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Note
d’intention
RAIKEM Jean (1787-1875)
RAIKEM Jean, Joseph, né en 1787 à Liège, décédé en 1875 à Liège.
Age en 1830 : 43 ans
Catholique. Elu par
l'arrondissement de Liège de 1831 à 1843 et par celui de Tongres de 1847 à 1848
Congressiste (1830-1831,
Liège)
Interventions
sessions : 1830-1831 (Congrès national), 1831-1832, 1832-1833, 1833, 1833-1834, 1834-1835, 1835-1836, 1836-1837, 1837-1838, 1838-1839, 1839-1840, 1840-1841, 1841-1842, 1842-1843, 1847-1848
(A) (A. FRESON, dans
Biographie nationale de Belgique, t. XVIII, 1905, col. 599-601 et R. WARLOMONT,
dans Biographie nationale de Belgique, t.
XXXIII, 1965, col. 617-622)
RAIKEM (Jean-Joseph), jurisconsulte et homme d'Etat, né à Liége le 28
avril 1787, mort dans cette ville, le 24 janvier 1875. Fils d'avocat, il fit
ses études de droit à l'université de Bruxelles et revint à Liége, en 1809,
exercer la profession d'avocat. Il publia, en 1815, un Code de la cour de
cassation, et fut bâtonnier en 1829. Elu membre du Conseil de régence
municipale de Liége en 1829, les Etats provinciaux de Liége le choisirent, en
juillet 1830, comme un de leurs représentants aux Etats généraux. Raikem ne
désirait pas une révolution. La commission de sûreté publique, nommée à Liége
le 22 août 1830 pour aviser aux moyens de calmer l'exaspération qui se
manifestait dans la population, désigna Raikem, Deleuw,
membre des Etats députés, et Dechamps, avocat, pour
se rendre à
Au Congrès
national, son rôle fut considérable. Il se mit immédiatement au premier rang à
côté de J. Lebeau, de P. Devaux et de J.-B. Nothomb. Il est un de ceux qui ont
fait de cette assemblée improvisée, de cette assemblée d'hommes nouveaux, une
des assemblées délibérantes les plus sérieuses, les plus fécondes et qui
honorent le plus le régime parlementaire. Il prit la parole dans toutes les
grandes discussions du Congrès ; il y était un des chefs les plus écoutés
de la majorité née de l'union des catholiques et des libéraux. Mais c'est
surtout dans les travaux préparatoires de
Raikem fit
partie, comme ministre de la justice, du premier ministère du roi Léopold (24
juillet 1831-20 octobre 1832). Il fit voter et mit à exécution la première loi
d'organisation judiciaire. Le 29 août 1831, il avait été élu membre de
Raikem resta
procureur général près la cour de Liége jusqu'au vote de la loi du 25 juillet
1867 sur la mise à la retraite des magistrats. Il a laissé le souvenir d'un
magistrat éminent. Les discours de rentrée qu'il a prononcés de 1833 à 1866,
sauf en 1841 pendant son passage au ministère, sont encore consultés: ce sont
des œuvres savantes et documentées, des modèlesde
langue et d'esprit juridiques. Les premiers s'occupent de questions de droit
constitutionnel, mais presque tous ont trait aux institutions judiciaires et à
l'ancien droit liégeois, ou retracent la vie et étudient les œuvres des grands
jurisconsultes de la principauté de Liége.
Après sa mise à
la retraite, Raikem se fit réinscrire au barreau de Liége ; il fut nommé
bâtonnier en 1868. Il écrivit en 1870 une brochure intéressante: Quelques
événements du temps de Notger, évêque de Liège, mais
il consacra les dernières années de sa vie à un véritable monument juridique, à
la publication des Coutumes du pays de Liége. Le premier volume parut en 1870;
le second volume, avec une savante préface de 181 pages in-4°, en 1873. Raikem
mourut le 24 janvier 1875, laissant le troisième et dernier volume inachevé; ce
tome III a paru en 1884, avec une préface de M. Crahay.
Armand Freson.
________________________________
RAIKEM (Jean-Joseph), homme d'État, procureur général près
La présente
notice se propose de mettre en évidence l'œuvre du législateur, du ministre de
Nommé le 15
octobre 1830, procureur général à Liège, Raikem était désigné pour cette
fonction tant par la pondération, dont il avait fait preuve au cours de
l'époque révolutionnaire que par une autorité, acquise en qualité de bâtonnier
des avocats de
Élu représentant
de Liège au Congrès national, Raikem s'est vu confier le rapport de neuf
chapitres ou sections de la charte constitutionnelle projetée. Ces documents
qui ont été, dans la période du 23 décembre 1830 au 5 février 1831, déposés sur
le bureau du Congrès, concernent, notamment, les Chambres, le chef de l'État,
les ministres, le pouvoir judiciaire, les institutions provinciales et
communales. Ils sont, aujourd'hui encore, cités et consultés, particulièrement
ceux qui concernent la prérogative du ministère public et celle des cours et
tribunaux. Ainsi, les publicistes contemporains mettent souvent en évidence les
thèmes qui énoncent: « Le projet a rétabli l'existence des trois pouvoirs,
c'est-à-dire, élever les cours et tribunaux à la dignité de troisième
pouvoir... Le pouvoir législatif est le premier (...) les chambres y ont la part principale (...)
Organe de la puissance législative, c'est le pouvoir judiciaire qui lui donne
la vie et la met en action... » (E. Huyttens, Dîscussions du Congrès national de Belgique 1830-1831).
Raikem est appelé
le 24 juillet 1831 à gérer le portefeuille de
Rompant avec
l'esprit obsidional, qui avait jusqu'alors prédominé, Raikem place, le 9
janvier 1832, la sûreté publique, jusqu'alors dépendante du département de
l'Intérieur, « sous l'autorité du ministre de
Participe de ce
même esprit, la réunion de l'Administration des prisons - jusqu'alors
dépendantes des établissements de charité et de bienfaisance - au ministère de
A la vérité,
Raikem avait été précédé dans cette voie par Barthélemy, qui avait conçu un
projet sommaire portant la date du 24 mars 1831, tombé dans l'oubli, et qui ne
concernait, du reste, que la seule Cour de cassation. Raikem avait vu plus
grand; il avait ambitionné de soumettre aux Chambres un projet complet,
remaniant l'ordre judiciaire dans son entier. Ce plan ne put être suivi, car
l'artic1e 136 de
Ainsi se
manifestait déjà en Raikem une conception large, humaniste, de la fonction
judiciaire elle-même. Les discours de rentrée ou mercuriales, qu'il a
prononcés, au cours d'une période de plus de trente ans, ont trait tant à
l'aménagement des cours et tribunaux qu'à l'histoire du droit dans la
principauté de Liège.
Dès son premier
discours prononcé en 1833 et intitulé modestement De quelques améliorations que
semble réclamer la législation criminelle, Raikem prend une position en flèche.
Il milite pour l'octroi au jury du droit d'admettre, en matière criminelle, les
circonstances atténuantes. Il s'en prend directement au Code pénal de 1810, à
la « trop grande sévérité de ses peines », à son « extrême rigueur ». Il
se hasarde même à ajouter: « La peine de mort y est trop prodiguée. On ira
peut-être plus loin et l'on se demandera s'il ne convient pas d'abolir entièrement
cette peine (...) ». Et le procureur général termine en attirant l'attention du
législateur sur les deux préoccupations cardinales du législateur actuel: la
prévention de la récidive et la rééducation morale des détenus.
Dans ce domaine,
Raikem s'est révélé un précurseur.
Il est vrai que
plus des trois quarts de ses discours de rentrée sont consacrés à des sujets
intéressant l'histoire du droit et des institutions. Il est juste, cependant,
de mettre en évidence que les discours de 1834 (De l'indépendance, des droits
et des devoirs du pouvoir judiciaire), de 1837 (De l'indépendance du pouvoir
judiciaire), de 1842 (De la hiérarchie judiciaire) méritent encore d'être
consultés en raison de la justesse des conceptions de l'auteur comme de
l'élégance de leur expression.
Si les études
consacrées par Raikem à l'histoire du droit et des constitutions du pays de
Liège sont, aujourd'hui, susceptibles de mises au point, rendues nécessaires
par l'écoulement du temps, on peut affirmer qu'aucun chercheur actuel ne peut
les ignorer. Tous les domaines en ont été prospectés, du droit privé au droit
public et à l'organisation judiciaire. Raikem a, d'abord, retracé l'œuvre de Méan et de Louvrex. Il a,
ensuite, abordé l'ancien droit privé ou pénal. Les sujets les plus divers en
ont été étudiés. Il n'a pas négligé de décrire la compétence et d'évoquer le
fonctionnement de ces deux institutions judiciaires, spécifiquement liégeoises,
qu'étaient l'Anneau du Palais et le Tribunal des XXII.
Raikem s'était,
ainsi, par une étude aussi constante qu'attentive de l'ancien droit du pays de
Liège, préparé à la mise à jour d'une œuvre durable: Les coutumes du pays de
Liège. Cet ouvrage monumental en trois volumes, Raikem en a contrôlé et inspiré
la publication avec, pour le premier volume, la collaboration de Polain, pour le deuxième, celle de St. Bormans.
Le troisième volume est l'œuvre de ce dernier et de L. Crahay.
