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DEFACQZ Eugène (1797-1871)
DEFACQZ Eugène, Marie, né en 1797 à Ath, décédé en 1871 à Bruxelles
Age en 1830 : 33 ans
Congressiste (1830-1831, Ath)
Interventions au cours de la session 1830-1831
(Congrès national)
(Extrait de : Ph. GODDING, Nouvelle
biographie nationale de Belgique, t. 6, 2001, p. 106-111)
DEFACQZ, Eugène, Henri, Marie, premier président de
Personnalité marquante dans
les premières décennies de l'indépendance de
Il était le fils de Louis
Defacqz et de Marie-Joseph Thomeret. Son père,
officier dans l'armée française depuis 1792, fut successivement commissaire du
Directoire et notaire à Ath, maire de cette ville de 1805 à 1812. Eugène avait
une sœur, Elisa, et trois frères: Victor, qui reprit l'étude paternelle,
Ernest, juriste également, qui succéda comme notaire à Victor (décédé en 1830),
et Frédéric.
Dès sa jeunesse, Eugène
Defacqz fut fortement imprégné par son milieu jacobin. Ses études furent
accomplies au collège d'Ath, puis à Dijon, auprès de son oncle Jean-Joseph Jacotot, célèbre par sa « méthode universelle d'éducation
», qui enseignait à
Il entra au barreau de
Bruxelles comme stagiaire de l'avocat Louis Joly plus tard avocat à
Son activité, avant 1830, ne
se limitait pas au barreau. Dès 1820, il avait été initié dans la loge
L’Espérance, dont il devint orateur en 1826; il y prit la parole en cette
qualité en 1829, en présence du prince Guillaume d'Orange; il y fut surveillant
en
Dès le 27 septembre 1830
cependant, le Gouvernement provisoire le désignait comme membre du comité de
Justice chargé de la réorganisation de la magistrature. Parmi les premières
nominations de magistrats figure la sienne propre, le 2 octobre, comme
conseiller à
Le 3 novembre, il est élu au
Congrès National l'un des trois représentants du district d’Ath. Il ne
participa guère activement aux travaux de l’assemblée, sinon pour un petit
nombre de questions purement juridiques : les seules commissions dont il fit
partie sont celles qui devaient préparer un projet de décret sur la garde
civique, la presse, le rétablissement du jury et le mode d'élection du chef de
l'Etat. Il n’intervint pas dans les discussions sur la monarchie ou la
république et ne soutint activement ni le duc de Nemours, ni le prince Léopold.
Lors de la discussion de
Defacqz prit également
l’initiative d’introduire dans
Lorsqu’au lendemain de
l’élection du Régent, Gendebien devint en février 1831 ministre de
Conseiller communal depuis
1836, il devint en 1838 membre du conseil provincial : il présidait cette
assemblée en 1847, lorsque la loi sur les incompatibilités le contraignit à
démissionner. Il avait été élu colonel de la garde civique en 1832. Beaucoup
plus important et significatif encore est le rôle qu’il joua dans la
franc-maçonnerie et dan la formation du parti libéral.
Les événements de 1830
avaient affaibli la loge L’Espérance, qui comptait plusieurs membres
hollandais. C’est sans doute la lettre pastorale des évêques de Belgique de
décembre 1837 contre la franc-maçonnerie qui incita Defacqz à fonder à
Bruxelles Les Amis du Progrès dont il devint Vénérable. Il ne semble pas avoir
pris une part active à la fondation du Grand Orient de Belgique en 1833. Le Grand-Maître, le baron de Stassart, s’était montré inactif
devant les attaques du clergé et la division des loges au sujet du maintien ou
non de l’article 135 des statuts qui interdisaient les discussions politiques
et religieuses durant les réunions. Il fut remplacé en 1842 par Defacqz. Nommé
à vie, selon les statuts, celui-ci ne voulut accepter qu’un mandat de trois
ans. Modéré par tempérament et fidèle aux traditions, il veilla au maintien de
l’article 135 et s’employa à restaurer la discipline. Malgré son désir de se
retirer, il fut réélu en 1845 et 1848. Mais les tensions au sujet de l’article
135 entre autres le firent renoncer à ces fonctions en 1852. En raison sans
doute de l’abrogation de cette disposition en 1854, la loge à laquelle
appartenait Defacqz quitta l’obédience du Grand-Orient;
