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Esquisses historiques de la révolution de la Belgique en 1830
DE WARGNY Auguste - 1830

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DE WARGNY, Esquisses historiques de la révolution de la Belgique en 1830 (1830)

(Paru à Bruxelles en 1830, chez H. Tarlier)

Chapitre II. Journée du vendredi 27 août 1830

La garde bourgeoise s'organise -M. le baron Emmanuel d'Hoogvorst, son commandant. Sa composition d'abord mélangée et vicieuse dans les premiers jours. - Ses principaux chefs. - Incendie des décorations et des arcades du Parc. Arrestations des pillards et incendiaires. - Justice rendue en français. Destruction de tous les insignes de la royauté. Emeute de la Place-Royale. Emigration

(page 37) Les bourgeois restèrent sous les armes toute la nuit ; grâce à eux elle fut tranquille : ils occupaient dès lors tous les postes de la ville et même toutes les rues, éclairées sans exception par les habitants. Ce n'est pas exagérer que de porter à 800 le nombre des bourgeois factionnaires.

De grand matin cependant les groupes populaires reparurent, se mêlèrent à tous les postes et demandèrent de l'ouvrage, du pain, de la liberté, et M. de Potter. On essaya de les calmer, surtout à l'Hôtel-de-Ville où l'effervescence était la plus grande. Les bourgeois le défendirent et le sauvèrent encore ce jour -de la vengeance du peuple. On n'eut cependant à déplorer aucun malheur.

Pendant toute la journée la garde bourgeoise dut lutter en patrouilles contre la populace agitée qui, vers dix heures, se porta en foule au Parc, arracha les décorations et les arcades préparées à grands frais pour l'illumination, les réunit en vastes bûchers et y mit le feu. Ces incendies furent effrayants en plusieurs endroits, surtout dans les grandes allées, menaçaient de brûler les arbres, les kiosques et le Wauxhall, et brillaient d'un (page 28) côté, à deux cent pas de la troupe sous les armes, et de l'autre, sous les yeux de plusieurs patrouilles bourgeoises qui, bien que très nombreuses, se bornèrent à préserver le Petit-Théâtre et le Wauxhall, sans rien tenter pour disperser les mutins. Soldats et bourgeois restèrent spectateurs impassibles de la destruction ! L'observateur pouvait méditer en contemplant cette scène unique dans l'histoire des révolutions des peuples !

Le Parc alors souffrit beaucoup ; quelques statues furent renversées ! mais vingt-sept jours après il devait bien éprouver d'autres dommages !

Une de ces masses de peuple quitta cependant en désordre l'incendie du Parc, vers deux heures ; armée de longs bâtons, de branches d'arbres, des débris des arcades, mais sans fusils, elle descendit la rue de Louvain, ayant en tête un tambour et un drapeau tricolore belge, ainsi que plusieurs décors du Petit-Théâtre portés comme trophées ; vers l'ancienne place de Louvain elle fut arrêtée par des patrouilles bourgeoises qui s'y croisaient ; on crut un instant qu'on allait employer la force pour dissiper l'attroupement, rien n'eût été plus facile ; les bourgeois seuls étaient armés et plus nombreux que le peuple ; mais fidèles à leur décision de la veille, ils employèrent les voies conciliatrices ; ils pourparlèrent, laissèrent le peuple se mêler à leurs rangs, leur prendre la main et crièrent aussi : Vive de Potter et la liberté ! l'un d'eux cependant ajouta : Oui, mais vive l'ordre aussi, nous sommes réunis pour le maintenir et vous le troublez ! Alors un homme du peuple fit cette réponse remarquable : Eh ! croyez-vous donc vous autres qu'on fait des révolutions avec de l'ordre !

(page 39° Ce rassemblement dangereux se trouva cependant cerné un instant après, dans la rue de la Montagne, par deux autres patrouilles ; là enfin on menaça de faire feu, on mit même en joue ; cela suffit pour tout disperser en une minute ; les mutins jetèrent leurs bâtons, s'enfuirent et se dispersèrent par la petite rue de Sainte-Anne.

