Accueil
Séances plénières
Tables des matières
Biographies
Livres numérisés Bibliographie et liens
Note d’intention
Séance précédente Séance suivante
Congrès national de
Belgique
Séance du jeudi 9 décembre
1830
Sommaire
1) Communications des pièces
adressées au congrès, notamment lettres adressées par les habitants de
Manchester et par la société Metropolitan political union (A. Rodenbach)
2) Rapport sur le titre II du
projet de constitution : « Des Belges et de leurs droits » (Ch. de Brouckere (rapporteur))
3) Rapport sur la situation du
département de l’intérieur (Tielemans) et de
la justice (A. Gendebien)
(E. HUYTTENS, Discussions du Congrès national de
Belgique, Bruxelles, Société typographique belge, Adolphe Wahlen et Cie, 1844,
tome 1)
(page 377) (Présidence de M. le baron Surlet de Chokier)
Des
tables et des sièges sont placés devant la tribune. M Tielemans, chef du
comité de l'intérieur, et M. Alexandre Gendebien, administrateur général
de la justice, entrent dans la salle.
La séance est ouverte à une heure et demie (P. V.)
M. Nothomb, secrétaire, donne
lecture du procès-verbal de la séance précédente; il est adopté. (P. V.)
COMMUNICATION DE PIECES
ADRESSEES AU CONGRES
M. le vicomte Charles Vilain
XIIII,
secrétaire, donne
communication des pièces suivantes:
M.
Toussaint, d'Anvers, propose un projet d'organisation du sénat propre à
concilier toutes les opinions. (On rit.)
M.
Vanhoorde, avocat, présente une Revue du projet de constitution de la
commission.
MM.
Kuen et Muller demandent : 1° que les commissaires de police soient nommés par
les contribuables ; 2° que le droit de timbre sur les journaux soit supprimé.
M.
Andrieux, de Wavre, demande la remise en activité de la loi de 1814 sur les
distilleries.
M.
Haumont, conducteur des ponts et chaussées à Leefdael, présente des réflexions
contre la rédaction de l'art. 57 du projet de constitution, ainsi qu'un projet
de loi sur le système monétaire.
M.
Bricoux, contrôleur des contributions à Nivelles, offre d'améliorer en peu de
semaines notre système de finances.
M.
Beygaert, ancien curé de Schendelbeke, se plaint d'avoir été déposé par
messieurs les grands vicaires de Gand.
Le
même demande qu'il n'y ait qu'une seule université pour toute
M.
Graham, de Bruges, demande que le congrès déclare à la nation hollandaise que
. M.
Max expose les abus qui existent dans le payement des ouvriers travaillant pour
le compte de la ville de Bruxelles.
Quinze
négociants étrangers établis à Anvers (page
378) demandent que le congrès veuille bien interpeller M. Alexandre
Rodenbach pour s'expliquer d'une manière précise sur les faits qu'il a
mentionnes dans son discours au congrès le 25 novembre, discours qui avait
trait à de prétendues distributions d'argent faites dans la ville d'Anvers au
petit peuple, en faveur des Hollandais. (P. V.)
-
Toutes ces pièces sont renvoyées à la commission des pétitions. (P. V.)
______________________
M. le vicomte Charles Vilain
XIIII,
secrétaire – Le
bureau a reçu une pétition anonyme ; elle sera anéantie. (U. B., 11 déc.)
______________________
M.
Vandenbroek fait hommage au congrès d'un prospectus sur sa manière d'enseigner
la jeunesse. (P. V.)
Il est
fait hommage au congrès de : Aux braves morts pour la patrie, musique de M.
Snoeck; et de : Éloge mérité à la mémoire de M. le comte Fréd. de
Mérode, paroles de Mme Lignan, musique de M. Snoeck. (C. 11
déc.)
-
Dépôt à la bibliothèque. (U. B., 11 déc.)
_______________________
M. le président – J'ai reçu une pièce en langue
anglaise, signée par des habitants de Manchester. Une autre, également en
langue anglaise, est adressée au congrès par la société Metropolitan
political union. Cette pièce est signée Hunt président, et Dias
Santos, secrétaire. Ces pièces contiennent des félicitations au peuple
belge et au congrès sur notre glorieuse révolution ; M. Alexandre Rodenbach en
a fait la traduction ; le congrès veut-il en entendre la lecture ? (Oui ! Oui !) Voilà, à la manière anglaise, les
signatures apposées au bas de l'adresse. (En disant ces mots, M. le président
déroule une pancarte de plusieurs aunes de longueur, couverte de signatures, et
dont la vue excite des rires généraux dans l'assemblée) (U. B., 11 et 12 déc.)