Le texte des Paweilhars, qui ouvre le premier tome, est précédé
d'une introduction synthétique de près d'une centaine de pages, et suivi d'un
commentaire analytique des deux cent soixante-sept articles de ce digeste du
droit médiéval liégeois.
Le « Patron
de la temporalité » de Jacques de Hemricourt
fait l'objet d'un aperçu moins détaillé. Un spécialiste contemporain et autorisé
A. Baguette, qui a procédé à un examen approfondi de l'édition des Paweilhars, reconnaît que « cette édition n'a pas été faite
à la légère. Les érudits, qui en sont les auteurs, n'y ont épargné ni leurs
soins, ni leur science. Leurs commentaires juridiques sont, encore, un ouvrage
de base ».
Il existe deux
portraits de Raikem, d'un réel intérêt pictural. Le premier, dû au pinceau de Vieillevoye, évoque un Raikem parvenu à l'âge de la
maturité; il est exposé dans la salle des anciens présidents de
René Warlomont.
Bibliographie :
A. Baguette, Le Paweilhars Giffou,
édition critique, Liège, 1946. - Fr. du Bus, Physionomie du Congrès national,
Bruxelles, 1930. - Ch. du Bus de Warnaffe, Au temps
de l'unionisme, Tournai, 1944. - U. Ernst, Les officiers de justice au pays de
Liège, Liège, 1875. - J. Garsou, "Lettres de
J.-J. Raikem (1830-1831) », dans
___________________________
(Extrait
de P. HANQUET, Jean-Joseph Raikem, dans Les Gens de robe liégeois et la
révolution belge, Liège, G. Thone, 1930, pp. 159-191)
Jean-Joseph Raikem
(1787-1875)
Lors de la rentrée du Jeune Barreau, en décembre
Est-il figure plus attachante, en effet, que celle
de cet homme tout d'une pièce, qui, après avoir établi les bases solides de
notre patrie naissante, lui a prodigué jusqu'à sa mort un dévouement sans
limites et qui surtout, dans les situations les plus élevées qu'il occupa
successivement, sut ne voir que la charge écrasante, que, seul, son amour du
pays put lui faire accepter.
Bien des Liégeois ont encore le souvenir de ce
respectable vieillard au front chauve, à l'air méditatif, qu'ils avaient
l'habitude de voir chaque jour, presqu'à la même heure, martelant de sa canne
le terre-plein de nos boulevards. Et s'il vous arrive de vous arrêter à la
première Chambre de
Raikem, à l'époque où Nyssens fit de lui ce
remarquable portrait, touchait au terme de son étonnante carrière de près de
trois quarts de siècle, et ce serait une erreur profonde de nous représenter
le Raikem du Congrès national sous ces traits qui nous sont devenus familiers.
Si notre concitoyen, par sa science approfondie du
droit, par son esprit rapidement mûri, et par son souci constant de justice et
de modération fut souvent le guide et le mentor du Congrès, il était loin
cependant d'être un vieillard : il venait d'entrer, en 1830, dans sa quarante-quatrième
année.
Joseph Raikem naquit à Liège le 28 avril 1787,
d'une famille essentiellement liégeoise.
Il descendait de ce Jean Raikem que nous voyons au
début du XVIIIe siècle, quitter Engis, pays de ses ancêtres, et s'installer en
notre bonne ville, quai de
Antoine-Joseph Raikem, père de Joseph, fut le
premier de la famille à s'adonner à la carrière du droit, et devint très
rapidement l'un des jurisconsultes les plus écoutés du barreau liégeois.
A une époque où le droit était loin d'avoir la
stabilité et la précision qu'il a, ou tente d'avoir, aujourd'hui, Antoine
Raikem connaissait à fond les coutumes de notre ancienne principauté et nous le
voyons pousser si loin le souci d'augmenter ses connaissances juridiques, que,
peu avant la tourmente de 1789, il n'avait pas craint d'affronter les
difficultés d'un voyage à Rome pour se perfectionner dans l'étude du droit
canon.
En germinal an V, le suffrage de ses concitoyens
l'appela à siéger au Tribunal civil du département de l'Ourthe. L'offre
n'était guère alléchante, car tous avaient encore à la mémoire le souvenir de
ces huit juges qui, quelques mois auparavant, écrivaient aux représentants du
peuple, que, faute de traitement, ils allaient se retirer, tant leurs besoins
étaient grands.
Mais Antoine Raikem sentit, comme son fils le
comprit plus tard en d'autres circonstances, que la patrie, en cette période
troublée, avait besoin de l'aide et du secours des meilleurs de ses fils, et
sollicité par tous ceux qui s'intéressaient à une saine administration de la
justice, il accepta.
Pendant quatre ans, il s'acquitta de ses nouvelles
fonctions avec l'autorité que lui conféraient sa science et son intégrité, et
ne les abandonna que lorsque l'arrivée du Premier Consul au pouvoir eut semblé
rasséréner 1'horizon politique.
Il reprit modestement sa place au barreau, et
c'est sous sa direction habile et compétente que le jeune Joseph Raikem va
s'initier aux charmes imprévus de la procédure.
Il était nécessaire de s'attarder un peu devant la
physionomie si sympathique de « Raikem père » (suivant la terminologie du
temps), car Joseph Raikem, homme de devoir et éminent jurisconsulte a subi trop
fortement l'empreinte de son père pour que l'on puisse se dispenser d'insister
sur la forte personnalité de celui-ci.
C'est le 2 septembre 1809, après de brillantes
études à
Déjà en 1807, le premier président de
Avocat maintenant, il prend tout de suite une part
très active aux travaux paternels.
On se l'imagine très bien déambulant dans ces couloirs,
ces salles d'audience, où, depuis lors, tant de juristes en herbe ont foulé,
avec plus ou moins de profit, la trace de ses pas. Il y suivait les plaidoiries
des Warzée, des Geradon,
des Lesoinne, gloires du Barreau liégeois sous l'Empire, écoutait d'une oreille
plus ou moins attentive un arrêt du premier président Dandrimont,
ou quelques réquisitoires du procureur impérial Guynemer, dont le nom semble
évoquer de superbes envolées ... oratoires.
Parfois, rentrant chez lui, s'arrêtait-il rue
Sur-la-Fontaine, au modeste prétoire où trônait Me Coulon,
juge de paix d'Avroy.
Puis il regagnait sa tranquille maison de la rue
d'Amay en ce calme quartier d'Isle semé d'églises et de couvents, qui était
bien loin, alors, de connaître les bienfaits du macadam, des tramways et des «
sens unique ».
Là, il s'attelait à l'étude de l'un de ces
dossiers volumineux, fouillis inextricables et résultats de procédures
multiples, qui ne supposaient rien moins que la connaissance approfondie des
coutumes liégeoises, de la jurisprudence du Grand Conseil de Malines et de
Quelques exemples feront mieux saisir dans quel
genre d'affaires, Raikem fit ses premières armes et acquit sa science
remarquable de tout notre ancien droit.
En 1810, il adresse, avec son père, un mémoire, à
la première Chambre de
Mais il y a mieux. Dans une autre affaire où
Raikem défend le maire de Liège, Bailly, et où il est question de dîmes, des
pères Carmes et de beaucoup d'autres choses encore..., ce qui forme la base du
procès est un contrat de mariage datant de 1567.
Dès lors, il est aisé de comprendre s'il était
indispensable à cette époque de posséder à fond, non seulement les principes
du droit de l'ancienne Principauté, mais encore les règles de procédure en
usage devant nos anciens tribunaux.
Ceci nous explique que, quelques années plus tard,
Raikem fut souvent appelé à aider de ses lumières et même, en quelque sorte, à
collaborer avec Jean-Baptiste Teste, avocat français, réfugié chez nous lors de
Enfin, pour terminer le tableau de cette première
partie de la vie de Raikem, ces vingt années de travail acharné et de pratique
assidue du droit, signalons qu'en 1828, le choix de ses confrères avait appelé
le jeune avocat aux éminentes fonctions de bâtonnier: il était âgé de quarante
et un ans.
C'est vers la même époque que nous le voyons commencer
à s'intéresser à la politique.
Sans doute, les événements qui marquent de plus en
plus l'incompatibilité d'humeur existant entre les Belges et le roi Guillaume,
étaient loin de le laisser indifférent. Il s'était montré chaud partisan de la
politique d'union qui, faisant taire les luttes de parti, allait permettre à
Dès
En juin 1829, le Conseil de Régence de
Et Le Politique de signaler : « On remarque que M.
Raikem, à qui il n'a manqué que deux voix pour être élu, ne fait pas partie de
Le 2 octobre suivant, il est élu conseiller de
Régence, et, le 12 juin 1830, celle-ci l'envoie siéger aux Etats Provinciaux.
Annonçant le résultat de cette élection, le
Courrier de
« M. Raikem fils, avocat distingué de notre
Barreau, est un homme dont le dévouement à la chose publique est connu, et dont
l'indépendance et le désintéressement sont à toute épreuve : sous tous ces
rapports, M. Raikem peut servir de modèle. »
Enfin, à l'ouverture des Etats de
En six mois, celui-ci a gravi les divers échelons
de la vie politique.
Pendant ce temps, l'irritation contre Guillaume et
ses ministres ne faisait que s'accroître.