Il fut évident ce jour-là que le peuple, si complètement armé la veille, était déjà presqu'entièrement désarmé et que ses armes avaient passé aux mains des bourgeois par des moyens quelconques ; mais il est certain aussi que, revenu un peu de sa première ivresse, il sentit bien qu'on voulait lui ôter les armes, et que par suite il les cacha en grande partie. C'est à cette cause surtout qu'il faut attribuer qu'on ne vit plus dès lors un seul fusil dans les mains du peuple.

Au reste, cet attroupement fut le dernier, et depuis lors on n'a plus vu circuler dans Bruxelles ces bandes menaçantes et destructives.

Mais, vers le soir, quelques tapageurs qui s'étaient enivrés au caveau de Belle-Vue, insultèrent les soldats et voulurent arracher le fusil d'un sergent ; un coup de feu fut même tiré sur la troupe qui resta immobile et impassible. Alors deux patrouilles bourgeoises accoururent et poussées à bout, voulant à la fois punir des excès et prévenir des malheurs, firent enfin feu sur la populace pour la première et dernière fois. Trois des mutins tombèrent morts ! Le reste se dissipa et voulut essayer le pillage de quelques cabarets éloignés, et l'incendie de la fabrique de M. Vander Elst, près la porte de Hal ; mais la garde (page 40) bourgeoise était partout et dispersa toutes les tentatives des malfaiteurs. -- Voici au surplus un rapport sur cette affaire, il offre diverses variantes. (V. ci-après, no 1.)

La garde bourgeoise, improvisée la veille, reçut ce jour-là un commencement d'organisation ; la Régence sentait qu'elle n'avait plus d'autre recours ; elle avait dans un seul jour perdu toute sa popularité, tous ses moyens d'exécution ; dès lors son pouvoir, son influence sur les événements subséquents furent paralysés et nuls jusqu'à ce qu'une suite de demi-mesures et de fausses démarches l'entraînèrent elle-même et déterminèrent sa chute comme nous le verrons bientôt. Elle nomma le commandant de la garde et prit dans cette journée diverses résolutions qui furent affichées et qui font connaître les officiers et la première organisation. Nous donnons ces pièces ci-après sous les n° 2 à 8 ; on remarquera dans celles relatives au rétablissement du bon ordre les lieux communs ordinaires des circonstances, devenus partout presque ridicules ; la défense de toute réunion de plus de 5 personnes, etc. Quand on lit affichée dans une ville une telle défense, l'on peut être certain que c'est un aveu de l'impuissance où l'on est de réprimer les attroupements et qu'ils sont à la veille de se former ; c'est un pronostic infaillible. Bruxelles, Gand, Bruges, Mons, Namur, Anvers, et nombre de grandes villes de France, en sont des preuves récentes qui démontrent toujours l'incapacité, l'imprévoyance et l'incurie des magistrats.

Chaque section eût un point central et plusieurs postes secondaires ; le nombre de ces derniers fut d'abord (page 41) de 30 au moins. On les établit surtout dans les maisons dévastées la veille.

Tous les bourgeois, sans distinction d'âge ni de rang, firent le service des postes jour et nuit et les patrouilles avec une exactitude et un zèle au-dessus de tout éloge ; bien peu manquèrent à ce premier des devoirs ; leurs noms furent connus et affichés, et cela suffit pour que personne ne s'en exempta. Les choix d'officiers pris dans la noblesse et parmi toutes les notabilités de la ville eurent l'approbation générale : on vit le Nestor de nos députés, M. le baron de Sécus, M Huysman d'Annecroix, et Cornet de Grez, députés aux États-Généraux, le premier ancien gouverneur de la province, M. de Lalaing, et une foule de magistrats et de fonctionnaires donner l'exemple et monter la garde en simples soldats. Il y avait une sorte de régularité et d'attitude militaire dans leurs marches et dans tous les détails du service. On était sérieux, on sentait notre position. Les étrangers présents à Bruxelles, s'inscrivirent eux-mêmes et montrèrent le plus grand zèle ; on voyait des Allemands, des Anglais et surtout des Français armés parmi nous et pour nous. Les artistes dramatiques, Mrs Charles, Lafeuillade, Boucher, Lemoine, Jenneval, Juillet, se distinguèrent ; ils étaient infatigables.

