leurs
fusils, quand intervint M. De Bavay, substitut du procureur général, assisté du
greffier.
A la
suite de quelques explications, le major et l'auditeur militaire consentirent
encore à aller siéger dans la loge du concierge.
Le
procureur général informa du fait le ministre de la justice, afin que celui-ci
invitât la régence à parer à cette situation anormale. Il est probable que
l'incident se termina à la satisfaction de tous, car nous n'en trouvons plus
de traces ultérieurement.
Notons,
à titre d'observation curieuse, ce fait que, le 20 avril de la même année, l'on
fit un essai d'une voiture à vapeur de M. Dietz.
Cette épreuve réussit parfaitement. Le véhicule gravit le boulevard du Jardin
botanique et le redescendit jusqu'au pont de Laeken. Il roulait avec une agilité qui étonna fort les
assistants.
Le 6
août, Rouppe, d'accord avec la régence, régla certaines dispositions relatives
aux fêtes données à l'occasion du baptême du prince royal de Belgique, à qui
Le 25
septembre, nouvelle fête. Les patriotes offraient, à l'hôtel de ville, un grand
banquet, présidé par le bourgmestre, qui porta un toast à la révolution, au
Roi choisi par le peuple, aux souvenirs de septembre et aux martyrs de
l'indépendance nationale.
Au .milieu de l'enthousiasme général,
Campenhout, l'auteur de
Au début de l'année 1834, la presse
mit le public en garde contre certain mouvement provoqué par des souscriptions
orangistes pour le rachat des chevaux de Tervueren.
« Il nous est revenu, dit l'Indépendant, qu'un écrit incendiaire
circulait depuis quelques jours, dans lequel on excitait le peuple contre les
souscripteurs. Nous devons prémunir les vrais amis de
Ces
troubles que l'on redoutait se produisirent les 5 et 6 avril. Lé peuple avait
vu, dans les souscriptions orangistes, une audacieuse provocation. Au sortir
du spectacle, un groupe de plusieurs centaines d’individus, après avoir chanté
Le
bourgmestre dut encore intervenir le lendemain matin, afin de calmer la foule
qui commençait à briser les meubles de l'hôtel du duc d'Ursel,
rue des Paroissiens. L'hôtel du prince de Ligne, au parc, fut assailli à son
tour ; les fenêtres furent brisées et les meubles jetés dans la rue.
L'hôtel
du marquis de Trazegnies, au Parc, la maison de M. de Bethune,
près du Sablon, la maison du baron de Vinck de West-Wezel, boulevard de l'Observatoire, celles du baron d'Overschie, rue des Fripiers, de Tilmont,
carrossier hors la porte de Laeken, de Dewasme Pletinckx, plaine Sainte-Gudule, de Jones, carrossier, de Hoorickx, rue des Sables, furent dévastées.
L'autorité
prit des mesures pour réprimer ces scènes de sauvagerie ; la force armée
intervint. Le Roi sortit à cheval, le 6, vers 11 heures du matin, accompagné du
général Hurel et d'un nombreux état-major. Il
parcourut la rue Ducale et fut acclamé par le peuple, qui faisait retentir
l'air des cris de: Vive le Roi! A bas les orangistes!
Rogier, ministre de l'intérieur, parcourut la ville à cheval pour haranguer
le peuple, pour blâmer les actes de brigandage, et il faillit être victime de
son dévouement; tandis qu'il haranguait la populace sur la plaine
Sainte-Gudule, il reçut sur la tête et sur les épaules un grand coup d'un bâton
armé d'un crochet au moyen duquel on voulait le faire tomber de cheval.
Quelques personnes qui se trouvaient là le défendirent et le préservèrent du
danger.
Rouppe fit
alors afficher la proclamation suivante:
« Habitants de Bruxelles !
« Pendant la nuit, des excès graves se sont commis.
« Des
désordres nouveaux se commettent en ce moment.
« Nos ennemis ont jeté parmi nous un brandon de discorde.
