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DE FAILLY Amédée (1789-1853)
DE FAILLY, Amédée-Jean-Marie-Ghislain, né en 1789 à Bruxelles, décédé en 1853 à Bruxelles
Age en 1830 : 41 ans
Ministre de la guerre (1831)
Biographies par le général Guillaume
(1878), par D. de Failly
(2005)
Interventions sessions : 1830-1831
(Congrès national)
(Extrait de : G. GUILLAUME,
Biographie nationale de Belgique, t. VI, 1878, col. 856-858). (Note
du webmaster : Cette biographie présente
quelques erreurs. Les notes insérées dans le corps de ce texte (qui ne font pas
partie du texte original) renvoient aux éclaircissements donnés à cet égard par
un descendant, auteur en outre d’une biograpie plus
récente (Damien de Failly, voir ci-dessous))
« de FAILLY (Etienne-Auguste
baron) (1) homme de guerre et ministre, né à
Bruxelles le 17 avril 1789, mort dans la même ville le 24 avril 1853. Le baron
de Failly, fit ses études à l'école militaire de
Fontainebleau et en sortit le 11 novembre 1806 avec le grade de sous-lieutenant
au 4e régiment d'infanterie légère (2).
Il fit les campagnes de 1806 et de 1807 en Pologne, se distingua à la bataille
d'Eylau et fut blessé d'un coup d'obus à l'épaule gauche au siége de Dantzig le
15 avril 1807. Il passa à l'armée d'Espagne, fit avec elle les campagnes de
1808 et de 1809, et ayant été promu lieutenant le 8 novembre 1809, il passa à
l'armée d'Allemagne. Bientôt après, il retourna en Espagne et prit part aux
campagnes de 1810, 1811 et 1812. Sa conduite à la prise de Lambier,
le 17 février 1811, où il fut blessé d'un coup de feu à la tête, et au combat
de Lerma, où il reçut une nouvelle blessure à la jambe droite, lui valut le
grade de capitaine au 15e régiment d'infanterie légère (3). Rentré en France, il y fit encore les campagnes de 1813 et de 1814
et obtint l'étoile de
Rentré dans sa patrie après
la chute de l'empire, le baron de Failly fut admis
dans l'armée des Pays-Bas le 16 décembre 1814 avec le grade de colonel commandant
le 5e bataillon de chasseurs, à la tête duquel il assista à la bataille de
Waterloo (4). Le 27 janvier 1826, il
fut nommé colonel commandant la 5e division d'infanterie et, en 1829, le roi
Guillaume lui conféra la décoration du Lion belgique.
Après les événements de 1830
et après qu'il eut obtenu sa démission du service des Pays-Bas (5), le baron de Failly
se mit d'abord dans les rangs des volontaires, puis entra dans l'armée belge
avec le grade de général-major commandant la province d'Anvers. Peu de mois après,
le régent l'appela aux difficiles fonctions de ministre de la guerre (18 mai
1831) (6)
La funeste issue de la
campagne du mois d'août 1831 contre les Hollandais a été attribuée en grande
partie à la mauvaise administration du général baron de Failly.
Les reproches qu'on lui a adressés ont même été tellement graves que devant la
réprobation générale qui s'est manifestée, il a dû donner sa démission de
ministre de la guerre (7) et
s'expatrier pour quelque temps (8).
Un examen impartial de la conduite du général de Failly
donne la conviction que le jugement porté contre lui, sous l'influence des
passions qui, à cette époque, agitaient les masses, a été, sinon injuste, au
moins trop sévère. On n'a pas assez tenu compte des difficultés qu'a
rencontrées ce ministre de la guerre aussi inexpérimenté en fait d'administration
militaire que presque tous ceux qui l'avaient précédé et qui s'étaient succédé
presque de mois en mois depuis l'affranchissement de
Il
n'est que juste de tenir compte au général de Failly,
en jugeant sa conduite, des résistances qu'il a rencontrées dans l'accomplissement
de sa mission difficile.
Général
baron Guillaume. »
Corrections et précisions
apportées par Damien de Failly :
(1) « de FAILLY (Etienne-Auguste
baron) ». Le général Guillaume se trompe sur l’identité
du général de Failly. Il ne s’agit pas d’Etienne de Failly (un autre général) mais d’Amédée-Jean-Marie-Ghislain
de Failly… Le genre de méprise qui se répète de livre
en livre.
