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GOUVERNEMENT_ROGIER_FREREORCHAZAL Emmanuel (1808-1892)

 

 

 

 

 

 

CHAZAL Pierre, Emmanuel, Félix, né en 1808 à Tarbes (France), décédé en 1892 à Uzos-lez-Pau (France)

Age en 1830 : 22 ans

Libéral. Ministre non parlementaire de la guerre de 1847 à 1850 et de 1859 à 1866

 

Biographie

Interventions sessions 1847-1848 (1848-1850, 1859-1866)

 

BIOGRAPHIE

 

 (Extrait de M.-A. PARIDAENS, dans Biographie nationale de Belgique, t. XLII, 1981-1982, col. 159-167)

CHAZAL, Pierre-Emmanuel-Félix, Baron, officier supérieur et homme d’état, né à Tarbes (France) le 1er janvier 1808, décédé à Uzos-lez-Pau (France) le 25 janvier 1892 ; il obtint la naturalisation belge le 9 juin 1844.

Son père, Jean-Pierre, avocat toulousain et conventionnel, vote la mort de Louis XVI. Dans la suite, il prend le parti de Napoléon Ier qui le nomme préfet des Hautes Pyrénées et le fait baron (1809). La restauration lui confisque ses biens et force la famille à l’exil en Belgique (1816), d’abord à Vilvorde, puis à Bruxelles. Chazal fait ses études à l’Athénée de Bruxelles.

Il se marié à Liège, le 30 mai 1829, avec Anne-Thérèse-Elisabeth Graff (Ensival, 1813-Uzos-lez-Pau, 1892), fille d’un marchand de draps. Ils eurent quatre fils, tous officiers : Gustave-Félix-Charles (1832-1886), Jules-Ernest (1834-1865), Adolphe-Charles (1836-1921) et Léon-Alexis-Maxime (1841-1922). Les Chazal exploitent un magasin d’importations parisiennes avec un associé, réfugié français, Ernest Grégoire, qui mettra fin à cette collaboration en se rendant à Paris au moment de la Révolution de Juillet 1830.

Dès le début de la révolution belge, Chazal s’engage dans la garde bourgeoise, future garde civique. Le 1er septembre, il fait partie de l’escorte du prince d’Orange lors de son entrée à Bruxelles. Chazal est malmené au moment de la retraire princière vers les palais ; Orange croyait, en effet, que la population en voulait à sa personne. Le lendemain, en compagnie de Decpétiaux, Chazal se rend à Liège demander du secours. Sous son impulsion, une colonne de volontaires, conduite par Charles Rogier, part pour Bruxelles. Il fera ensuite partie, comme membre permanent, de la « Réunion Centrale », club patriotique organisé le 15 septembre. Les troupes hollandaises menaçant Bruxelles, Chazal organise la défense des Sablons et de la Place de la Chapelle à la Porte de Hal. Tout espoir de séparation administrative semblant avoir disparu, les Bruxellois prennent des mesures préventives et, dans la nuit du 18 au 19 septembre, avec d’autres, Chazal effectue une reconnaissance du côté de Vilvorde. Deux jours plus tard, le prince Frédéric, commandant les troupes hollandaises, ayant ordonné l’entrée de celles-ci à Bruxelles, la « Réunion Centrale » appelle les citoyens aux armes, les dirige sur l’Hôtel de Ville où est lue la proclamation princière et où est prise la décision de résister. Chazal co-organise un corps franc qui effectue une sortie en direction de Diegem. L’avant-garde, commandée par Chazal, se débande, à l’instar du reste de la troupe, se jette dans le bois de Linthout et rejoint Bruxelles, via Louvain, grossie de volontaires louvanistes. La cause révolutionnaire semblant perdue, la plupart de ses meneurs, Chazal parmi eux, se mettent à l’abri. Chazal se réfugie sur la route d’Ath. Le 25 septembre, revenu à Bruxelles, Chazal se rend à la Commission de Sûreté et est nommé commandant en second d’un corps franc. Pendant ce temps, la maison paternelle, boulevard du Botanique, a été incendiée par les Hollandais. Chazal se bat à la Montagne du Parc, sort par la Porte de Hal, dans la nuit du 26 au 27, pour opérer une diversion sur les arrières ennemis et s’aperçoit qu’ils battent en retraite. Un Gouvernement Provisoire est constitué, au sein duquel Jolly qui gère le portefeuille de la guerre s’adjoint Chazal. Le 27 septembre, Chazal est envoyé à Mons pour y soulever la garnison. Il y est traduit devant une commission militaire présidée par un officier hollandais ; mais, la garnison et la population s’étant ralliées à la révolution, il est reconduit hors les murs. Il y retourne après avoir fait rapport au Gouvernement Provisoire, y fait prisonniers les officiers, les conduit à Bruxelles où ils sont échangés contre des détenus de marque de la citadelle d’Anvers. Sa conduite au cours de la révolution lui valut, en 1833, la Croix de Fer.