La brillante équipe du Politique menait courageusement
l'opposition.
Le Courrier de
Ecoutez celui-ci évoquer fièrement le souvenir de
nos anciennes franchises :
« J'adhère, dit-il, aux fins de non-recevoir
présentées par l'habile défenseur de M. Bayet. Un simple arrêté, auquel manque
le concours des Etats Généraux, a institué le Conseil de
« Nous sommes liégeois, souvenons-nous de nos
aïeux. Dans cette enceinte où je plaide, un tribunal ferme et courageux a
maintenu nos anciens droits. Toute disposition législative qui n'était pas
revêtue du recès unanime des trois Etats du Pays de Liège était rejetée. La
constitution liégeoise exigeait leur concours pour l'exercice de la puissance
législative.
« Aurons-nous moins de respect pour
Ces paroles prononcées quatre mois avant la
révolution nous montrent assez bien la mentalité de Raikem à ce moment.
Il n'y a rien en lui d'un révolutionnaire.
S'il est chatouilleux sur le chapitre des
libertés, que nous tenons de nos pères, le procureur général de demain conserve
toujours le souci de rester dans les limites de la légalité. C'est ce souci du
maintien de l'ordre établi qui guidera toute sa conduite dès les premières
heures de la révolution.
Il reflète assez bien d'ailleurs l'opinion de la
majorité des Belges de cette époque, et de tous les temps, très frondeurs en
paroles, mais fort peu partisans d'aller jusqu'au bouleversement complet de
l'ordre existant.
On vouait aux gémonies Van Maanen,
mais on conservait l'espoir d'éclairer enfin l'auguste prince, qui se laissait
trop abuser par son exécrable ministre. Le Belge, raisonneur, mais raisonnable
surtout, et prudent, n'aime guère à s'embarquer dans l'aventure d'une
révolution. Aussi les plus étonnés des événements de 1830 furent les
révolutionnaires eux-mêmes. Lorsque, cependant, ils se furent rendu compte de
la situation, ils surent la faire servir au succès de notre indépendance, et,
freinant l'élan des exaltés, empêcher les excès d'une populace toujours prête à
faire son profit de ces moments d'émeute.
Le 26 août, au soir, les Liégeois beaucoup plus
occupés à suivre ce qui se passait à Paris qu'à Bruxelles, reçurent, non sans
surprise, l'annonce des premiers troubles qu'avait déclenchés la représentation
de
Cette nouvelle provoque à Liège une très vive
agitation, qui prend des proportions inquiétantes dans la classe populaire, du
fait de facteurs économiques. Raikem signale ce danger au gouverneur
hollandais Sandberg dans la lettre qu'il lui adresse de Grivegnée
dès le matin du 27 :
« Le peuple de Liège est en émoi et rassemblé par
milliers au milieu des places publiques, la troupe est sous les armes ainsi
que
« Je proposerai volontiers un bon état de
choses pour l'assiette de cette affaire, mais le tems m'en court, je vous écris
à la hâte.
« Vive le Roi !»
Dans ces mots apparaît clairement le loyalisme et
l' esprit conservateur que l'on retrouvait dans toute la bourgeoisie belge et
qui, à Liège comme ailleurs, se manifeste tout de suite par des actes.
On crée une Commission de sûreté publique appelée
à délibérer avec
Une garde urbaine à pied et à cheval est organisée
immédiatement.
Cette même journée du 27 août, on décide d'envoyer
à
A la date du lendemain, le Politique écrivait : «
Hier, avant la soirée,
Notez que c'est ici l'opinion du journal de
Rogier, de Lebeau, de ceux qui ont mené le mouvement de 1830, et vous
comprendrez une fois de plus combien la plupart des Belges, même ceux dont
l'influence fut énorme sur les destinées de notre patrie, ont été entraînés à
la révolution presque sans le vouloir.
Le chef de la délégation envoyé par
Ils demandent audience en signalant les deux
objets principaux de leur mission : convocation d'urgence des Etats Généraux et
renvoi de Van Maanen.
« Le lendemain, rapporte Raikem, le roi nous a
reçus et écoutés avec la plus grande bienveillance pendant une heure. Nous lui
avons surtout exprimé le désir de voir redresser, d'un commun accord avec les
Etats Généraux, les griefs tant de fois signalés. Le roi est entré dans plusieurs
détails avec nous. En résumé, a-t-il dit, des deux objets principaux que vous
exposez, je suis heureux, quant à l'un, d'avoir prévenu ce vœu des habitants de
Liège, en convoquant les Etats Généraux. Quant à l'éloignement de Van Maanen, Sa Majesté, tout en déclarant qu'elle n'entendait
pas qu'on lui imposât à cet égard des lois, promet de prendre cette demande en
considération. »
Le lendemain, 31 août, tandis que Raikem et ses
compagnons rentraient à Liège, la délégation bruxelloise, composée de d'Hooghvorst, Gendebien, de Mérode, etc., recevait la même
réponse.
Cette réponse, plus que vague du roi, fit à Liège
une déplorable impression. On commençait à perdre la belle confiance dans le recours
au souverain.
A Bruxelles, les députés des provinces
méridionales se sont réunis pour aviser sur l'attitude à prendre et Raikem y
accompagne son ami de Gerlache. Après bien des hésitations, on décide de se
rendre à la session qui va s'ouvrir à
Dans
Durant ces journées difficiles, Raikem fut de ceux
qui sans essayer de l'arrêter, s'efforcèrent d'endiguer ce mouvement populaire
et d'éviter les graves conséquences qu'il pouvait entraîner pour notre ville.
Les rapports avec la garnison hollandaise
devenaient de plus en plus tendus.
Dès les premiers jours de septembre, nous voyons
Raikem s'efforcer d'apaiser la fureur du général Van Boecop,
gouverneur militaire de
Il savait pourtant lui tenir tête à ce terrible
général et lui-même évoque ce souvenir au Congrès:
« Je ne veux que rappeler ce qui s'est passé à
Liège lorsque nos volontaires marchèrent sur Bruxelles. Le général Van Boecop menaça aussi d'incendier la ville, mais nous lui
répondîmes: « Vous pouvez nous incendier, nous perdrons tout ce que nous
possédons, la vie s'il le faut, mais le peuple veut marcher au secours de
Bruxelles, il veut sa liberté, il saura la conquérir, quelque prix qu'elle
doive lui coûter. »
Nous le voyons, la sagesse et la prudence qui
forment le fond du caractère de Raikem ne l'empêchent pas de faire montre d'un
patriotisme enthousiaste. Aussi son rôle à Liège durant ces premières semaines
de septembre fut-il des plus efficaces.
Mais déjà sa réputation a franchi les limites de
notre province. A Bruxelles, on songe à s'organiser et dès le 20 septembre, il
est question de constituer un Gouvernement provisoire. Parmi les noms que l'on
met en avant figure celui de Raikem. On peut le lire sur les placards donnant
la composition probable du nouveau gouvernement et nous le retrouvons inscrit
sur les drapeaux que les volontaires promènent à travers les rues de la
capitale.
Puis surviennent les glorieuses et sanglantes
journées de Septembre, les batailles dans Bruxelles, les barricades,
aboutissant à la fuite des Hollandais.
Ces jours-là, l'influence de Charles Rogier s'est
réellement imposée, et a quelque peu relégué à l'ombre la figure éminente, mais
beaucoup plus modeste, de son concitoyen.
Raikem ne fut pas du Gouvernement Provisoire, mais
un des premiers actes de celui-ci, quatre jours à peine après sa constitution,
fut d'appeler le jeune avocat liégeois aux hautes fonctions de procureur
général.
Une autre tâche d'ailleurs attendait celui-ci.
Il était temps d'établir de façon solide les bases
de notre indépendance. A cet effet, on réunit le Congrès national.
Juriste éminent et surtout homme de bon sens et de
bon conseil, Raikem fut parmi ceux qui dirigèrent incontestablement
l'assemblée et surent assurer son succès.
« C'est parmi les hommes de loi, dit le comte de
Lichtervelde, qu'il faut chercher les personnalités les plus remarquables de
l'assemblée. Ils surent acquérir dans
Ce jugement s'applique tout particulièrement à
Raikem dont nous connaissons la profonde science du droit ancien et l'étonnante
maturité d'esprit.
Travailleur infatigable il fut la véritable
cheville ouvrière du Congrès. Cette admirable constitution qui fait l'envie des
autres peuples, qu'on s'étonne de voir édifier en trois mois par quelques
jeunes gens et dont nous ressentons toujours la salutaire
influence, c'est à lui que nous la devons pour une grande partie. C'est son
amour de la liberté, sa modération et son grand esprit de tradition que nous y
retrouvons à chaque article.
Comme il le disait très bien dans l'éloge qu'il fit d'un autre magistrat de
valeur, son collègue au Congrès, le président de Behr: « Si les discussions
intérieures n'ont pas l'éclat des débats publics, elles sont souvent les plus
fructueuses... »
Raikem fut avant tout 1'homme de ces discussions intérieures, de ce lent
travail d'élaboration. C'est lui qui étudiait, préparait les projets sur
lesquels les députés pouvaient se livrer au petit jeu des amendements.
