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d’intention
DESTRIVEAUX Pierre (1780-1853)
DESTRIVEAUX Pierre, Joseph, né en 1780 à Liège, décédé en 1853 à
Schaerbeek.
Age en 1830 : 50 ans
Congressiste (1830-1831, Liège)
Libéral.
Elu par l'arrondissement de Liège de 1847 à 1853
(Extrait de Destrivaux 1780-1853, par R. JANNE, dans Les gens de robe liégeois et la
révolution de 1830, Liège, Thone, 1930, pp. 321-330)
A
l'encontre du Barreau de Bruxelles qui doit battre toutes les hautes futaies de
On sait
qu'en matière de théâtre les utilités sont toujours indispensables.
Sa voix
s'est éteinte depuis longtemps et son nom serait oublié par tout le monde s'il
ne partageait, avec beaucoup de choses inanimées, le triste privilège d'avoir
donné son nom à une rue de sa ville natale. Liège le vit naître, en effet, en
1780. II fit, sans quitter son pays, l'école buissonnière à travers
Mil huit cent onze ! Au temps où des peuples sans nombre,
ne rêvaient que d'aventures, au temps où, à peine docteur
en droit, on était déjà bâtonnier, il n'était encore lui que stagiaire, mais,
il n'avait perdu son temps que pour mieux le rattraper. De cette année où il
prêta serment d'avocat, devant
A lui
revint l'honneur et la difficulté de commenter dans son cours le nouveau Code
Pénal ; sans jurisprudence, sans étude des spécialistes étrangers, Destrivaux
dut faire de son mieux et ne fit pas si mal. Ses essais sur le Code Pénal
révèlent en lui un esprit de synthèse assez intelligent quoique pas très
scientifique et l'on ne doit pas se montrer trop sévère à son égard car il
devait créer et non reproduire ce que les juristes oublient trop facilement ;
il attachait une importance particulière à la suppression de la peine de mort
et aux questions concernant la liberté de la presse sur lesquelles il publia
de nombreux articles. Mais là n'était pas le principal mérite de Destrivaux.
Déjà, dans ses essais sur le Code Pénal on pouvait voir percer le théoricien de
Lorsqu'il fut nommé recteur en 1824, ce fut lui qui dut
prononcer le discours de rentrée et inaugurer cette funèbre Salle académique
qui fait le désespoir des étudiants de Liège. Il avait choisi comme sujet «
L'instruction des peuples. » On le sent pénétré de toutes les idées de
Rousseau sur l'éducation familiale, mais il sut être habile en restituant aux
Bataves la gloire d'avoir inventé l'imprimerie, qui, quelques années plus tard
allait tant servir à propager
Il fut le professeur le plus écouté de son temps, parce
qu'il était resté avocat et qu'il plaidait la plus belle des causes, celle de
tout un peuple. Aussi, acquit-il une énorme influence sur les jeunes hommes
qui, quelques années plus tard, allaient, comme lui, élaborer
Comment ne pas évoquer le Disciple de Paul Bourget
en pensant à cette année 1826 où, ayant tant exalté la liberté, il fut pris à
son jeu : un projet de règlement adopté par une commission dont faisait partie
Destrivaux stipulait que dorénavant les examens auraient lieu à date fixe et
que les présences au cours seraient désormais pointées deux
fois par mois. Il n'y avait là vraiment pas de quoi fouetter un professeur.