Le 1er octobre 1830, Chazal est nommé manutentionnaire général de l’armée et, treize jours plus tard, ordonnateur en chef. En effet, il avait écrit au Gouvernement Provisoire qu’il trouvait son titre contenait « une idée mercantile et judaïque ». Le même mois (le 24), il devient intendant général, avec comme tâche l’organisation des services administratifs. Les plaintes des volontaires, reproduites dans la presse, accusent l’administration de les laisser manquer de tout ; Chazal part en tournée d’inspection et constate, partout, désordre, indiscipline, manque de vivres et de munitions. Il se rend à Anvers comme médiateur auprès du général Chassé, commandant hollandais de la citadelle qui capitule le 5 novembre. Revenu à Bruxelles, Chazal est accusé, par la presse, de malversations dans les adjudications. Il répond, dans Le Courrier du 24 janvier 1831, qu’au contraire, il a permis au Trésor de faire de substantielles économies et que ce sont les marchands évincés, parce que trop chers, qui l’accusent injustement. Le 31 janvier 1831, est organisée la division administrative du département de la guerre, réunissant, sous les ordres du commissaire général à la guerre, les attributions de l’intendant général. Le 6 février, Chazal offre sa démission, qui est acceptée, puisque le seul responsable est désormais le ministre, mais réclame de conserver, jusqu’à sa parfaite liquidation, la responsabilité de son administration. Sa comptabilité est agréée le 22 février. Entre temps, le 3 février, il avait été nommé, avec effet rétroactif au 24 septembre 1830, lieutenant-colonel honoraire des chasseurs liégeois, régiment issu de la régularisation des volontaires de cette ville.

Lors de la campagne des Dix jours, Chazal rejoint ce régiment du côté de Kaloo dévasté par les Hollandais, mais il n’a pas l’occasion de se battre. Il rentre à Bruxelles, après l’incorporation de cette unité au 2e Chasseurs à Pied. Le 29 octobre 1832, il est nommé colonel de cavalerie, avec fonctions de vaguemestre, c’est-à-dire qu’il est chargé de la conduite des équipages. Le 18 novembre suivant, il est adjoint au commandant de la province de Liège qu’il remplacera le 5 février 1833. Le 31 décembre 1836, il est incorporé aux cadres de l’armée d’active comme colonel d’infanterie et, le 25 février suivant, désigné comme commandant du 9e de Ligne, en garnison de Liège. Le 21 juillet 1842, il est promu général-major et chargé du commandement de la 1er brigade de la 4e division d’infanterie, à Mons. Le 9 juin 1844, il obtient la grande naturalisation.

Le 5 mai 1846, il devient aide de camp de Léopold Ier et l’année suivante (le 11 août), lieutenant-général, puis ministre de la guerre (le 12 août). Sa première tâche est de combattre une proposition de diminution de budget et d’affectif de l’armée. C’est sous son ministère qu’éclate, en France, la révolution de 1848 qui n’eut qu’une seule séquelle en Belgique, l’échauffourée de Risquons-Tout, réprimée par l’armée et que sont établis les plans définitifs du camp de Beverlo. Il démissionna le 15 juillet 1850, au grand dam de Léopold Ier, ayant pris sur lui toute la responsabilité des incidents suscités par la publication, avec autorisation ministérielle, de la brochure du major Alvin sur l’inutilité de la garde civique. Il est nommé gouverneur de la résidence royale (Chef de la Maison Militaire) et désigné pour prendre le commandement de la 2e division d’infanterie et de la 2e division territoriale (29 juillet 1850). Le 22 janvier 1851, il est mis en disponibilité et rappelé sept mois plus tard (le 6 juillet). En 1855, il représente Léopold Ier à l’avènement du Tsar Alexandre II. Le 12 août 1857, il obtient reconnaissance de son titre de noblesse, transmissible par ordre de primogéniture, puis à tous ses fils (le 24 février 1859) qui le transmettront à leurs fils aînés.