« L'indifférence
publique seule aurait fait justice de cette bravade imprudente et puérile de
quelques hommes égarés.
« Mais des fauteurs de désordre et d'anarchie y ont trouvé une
occasion de dévastation et de pillage.
« Tout ce qu'il y a de personnes honorables dans la ville déplore et
blâme leurs actes de vandalisme.
« L'autorité municipale a pris toutes les mesures pour s'opposer à
leurs desseins et prévenir de nouveaux désastres. »
« Les
bons citoyens qui ne sont point appelés à faire le service de la garde civique
sont invités à rester dans leurs demeures pour laisser une action plus libre à
la force publique ; laquelle, vu l'extrême gravité des circonstances, est
autorisée, par arrêté du conseil des ministres, à agir immédiatement, même sans
le concours de l'autorité municipale.
« A
l'hôtel de ville, le 6 avril 1834.
« Le bourgmestre, ROUPPE. »
Le calme se rétablit, grâce à la
vigilance de l'autorité.
Le nombre des arrestations opérées
durant ces troubles s'éleva à 114.
Une
nouvelle proclamation du bourgmestre, peu de jours après, mit le public en
garde contre de nouveaux désordres. En voici le texte :
« Concitoyens,
« Des
écrits manuscrits viennent encore d'être répandus et affichés, de sourdes rumeurs pourraient faire craindre
de nouveaux désordres. La capitale n'a que trop à gémir sur les désastres dont
elle a été le théâtre.
« Le bourgmestre, usant de la prérogative que la loi
lui confère, a requis M. le général commandant en chef de la garde civique de
Bruxelles, de tenir les quatre légions de cette garde disponibles.
« Au premier appel, rendez-vous immédiatement à vos
points respectifs de réunion, afin d'exécuter les ordres qui vous seront donnés
pour faire respecter partout les personnes et les propriétés.
« Votre empressement prouvera combien vous avez à cœur de
garder le dépôt confié à votre zèle, à votre courage et à votre loyauté.
« La garde civique et la troupe de ligne peuvent seules
être admises à se présenter en armes dans les rues et places publiques ; toute
personne armée qui n'en fait point partie sera immédiatement désarmée et
arrêtée.
« Habitants de la cité qui désirez jouir du repos et du
bonheur que les scènes calamiteuses de ces derniers jours ont troublés,
hâtez-vous de vous retirer, au premier moment de trouble, des lieux où se
commettraient des désordres pour laisser à la force publique ses moyens d'agir
plus efficacement et sans ménagement aucun pour qui que ce soit.
« Les bons citoyens qui ne se conformeront point à cette
exhortation paternelle auront à s'imputer les malheurs qui seraient la suite
de leur imprudence.
« Fait en séance du collège à l'hôtel de ville, le 12
avril 1834. »
Les troubles ne se reproduisirent plus. Tous les inculpés
à raison des pillages furent renvoyés devant la cour d’assises du Hainaut, qui
prononça sur leur sort au mois d'avril suivant. Tous les accusés furent
acquittés et mis en liberté.
Le 20 novembre 1834, Rouppe procède à l'installation de
l’université libre de Belgique, dans la salle gothique de l'hôtel de ville de
Bruxelles. Le conseil d'administration était composé de Henri de Brouckere, du
colonel de Puydt, Verhaegen aîné, Blargnies, Barbanson,
Delvaux de Saive, Dr Laisné,
Vautier, Van der Elst fils et Baron, secrétaire,
ayant à sa tête Rouppe, président de droit du conseil, et Van Volxem, échevin ;
viennent ensuite les professeurs ordinaires, extraordinaires, honoraires et
agrégés des diverses facultés.
Rouppe, dans son discours d'inauguration, s'attacha
surtout à bien caractériser l'origine de l'Université.