(2)
Il en est sorti avec le grade de sous-lieutenant au 12e (et non au 4e) régiment d'infanterie légère.
(3)
Le grade de capitaine au 15e régiment d'infanterie légère est octroyé le 7 fevrier 1812.
Chef de bataillon le 10 février 1813. Légion d’honneur le 7 février 1813.
(4)
Amédée de Failly n’a pas participé à la bataille de
Waterloo. Son commandement était à ce moment confié à un autre officier.
(5)
Il a obtenu sa démission du service des Pays-Bas le 16 novembre 1830.
(6)
« … de ministre de la guerre (18 mai 1831) ». Il entre en fonction le
1er juin. A l’arrivée du Roi Léopold Ier, il est le seul des membres
du ministère, dont le roi refuse la démission. Il participe à l’intronisation
du Souverain et l’accompagne dans diverses visites du dispositif militaire.
(7)
La démission en tant que ministre de la guerre a été accordée à la demande du
général de Failly lui-même et a été suivie d’une
nomination au grade de major-général le même jour,
avec la fonction de chef d’état-major général de l’armée.
(8)
« et s'expatrier pour quelque temps. » Le général de Failly, blessé dans son amour-propre et son honneur, ne
s’est pas expatrié mais s’est retiré dans sa propriété familiale de Neder-over-Hembeek, au nord de Bruxelles. Cette erreur,
répétée de livre en livre, a contribué à donné une
image peu flatteuse du général de Failly (voir
ci-dessous).
Damien de Failly
En 2005, Damien de Failly, descendant d’Amédée de Failly,
a publié une biographie plus complète du général de Failly,
dans un ouvrage intitulé « Secrets d’Etat de
« DIX QUESTIONS A DAMIEN DE FAILLY
1° : Quelle a été la motivation principale de votre ouvrage ?
DdF : J’ai un
goût particulier pour la vérité en Histoire. Je suis persuadé, et je pense ne
pas être le seul, que bien des événements qui jalonnent l’histoire (avec H) ont
été tronqués, falsifiés ou manipulés pour cacher la vérité et ainsi sauvegarder
l’honneur des auteurs de faits parfois peu glorieux. C’est peut-être là
l’origine de légendes fabuleuses qui passent de génération en génération. Les
chercheurs sont de plus en plus convaincus que l’Histoire est écrite par les «
vainqueurs ». Ce qui signifie que ces derniers ont tout le loisir de raconter
les événements comme ils l’entendent ; les vaincus ont seulement droit au
silence. Le « politiquement correct » ne date pas d’aujourd’hui, il existe
depuis que l’Histoire existe. Il est intéressant de faire des enquêtes sur des
sujets douteux car on découvre toute la malice, la tromperie mise en place par
une certaine catégorie de gens pour garder un pouvoir (moral, politique ou
religieux) ou « conquêter une seigneurie » comme le
dit si bien Machiavel. Les exemples abondent même encore à notre époque moderne
et hyper médiatisée. Lorsqu’un événement a lieu, tous les acteurs du terrain «
omettent » sciemment certaines informations. Les grandes conférences de presse
mises en place n’ont d’autre but que de manipuler l’opinion ou du moins d’«
orienter » les esprits. Pour un journaliste, il devient quasiment impossible de
récolter les informations pour se faire une opinion « personnelle » sur les
événements. « On ne nous dit pas tout » est le sentiment général des gens et il
est fondé. Il faut alors enquêter et débusquer le mensonge.
2° : D’où le titre de votre ouvrage Secrets d’Etat de
DdF : J’ai eu un
mal fou à trouver un titre qui puisse « coller » au texte. Car il s’agit de
plusieurs histoires qui s’entremêlent. On ne se rend pas bien compte que les
acteurs de la révolution agissent exactement dans le sens contraire qu’ils se
donnent au départ, ils imposent généralement une dictature de la terreur. Au
lieu de construire, ils détruisent en se proclamant héroïques. Il y a ensuite
l’histoire de l’accès à notre indépendance et souveraineté qui va à l’encontre
des souhaits de plusieurs hommes politiques de l’époque, et de la classe
bourgeoise en particulier. Or ceux-ci sont présentés aujourd’hui, dans l’Histoire
officielle, comme les piliers de notre indépendance, ce qui n’est pas la vérité
car 1831 n’est pas 1834. J’explique également, et c’est le cœur même de notre
histoire nationale, comment cette révolution fut téléguidée de la France par le
canal de l’Association dite Patriotique composée essentiellement de
francophiles républicains fort actifs qui souhaitaient ni plus ni moins un
ancrage de
3° : Secrets d’Etat, en quoi consistent ces secrets ?