La garde à cheval s'organisa en même temps ; elle forma en vingt-quatre heures un escadron de cinquante hommes. Tous ces jeunes gens étaient montés et armés à leurs frais, ils patrouillaient, portaient les dépêches, et ont rendu les plus grands services.

La plupart des étendards de la Garde bourgeoise aux (page 42) trois couleurs portaient pour inscription : Sûreté publique ; ce ne fut que quelques jours après qu'on y ajouta les numéros des sections.

Quand plus tard les ouvriers représentèrent qu'ils perdaient ainsi toute leur journée dans les corps de garde et qu'ils ne pouvaient, par suite, nourrir leurs familles, on fit des collectes abondantes dans les sections, et les dames surtout donnaient de quoi remplacer le prix des journées ; cette mesure fit le plus grand bien. Par une conséquence nécessaire, des foules de femmes et d'enfants indigents parcouraient les rues en demandant du pain ; la régence prit des arrangements avec M. Obert, propriétaire de la grande boulangerie, rue Royale, et avec les hospices ; 800 pains furent délivrés par jour à chaque poste central de section et distribués aux pauvres sur le vu de cartes et par les soins des bourgeois.

Cependant, dans ces premiers jours, ceux-ci voyaient dans leurs rangs des individus de mauvaise mine qui y étaient déplacés, mais que l'on ne pouvait encore en expulser ; ils s'y présentaient de bonne volonté avec armes et faisaient le service ; les bourgeois eurent souvent au milieu d'eux des gens qui sortaient des attroupements et qui avaient sans doute participé aux scènes du 26. Peu à peu cependant ils furent éliminés et disparurent.

Vers le soir un détachement de troupes, venant de Louvain, se présenta à la porte comme renfort. Le poste bourgeois parlementa et refusa l'entrée ; quand les troupes connurent les événements, elles n'insistèrent plus et se retirèrent

Si la garde bourgeoise avait existé vingt-quatre heures (page 43) plus tôt, elle eût prévenu de grands malheurs ; mais elle avait été supprimée en 1828, et remplacée par la garde communale !... Tout était à recréer au milieu d'une population armée et exaspérée ! Les résultats obtenus tiennent du prodige.

Dès ce deuxième jour, on arrêta une foule d'individus prévenus des excès de la veille ; les bourgeois les conduisaient à l'Amigo et de là à la prison des Petits-Carmes, pendant la nuit et avec les plus grandes précautions. Le lendemain leur nombre excédait 100 ; M. de Wargny, juge d'instruction délégué, fut chargé d'instruire ce grave procès ; le plus grand nombre de ces prévenus avaient été arrêtés ivres ; ils furent presque tous élargis sur le champ, sauf douze à quinze sur lesquels planaient des indices accablants, entre autres le nommé Fonteyn, désigné de toutes parts comme l'un des auteurs des pillages et incendies des fabriques à Forêt et à Uccle. Lorsque, le 28 septembre, ce magistrat cessa ses fonctions et fut remplacé, plus de 250 individus avaient été amenés devant lui comme prévenus de ces crimes et il n'en restait plus que 42 en prison.

On remarqua aussi que M. de Wargny, présidant la chambre des vacations, prononça dès lors les jugements en français. C'était une nouveauté à Bruxelles depuis près de huit ans, savoir : depuis le 1er janvier 1823, jour funeste de la mise en activité des arrêtés sur la langue, et des lois sur le système financier. Il fallait encore alors une sorte de courage pour oser ainsi résister à l'arbitraire ministériel et interpréter l'arrêté du 4 juin 1830.