De simples citoyens de Bruxelles, dit-il notamment, sans
autre but que de concourir au progrès des lettres et des sciences, sans autre
désir que d'être utiles à la jeunesse studieuse, se réunissent, s'imposent des
sacrifices, en imposent à leurs amis, et tous ensemble fondent au sein d'une
population nombreuse, intelligente et active, un établissement où ils
appellent, pour les seconder, des personnes zélées et dévouées comme eux au
plus grand bien-être de la génération qui s'élève. Telle est, messieurs, l'origine
de l'Université libre qui s'ouvre en ce moment sous nos yeux et sous nos
auspices.
En 1835, la presse relate que les dommages causés par les
pillages et les dévastations sont connus et estimés à plusieurs millions de
francs dont le remboursement est demandé à la ville, tandis que son état
financier ne permet pas de dédommager les réclamants. La régence prétendait
d'ailleurs qu'il n'avait pas été en son pouvoir d'empêcher les désordres dont
la capitale avait été le théâtre, que c'était au gouvernement à le faire. Mais
le gouvernement ne l'entendait point ainsi.
Le 10 avril 1835, Rouppe fait placarder sur les murs de
la ville la proclamation suivante, qui annonçait la naissance de notre
souverain actuel.
«
Concitoyens,
« Les vœux du Roi, ceux de la nation sont
heureusement accomplis:
« S. M.
« L'auguste mère et le prince nouveau-né se
portent on ne peut mieux.
« Le jour du baptême sera annoncé ultérieurement.
« Son Altesse Royale recevra les noms de
Léopold-Louis- Philippe-Marie-Victor. »
Le 5 mai fut une date mémorable pour Bruxelles et
En juin 1836, les conséquences pécuniaires des pillages
reviennent sur le tapis . Nous voyons le conseil de régence de la ville
adresser à
La question de savoir s'il serait avantageux à la ville
de demander l'adjonction des faubourgs prend naissance au conseil communal, en
juillet, et y est l'objet d'un long débat. Des conclusions favorables furent
adoptées.
Le 31 août, la régence de Bruxelles, nouvellement élue, est
installée. Le bourgmestre Rouppe préside à cette cérémonie et y prononce une
éloquente allocution ; on y relève notamment les passages suivants :
« Occupant pour la troisième fois ce fauteuil municipal,
je me félicite d'avoir pour collaborateurs des hommes choisis parmi les plus
honorables de la capitale, environnés de l'estime publique.
« (…) Je crois remplir vos intentions, messieurs,
comme je cède à l'impulsion de mon cœur en exprimant ici, tant comme votre
organe qu'en mon nom particulier, notre ferme résolution de procurer à la
capitale et par tous les moyens qui dépendront de nous la plus grande somme de
splendeur et de prospérité, de conserver intactes et de défendre au besoin nos
libertés politiques et les immunités communales sans porter ni souffrir qu'il
soit porté atteinte aux prérogatives constitutionnelles de la couronne ou à
l’autorité légale du gouvernement. »
On le voit, le même souci des immunités communales
préoccupe toujours le premier magistrat de la capitale.
Le 12 avril 1837, la régence de Bruxelles, au nombre de
22 de ses membres, se rendit à l'audience du Roi en 18
voitures. Le bourgmestre présenta à Sa Majesté la pétition tendant à ce que le
gouvernement supportât au moins une partie des indemnités dues aux victimes des
pillages, indemnités que les ressources de la ville ne lui permettaient pas de
supporter exclusivement. Le Roi, après avoir lu attentivement la requête,
promit à la régence de la soumettre au conseil des ministres.
Au
début de l'année
La
station des Bogards devait être établie sur un
terrain appartenant aux hospices et d'autres terrains voisins et avoir une
superficie de
Vis-à-vis
de la voie ferrée, en prolongement de celle-ci, serait percée une rue de
En mai,
les membres de l'administration communale de Bruxelles résignaient leurs
fonctions. Tous, bourgmestre, échevins et conseillers, donnaient leurs
démissions. Ils y étaient déterminés, disait la presse, par le refus qu'on leur
opposait d'adopter les projets qu'ils avaient conçus en vue de rétablir l'ordre
dans les finances de la ville et d'assurer la marche régulière des affaires. Le
16 mai, le Roi acceptait la démission du conseil.