Il est l'auteur d'une très grande partie des rapports dont le Congrès
entendit la lecture. Les titres des principaux d'entre eux vous en feront
saisir l'importance : des Chambres ; du Chef d'Etat ; des Ministres ; du
Pouvoir Judiciaire ; exclusion des Nassau ; élection du duc de Leuchtenberg ; nomination d'un Régent ; élection du prince
Léopold de Saxe-Cobourg ; etc.
A côté de cela que de conseils à ses amis, de discours préparés par lui et
prononcés par d'autres, que de discussions, de conversations en section, dans
les couloirs, partout…
Voyez-le aux séances à son banc où il a voulu prendre place aux côtés de
Lebeau et de Devaux. Devant eux Rogier et de Gerlache. Ces grands Liégeois ont
désiré symboliser ainsi l'union étroite qu'ils ont voulue et réalisée les
premiers.
Lui, Raikem, il écoute, il suit les discours, les discussions avec une attention
grave, note quelques points à éclaircir plus tard.
Si quelque oiseux vient à ouvrir la bouche et se laisse entraîner au flot
d'une éloquence toute parlementaire, son esprit en profite pour s'évader,
cherchant la solution de quelque problème épineux, tandis que sa main se
laisse aller à tracer sur le papier des ronds ou de petits bonshommes.
Mais tout à coup, la discussion le reprend, le captive il y prend part, il
la dirige de sa parole méthodique et raisonnée.
Sa modération ne l'empêche pas cependant d'aller parfois jusqu'à
s'emporter, si le sujet en vaut la peine, tel ce jour où ne parvenant pas à se
faire entendre au milieu du tumulte, il ne peut s'empêcher de frapper le sol de
la tribune d'un violent coup de pied.
Raikem était avant tout adversaire des bavards, de
ceux qui s'éternisent en discussions stériles.
Il sentait la nécessité de fixer rapidement les fondements du nouvel Etat.
Il savait que les Hollandais étaient loin d'avoir abandonné la partie.
Le 18 novembre il déclare :
« Le rapport de toutes les sections doit être
terminé. L'exclusion des Nassau doit être immédiatement prononcée. Une section
ne peut retarder cette question vitale. Songez-y, de ce retard peut naître
l'anarchie... »
Le 23, il insiste :
« Ce sont les Nassau eux-mêmes qui ont creusé
l'abîme qui s'est entr'ouvert sous leurs pas. Ils ont successivement détruit
les libertés publiques et ils ont poussé l'imprudence jusqu'au point d'en assumer la responsabilité. »
Il énumère les fautes du roi, les déficiences de
« Au XIve siècle,
continue-t-il, lorsque Jean d'Arckel était prince de
Liège, un bourgmestre de Thuin, Jean de Harchies se
montra zélé défenseur des droits du peuple. Il fut mis à mort comme séditieux :
de là l'émeute dans tout le pays. Le prince écouta le peuple. Le prince et le
peuple déclarèrent de commun accord que les officiers de justice seraient
bannis.
« Un tribunal fut établi pour juger les
officiers du prince. C'est le tribunal des XXII de l'an 1373.
« Le prince ne pouvait mal faire. Par une
heureuse fiction, tous les actes mauvais étaient censés faits par ses
ministres. Telle est la responsabilité ministérielle que nos ancêtres avaient
comprise.
« Le peuple aima les institutions qui
garantissaient sa liberté ! »
C'est toujours le Liégeois épris des anciennes
institutions de notre petit pays et y cherchant d'utiles leçons pour les
événements présents.
Fidèle à ces traditions, il se montre jaloux des
libertés populaires.
Il veut une monarchie limitée, tempérée, mais
toutefois une monarchie stable et efficace.
» Un point sur lequel nous sommes tous d'accord,
c'est que l'on peut vivre sous le régime des lois et non sous l'arbitraire de
l'homme. On veut que le peuple soit représenté et que par ses mandataires il
participe au pouvoir législatif. Les lois ne sont que de vains écrits, si elles
ne sont ponctuellement exécutées. Le pouvoir exécutif est de toute nécessité ;
son action doit être continuelle. Il faut donc un chef d'Etat. »
Qui sera chef d'Etat ?
Question délicate entre toutes, devant les
exigences de nos puissants voisins. Raikem, de même que Lebeau et de Gerlache,
se prononce pour le duc Auguste de Leuchtenberg,
fils d'Eugène de Beauharnais.
Il montre les dangers de l'élection du duc de
Nemours : « Ce serait nous mettre en état de vassalité vis-à-vis de
Ici comme toujours cette maxime qu'il affirmait
haute ment était son guide:
« Consultons les intérêts du peuple plutôt
que ses sentiments. »
L'assemblée ne suivit pas l'opinion de ces hommes
prudents. Fort heureusement, Louis-Philippe fut assez sage pour refuser au nom
de son fils la couronne de Belgique.
Il était grand temps cependant d'avoir une main
ferme au pouvoir. L'anarchie réapparaissait, les menées orangistes se
faisaient de plus en plus nombreuses.
Sur le rapport de Raikem, Surlet
de Chokier est nommé Régent du royaume de Belgique,
ce qui permet l' application immédiate de
Enfin le 25 mai 1831, Raikem et quatre-vingt-quatorze
autres députés présentent la candidature au trône de Léopold de Saxe-Cobourg.
Cette candidature qui parvint à mettre d'accord
A partir de ce moment et jusqu'à la fin, c'est
Raikem qui va présider aux travaux du Congrès.
Il remplace de Gerlache (qui lui-même avait
succédé au Régent) chargé de conduire la délégation qui va offrir la couronne
au nouveau roi, et ses débuts à la présidence sont pénibles.
Après l'élection du roi, les députés, comme une
bande d'étudiants à la sortie d'un examen, se sont donné vacances et captivés
sans doute par les joies du foyer ont peine à regagner les bancs austères de la
salle du Congrès.
En vain fixe-t-on réunion le 7, le 8, le 9 et le
10 juin ; l'assemblée ne peut se trouver en nombre suffisant pour ouvrir la
séance.
Vous sentez ce que dut bouillonner l'ardeur
patriotique et l'activité jamais lasse du nouveau président qui voit plus que
jamais qu'il est urgent de terminer l'œuvre entreprise.
Le 7 juin, il envoie un premier rappel.
Le 9, c'est la lettre suivante qui va troubler les
pauvres députés, dans leur quiétude familiale:
« MONSIEUR,
« Nous vous invitons, à venir tout de suite
assister aux séances du Congrès.
« Les circonstances actuelles exigent que le
Congrès reste réuni. Une députation solennelle a été chargée de présenter la
couronne de Belgique à S. A. R. le prince Léopold de Saxe-Cobourg. La nation
attend avec impatience et les nouvelles peuvent être telles qu'elles exigent
des résolutions instantanées de la part du Congrès.
« Dans de telles circonstances, veuillez,
Monsieur, ne pas être sourd à la voix de la patrie ; n'abandonnez pas le mandat
que vos concitoyens vous ont confié ; autrement nous nous trouverons obligés
de publier par la voix des journaux les noms des députés qui, par leur absence,
se montrent indifférents à l'intérêt public. »
Mais l'indifférence de nos députés n'est
qu'apparente et nous allons les voir se lancer avec une ardeur, qui rendra la
tâche présidentielle souvent difficile, dans le débat concernant la
ratification du Traité des dix-huit articles.
Ce traité, que Devaux et Nothomb, grâce à l'appui
de notre nouveau roi venaient d'obtenir des puissances, laissait pendante la
question du Luxembourg, mais nous enlevait certains territoires du Limbourg,
dont Venloo.
Il était cependant avantageux et, de plus, il y
avait une urgence absolue de fixer définitivement notre statut international.
Mais l'opinion publique est agitée déjà de ce
frisson d'indignation qui devait se manifester si violemment en 1839, lors de
la perte définitive du Grand-Duché et du Limbourg hollandais.
Les tribunes sont combles à chaque séance et leur
agitation croissante rend de plus en plus difficile la tâche des défenseurs du
traité.
Il fallait toute la force d'éloquence et de
conviction d'un Lebeau, pour arriver, dans cette atmosphère, à s'attirer les
félicitations de ses adversaires eux-mêmes.
Certain jour, les tribunes furent si tapageuses
que Raikem dut faire acte d'autorité.
Il fit chercher le commandant du poste de garde
civique, puis déclara d'une voix solennelle:
« Ici le Congrès représente
Et s'adressant à l'officier :
« Nous avons toute confiance dans la garde
civique. Vous, Monsieur, si le tumulte recommence, je vous invite au nom de
Après la plus formidable lutte oratoire du Congrès,
grâce aux longs et patients efforts du gouvernement la majorité adopta le
traité.
Raikem continua à présider l'assemblée pour ses
derniers travaux, avec la maîtrise et le calme dont il fera preuve plus tard
encore comme président de
Esprit clair et méthodique, il savait suivre la
discussion, la guider, éviter qu'on ne s'écarte du chemin tracé.
Nous venons de voir sa fermeté dans les moments de
tumulte et d'agitation. Il avait surtout le doigté et le tact qui lui
permettaient d'aplanir les petits différends et de maintenir dans l'assemblée
une réelle atmosphère de courtoisie.
Le 21 juillet 1831, Léopold Ier prêtait le serment
constitutionnel et dès la formation de son premier Ministère, il confiait
En 1839, il devait occuper à nouveau la charge de
Grand Juge.