Dès la veille, les armoiries royales avaient été foulées aux pieds ou brisées à coups de pierre aux enseignes des (page 44) magasins. Aujourd'hui, le peuple en arracha partout jusqu'aux derniers vestiges. D'ailleurs les habitants les rejetèrent ou les effacèrent même sur les diligences ; la cocarde orange fut foulée aux pieds.

L'émigration commença dès ce jour-là ; les Anglais surtout avaient pris l'alarme aux premiers coups de pierre qui cassèrent les vitres ; leurs voitures et bagages couvrirent bientôt toutes les routes. Cet excès de prudence étonna en général ; mais il en resta un grand nombre qui firent partie de la Garde bourgeoise, prirent ses couleurs et y obtinrent mème des grades ; ils se distinguèrent toujours par leur zèle, et aux quatre grands jours, par leur bravoure.

Les boutiques furent ouvertes, les marchés protégés et approvisionnés, la libre sortie et entrée accordée aux postes, messageries, etc. Le bourgmestre fut de retour dès le 26 au soir ; ce fut un bonheur pour la ville. Le Spectacle fut fermé jusqu'au 12 septembre. La National était mort. Le Gazette des Pays-Bas ne parut pas.


Pièces publiées le 27 août, ou relatives à cette journée

N° 1. Episode sur l’émeute de la place royale

A MM. les rédacteurs du Courrier des Pays-Bas.

Les journaux ont rendu un compte incomplet de ce qui s'est passé entre la Place-Royale et celle du Palais dans la journée du 27. Nous allons rapporter les faits tels qu'ils ont eu lieu :

Vers deux heures après-midi, la première de ces places était encombrée de monde, la circulation dans la seconde n'était (page 45) plus possible, les patrouilles de la garde bourgeoise ne traversaient que difficilement d'un endroit à l'autre, non sans danger d'être désarmées.

A trois heures, la foule se renforçait, et les individus les plus rapprochés du Parc se pressaient davantage sur la troupe stationnée en face du palais du roi. Celle-ci, pour empêcher la populace de se jeter sur elle, s'efforçait de l'écarter et les dragons ayant monté à cheval, il en résulta une terreur panique qui donna lieu aux bruits les plus alarmants.

Des malveillants profitant de la grande affluence des curieux, s'emparèrent du cabaret : la Cave de l'hôtel de Belle-Vue, comme d'un quartier-général, et dépavèrent les abords de cet hôtel.

Vers quatre heures, se voyant en force, et croyant que la garde bourgeoise, organisée à l'improviste, se rangerait de leur côté lorsque la troupe ferait feu, ils commencèrent à siffler, huer, et vociférer mille horreurs contre les militaires qui tinrent néanmoins une conduite calme, mais résignée, et restèrent sur la défensive.

Cependant leur contenance imposa aux malfaiteurs, et une terreur nouvelle se répandit dans le public dont une partie prit la fuite.

Les choses devenaient de plus en plus sérieuses ; à cinq heures un sergent des grenadiers, conduisant un des siens à l'hôpital, fut désarmé sur la Place-Royale ; les cris de bravo ! et des applaudissements mêlés d'un bruit effroyable, devaient faire craindre une crise terrible ; mais une patrouille de la garde bourgeoise à cheval, attirée par la rumeur, arrive au grand trot, et fait à différentes reprises tous ses efforts pour dissiper les nombreux rassemblements ; ce fut vainement : un renfort de la grand'-garde, composé d'hommes de la septième section et ayant en tête son capitaine, M. de Janty, faillit même être la victime de son zèle pour ramener les agresseurs à l'ordre, particulièrement le capitaine qui s'est trouvé seul au milieu d'eux au moment où les mutins tentaient de désarmer une partie du renfort qui dut se replier en désordre sur le corps-de-garde.