Cette
démission collective souleva une vive polémique dans les journaux.
Dans un
mémoire très étendu, le conseil communal motivait sa résolution par l'intention
que le gouvernement avait manifestée d'imposer à Bruxelles seule l'énorme
charge des indemnités réclamées par les victimes des commotions politiques dont
cette ville et ses environs avaient été le théâtre.
Il
exposait que, dans le courant de décembre 1837, après de multiples démarches,
requête et supplique au Roi, le ministre de l'intérieur avait invité le
bourgmestre à se rendre auprès de lui et lui avait proposé, comme un moyen de
concilier tous les intérêts et de procurer à la ville les deniers
indispensables à la continuation de son service, la cession par la commune à
l'État, à des conditions dont les avantages auraient compensé d'autres sacrifices,
des collections scientifiques et des édifices qui les renfermaient.
Cette
proposition fit sur le conseil, à qui le bourgmestre l'avait communiquée, une.
pénible impression. Elle fut néanmoins admise en principe, à condition
toutefois que ces collections resteraient toujours à Bruxelles.
Mais
les pourparlers avec le gouvernement qui suivirent cette décision
n'aboutissant qu'à des réponses évasives du ministère, le conseil résolut de
démissionner, ainsi qu'il l'avait fait pressentir déjà, du reste, dans sa
supplique remise au Roi. dans l'un des premiers mois de 1837.
Le mémoire du conseil se termine ainsi :
« Habitants de Bruxelles !
« Que
penseriez-vous de l'administration qui, avec la conscience de l'iniquité, vous
eût chargés sans défense de ses résultats?
« Auriez-vous
assez de mépris pour les administrateurs de votre choix qui, n'usant de votre
mandat que pour trahir vos intérêts, eussent lâchement accepté la mission de
consommer l'injustice contre ceux qu'ils devaient protéger ?
« Nous
l'avons déclaré ! nous ne consentirons jamais à nous rendre les instruments
d'une mesure si odieuse. Fiers de votre mandat, nous l'avons conservé sans
tache, comme nous l'avons rempli sans crainte.
« Nous
vous remettons, pur de toute atteinte, le dépôt sacré que nous tenons de votre
confiance, heureux si d'autres après nous peuvent, sans vous trahir et vous
perdre, échapper au sacrifice que l'on veut nous imposer.
«
Bruxelles, ce 23 mai 1838.
« Rouppe,
De Munck, Van Volxem, Marcq, Verhulst, Vanhoegaerden, Annemans,
Schumacher, comte Coghen, Gendebien, Fierlants, Van
Gaver, Engler, Mettenius, Barbanson, Glibert, Defacqz, Mastraeten, Michiels, Froidmont; Doucet, comte Meeus, chevalier Wyns, Heyvaert, Dansaert, Vanderelst, Bourgeois,
baron Vanderlinden d'Hoogvorst,
Le Page, Thienpont. »
Les
élections qui eurent lieu, fin mai, eurent pour résultat la réélection à une
immense majorité de l'administration démissionnaire et la nomination de MM.
Anspach et Stevens pour remplir deux places vacantes.
Rouppe
ne devait pas survivre longtemps à sa réélection. Il mourut, en effet, le 3
août suivant.
On
n'est pas peu surpris de constater que, dans la séance du conseil communal du 6
août, le décès du premier magistrat de la capitale est annoncé d'une façon
assez peu solennelle. Les seuls documents que nous possédions à cet égard
relatent le fait ainsi :
« L'échevin-président
prenant la parole dit : Vous n'ignorez pas, messieurs, la perte cruelle que
nous avons faite dans la personne de notre vénérable bourgmestre; nous en
sommes tous profondément affligés ; demain nous aurons à nous réunir pour lui
rendre les derniers honneurs. »
Après ces paroles, le collège décide que le conseil échevinal désignera
celui de ses membres qui devra parler sur
la tombe de Rouppe.