Durant ces deux passages au ministère, son
intégrité et son impartialité forcèrent l'estime et l'admiration de ses
adversaires eux-mêmes. Dans les nombreuses nominations qu'il eut à effectuer,
au dire même de Devaux, il ne se laissa jamais guider par l'intérêt de son
parti.
Dans l'intervalle qui sépara ces deux périodes,
soit de 1832 à 1839, puis encore durant la session 1843-1844, il fut élu
président de
Il eut ainsi à diriger à nouveau les débats
relatifs au traité qui devait fixer irrémédiablement le statut territorial de
Ce traité, que nous imposaient les puissances,
consacrait la perte de deux provinces que huit ans de vie commune nous avaient
accoutumés à considérer comme belges. Durant la discussion au Parlement ce fut
un déchaînement passionné de l'opinion publique.
Les lettres - qui nous ont été conservées - que
durant cette période, Raikem écrivit presque journellement à sa femme restée à
Liège, nous permettent de suivre l'état d'âme de ce grand citoyen, durant ce
terrible débat.
Se rendant parfaitement compte qu'il fallait
choisir entre le traité ou la guerre, et que, d'autre part, il était plus que
téméraire de vouloir s'opposer à la volonté unanime des puissances, il avait
dès le début apporté tout l'appui de son influence à son ami de Theux et au
gouvernement. En section, il s'est prononcé pour le traité.
« J'ai pensé qu'il fallait agir franchement et ne
pas s'abstenir. Je me suis prononcé pour l'acceptation. Inutile de dire que j'y
ai vu une nécessité, dans les circonstances où nous nous trouvons. J'ai été
intimement convaincu que le refus ferait le malheur du pays. Et j'ai cru devoir
sacrifier mon amour propre à l'intérêt du pays. Il m'en a beaucoup coûté.
Ajoutez qu'il y aurait eu une certaine lâcheté à abandonner de Theux qui a
montré tant de courage. »
Dans chacune de ses lettres on sent sa douleur profonde
de devoir se rallier à une décision aussi pénible. D'autant plus que les
opposants ne se faisaient pas faute de bafouer les partisans du traité, dans la
presse, déclarant que le seul mobile qui animait ceux-ci était la peur.
« Il faut plus de courage, écrit Raikem, pour se
prononcer dans le sens du gouvernement que pour se prononcer en sens
contraire. »
Le 28 février 1839, le débat passe du calme
relatif des sections à l'atmosphère orageuse des séances publiques. Durant
trois semaines, Raikem va pouvoir déployer ses éminentes qualités de fermeté,
de tact et d'impartialité qui ont fait de lui le président idéal de nos
assemblées parlementaires.
Dès la première séance on ne peut qu'admirer la
maîtrise avec laquelle il a présidé l'assemblée. Les journaux même adverses
doivent le reconnaître, et de Theux lui rapporte que le soir, dans les salons
du Ministre de France on a fait un vif éloge du président de
Cela ne va pas sans peine, cependant, et
rapportant ces éloges, Raikem confesse :
« Du reste, la position est très difficile. Il ne
faut qu'une légère incommodité, qu'un moment d'inattention ou de trop grande
fatigue, pour ne pas se trouver dans son assiette ordinaire... »
Il sut rester, jusqu'au bout, à la hauteur de sa
tâche, maintenir le calme dans l'hémicycle et même aux tribunes.
Aussi, le 19 mars, après le vote du traité, les
ministres de France et d'Angleterre tiennent-ils à lui dire toute leur
satisfaction.
La vie politique a ses amertumes, et Raikem, plus
qu'un autre, en a souffert.
Liège ne sut pas comprendre tout ce qu'elle devait
à ce grand citoyen et en 1843, il ne fut pas réélu à
Cet échec marqua la fin de sa vie politique.
Sans doute en
Raikem n'hésita pas: il était magistrat par
vocation, magistrat avant tout.
Celui que, dès avant 1830, ses jeunes confrères
appelaient le Merlin de
« J'eus plus de peine encore à décider M. Raikem à
accepter le portefeuille de
A présent, dégoûté de la vie parlementaire, ce lui
sera une très grande douceur de se retrouver au milieu de ses livres et de
reprendre les éminentes fonctions de Procureur général, qu'il remplira durant
trente-huit ans avec toute la conscience que nous lui connaissons.
Pour tous ceux qui l'ont connu, il fut et resta le
magistrat par excellence, et pendant longtemps personne ne put exprimer
l'idéal qu'il fallait viser à atteindre dans cette noble profession, sans
penser à lui. Homme de grand caractère, son indépendance et son intégrité
n'eurent d'égales que sa profonde charité et sa large compréhension des misères
humaines.
Ses réquisitoires, ses avis et tous ses travaux
portaient l'empreinte de ces grandes qualités. D'autre part la science
incontestée de leur auteur leur donnait une autorité absolue.
Cette science du droit qu'il avait acquise à
l'école du maître incomparable que fut son père, il l'augmentait
continuellement par des études persévérantes.
Ses innombrables discours de rentrée forment une
véritable Somme de l'ancien droit liégeois et non content de ce travail dont
il avait chaque année fait profiter ses contemporains, le Procureur général, à
la fin de sa vie voulut coordonner et réunir en un magistral ouvrage le fruit
de son étude laborieuse. Il écrivit le Recueil des Coutumes du Pays de Liège,
qui lui valut d'être appelé, à juste titre, le « Papinien liégeois ». A la
veille de sa mort, âgé de 88 ans, il travaillait encore au troisième volume de
cet ouvrage, dont il ne put malheureusement achever la publication.
A côté des questions juridiques, la vaste
intelligence de Raikem trouvait encore plus d'un sujet d'étude.
Il se plaisait, entre autres, à approfondir sa
connaissance de notre passé liégeois, de l'histoire de
C'est à ce souci de vérité et de justice que nous
devons l'étude consacrée à Notger, qu'il publia cinq
ans avant sa mort. Il s'y attaque vigoureusement aux calomnies notamment en ce
qui concerne la prise de Chèvremont dont la légende
voulait ternir la mémoire de notre grand prince-évêque.
En 1868, atteint par l'inexorable limite d'âge
Raikem dut abandonner sa charge de Procureur général. Il avait quatre-vingt un ans, mais son activité, son amour du droit ne
purent se résigner à une retraite justement gagnée cependant. Il redemanda son
inscription au tableau de l'Ordre des avocats, et le barreau fier de voir
rentrer en son sein celui qui tant d'années avait fait son légitime orgueil,
l'appela deux ans de suite au bâtonnat. Rappelons qu'il avait déjà reçu cette
preuve d'estime de ses confrères à la veille de 1830, soit quarante ans plus
tôt.
Triste retour des choses, cependant, l'ancien
Procureur général, dont les réquisitoires avaient une autorité incontestée,
perdit magistralement les quelques procès auxquels il consacra son temps et son
talent.
C'étaient, il est vrai, pour la plupart, des
affaires à tendances nettement religieuses ou politiques.
Le portrait que nous nous efforçons de vous tracer
de Joseph Raikem serait incomplet si nous nous arrêtions ici.
Il est un Raikem plus grand peut-être que le
patriote, que le législateur, que le magistrat, c'est l'homme. Quel caractère
superbe, tout d'une pièce, que celui qui fut le moteur de cette remarquable
existence !
Foncièrement religieux, catholique fervent et
pratiquant, Raikem trouvait dans sa foi profonde, la force de se maintenir,
malgré les difficultés d'une vie qui ne fut pas exempte de heurts, à une
hauteur qui force l'admiration de ses adversaires eux-mêmes.
Il vivait réellement sa religion !
Il la vivait au début de sa journée, dans le calme
de cette église Saint-Jean, proche de chez lui, où il aimait se recueillir, son
grand chapelet entre les doigts.
Il la vivait, dans sa charité profonde qui ne le
laissait jamais indifférent aux misères humaines. Ils furent innombrables les
bienfaits qu'il répandit discrètement tout autour de lui.
Il la vivait dans son dévouement inaltérable à la
chose publique, et dans cette intégrité qui ont fait de lui le modèle des
magistrats.
Il la vivait surtout dans ce caractère de modestie
dont il a empreint toute sa vie.
Homme d'étude, homme de travail, homme de bon conseil,
jamais il ne brigue, il ne semble même désirer des honneurs largement mérités.
Mais c'est cette modestie, c'est le charme
pénétrant de cette grande âme qui lui laissèrent partout où il passa des amis
innombrables.
Dès avant le Congrès il était lié d'une très
solide amitié à de Gerlache et de Theux. L'unité d'opinions et l'harmonie des
caractères devaient rapprocher encore ces trois hommes dans un même dévouement
à la patrie belge.
L'existence de Gerlache et celle de Raikem offrent
trop de points de contact et la similitude de leurs caractères et de leurs
aspirations fut trop forte pour que des liens étroits n'aient pas existé entre
ces deux hommes. Juristes éminents tous les deux, possédant au même degré
l'esprit de nos grandes traditions et l'amour du pays, ils se soutenaient
mutuellement dans leur grande tâche. Ils se voyaient souvent. Certain jour de
Noël que Raikem n'avait pu passer auprès de son épouse, de Gerlache lui adresse
le billet suivant :
« MONSIEUR ET CHER AMI,
« Si vous ne dînez point à
« Votre tout affectionné,
« E. C. DE GERLACHE. »
Tout aussi grande était son intimité avec de
Theux. S'il arrivait parfois que le Congrès laissât quelques heures de répit aux
députés, on pouvait voir Raikem et de Theux s'en aller, tout en devisant
amicalement, vers le café Des Mille Colonnes - le rendez-vous des parlementaires
- y prendre une « demi-tasse » et se disputer courtoisement... une partie
de domino.