DdF : Qu’est-ce
qu’un secret d’Etat ? Il s’agit en général de faits qui restent occultés et qui
touchent à la sécurité même de l’Etat. Mais ici beaucoup de faits qui ne
relèvent pas nécessairement de la sécurité ont été occultés non pour
sauvegarder l’existence de l’Etat mais « l’honneur » (entre guillemet) de
plusieurs personnalités politiques dont je conteste le rôle positif dans notre
histoire officielle. D’autant plus que ces personnes se sont ingéniées à
falsifier et manipuler les faits pour faire « écrire » une histoire qui leur
convienne. C’est ce mensonge que je démonte. Je le démonte parce qu’au travers
de ce mensonge, ces hommes (politiques et pamphlétaires) n’hésitèrent pas à
discréditer notre armée belge et mon aïeul le général baron de Failly, alors ministre de
4° : Quelles ont été vos sources d’informations ? Sur
quelles informations vous êtes-vous appuyé ?
DdF : Il y a
plusieurs sources qui ne sont que trop rarement citées. Je pense ici à Joseph
Lebeau, un vrai homme d’Etat (avec quelques autres comme Van de Weyer ou le
comte de Merode). Joseph Lebeau est avec Van de Weyer
le véritable pilier de notre indépendance ; il a laissé d’intéressants
souvenirs. Il y a encore Nothomb, également homme d’Etat méritoire et capable,
dont les écrits sont fort intéressants. Il existe encore d’autres témoins
ignorés mais pourtant fort intéressants comme le Colonel Dumonceau.
Je citerai cependant l’agent anglais Charles White, témoin précieux et actif
dans ce qu’on pourrait dénommer la contre-révolution qui donne de précieuses
informations. Une mine quasi inexploitée est formée de l’Enquête Militaire qui
a suivi immédiatement
Toute cette activité publique qui se déroule sur quelques mois fut
systématiquement niée par les auteurs de notre Histoire. Non seulement le rôle
du général est nié mais jusqu’à son existence même. Aucune biographie, aucune
mémoire. Si vous visitez le Palais de
5° : Mais pourquoi avoir gardé le silence ?
DdF : Victor
Hugo dit que le silence est la force de l’honnête homme. Que dire face à une
opinion publique hostile ? Une opinion entretenue/manipulée sciemment dans le but
de nuire ? La violence et l’acharnement furent tels qu’il y avait menace de
mort. De plus, il y avait notre jeune monarchie, cette institution, base même
de notre indépendance et souveraineté. Après
6° : Pourquoi ces accusations déshonorantes contre
votre aïeul ?
DdF : Nous nous
sommes posé cette question de génération en génération. C’est finalement
l’enquête que propose ce livre. Il y avait plusieurs intérêts à faire la
démonstration que le ministre de
Tous les auteurs ont suivi aveuglement et sans contrôle ces assertions
non fondées. Nous trouvons également un jeune capitaine indiscipliné et
déserteur, devenu général à son tour, qui crut bon d’écrire « ses mémoires ».
Très prolixe ce sont autant de règlements de compte. Il reprend les grands
thèmes de Niellon en les développant. Mais avant de
publier ses papiers il attend que les principaux acteurs qu’il dénonce soient
7° : Mais aujourd’hui vous avez décidé de rompre le
silence ?
DdF : En effet !
Le temps est venu, parce qu’il est propice et que nous estimons que les
passions révolutionnaires sont calmées et que, dans un des pays des plus
modernes, nous croyons qu’il y a une place pour la vérité. Depuis plusieurs
années j’étais écœuré de lire l’increvable ritournelle de la trahison de
l’armée belge à chaque jubilaire. Un jour je lus un texte dans lequel l’auteur
déplorait l’absence d’une biographie complète sur le général de Failly. Je fus également interrogé par un oncle, ancien
gouverneur de Flandre Occidentale, qui rédigeait ses mémoires et voulait en
savoir plus sur les événements de la révolution et du rôle d’Amédée de Failly. Cela m’a donné l’idée de « faire quelque chose »
mais quoi ? et comment ? Je me mis à la recherche de
livres anciens relatant les événements. C’est ainsi que j’ai découvert les
auteurs procureurs dont Huybrecht, Hymans, Eenens, Niellon, Belliard et une foule
d’autres à leur suite. Lors du 25ème anniversaire de
8° : Vous citez souvent Monsieur De Poerck, quelle est son intervention ?