(page 46) La garde rassemblée s'étant formée en trois pelotons, deux s'avancèrent en bataille, présentant un front imposant ; chaque chef de peloton marchait en avant et au centre ; ils s'approchèrent ainsi des furieux, qui seuls occupaient alors l'entrée de la place du Palais ; les curieux s'étant retirés à la vue du danger, les chefs sommèrent les mal-intentionnés de rendre les armes et de se retirer ; ils répondirent qu'ils préféraient mourir, et au même instant des grès furent lancés sur les gardes ; un des chefs de ceux-ci avança précipitamment, la baïonnette en avant, sur l'un des plus forcenés, et s'empara de son fusil et de suite du drapeau d'un autre, qui servait de point de ralliement. Ce drapeau était surmonté d'un grand couteau de table à deux tranchants fixé fortement au bout d'une perche de sapin.

A peine cet homme intrépide retournait-il vers son peloton avec le trophée, que différents coups de feu partent, et une balle lui frise l'œil gauche ; les gardes se virent par là contraints de repousser la force par la force, et quelques assaillants furent tués, un plus grand nombre blessés.

Cette fermeté, devenue malheureusement nécessaire, a ramené le calme, et on lui doit peut-être la tranquillité dont Bruxelles jouit maintenant.

Notre ville devra éternellement des actions de grâce à la brave garde bourgeoise, pour son zèle et ses sacrifices, car quelques-uns de ses membres ont été blessés dans cette affaire, mais légèrement.

Nous apprenons avec satisfaction que le chef de peloton qui a fait preuve de bravoure et de sang-froid en désarmant deux malveillants, prenant le fusil de l'un et le drapeau de l'autre, est le sieur Larose, ancien militaire, sortant de la maréchaussée et actuellement dessinateur lithographe.

J'ai l'honneur, Messieurs, de vous saluer.

P. C. B., témoin oculaire.


(page 47) N° 2. Les bourgmestre et échevins de la ville de Bruxelles,

Préviennent leurs administrés que Monsieur le Baron Emmanuel d'Hoogvorst vient, à l'invitation de l'Administration et des Citoyens, de prendre le commandement de la Garde bourgeoise. Son quartier-général est établi à l'Hôtel-de-Ville.

Bruxelles, le 27 Août 1830.

L. DE WELLENS.

Par ordonnance : P. CUYLEN, Secrétaire.


N° 3. Les bourgmestre et échevins de Bruxelles

Considérant que pour maintenir l'ordre si bien établi par la Garde bourgeoise, improvisée dans la journée d'hier, il importe que tous les bons Citoyens fassent partie de cette institution conservatrice, afin de multiplier les moyens de soulager ceux des Gardes bourgeoises en activité depuis hier.

Invitent tous les Citoyens de Bruxelles à s'armer et à se présenter chez les Capitaines de leurs sections respectives, dont les noms suivent ; à se faire inscrire sur les contrôles de la Garde bourgeoise et à prendre le signe distinctif adopté par cette Garde bourgeoise, c'est-à-dire, à porter le N° de leur section sur le devant de leur chapeau :

Commandant en chef, baron Vanderlinden d'Hoogvorst.

Capitaines des 8 sections : MM. Vangelder-Parys, Basse, Éverard-Goffin, Blaes, Hagemans, Ferdinand Meeus, Latour, Michiels.

Fait à l'Hôtel-de-Ville de Bruxelles, le 27 Août 1830.

L. DE WELLENS.

Par ordonnance, P. CUYLEN, Secrétaire.


(page 48) N° 4. Avis

MM. les capitaines et officiers de la Garde bourgeoise sont prévenus que M. le Commandant a fait les nominations suivantes :

MAJORS :

M. Vandersmissen, Commandant en second.

MM. Hotton, Commandant la Garde à cheval ; Gay, commandant en second ; Fleury du Ray ; Pletinckx-Janssens ; Jean-Palmaert ; le comte de Bocarmé ; adjudants majors, le comte de Hogendorp et le baron Frederic de Sécus.