Nous avons vu que cette amitié fut un des motifs
qui décidèrent Raikem à ne pas abandonner le gouvernement dans sa lutte pour le
traité des vingt-quatre articles.
de Theux resta fort attaché, toute sa vie, à son
ancien collègue. Il aimait, passant par Liège, à s'arrêter dans la vieille
maison de la rue de
Et Raikem ne manquait pas non plus de lui rendre
ses visites, à Meylandt. Fidèle correspondant, de
Theux le tient au courant de la politique, signalant les événements, les
tendances, et lui donnant son appréciation sur les faits et les personnages en
vue. Voici, entre autres, son impression en 1852 au sujet du futur Léopold II :
« Notre prince royal paraît avoir des qualités
bonnes et solides, il gagne à se faire connaître en causant ; plaise à Dieu que
les circonstances soient favorables à l'époque de son avènement au trône, qui
peut n'être pas très éloigné, car les princes de sang ne vivent pas
vieux. »
Et, fort heureusement pour
Notre premier souverain lui-même se laissa prendre
au charme de son Ministre de la justice. Pendant toute la période de son
passage au ministère, Raikem se rendait fréquemment au Palais, dès sept heures
du matin et assistait en tête-à-tête au déjeuner du roi.
Aussi lorsqu'en 1857, le gouvernement
Frère-Rogier, voulut lui faire signer un arrêté de mise à la retraite de
Raikem, Léopold 1er, indigné de ce qu'il considérait comme une manœuvre
politique, déchira l'arrêté en question.
Mais si Raikem eut de grands amis, c'est à sa
famille et avant tout à son épouse qu'il réservait les trésors de son
affection. Toute sa vie il resta le meilleur et le plus attentionné des époux.
Quand il est à Bruxelles, absorbé par ses
occupations, il trouve le temps cependant de lui envoyer, presque chaque jour
de ses nouvelles, et c'est dans cette correspondance seulement que l'on peut
deviner toutes les richesses de sensibilité de cette grande âme.
Un détail : priant sa femme d'effectuer pour lui une
recherche urgente, il ne manque pas de lui recommander :
« Si tu recherches dans l'ancien bureau, prends
garde d'avoir froid et fais y faire du feu avant d'y aller ; pense bien que la
moindre incommodité qui t'en arriverait, me ferait une très grande peine. »
Telle fut la vie du grand homme de devoir que fut
Joseph Raikem et pour synthétiser une existence aussi merveilleusement remplie,
nous ne pouvons mieux faire que de répéter les paroles que prononçait au
lendemain de sa mort - à la rentrée de
« Raikem n'était pas un homme de représentation,
un personnage de circonstance : il n'avait ni prétention, ni masque, il était
toujours lui-même. C'était un caractère.
« Toutes ses qualités étaient naturelles : sa
science était vraie, sa dignité était vraie, sa charité était vraie. Toutes ces
qualités se mouvaient dans un milieu pur de toute affectation. II avait la
simplicité sans laquelle il n'y a pas de véritable grandeur. C'est qu'aussi sa
jeunesse avait été nourrie des sublimes maximes d'une religion à laquelle il
resta fidèle, sans ostentation comme sans faiblesse, simplement, sincèrement et
dignement et dans laquelle cet homme juste puisa sa dernière espérance,
lorsqu'il s'abandonna à la miséricorde du Seigneur. »
C'est là le secret de cette superbe existence.
Raikem était un caractère.
Une jeunesse tout empreinte de travail et d’étude,
et l'exemple d'un père modèle le firent grand pour toute sa vie.
L'influence qu'ont eue ces hommes de grand
caractère fut énorme sur les destinées de notre pays en 1830. Eux seuls ont
assuré le sérieux de la révolution, eux seuls ont établi les bases
inébranlables de notre indépendance.
C'est aux Raikem, aux Lebeau, aux de Gerlache, à
ces sages et prudents Liégeois que nous devons principalement le siècle de
gloire et de prospérité que nous sommes fiers de pouvoir fêter aujourd'hui.
(Nous
tenons à remercier tout spécialement Me Robert Boseret
pour l’obligeance avec laquelle il nous a permis de consulter la documentation
qu’il possède relativement à son arrière-grand-oncle ; entre autres les si
intéressantes lettres de Raikem à sa femme lors du traité de 1839 et celles de
de Theux au Procureur général.)
Pierre HANQUET.
BIBLIOGRAPHIE.
Léon COLLINET, Le Procureur général Raikem ; notice
biographique. Liège, 1875.
Th. JUSTE, Notices biographiques: Jean-Joseph
Raikem, etc., Bruxelles, 1876. Biographie Nationale : J.-J. Raikem.
ERNST, Discours prononcé à la séance de rentrée de
RAIKEM, Procureur Général, Discours prononcés à
l'audience de rentrée de
RAIKEM, Ministre de
J.-J. RAIKEM et M.-L. POLAIN. - Coutumes du pays
de Liège.
J.-J. RAIKEM, Quelques événements du temps de Notger, Liège, 1870. (…)
(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre du
Congrès (10/11/1830)
(01) Règlement d’ordre du congrès (13/11/1830)
(02) Manifeste résumant tous les griefs du peuple
belge (18/11/1830)
(03) Proposition ayant pour objet de s’occuper du projet
de constitution (18/11/1830)
(04) Forme
du gouvernement de
(05) Exclusion des Nassau de tout pouvoir en Belgique (23/11/1830)
(06) Pétition demandant la mise en liberté des officiers
hollandais de la garnison de Mons (25/11/1830)
(07) Mode de publication des actes du congrès national (27/11/1830)
(08) Question du sénat (11/12/1830, 15/12/1830,
17/12/1830, 18/12/1830)
(09) Constitution. Acquisition et perte de la nationalité (20/12/1830)
(10) Constitution. Egalité des Belges devant la loi et octroi
aux seuls Belges des emplois publics (notamment dans les universités) (21/12/1830)
(11) Constitution. Indépendance des cultes vis-à-vis des
pouvoirs publics, notamment question de l’antériorité du mariage civil sur le
mariage religieux (22/12/1830, 24/12/1830
(12) Constitution. Liberté
d’enseignement (24/12/1830)
(13) Constitution. Liberté de la presse (24/12/1830)
(14) Constitution. Emploi des langues (27/12/1830)
(15) Budget
des voies et moyens pour 1831, notamment droits d’enregistrement (28/12/1830)
(16) Question
du choix du chef de l’Etat (05/01/1831, 12/01/1831,
29/01/1831, 02/02/1831)
(17) Constitution. Cens électoral (06/01/1831)
(18) Constitution. Conditions
d’éligibilité, notamment d’âge (06/01/1831)
(19) Constitution. Autorisation pour le roi et ses héritiers de se marier (08/01/1831)
(20) Constitution. Autorisation pour le
roi d’être chef d’un autre Etat (09/01/1831)
(21) Constitution. Inviolabilité du chef de l’Etat et
responsabilité des ministres (09/01/1831)
(22) Constitution. Non-application des
arrêtés illégaux par les conseils provinciaux et communaux (09/01/1831)
(23) Constitution. Régence du roi et impossibilité de régner (14/01/1831)
(24) Traitement
des membres de l’ordre judiciaire (15/01/1831)
(25) Garde civique (17/01/1831)
(26) Abrogation de la législation
néerlandaise sur l'organisation judiciaire (18/01/1831)
(27) Constitution. Des ministres Conditions d’âge (20/01/1831)
(28) Constitution. Incompatibilité du mandat
parlementaire et de la fonction de ministre (20/01/1831)
(29) Constitution. Interdiction de découvrir la couronne (20/01/1831)
(30) Constitution. Jugement des
ministres, responsabilité ministérielle (20/01/1831)
(31) Constitution. Abolition de la
mort civile (21/01/1831)
(32) Constitution. Cour de cassation (21/01/1831)
(33) Constitution. Publicité des
audiences des cours et tribunaux (21/01/1831)
(34) Constitution. Institution du jury
(21/01/1831, 22/01/1831)
(35) Constitution. Justice de paix (22/01/1831)
(36) Constitution. Nomination des présidents et vice-présidents du
pouvoir judiciaire (24/01/1831)
(37) Constitution. Nombre de cours d’appel (24/01/1831)
(38) Constitution. Tribunaux de
commerce (25/01/1831)
(39) Constitution. Tutelle sur les
communes et les provinces (26/01/1831)
(40) Constitution.