N'empêche qu'il y eut à ce sujet force protestations de la part des étudiants,
force palabres de la part des professeurs et finalement une sorte de petite
émeute où le pauvre Destrivaux fut pris à partie et presque traité de tyran. Il
dut même suspendre son cours sous les cris de : « Vive
Destrivaux
passa sans peine d'un régime à l'autre. Le premier, sans doute, l'avait créé
professeur, mais il n'avait cessé de réclamer le second. Quand il continua
d'être professeur sous le régime belge qu'il avait tant contribué à faire
advenir, il eut des difficultés qu'il n'avait jamais eues avec le régime hollandais
auquel il se pliait si difficilement. Le Ministre était catholique, lui était
libéral : quelle maladresse ! Il eut une première brouille avec le Ministre de
Theux, puis une seconde, plus grave, qui se termina par une disgrâce de trois
ans. En 1841, grâce à Nothomb, qui pratiquait à nouveau l'union et l'Union
Sacrée avant la lettre, il put reprendre possession d'une chaire d'histoire
politique moderne dans laquelle il donna cours jusqu'à son éméritat. La fin de
sa vie lui apporta multitude de titres et d'honneurs académiques et autres. Il
fut, dans sa carrière professorale, deux fois secrétaire académique et deux
fois recteur. Il fut membre du Conseil provincial et retourna à
Destrivaux qui fut le Victor Hugo de
Il faisait sourire après avoir fait pleurer. Jusqu'à sa
mort il ne put jamais comprendre que des paroles indispensables peuvent à un
moment donné ne plus devenir utiles.
Destrivaux était très lié avec Comhaire
et Ansiaux, deux médecins et professeurs très à la
mode alors. Il collabora avec ce dernier dans des circonstances qui méritent
d'être rapportées. On sait qu'au XVIIIe siècle, dans le système légal en
vigueur à Liège, le suicide puni par la loi sauf en cas d'aliénation mentale
était poursuivi jusque sur le cadavre lui-même, et que celui-ci était privé de
la sépulture religieuse. Il arriva que, pour détourner les soupçons qui pesait
sur son mari de s'être suicidé, une femme préféra se laisser emprisonner. Le
docteur Pfeffer, qui avait examiné le cadavre, ne
voulut pas laisser passer de la sorte pareil déni de justice. Il écrivit sur le
champ un mémoire destiné à la publication et l'épouse trop fidèle fut
acquittée. Destrivaux et Ansiaux
firent précéder ce mémoire d'une suite d'observations sur l'utilité de la
médecine légale dans les affaires d'ordre criminel et sur le rôle que celle-ci
aurait désormais à jouer dans les affaires de ce genre : ils tracèrent même le
plan d'un cours complet de médecine légale qui paraissait alors extrêmement
hardi et leur aliéna bien des sympathies. Ce ne fut pas le seul ouvrage publié
par Destrivaux, bien au contraire. Il parlait beaucoup et ne publiait pas
moins, mais ses œuvres imprimées que l'on retrouve encore au fond des bibliothèques,
n'offrent plus qu'un caractère documentaire sur l'état des esprits et des idées
de son temps. Son cours de droit public est particulièrement révélateur sur ce
point, non moins que le discours qu'il prononça le 12 septembre 1811, à
Destrivaux mystique de la liberté, était orateur de la
loge de
(Qui) prennent de leur mieux un air de capitale,
ne pourront contester cependant que par son nom, surtout
quand on le prononce avec une certaine nonchalance, par sa carrière, par son
cœur, il ne soit de pure essence liégeoise, ce qu'il ne fallait peut-être pas
démontrer.
Raymond JANNE.
____________________
(Extrait de J. SCHAAR, Biographie nationale de Belgique,
t. V, 1876, col. 814-819)
DESTRIVEAUX (Pierre-Joseph), professeur à
l'université de Liége, naquit en cette ville le 13 mars 1780, et mourut à
Schaerbeek lez-Bruxelles le 3 février 1853. On n'a guère de détails sur sa
première jeunesse. Apres avoir hésité pendant quelque temps sur sa vocation, il
fréquenta l'étude de Maître Harzé, avocat en renom,
et le 4 septembre 1806, obtint à Paris le diplôme de licencié en droit. En
1808, il fut nommé défenseur près la cour criminelle de Liége, titre qu'il
échangea, le 11 juin 1811, contre celui d'avocat près la cour d'appel. Doué
d'une imagination ardente et d'un remarquable talent oratoire, Destriveaux se
conquit en peu de temps un rang distingué parmi ses confrères. Il était
d'ailleurs vivement stimulé par la présence, au barreau de Liége, de plusieurs
avocats français d'un mérite supérieur, que les événements politiques y avaient
amenés, et dont le contact influa sur l'épanouissement de ses facultés. On doit
regretter qu'il ne lui ait pas été donné de déployer ses brillantes qualités
sur un plus grand théâtre, où il se serait certainement fait un nom illustre.