Le 23 avril 1859, il succède à Berten comme ministre de la guerre et occupera ces fonctions jusqu’au 12 novembre 1866, date à laquelle il sera nommé Ministre d’Etat. Son deuxième passage au ministère est marqué par la décision de fortifier Anvers (1859), par la dotation de l’artillerie du canon Wahrendorf (1861)et par l’envoi d’un corps expéditionnaire belge au Mexique (1864-1867) où l’un de ses fils, Jules-Ernest, trouva la mort au combat de Tacambaro. Chazal, qui n’a jamais dissimulé ses sympathies pour cette expédition, est accusé, le 5 avril 1865, par le député anversois Delaet, d’avoir autorisé le comité organisateur à recevoir des engagements irréguliers non datés. Chazal s’indigne et répond « qu’il n’y a que ceux qui sont capables d’une infamie pareille qui puissent en soupçonner les autres ». Sommé de retirer ses paroles, il refuse. Delaet et lui se battent en duel, le 8 avril. Chazal ayant été blessé, Delaet refuse de continuer à se battre et lui présente des excuses. Chazal est condamné, le 12 juillet 1865, à huit jours d’arrêts et deux cents francs d’amende ; il n’a jamais acquitté cette dernière partie de sa peine. Il veut alors résilier ses fonctions ministérielles mais Léopold Ier refuse sa démission.

Chazal part pour les Pyrénées où il rencontre Napoléon III, à la demande de celui-ci, qui veut le consulter pour des questions d’organisation et de tactique. A titre privé, il cherche à améliorer l’organisation militaire belge en visant les établissements français, assistant à des expériences françaises d’armes à feu à Vincennes et faisant rapport à Rogier, ministre de l’intérieur. En mars 1867, Léopold II l’envoie en mission en France, Prusse, Bavière et Autriche y étudier le fonctionnement de l’état-major, de l’intendance et du service de santé et se renseigner sur les effectifs. A son retour, le 4 juillet 1868, il est placé à la tête de la 4e division territoriale et, le lendemain, renommé gouverneur de la résidence royale, poste qu’il n’occupait plus depuis sa mise en disponibilité. Pendant la mobilisation de 1870, il est commandant de l’armée d’observation (15 juillet au 30 septembre 1870). Après la capitulation de Sedan, il convoie Napoléon III à travers la Belgique, l’empereur déchu se rendant en captivité à Wilhelmhöhe. Dans la nuit du 4, Napoléon III rédige une relation des événements et la confie à Chazal. Ce dernier se rend à Sedan afin d’y coordonner les services de santé.

Le 6 octobre 1870, Chazal est nommé commandant de la 2e division territoriale et, quatre ans plus tard (le 28 octobre), commandant de la deuxième circonscription militaire. Sur ces entrefaites, la mobilisation ayant démontré les carences du système, une commission mixte est mise sur pied dont Chazal assura la présidence. Le 24 mai 1875, il est placé à la section de réserve tout en étant nommé, le 14 novembre suivant, adjudant général. Il se retire à Pau et ne sort de sa retraite qu’en 1887 pour combattre les fortifications de la Meuse.

Il avait été membre de l’Association Nationale pour assurer l’Indépendance, créé le 23 mars 1831 et qui dura jusqu’en juillet de la même année, après une vaine tentative de putsch, et membre de la commission consultative permanente de l’infanterie.

Marie-Anne Paridaens

(Autre référence bibliographique : GARSOU J., Un grand soldat : le général baron Chazal 1808-1892, Bruxelles, Office de publicité, 1946)

 

INTERVENTIONS AU COURS DE LA SESSION 1847-1848

 

(01) Adresse en réponse au discours du trône. Destitutions de fonctionnaires pour raisons politiques, Alliance, droits et devoirs des militaires, indépendance des députés-fonctionnaires, forteresses (16/11/1847, 17/11/1847)

(02) Budget du département de la guerre pour 1848. Créances arriérées (09/12/1847), chiffre global du budget de la guerre, utilité de l’armée, notamment maintien de l’ordre public, rôle social et hygiéniste, neutralité armée (27/12/1847, 28/12/1847, 29/12/1847, 30/12/1847), personnel, école militaire, pensions militaires (30/12/1847), crédit supplémentaire de 9 millions de francs pour faire face aux événements révolutionnaires (31/03/1848, 04/04/1848)

(03) Contingent de l’armée, chiffre du budget de la guerre, organisation de l’armée (10/12/1847)