AIDES-DE-CAMP :

MM. Prosper de Brabander ; Baron de Felner ; Chevalier d'Odomont ; Max.-Delfosse ; Adolphe Hauman ; l'avocat Plaisant ; Ed. Stevens, avocat ; Vleminckx, docteur.

Bruxelles, le 27 août 1830.

L. DE WELLENS.

Par ordonnance : P. CUYLEN, Secrétaire.


N° 5. Proclamation

Les bourgmestre et échevins,

Invitent tous négociants, fabricants et maîtres-ouvriers, à faire rentrer leur personnel dans leurs ateliers, à lui donner de l'occupation, et à l'engager à se réunir autant que possible à la Garde bourgeoise pour maintenir l'ordre.

Il sera envoyé des Cartes de Pain de la part de la Régence, (page 49) à domicile, par les soins des capitaines des Gardes bourgeoises et des maîtres de pauvres à tous ceux qui se retireront chez eux.

Fait en séance du Collège, à l'hôtel-de-Ville, le 27 août 1830.

DE WELLENS,

Par ordonnance : P. CUYLEN, Secrétaire.


N° 6. Proclamation

Peuple de Bruxelles,

Ce n'est pas à vous que l'on doit attribuer les excès qui, depuis avant-hier soir, ont répandu le trouble dans cette ville. Ils ne peuvent être l'ouvrage que d'hommes sans aveu, étrangers à votre belle Cité, peut-être même à la Belgique, ou qui du moins ne méritent pas de lui appartenir. Quant à vous, ouvriers Bruxellois, généralement connus par des habitudes tranquilles et laborieuses, vous êtes assez éclairés pour savoir qu'en incendiant ou démolissant les établissements publics, vous feriez naître chez tous les particuliers aisés, surtout parmi les commerçants et fabricants, une inquiétude fatale à l'industrie, et par conséquent à vos propres intérêts, et que vous écartez de vos murs les nombreux étrangers qui vous donnent du travail et du pain. Une Garde, composée de vos concitoyens, nombreuse, et dont les chefs ont droit à la confiance publique, veille à votre sécurité. Reposez-vous sur elle ; quittez les armes et rentrez dans vos ateliers ; reposez-vous du soin de votre bien-être sur la sollicitude de vos magistrats.

Bruxelles, 27 Août 1830.

Sans signatures.


N° 7. Proclamation

Les citoyens, amis de l'ordre, et qui ne font pas partie de la Garde bourgeoise, sont invités à se retirer chez eux, à la nuit tombante et à éclairer les façades de leurs maisons.

(page 50) L'invitation qui précède leur est adressée, attendu que la Garde bourgeoise parcourra la ville et dissipera au besoin par la force tout attroupement.

27 Août.

Le Commandant, Bon EM. D'HOOGVORST.

Le Bourgmestre, L. DE WELLENS.


N° 8. Proclamation

Tout attroupement dans les rues et places publiques, est défendu.

On entend par attroupement toute réunion de plus de cinq personnes.

Celles-ci, après sommation de se retirer, seront immédiatement dispersées par la force publique.

Tout individu qui participe aux secours de la table des pauvres et qui aura fait partie d'un attroupement quelconque, sera à l'avenir privé dudit secours.

Les habitants sont invités de continuer d'éclairer les façades de leurs maisons, jusqu'à nouvel ordre.

Également jusqu'à nouvel ordre, la cloche de retraite sera sonnée à dix heures ; toute personne trouvée dans les rues après cette heure, sera arrêtée.

Fait à l'Hôtel-de-Ville de Bruxelles, le 27 Août 1830.

L. DE WELLENS.

Par ordonnance : P. CUYLEN, Secrétaire.

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