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THORN Jean-Baptiste (1783-1841)

 

 

 

 

 

THORN Jean-Baptiste, né en 1783 à Remich, décédé en 1841 à Mons

Age en 1830 : 47 ans

Congressiste (1830-1831, Luxembourg)

 

Biographie

Interventions au cours de la session 1830-1831 (Congrès national)

 

 

BIOGRAPHIE

 

(Extrait de : Ch. TERLINDEN, Biographie nationale de Belgique, t. XXV, 1930-1932, col. 133-139)

THORN (Jean-Baptiste}, membre du Congrès national, né à Remich, dans l’actuel grand-duché de Luxembourg, le 7 mars 1783, mort à Mons, le 23 mars 1841. Après de brillantes études à Trèves et à Luxembourg, puis à l'Ecole de droit de Paris, où il fut reçu docteur en 1805, sur présentation d’un important travail de législation pénale, il devint avocat et acquit une place de premier plan au barreau de Luxembourg. Il entra dans la vie publique en devenant, lors de l'entrée des Alliés en Belgique, en 1814, membre du conseil de régence de Luxembourg et commissaire de district. En 1819, il devint membre de la députation permanente des Etats de la province. C'est dans cette dernière fonction surtout qu'il se distingua par l'indépendance de son caractère en protestant avec énergie contre les abus du pouvoir exécutif, et spécialement contre l'établissement du plus impopulaire de tous les impôts : le droit de mouture. A la suite d'une violente discussion avec le gouverneur du grand-duché, président de la députation des Etats, discussion au cours de laquelle Thorn avait rabattu la morgue de ce haut fonctionnaire en lui déclarant: « Ce que je suis, vous l’avez été, et ce que vous êtes, je puis le devenir », le gouvernement établit, par le règlement de 1825, l'incompatibilité entre les fonction. d'avocat plaidant et celles de député aux Etats provinciaux. Thorn, ainsi exclu de la vie publique,. poursuivit sa violente campagne d'opposition au gouvernement du roi Guillaume et fut un des promoteurs les plus ardents du mouvement national belge dans le grand-duché. Aussi, au lendemain des événements de septembre 1830, le gouvernement provisoire le plaça-t-il à la tête du gouvernement provincial du Luxembourg. Le choix d'un homme énergique, intelligent et très estimé de tous ses concitoyens, eut les plus heureux résultats. Eh moins de huit jours. le grand-duché tout entier s'était rallié à la révolution belge ; le drapeau tricolore flottait sur. tous les clochers, jusqu'au pied de la forteresse fédérale, que sa garnison prussienne de 6.000 hommes eut grand'peine à conserver au roi des Pays-Bas. II est à remarquer que grâce en grande partie, à la prudence de Thorn, le renversement du régime hollandais dans le grand-duché se fit sans aucun des excès qui marquent d'habitude les révolutions.

Bientôt après, le suffrage unanime de ses concitoyens, réunis en collège électoral à Esch-sur-Alzette, chargea Thorn de représenter le district de Luxembourg au Congrès national. Le Gouvernement provisoire l'avait déjà appelé à faire partie du comité des juristes versés dans la science du droit public, qui fut chargé de rédiger le projet de Constitution. Au cours des travaux de la Constituante, il fit preuve d'autant de prudence que d'indépendance d'esprit, et fut un des rares députés qui osèrent se prononcer, le 23 novembre 1830, contre l'exclusion perpétuelle de Nassau de tout pouvoir en Belgique, comprenant les complications internationales auxquelles ce vote, incompatible avec les intentions des Puissances en ce moment, allait exposer l'existence même de la Belgique indépendante. Il se fit un des plus ardent défenseurs de la candidature au trône du prince Léopold de Saxe-Cobourg, dont l'élection permettait d'espérer par suite d'un accord particulier, la conservation par la Belgique de tout le grand-duché, et il fit partie de la députation envoyée à Londres par le Congrès national, en février 1831, pour offrir le trône à ce prince.