Proposition de créer une dixième province (Tournaisis)
(04/02/1831)
(41) Constitution. Interdiction de suspendre la
constitution (05/02/1831)
(42) Promulgation de la constitution (11/02/1831)
(43) Loi électorale (14/02/1831, 16/02/1831, 17/02/1831,
19/02/1831, 02/03/1831)
(44) Mariage entre alliés au degré de frère et de sœur (28/02/1831)
(45) Procédure en cassation devant la cour supérieure
de Liége (04/03/1831)
(46) Commission d’enquête sur les
causes des mouvements populaires récents (30/03/1831)
(47) Admission au service belge
d’officiers supérieurs étrangers (10/04/1831, 11/04/1831)
(48) Fin des travaux législatifs du
congrès (23/05/1831)
(49) Rétablissement du jury et/ou lois sur la presse (25/05/1831,
19/07/1831, 20/07/1831)
(50) Question du chef de l’Etat (Léopold de Saxe-Cobourg) et propositions
annexes (27/05/1831, 30/05/1831, 31/05/1831,
01/06/1831)
(51) Préliminaires de paix (les
dix-huit articles) (02/07/1831)
(52) Election contestée de de Sauvage (08/07/1831, 20/07/1831)
(53) Législation sur la presse et/ou
établissement du jury (18/07/1831)
(54) Serment à prêter par les fonctionnaires
publics (20/07/1831)
(55) Constitution. Désignation de
Léopold de Saxe-Cobourg comme chef de l’Etat (20/07/1831)
(56) Amnistie (20/07/1831)
INTERVENTIONS
AU COURS DE LA SESSION 1831-1832 (en tant que ministre de la justice)
(00) Vérification de ses
pouvoirs comme membre de la chambre. Election non contestée (09/09/1831)
(01) Périodicité de l’élection
du bureau de la chambre (10/09/1831)
(02) Mode de publication des
lois et caractère officiel du Moniteur belge (14/09/1831, 16/09/1831)
(03) Vérification des pouvoirs
de membres nouvellement élus (19/09/1831, 09/04/1832)
(04) Organisation de l’ordre
judiciaire. Présentation du projet de loi (19/09/1831), mise à l’ordre du
jour (24/05/1832),
cour de cassation (04/06/1832, 05/06/1832, 06/06/1832, 08/06/1832, 09/06/1832, 13/06/1832, 14/06/1832, 15/06/1832, 16/06/1832, 21/06/1832, 26/06/1832, 29/06/1832), cours d’appel (09/06/1832, 11/06/1832,
18/06/1832,
19/06/1832,
21/06/1832,
26/06/1832),
tribunaux de première instance (20/03/1832, 09/06/1832,
11/06/1832,
19/06/1832,
20/06/1832),
justice de paix (20/06/1832, 21/06/1832), première nomination des membres de l’ordre
judiciaire et inamovibilité des juges (25/01/1832, 20/06/1832,
28/06/1832),
mise à la retraite des magistrats (21/06/1832), tribunaux de commerce
(21/06/1832),
ministère public (27/06/1832)
(05) Traitement des membres de
l’ordre judiciaire (06/07/1832, 07/07/1832, 09/07/1832)
(06) Contrôle des armes de
guerre (23/09/1831,
02/10/1831,
03/10/1831,
02/12/1831,
16/12/1831)
(07) Licenciement des
officiers volontaires (26/09/1831, 17/03/1832)
(08) Organisation de la sûreté
de l’Etat (01/10/1831,
13/10/1831,
14/10/1831,
(retrait du projet) 15/10/1831, 26/03/1832)
(09)Dépôt tardif dépôt des
projets de budget pour les années 1831 et 1832 (03/11/1831)
(10) Rapports sur des
pétitions relatives à la levée des miliciens de l’année 1826 (04/11/1831),
à l’octroi d’une pension d’un conseiller d’appel évincé pour orangisme (05/07/1832)
(11) Fait personnel :
demande adressée au président par M. Pirson de ne plus remonter au bureau (04/11/1831)
(12) Crédits provisoires pour
l’exercice 1831 (17/11/1831)
(13) Commission d’enquête sur
les causes de la défaite militaire d’août 1831 (23/11/1831, 30/11/1831,
01/12/1831)
(14) Organisation de la garde
civique (28/12/1831)
(15) Nécessité de soumettre M.
de Theux à une réélection, en raison de sa nomination comme ministre de
l’intérieur (29/12/1831)
(16) Atteinte portée à la
liberté de la presse par une autorité militaire à Gand (20/01/1832, 23/01/1832)
(17) Jury de la cour d’assises
(27/01/1832,
28/02/1832,
06/03/1832,
21/03/1832,
07/07/1832)
(18) Motion d’ordre relative à
une arrestation arbitraire (03/02/1832, 10/02/1832)
(19) Budget de l’Etat pour
l’exercice 1832. Discussion politique générale. Cohésion gouvernementale et
agitation orangiste (07/03/1832, 09/03/1832)
(20) Budget de la guerre pour
1832 (14/03/1832)
(21) Budget de la justice pour
1832 (20/03/1832,
21/03/1832,
07/07/1832,
09/07/1832).
Organisation du département de la justice, des cours et des tribunaux et
proposition de supprimer le poste de ministre de la justice (20/03/1832),
établissements pénitentiaires (24/03/1832, 26/03/1832, 28/03/1832, 05/07/1832)
(22) Haute cour militaire (21/03/1832,
05/06/1832)
(23) Budget des affaires
étrangères pour 1832 (22/03/1832)
(24) Budget des finances pour
1832 (02/04/1832)
(25) Budget de l’intérieur
pour 1832 (18/04/1832
soir)
(26) Situation diplomatique
générale (traité des 24 articles et enlèvement de M. Thorn) (19/04/1832 soir,
11/05/1832,
25/05/1832,
29/05/1832,
30/05/1832,
11/07/1832)
(27) Nécessité de pourvoir à
l’absence momentanée du Roi (30/05/1832)
(28) Organisation du service
de la douane (02/06/1832)
(29) Conseil des mines (29/06/1832)
(30) Création de l’ordre
Léopold (02/07/1832,
03/07/1832,
06/07/1832)
(31) Abolition de la peine de
mort (04/07/1832)
(32) Délits de presse (07/07/1832,
09/07/1832)
(33) Présence d’officiers hollandais
en Belgique (10/07/1832)
(01) Formation du bureau définitif de la chambre. Nomination comme
président de la chambre (15/11/1832)
(02) Vérification des pouvoirs des
membres nouvellement élus. Elections contestées de Liége (26/01/1833)
(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre de la
chambre (8/06/1833)
(01) Elections contestées de Hasselt (8/06/1833)
(02) Formation du bureau définitif. Installation en
tant que président du bureau de la chambre (11/06/1833)
(03) Subsides au collège de Dinant (28/06/1833)
(01) Formation et installation du bureau définitif (en tant que
président de la chambre) (13/11/1833)
(02) Convention passée avec la société générale en tant que caissier de
l’Etat (03/12/1833)
(03) Opérations cadastrales et administration du cadastre (07/02/1834)
(04) Police de l’assemblée et manifestations des tribunes (01/03/1834)
(05) Erreur au procès-verbal (27/03/1834),
incident relatif à la rédaction du procès-verbal dans le Moniteur (projet de
loi d’organisation des communes) (23/07/1834, 24/07/1834)
(06) Chemin de fer. Menace de séparation du Hainaut (27/03/1834)
(07) Répression des démonstrations publiques en faveur de la famille
d’Orange-Nassau (09/06/1834)
(08) Travaux urgents à faire à l’Ourthe à Liége (21/06/1834)
(09) Droit sur les pierres à chaux (01/07/1834)
(10) Organisation communale. Cas d’incompatibilité (31/07/1834), fonctionnement du conseil (31/07/1834), droit de nomination des échevins par le
Roi et/ou mode de nomination des juges de paix (26/07/1834,
30/07/1834)
(11)
Personnel des certaines cours d’appel (30/07/1834,
02/08/1834)
(01)
Installation du bureau définitif et discours du président définitive (12/11/1834)
(02)
Organisation des communes. Administration des bois communaux (19/11/1834),
police de la voirie et/ou chemins vicinaux (27/11/1834,
18/02/1835, 19/02/1835),
secrétaire communal (04/12/1834, 05/12/1834), droit pour la commune d’ester en justice
(17/01/1835), scission d’une commune (04/02/1835), opération immobilière (05/02/1835), Subsides aux fabriques d’église et aux
ministres des cultes (notamment vicaires et desservants) (13/02/1835), mesures de sûreté contre les insensés et
les fous (17/02/1835), droit de suspension et/ou de révocation du
bourgmestre et des échevins (17/03/1835)
(03) Formation d’une délégation
auprès du roi Léopold à l’occasion du Nouvel An (30/12/1834)
(04) Police de la chambre et rappel
au règlement de la chambre (30/12/1834)
(05) Expropriation pour cause
d’utilité publique (10/04/1835)
(06) Naturalisations (01/05/1835)
(00) Vérification de ses pouvoirs
en tant que membre de la chambre (élections non contestées) (05/08/1835)
(01) Discours prononcé à
l’occasion de sa désignation comme président de la chambre (05/08/1835)
(02) Enseignement universitaire (13/08/1835, 21/12/1835 soir)
(03) Fonds de secours des
huissiers d’Anvers (25/08/1835)
(04) Soutien de l’industrie
cotonnière (11/09/1835)
(05) Organisation communale. Mise
à l’ordre du jour (10/11/1835, 13/11/1835, 30/01/1836, 27/02/1836), mode de nomination, de suspension et de