après fusion avec une autre loge bruxelloise, elle devint en 1855 Les Vrais
Amis de l'Union et du Progrès Réunis. Comme Grand-Maître,
Defacqz avait pris position en 1845, par la publication d'une lettre ouverte,
contre les paroles du ministre de l'Intérieur, Jean-Baptiste Nothomb, qui
voyait dans la franc-maçonnerie « un instrument puissant et dangereux » et
accusait Defacqz d'avoir favorisé l'agitation en Suisse lors d'un voyage en
1844. Cette longue lettre eut un grand retentissement.
Les attaques catholiques
contre la franc-maçonnerie accentuèrent l'anticléricalisme des libéraux. Les
trois principales loges bruxelloises (Les Amis Philanthropes, Les Amis du
Progrès et Les Vrais Amis de l'Union) furent à l'origine, en 1841, de
La réaction de la maçonnerie
au raidissement de la position de l'Eglise à son égard ne s'était pas limitée
au plan politique ; elle fut à l'origine de la fondation en 1834 de
l'Université libre de Bruxelles, dont Defacqz fut cofondateur et
administrateur. Ce fut aussi l'occasion pour lui de mettre à profit la profonde
connaissance qu'il avait acquise de l'ancien droit pour y donner, de 1834
jusqu'à sa suppression en 1849, un cours de droit coutumier ; la théorie des
sources de la législation depuis les lois romaines jusqu'à l'époque actuelle,
le droit coutumier et la législation transitoire figurent parmi les matières
prévues par la loi du 27 septembre 1835 pour le doctorat en droit. Le cours se
limitait au « droit civil » des Pays-Bas méridionaux, « depuis qu'il a commencé
à prendre une forme par la rédaction des coutumes » au XVIe siècle. De par sa
nature, ce cours ne réunit plus qu'un auditoire restreint lorsqu'il cessa
d'être obligatoire : le premier président de
Tel qu'il a été publié, le
traité de Defacqz reste une mine de renseignements (ses références sont
soigneusement indiquées), qui conserve une grande valeur car elle est basée sur
une riche documentation : l'inventaire après décès dont il sera question plus
loin, dresse un catalogue des 504 volumes de sa bibliothèque, entièrement
consacrée à l'ancien droit, qu'il légua à
Outre son Ancien droit
Belgique, dont il publia des extraits, principalement dans
Après 1848, Defacqz se
consacra entièrement à sa tâche de magistrat. Déjà lorsqu'il était avocat
général, il avait pris un nombre considérable de conclusions, presque toujours
suivies par
Defacqz fut élu
correspondant en 1856 et membre effectif en 1866 de l'Académie royale de
Belgique; il fut directeur de
Après avoir évoqué la
carrière de Defacqz, qui parvint à son sommet par sa nomination, le 20
septembre 1867, comme premier président à
Quant à la personnalité de
Defacqz, tous les témoignages, même ceux de ses adversaires s'accordent à louer
son activité inlassable, son calme et sa sérénité, sa modestie, son esprit
d'ordre, son impartialité en tant que magistrat. Il était mû par un idéal
élevé. Sa parole et ses écrits étaient élégants et clairs. L'éducation qu'il
avait reçue avait exacerbé l'anticléricalisme qui reste le trait le plus
marquant de sa vie publique. Ses pires ennemis étaient les Jésuites, en qui il
voyait, dans sa lettre à Nothomb de 1845, des hommes « turbulents, ambitieux,
avides de richesses, ennemis de toute émancipation de la pensée, corrupteurs
effrontés de la morale, et compromettant par leurs excès jusqu'à la religion
même », et dont « l'espionnage... était un des moyens que la fin justifie ».
Les dernières années de sa
vie furent marquées par la maladie ; avec courage, il tint à vaquer à ses
occupations professionnelles jusqu'au mois de novembre 1871 ; il mourut le 31
décembre. Selon sa volonté, son corps fut inhumé « sans aucune espèce de
cérémonie religieuse, militaire ou maçonnique » et « sans aucune oraison
funèbre ou autre discours ». La présence à ses funérailles du ministre (catholique)
de
Faider fait allusion à des
adversaires de Defacqz qui « ont insulté sa mémoire et attaqué sa vie privée ».
Le Bien Public lui imputait une « haine profonde et furieuse du
christianisme ». Un vicaire de l'église du Sablon, l'abbé Renard, dans une
lettre adressée au Journal de Bruxelles, s'inscrivit en faux contre
cette accusation, faisant valoir entre autres le don généreux que Defacqz
faisait chaque année au curé de cette paroisse pour habiller les enfants
pauvres admis à la première communion, et le fait qu'il avait adopté une enfant
« aujourd'hui sa légataire universelle », dont il avait confié l'éducation aux
Sœurs de Notre-Dame ; le Bien Public commenta cette révélation innocente
comme on peut l'imaginer. Les archives notariales confirment que Defacqz
désigna la fille naturelle de sa gouvernante comme sa légataire universelle.