Aux élections pour les premières chambres législatives, le 29 août 1831, les électeurs du district de Luxembourg maintinrent leur confiance à Thorn et, à l'unanimité encore, le chargèrent de les représenter au Sénat, où il siégea sans interruption jusqu'en l840. Il joua un rôle actif à la Haute Assemblée et, nommé rapporteur du projet d'adresse contre le morcellement du territoire prévu parle traité du 19 avril 1839, multiplia ses efforts pour conserver le Luxembourg en entier à la Belgique.

Son activité parlementaire ne l’empêcha pas de remplir avec autant de zèle que d'énergie son rôle de gouverneur de province. Dans des circonstances particulièrement difficiles, privé d'archives et de personnel, celui-ci étant, dans l'attente des événements, resté en grande partie à Luxembourg, que sa garnison fédérale prussienne maintenait sous l'autorité du roi des Pays-Bas, Thorn parvint, en suppléant à tout, à organiser son gouvernement provincial et à le faire fonctionner régulièrement, en dépit des menaces continuelles et des actes de mauvais gré multipliés à tout propos par le général prussien Dumoulin, gouverneur militaire de la place forte de Luxembourg.

Vers la fin de 1831 et dans le commencement de 1832, alors que le gouvernement belge était définitivement constitué dans le grand-duché, mais non reconnu par le roi des Pays-Bas, une formidable conspiration contre-révolutionnaire éclata dans le Luxembourg. Le duc de Saxe-Weimar s'efforça par tous les moyens de ramener le grand-duché dans la voie de l'obéissance à l'autorité qu'il prétendait seule légitime. Ses proclamations et ses menaces de faire occuper tout le territoire de la province par les troupes de la Confédération germanique n'ayant donné aucun résultat, il recourut à des moyens plus violents et soudoya une bande d'aventuriers, dont plusieurs étaient étrangers au pays, pour terroriser les campagnes. A la tête de cette troupe se trouvait le baron de Tornaco avec quelques jeunes gens fidèles au régime déchu. Thorn organisa immédiatement la résistance en mobilisant la garde civique, la gendarmerie, les douaniers et les gardes forestiers. Malgré son désir d'éviter toute effusion de sang, il ne put empêcher les partisans de la Belgique d'aller attaquer la bande Tornaco qui occupait le village de Hollerich, à une demi-lieue de la ville de Luxembourg. Cette expédition donna lieu à une échauffourée sanglante ; les contre-révolutionnaires furent obligés de se réfugier en toute hâte sous la protection du canon prussien, mais, du côté belge, on eut à déplorer la mort du commissaire ad interim du district de Luxembourg, Morant, et du brigadier des gardes forestiers, Frauenberg.

L'influence de Thorn sur les destinées du Luxembourg paraissait si grande, même aux yeux des partisans du régime déchu, que ceux-ci tentèrent de le faire disparaître, Le 17 avril 1832, comme il était allé prendre quelques jours de repos dans sa propriété de Schoenfelz, à trois lieues de Luxembourg, Thorn y fut surpris par quelques individus, subsidiés par le gouvernement hollandais, brutalisé et trainé, tout meurtri, à travers bois, jusqu'à Luxembourg, où il fut incarcéré comme criminel d'Etat.

La nouvelle de cet attentat provoqua la consternation dans tout le grand-duché et le bruit s'étant répandu que Thorn allait être transféré en Hollande pour y être jugé, on vit les habitants des villages limitrophes de la forteresse monter la garde, jour et nuit, le long de tous les chemins pour empêcher sa translation et tenter de le délivrer.