révocation des bourgmestre et échevins (+attributions) (10/02/1836,
11/02/1836), dispositions électorales (16/02/1836, 18/02/1836),
commissaire de police (29/02/1836), actes soumis
au contrôle des autorités de tutelle (04/03/1836, 08/03/1836)
(06) Organisation postale et
tarifs (16/11/1835)
(07) Indemnités aux victimes des
événements de la révolution (30/11/1835, 29/01/1836)
(08) Péréquation cadastrale (au
bénéfice des deux Flandres et d’Anvers) (16/12/1835,
17/12/1835)
(09) Impôt des distilleries (23/12/1835 après-midi)
(10) Personnel des tribunaux
(notamment cour d’appel de Bruxelles) (26/01/1836,
29/01/1836, 02/02/1836
soir, 04/02/1836 soir)
(11) Statistiques criminelles (26/01/1836)
(12) Légation belge de Rome (29/01/1836)
(13) Organisation des fêtes
nationales (17/03/1836)
(14) Organisation de la douane (18/03/1836)
(15) Organisation du conseil des
mines (28/04/1836, 29/04/1836,
30/04/1836, 07/05/1836,
09/05/1836, 14/05/1836)
(16) Position des officiers de
l’armée (perte des grades…) (19/05/1836, 25/05/1836, 26/05/1836)
(17) Tarif des douanes (26/05/1836)
INTERVENTIONS
AU COURS DE LA SESSION 1836-1837
(01) Désignation comme président et
installation du bureau définitif (09/11/1836)
(02) Crimes et délits commis par des
Belges à l’étranger et code pénal (26/11/1836,
28/11/1836)
(03) Surveillance des prisonniers
libérés (28/11/1836)
(04) Tarif des douanes (14/12/1836, 16/02/1837)
(05) Prison de Liége (21/01/1837)
(06) Règlement de la chambre (23/01/1837)
(07) Libre introduction des machines
(01/02/1837)
(08) Pension militaire (04/02/1837)
(09) Fixation de l’ordre des travaux
de la chambre (23/02/1837, 08/03/1837, 18/05/1837)
(10) Conseil des mines et concessions de mines
(07/04/1837, 11/04/1837)
(11) Impôt des distilleries (13/04/1837, 20/04/1837)
(12) Jury d’examen universitaire (05/05/1837)
(13) Droit d’aubaine (13/05/1837)
(01)
Remerciements à l’occasion de l’installation en tant que président de la
chambre (07/10/1837)
(02)
Mode d’examen du budget de l’Etat (21/10/1837)
(03)
Tarif des douanes et politique commerciale du gouvernement. Article des bas et des bonneteries (25/10/1837), des draps de laine (03/11/1837)
(04)
Ecole militaire. Localisation, concurrence faite aux universités et personnel (04/12/1837, 05/12/1837)
(05)
Conservatoires de musique (11/12/1837)
(06)
Renouvellement du jury d’examen universitaire (27/12/1837)
(07)
Jury d’assises. Réforme du code pénal (24/02/1838),
« épuration » des listes (01/03/1838, 03/03/1838, 05/03/1838),
mode de délibération (07/03/1838)
(08)
Politique commerciale du gouvernement. Droits différentiels (14/03/1838, 15/03/1838)
(01) Discours à l’occasion de sa nomination comme
président de la chambre (14/11/1838)
(02) Enseignement supérieur (18/12/1839)
(03) Jeux de Spa (21/12/1838)
(04) Barrage sur l’Escaut et question générale de la
reprise de l’administration des rivières navigables par l’Etat (24/12/1838)
Interventions en tant que ministre de la justice
(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre de la
chambre (13/11/1839)
(01) Projet de
loi portant le budget de la justice pour l’exercice 1840. Réplique générale du
ministre de la justice : traitements des membres de l’ordre judiciaire,
situation de quelques prisons (21/12/1839) ;
tableau comparatif des affaires traitées par les cours d’appel, auditeurs
militaires, traduction allemande du Bulletin officiel, régime des prisons (23/12/1839)
(02) Lois sur la compétence civile, sur les
circonscriptions cantonales et sur le notariat (03/02/1840)
(03) Chemins vicinaux. Mesures de publicité et possibilité de réclamation (24/02/1840)
(04) Loi sur le duel (28/02/1840, 05/03/1840, 06/03/1840, 07/03/1840, 09/03/1840,
10/03/1840, 11/03/1840)
(05)
Naturalisations (14/02/1840)
(06) Notaires de Neufchâteau. Circonscriptions
judiciaires du Luxembourg, traité des 24 articles (22/02/1840)
(07) Budget de la guerre, réintégration dans les
cadres de l’armée belge du général Vandersmissen par
suite du traité des 24 articles (13/03/1840)
Interventions en tant que député
(08) Indépendance des députés fonctionnaires et non-démission des ministres de
leur fonction antérieure de gouverneur de province, affaire Vandersmissen
(25/04/1840)
(09) Compétence civile. Compétence des juges de paix et procédure d’appel (05/05/1840, 06/05/1840,
(compétence des tribunaux de première instance et des tribunaux de commerce) 11/05/1840, 12/05/1840)
(10) Droits de succession (07/05/1840)
(11) Aliénation de parcelles domaniales (29/05/1840)
(01) Adresse en réponse au discours du trône.
amélioration des voies et notamment canal de
(02) Ordre des travaux de la chambre (budgets des
recettes et des dépenses) (18/11/1840)
(03) Etat des prisons de Liége (22/12/1840)
(04) Loi hypothécaire, droits
d’inscription et de transcription (13 /01/1841, 05/03/1841)
(05) Subsides pour chemins vicinaux (15/01/1841)
(06) Impôt sur
les distilleries (30/01/1841)
(07) Loi relative aux pensions Pension des
professeurs d’université (08/02/1841), pensions des veuves et orphelins en cas de condamnation, application du
régime antérieur à certaines catégories de personnel des finances (13/02/1841),
perte du droit à la pension (pour le fonctionnaire et son épouse) par suite
d’une peine infamante (16/02/1841)
(08) Renvoi d’une
pétition relative à l’impôt sur la bière (10/02/1841)
(09) Amélioration de la navigation de
(10) Construction d’un pont suspendu à
Liége (20/02/1841, 22/02/1841)
(11) Tarifs
ferroviaires (notamment pour le transport de la houille) (25/02/1841)
(12) Droit sur le sucre (03/03/1841, 09/03/1841)
(13) Encouragement à l’initiative privée
en matière d’infrastructure publique (03/03/1841)
(14) Loi interprétative de l’article 139
du code pénal (falsification des billets de la société générale, peine de mort)
(26/03/1841)
(01) Fixation de l’ordre du jour, notamment projet d’adresse et budgets (13/11/1841)
(02) Etat de la prison de Liége (10/12/1841)
(03) Bibliothèques des universités (23/12/1841)
(04) Projet
de loi interprétatif de l’article 442 du code de commerce (date de la faillite)
(14/01/1842, 17/01/1842)
(05)
Cantonnement et servitudes de pâturage dans les bois et forêts (19/01/1842, 14/04/1842)
(06)
Conseils de prud’hommes, notamment compétences en matière de discipline dans
les ateliers (18/03/ 1842, 19/03/
1842)
(07)
Personnel des tribunaux (15/04/1842)
(08) Patente des marchands ambulants (lutte contre le colportage) (16/04/1842)
(09) Prescription des emprunts de 5,
de 12 et de 10 millions de florins (19/04/1842)
(10) Canal de Zelzaete à la mer du Nord (canal de Damme à la mer du Nord) (21/04/1842)
(11) Remplacement en matière de milice (20/05/1842)
(12) Navigation de
(13) Pétitions relatives aux travaux sur l’Amblève (16/06/1842),
aux tarifs des avoués près des tribunaux (27/08/1842),
aux droits différentiels (02/09/1842)
(14) Police de la grande et de la petite voirie (27/07/1842)
(15) Police maritime (04/08/1842)
(16) Instruction primaire. Participation du clergé à l’enseignement moral,
droit de suspension et de révocation des instituteurs par le gouvernement
(26/08/1842)
(01) Formation du
bureau définitif. Remerciements du nouveau président (09/11/1842)
(02) Règlement de la
chambre (21/01/1843)
(03) Police du chemin de fer (27/03/1843)
INTERVENTIONS
AU COURS DE
(00)
Vérification de ses pouvoirs comme membre nouvellement élu (élection non
contestée) (10/11/1847)
(01) Rapports
sur des pétitions relatives à l’exécution du traité de paix conclu avec les
Pays-Bas (23/12/1847)
(02)
Budget du département de la justice pour 1848. Droits de l’Etat sur les curés
succursalistes, révocation d’un curé à Xhavée
(18/01/1848)
(03)
Péréquation cadastrale (10/02/1848)
(04)
Organisation du notariat (15/02/1848)
(05)
Droits de timbre et d’enregistrement sur les actes des conseils de prud’hommes
(21/02/1848)
(06)
Budget du département des finances pour 1848. Crédit supplémentaire (22/02/1848)
(07)
Réorganisation des monts-de-piété (15/03/1848, 16/03/1848, 28/03/1848)
(08) Loi
sur les irrigations (24/03/1848)
(09) Emission d’un emprunt forcé (21/04/1848 (après-midi), 21/04/1848 (soir))
(10) Droit
de timbre (19/05/1848
(soir))