A
partir de la restauration, il s'adonna avec passion à la politique, à laquelle
il était demeuré jusque-là étranger. Ses études autant que ses aspirations
personnelles le mirent au nombre des libéraux avancés. A cette époque, le
pharmacien Lafontaine réunissait chez lui la plupart des réfugiés politiques
français et des Liégeois qui se signalaient par leur esprit d'opposition. Nous
citerons J .-B. Teste, Bory de Saint-Vincent, Mailhe, Pocholle, le docteur Ansiaux, Guillois, Levenbach, Cauchois-Lemaire, Guyet,
Paganel, P. de Ceulleneer,
Brissot-Thivars, Thuriot
de
Le 8
novembre 1815, le gouvernement ayant institué une commission en vue de
réorganiser le haut enseignement dans les provinces méridionales du royaume,
Destriveaux, l'un des premiers, réclama, dans la presse, l'installation d'une
université de l'Etat à Liége ; tout porte à croire que sa voix fut entendue,
l'Université ayant été créée l’année suivante. Destriveaux y fut immédiatement
nommé professeur ordinaire, chargé des cours de droit criminel moderne et de
procédure civile. Deux ans plus tard, il devint titulaire de la chaire de droit
public interne et externe, mais il renonça au cours de procédure civile. De
1833 à 1835, il donna un cours de droit administratif, qui eut beaucoup de
succès. Il conserva ces attributions jusqu'à la réorganisation de 1835, après
laquelle il enseigna pendant, une année exclusivement le droit criminel (code
pénal, instruction criminelle) et le droit militaire. Des difficultés survenues
entre le ministère catholique et l'honorable professeur éloignèrent celui-ci de
l’Université pendant trois ans. Enfin, en 1841, il fut chargé du cours
d'histoire politique moderne. Deux fois secrétaire académique (1824-1825 et
1832-1833), et deux fois recteur (1823-1824 et 1845-1846), il obtint l'éméritat
le 28 septembre 1847.
A
l'époque où Destriveaux monta dans la chaire de droit criminel, il n'existait
aucun commentaire sur le code pénal. Le nouveau professeur, étranger d'ailleurs
aux travaux des criminalistes allemands, se trouvait livré à ses propres
forces, en présence de textes promulgués depuis trois ans à peine, et sur
lesquels la jurisprudence était encore muette. Destriveaux ne resta pas
au-dessous de sa tâche. En 1818, il publia, à Liége, un Essai sur le code
pénal. Cet ouvrage, alors au niveau de la science, fut très favorablement
accueilli. L'auteur y joint à des connaissances étendues et à un jugement sain
l'avantage d'un style clair, énergique, animé. Ses observations relatives aux
lacunes, aux imperfections et aux rigueurs parfois excessives de la nouvelle
loi pénale, se distinguent par un sincère amour de la vérité et de la justice.
L'un des premiers, Destriveaux signala dans ce livre les vices, du code en
matière de crimes politiques, avec une énergie et une force de raisonnement que
n'ont point surpassées les commentateurs qui lui ont succédé. Son Essai contient
également une éloquente discussion sur l'infanticide et l'avortement. Plusieurs
des observations émises dans cet ouvrage ont reçu la sanction de la loi. Le
cours de droit public de Destriveaux eut, d'autre part, un grand
retentissement. Plus brillant que profond, ce cours savait du moins inspirer le
culte des libertés et des grands principes constitutionnels. Ce fut surtout
durant les années qui précédèrent la révolution que la parole du maître eut une
influence considérable. Si l'on songe qu'au nombre de ses disciples de cette
époque, se trouvaient la plupart des jeunes gens que le nouveau régime appela
dans la suite à la gestion des affaires publiques, on reconnaîtra combien ses
leçons laissèrent de traces durables dans le pays.