Etroitement détenu dans une ville, où sévissait une grave épidémie de choléra, privé de toute communication avec sa famille et ses amis, Thorn montra la trempe de son caractère en résistant à toutes les menaces et à tous les moyens de séduction mis en œuvre pour lui faire abandonner la cause belge. Il demeura inébranlable et ce ne fût que le 23 novembre 1832 que sa captivité prit fin, à la suite de son échange, négocié par le colonel Prisse, contre M. Pescatore, ancien député aux Etats généraux du royaume des Pays-Bas, arrêté à Grevenmacher, du chef de menées orangistes, par les soins du baron Edouard d'Huart, commissaire du district de Diekirch. Sitôt rendu à la liberté, Thorn adressa à ses administrés une proclamation leur recommandant, avec l'oubli de l'attentat dont il avait été victime, l'apaisement et la concorde. « C'est par la conquête des cœurs, disait-il en terminant, que la véritable liberté étend son empire. »

Il se remit aussitôt à la, tâche et dressa en quelque sorte le bilan de sa gestion en publiant, en 1834 (Arlon, A. Bourgeois, un fort vol. gr. in- 8°), l’Exposé de la situation administrative de la Province de Luxembourg, dans lequel il fait connaître sous tous ses aspects la province confiée à ses soins, dressant le tableau fidèle de ses ressources et de ses besoins et révélant en même temps ses connaissances en      matière administrative.

En 1834, Thorn fut appelé par la confiance du Roi au gouvernement de la province de Hainaut, l'une des plus importantes du royaume, mais aussi l’une des plus délicates à administrer à cette, époque où les progrès continus de l’industrie changeaient de plus en plus son aspect social et économique et contribuaient à y répandre des idées plus avancées que dans le reste du pays. Thorn continua à y faire preuve des qualités de zèle, d'intelligence, d'énergie, d’équité et de travail personnel qu'il avait montrées comme gouverneur du Luxembourg.  Il s'appliqua à maintenir l’union entre les partis comme entre les individus, et contribua, par diverses mesures bien comprises, à développer la prospérité et le bien-être de ses administrés. Ce fut à son initiative qu'on dut la création d'un de nos plus importants établissements scientifiques : l'Ecole des mines, à Mons. Il créa également un institut ophtalmique, une école de sourds-muets, des caisses d'épargne et de prévoyance ; il prit des mesures pour propager l'usage de la vaccine ; développa l'enseignement pour élèves sages-femmes ; s'occupa de la réforme des prisons, de l'amélioration du sort des aliénés et des enfants trouvés, encouragea l'enseignement en établissant des concours provinciaux pour les élèves des écoles primaires et pour les instituteurs. .

Accablé d'une infirmité grave, il dut, à la fin de l'année 1840, se rendre à Paris pour subir l'opération de la pierre. A. son retour, il trouva les centres industriels de la province profondément troublés à la suite du malaise provoqué dans la classe ouvrière par la mise en vigueur de l'arrêté royal du 30 décembre 1840 prescrivant l'usage de nouveaux livrets pour les mineurs. Malgré les ménagements qu'exigeait son état de santé, il paya de sa personne et parcourut toutes les régions où des troubles étaient à craindre, veillant jour et nuit à la sécurité publique. Secondé par la force armée sous les ordres du colonel Dollin-Dufresnel, il parvint, en combinant l'énergie avec l'esprit de persuasion, à faire taire l'émeute et à assurer l'exécution de la loi. Mais il avait abusé de ses forces ; à peine l'ordre était-il rétabli dans sa province, qu'il dut s'aliter pour ne plus se relever. Après un mois d'agonie, au milieu d'horribles souffrances, il s'éteignit le 23 mars 1841. Son buste, exécuté par le sculpteur bruxellois Van Assche, est conservé au gouvernement provincial du Hainaut.

Ch. Terlinden.

 

INTERVENTIONS AU COURS DE LA SESSION 1830-1831 (Congrès national)

 

(00) Vérification de ses pouvoirs comme membre du Congrès (13/11/1830)

(01) Négociations relatives au statut du Luxembourg (17/11/1830)

(02) Constitution. Indépendance des cultes vis-à-vis des pouvoirs publics, notamment question de l’antériorité du mariage civil sur le mariage religieux (22/12/1830, 24/12/1830)

(03) Constitution. Droit de résister aux actes illégaux de l’autorité (27/12/1830, 21/01/1831)

(00) Interpellation relative à une prétendue démission d’un membre du congrès (06/02/1831)