Dans son testament du 9 septembre 1871, il s'exprime à son sujet comme suit: «
ma famille connaît les motifs de mon affection pour cet enfant qui m'est devenu
cher, par les soins que j'ai pris de lui depuis son enfance et par la manière
dont il y a répondu, aimable enfant dont l'heureux caractère et les douces
qualités ont animé ma solitude et charmé ma vieillesse ». Et on est heureux
pour cet homme grave qu'il ait connu cette joie dans sa vie.
Iconographie: On possède quatre bustes de
Defacqz : d'Auguste Van den Kerckhove, qui fut refusé
par l'Académie et entra dans les collections de l'Eta t; de Maurice Mathelin, à l'Académie royale de Belgique; de Charles Van Oemberg, à
Principales notices
biographiques: Ch. Faider, Notice sur Henri-Eugène-Marie Defacqz, dans Annuaire de
l'Académie royale de Belgique, vol. 39, Bruxelles, 1873, p. 227-240
(reproduit dans E. Defacqz, Ancien droit Belgique, II, p. V-XV). - Pasicrisie, 1872, I, p. I-XII). - L. Hymans (Echo du Parlement, 2 janvier 1872). - L.
Jottrand (Belgique Judiciaire, 1872, col. 81-89, 113-120). - Ch. Potvin (Revue
de Belgique, 10 (1872), p. 118-130). - I. Eyerman
(Bulletin du Grand Orient dé Belgique 1876-77, 1877, p. 173181). - E.
Witte (Industrie, 11 novembre 1971, p. 689-693) et Nationaal
Biografisch Woordenbook, VI,
1974, col. 215-220. - -' Feuillets d'information du Grand Orient de
Belgique, 1985/2, p. 13-17. - J.-B. Rapaille, Eugène
Defacqz, magistrat, homme politique, grand maître national du Grand-Orient de Belgique, s.d. [1982], brochure
dactylographiée (un exemplaire au Centre de documentation du Grand-Orient de Belgique).
Sur la carrière de Defacqz,
voir aussi: O. Rivier, Le président Defacqz et l'ancien droit Belgique, dans
Revue historique de droit français et étranger; 1874, p. 465-473. - Th.
Juste, Les fondateurs de la monarchie belge. Eugène Defacqz et Joseph
Forgeur; membres du Congrès National, Bruxelles, 1878. - L. Vanderkindere, L'Université de Bruxelles, 1834-1884,
Bruxelles, 1884. - F. Clément, Histoire de
Philippe Godding
(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre du
Congrès (10/11/1830)
(01)
Forme du gouvernement de
(02) Mode de publication des actes du congrès national (27/11/1830)
(03) Question du sénat (14/12/1830)
(04) Constitution. Liberté des
cultes, de leur exercice public et liberté des opinions (21/12/1830)
(05) Constitution. Indépendance
des cultes vis-à-vis des pouvoirs publics, notamment question de l’antériorité
du mariage civil sur le mariage religieux (22/12/1830)
(06) Pétition relative au financement du culte (04/01/1831)
(07)
Constitution.
Cens électoral (06/01/1831)
(08)
Constitution.
Convocation, réunion et dissolution des chambres (14/01/1831)
(09)
Garde civique (18/01/1831)
(10)
Constitution.
Abolition de la mort civile (21/01/1831)
(11)
Résultat de la mission des commissaires délégués du
gouvernement provisoire près la
conférence de Londres (28/01/1831)
(12)
Loi électorale (21/02/1831)
(13)
Lieutenance générale du royaume ou régence (22/02/1831, 23/02/1831)
(14)
Procédure en
cassation devant la cour supérieure de Liége (04/03/1831)
(15)
Procédure de
naturalisation (08/04/1831)
(16)
Déclaration de
guerre à faire au roi de Hollande (12/04/1831)
(17)
Question du
chef de l’Etat (Léopold de Saxe-Cobourg) et propositions annexes (01/06/1831)
(18)
Proposition
ayant pour objet d’empêcher la reprise immédiate des hostilités (15/06/1831)
(19)
Préliminaires
de paix (les dix-huit articles) (02/07/1831)
(20)
Crédits pour
les dépenses de l’Etat pendant le troisième trimestre de 1831 (20/07/1831)