Lorsque
en 1829 le message du 11 décembre fut envoyé aux fonctionnaires, avec sommation
d'y adhérer, c'est-à-dire d'adhérer au système du gouvernement personnel,
Destriveaux osa faire tout exprès trois leçons sur la responsabilité
ministérielle. Des applaudissements frénétiques, dont la signification n'était
pas douteuse, accueillirent cette courageuse protestation. Disons, à l'honneur
du gouvernement des Pays-Bas, que le professeur ne fut pas inquiété :
seulement, par une circulaire en date du 20 janvier 1830, émanée du gouverneur
De
A
partir de cette dernière époque, Destriveaux s'intéressa directement aux
affaires publiques. Il fut successivement député au Congrès national (9
novembre 1830), l'un des six membres du comité diplomatique institué par le
gouvernement provisoire (18 novembre 1830), membre du conseil provincial de
Liége (30 septembre 1836), membre de la chambre des représentants (8 juin
1847). Il conserva ce dernier mandat jusqu'à sa mort, aussi attaché que jamais
aux principes de sa jeunesse et champion déclaré des idées libérales. A Liége,
il fit partie d'un grand nombre de commissions administratives, d'institutions
philanthropiques, etc. Destriveaux était décoré de
Julien Schaar
Voir
aussi : Alph. LE ROY, L’université de Liège
depuis sa fondation ; U. CAPITAINE, Nécrologe liégeois pour 1853-1854.
(00) Vérification de ses pouvoirs
comme membre du Congrès (10/11/1830)
(01) Projet
d’adresse en réponse au discours du gouvernement provisoire (11/11/1830)
(02) Règlement
d’ordre du congrès national (12/11/1830, 13/11/1830)
(03) Négociations
relatives au statut du Luxembourg (17/11/1830)
(04) Forme
du gouvernement de
(05) Constitution. Droit d’association (27/12/1830)
(06) Constitution. Droit de résister aux actes illégaux de
l’autorité (27/12/1830)
(07) Communication
diplomatique relative à la reconnaissance par les Puissances de l’indépendance
belge (03/01/1831)
(08) Question
du choix du chef de l’Etat (Nemours-Leuchtenberg) (05/01/1831, 12/01/1831)
(09) Garde civique (17/01/1831)
(10) Constitution.
Indépendance des cultes
vis-à-vis des pouvoirs publics, notamment question de l’antériorité du mariage
civil sur le mariage religieux (05/02/1831)
(11) Constitution.
Non-rétroactivité des lois (06/02/1831)
(12) Constitution.
Droit des prétendants au trône de se marier (06/02/1831,
07/02/1831)
(13) Loi
électorale (16/02/1831, 21/02/1831)
(14) Proposition de voter des
remerciements à M. le vice-président de Gerlache (25/02/1831)
(15) Pétition
des élèves du ci-devant collège philosophique (01/03/1831)
(16) Taxe
des barrières (06/03/1831)
(17) Préliminaires
de paix (08/07/1831)
INTERVENTIONS
AU COURS DE
(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre
nouvellement élu (élection non contestée) (10/11/1847)
(01)
Adresse en réponse au discours du trône. Indépendance réciproque de l’Eglise
et de l’Etat, notamment en matière d’enseignement (20/11/1847)
(02)
Rapport de pétitions relatives au refus d’avancements dans le service sanitaire
de l’armée (26/11/1847)
(03)
Instruction primaire et intervention du clergé dans l’enseignement (nomination
des instituteurs, enseignement normal, convention de Tournay) (18/12/1847)
(04)
Jury d’examen universitaire (29/03/1848)
(05)
Budget du département de la guerre pour 1848. Crédit supplémentaire (04/04/1848)
(06)
Demandes en naturalisation (12/04/1848,
14/04/1848)
(07) Emission d’un emprunt forcé (20/04/1848 (soir))
(08) Cours
forcé des billets de banque de la Société générale (10/05/1848)
(09)
Transfert d’un chef-lieu de canton de Glons à Fexhe-lez-Slins (10/05/1848)
(10)
Incompatibilités parlementaires (18/05/1848, 19/05/1848 (après-midi))