DdF :
J’effectuais des recherches aux archives du Musée de l’Armée. Dans de pareils
cas, il devient normal que deux chercheurs qui se penchent sur le même problème
se rencontrent. Le prof. Guy De Poerck avait le
projet d’écrire deux volumes, le premier sur la biographie du général, le second
sur les mouvements de l’armée de
9° : Et le professeur Luc De Vos ?
DdF : Depuis le début de mes recherches je voulais avoir l’aval d’une éminente personnalité du monde militaire. Je dispose d’amis, connaissances et compagnons d’armes dont plusieurs sont devenus des officiers supérieurs et même des généraux. J’aurais pu leur demander un soutien moral que certainement ils m’auraient accordé. Mais c’était pour moi trop simple et insuffisant, j’estimais qu’il fallait passer par un passage plus « étroit », celui de l’Histoire. Je m’adressai au Prof. Luc De Vos, prof d’Histoire Militaire à l’Ecole Royale Militaire. Celui-ci m’accorda un entretien lorsque je lui remis le manuscrit dans sa première version. D’emblée il m’a accordé sa confiance d’autant plus qu’il connaissait le sujet. Lorsque j’eus terminé une réécriture du manuscrit et envoyé une copie il eut alors l’amabilité de préfacer cet ouvrage. Ce qui pour moi représente une consécration et un label de qualité. J’ai aussi bénéficié de l’assistance d’un professeur d’Histoire qui m’a soutenu dans ce projet comme « promoteur de mémoire », j’étais alors son simple étudiant. La confiance ! est le mot clé de ce travail. J’ai été très bien soutenu sans parler de la confiance de l’éditeur. Un projet ne peut se construire valablement que dans une confiance partagée. Je dois dire de ce livre que j’ai lu et relu bien souvent, est fort intéressant à plusieurs titres. Tout d’abord l’intérêt historique, mais aussi une leçon de politique et de diplomatie. Il apprend une manière d’analyser les événements politiques et d’avoir du discernement face aux faits présentés. Le démontage des faits, des comportements et des déclarations sont une autre manière de « lire » la page politique de notre Histoire qui se déroule à livre ouvert tous les jours. Comme le dit Luc De Vos : « Il est permis de se demander toutefois si la plongée dans une histoire globalisante n’a pas conduit parfois à oublier cette vérité toute simple : l’histoire, c’est l’histoire des hommes ». Et j’ajouterais « des hommes » avec leurs faiblesses, leur courage, leurs défauts et leurs qualités, leur héroïsme au quotidien. Ce livre est d’une étrange actualité.
10° : Parlons de vos citations qui se trouvent en tête
de chaque chapitre ? Pourquoi ?
DdF : Les
citations ont pour rôle de mettre en condition le lecteur. Je me suis beaucoup
amusé avec ces citations. Celles de Shakespeare et de Machiavel ont ma
préférence, car elles touchent le monde politique et diplomatique. Elles sont
aussi d’une curieuse actualité. J’ai lu plusieurs fois le Prince de Machiavel
et savoure à chaque fois la pertinence de ses observations. C’est le bon sens
en politique. De plus il n’est pas le « diable » qu’on veut nous présenter.
Encore une fois, c’est un homme « éclairé » sur les faiblesses humaines, doublé
d’une profonde connaissance du « corps social » de masse des peuples. Il sut
dénoncer la perversion de certains comportements politiques à la grande fureur
des hommes politiques qui s’y reconnaissent sans peine d’où sa diabolisation.
Ma formation politique vient de lui. Il y a encore des citations tirées du Cid
de Corneille. Je les trouve bien placées. Chaque citation donne un éclairage
particulier sur le chapitre qui sera abordé. C’en est presque un résumé et le
texte qui suit plonge alors le lecteur dans le tourbillon des événements qui
renvoient à la citation comme un écho. C’est amusant.
(source: http://www.edde.eu/publication-secrets_d_etat_de_la_revolution_belge.html)
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