Cela
fait, le conseil aborde son ordre du jour.
Le 7
août eurent lieu, en grande pompe, les obsèques du bourgmestre.. Une foule
considérable y assistait. La cérémonie religieuse fut célébrée à l'église du
Béguinage et l'inhumation. fut opérée à Laeken. C'est M. le conseiller Van
Volxem qui prononça le discours funèbre. On y relève notamment les passages
suivants, qui indiquent les projets de la ville en vue de commémorer le souvenir
du défunt:
« Bruxelles
ne sera point ingrate envers celui qui a voulu mourir pour elle sur sa chaise
curule comme un guerrier meurt pour son pays sur le champ de bataille.
« Les
yeux de notre premier magistrat se ferment à peine et déjà Bruxelles applaudit
à l'idée qu'une médaille perpétue ses traits, qu"un monument consacre le
souvenir de ses bienfaits et témoigne de notre gratitude pour sa mémoire. »
Des
discours furent encore prononcés par M. Baron, au nom de l'Université libre, M.
Dufresne, avocat, et un professeur de l'académie des beaux-arts, par M. Lelewel, au nom des réfugiés polonais, par M. T'Kint-T'Kint, au nom de
Les
employés de l'octroi de service à la porte de Laeken évaluèrent à plus de
36,000 le nombre des personnes qui rentrèrent en ville après la cérémonie.
Des
drapeaux tricolores, voilés de crêpe, furent arborés sur les tours de
Sainte-Gudule et de l'hôtel de ville ; enfin, le deuil fut si général, qu'il
n'y eut pas de cote officielle à
Un
comité pour l'érection d'une statue à Rouppe fut organisé. Il était composé de
MM. le comte Coghen, conseiller communal, Demunck,
Van Volxem, échevins, le comte d'Aerschot,
grand maréchal du palais, le baron de Stassart, gouverneur de la province de
Brabant, Gendebien, Doucet et Defacqz, conseillers communaux, le général Buzen,
gouverneur militaire, le baron Vanderlinden d'Hoogvorst, général en chef de la garde civique, Lauwers, curé de l'église du Finistère, Moreau, chef de
division à l'hôtel de ville.
Albert DU BOIS
(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre du
Congrès (14/02/1831)
(00) Intervention
en tant que bourgmestre de Bruxelles : discours de bienvenue du roi
Léopold (21/07/1831)
Aucune intervention.
INTERVENTIONS
AU COURS DE LA SESSION 1831-1832
(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre de la chambre.
Election non contestée (09/09/1831)
(01) Situation diplomatique générale (traité des 24 articles)
(29/10/1831)
(02)
Crédits provisoires pour 1831. Observatoire de Bruxelles (18/11/1831),
subsides accordés aux villes pour amortir les effets des événements
révolutionnaires (19/11/1831)
(00)
Démission d’office (Ordre de Léopold) (18/12/1832).
Election non contestée (18/01/1833)
(00) Vérification
de ses pouvoirs comme membre de la chambre (10/06/1833)
(01) Rôle de l’Etat dans l’instruction publique (notamment
dans l’enseignement moyen) (20/09/1833)
(01) Fonds de secours en faveur des réfugiés
politiques (notamment les officiers étrangers au service de l’armée) (21/12/1833)
(02) Sûreté de l’Etat et compagnie de sûreté
de Bruxelles (24/12/1833)
(03) Frais d’entretien des enfants trouvés
et abandonnés (07/03/1834)
(04) Troubles de Bruxelles des 5 et 6 avril 1834
par suite des provocations orangistes (28/04/1834)
Aucune intervention.
Aucune intervention.
INTERVENTIONS
AU COURS DE
(00) Démission en tant que membre de la chambre (12/11/1836)
Aucune intervention.