M. Constantin Rodenbach, frère du traducteur, monte
à la tribune ; il s'exprime ainsi :
Messieurs,
les pièces dont je vais avoil' l'honneur de faire la lecture ont été traduites
le plus littéralement pos_ible, pour ne pas faire de tort au génie de la langue
anglaise.
« Adresse
des habitants de Manchester.
« Aux habitants de Bruxelles et des Provinces-Unies de
« Nous
soussignés, habitants de Manchester, nous vous présentons l'assurance que nous
estimons votre cause bonne et vos efforts héroïques ; nous éprouvons pour vos
succès l'intérêt le plus vif : toujours nous avons désapprouvé l'injuste
confédération qui vous imposa l'union qui vient de finir, en couvrant votre
capitale de sang et vos familles de deuil.
« Nous
sommes surtout désireux de vous faire sentir la fausseté de toute insinuation,
par laquelle on aurait voulu vous faire accroire que le peuple anglais était
hostile à vos vœux ou que, par des moyens quelconques, on pourrait l'empêcher
de souhaiter votre réussite... Il est vrai, nous ne formons qu'une partie du
peuple anglais, mais les raisons qui déterminent cette partie opèrent également
sur les autres.
« Sous
les rois les plus sages, nos ancêtres ont combattu et payé pour l'établissement
de la république dans vos contrées ; quant à nous, soyez assurés que jamais
nous ne combattrons ni ne payerons pour l'empêcher.
«
Que celui par qui le peuple règne vous affermisse et qu'aucune
entreprise formée contre vous ne puisse réussir, c'est la prière la plus
ardente de nous tous. » (Suivent plus de 500 signatures.)
Adresse
de l'Union politique de la capitale, au peuple de Bruxelles.
« Habitants de
« Braves
Belges ! appelés dernièrement à périr ou à triompher, vous avez noblement
soutenu leur nom à la face de l'univers ; votre héroïsme a égalé la lutte
immortelle qui naguère frappa l'Europe d'étonnement, et, par des faits
sublimes, a sans doute propagé les germes de la régénération. Déjà le tribut de
nos éloges et de nos félicitations a été adressé au peuple de Paris ; nous nous
réjouissons de ce qu'à un si haut degré le peuple de Bruxelles ait mérité l'un
et l'autre ; que désormais tout combat à livrer pour la liberté les montre
aussi égaux dans l'entreprise et le succès, en courage et en vertu, jusqu'à ce
que le puissant besoin d'émanciper le genre humain devienne irrésistible dans
les cœurs des hommes, et que les droits de tous soient basés sur l'impérissable
fondement de la paix et de la bienveillance universelles.
« Habitants
de
« Nous
qui voyons cet état de choses se continuer et s'affermir par des moyens
bonnement utiles, par celui même qui pourrait nous servir de protection, mais
qui, à cause de sa vénalité, devient une malédiction, par la presse publique;
nous qui sommes sans cesse entourés de ce spectacle, qui sans cesse devons
veiller sur les trames perfides des rois contre les droits populaires ; trames
qui, comme un courant, circulent mystérieusement dans les divers États de
l'Europe, nous tressaillons de joie, nous nous glorifions de vos exploits, nous
voulons y attacher l'expression de la plus chaude admiration des Anglais ; nous
désirons qu'il s soient exposés comme une brillante offrande sur l'autel que le
commencement du XIX siècle élève à la liberté, et qui sera achevé, nous
l'espérons, avant la fin de ce siècle. Belges, nous avons observé vos
souffrances et votre abaissement ; la sainte-alliance vous plaça dans la
balance du pouvoir accolés à un tas de nullités hollandaises ; vous fûtes joués
par cette exécrable ligue de trafiquants des nations; il nous suffisait de
savoir que vous étiez entre les mains de cette sainte-alliance : votre
dégradation et votre misère en étaient les conséquences naturelles. Il nous
suffisait de savoir que Castlereagh et Canning proposaient vos constitutions ;
votre esclavage politique et votre assujettissement à un pillage privilégié
devaient nécessairement s'ensuivre. Dès lors que l'Angleterre, d'accord avec
d'autres puissances, garantissait vos libertés civiles et religieuses, la
violation des unes et l'abrogation des autres devenaient inévitables. Habitants
de
« Votre
langage était décrié, et il raison de l'illégalité de votre représentation, on
osa vous dénier le droit de refuser les impôts ; enfin les droits et les
libertés de
« Ne
voulant point verser le sang humain, désirant rester fidèles, tout en
restaurant vos droits, vous demandiez légitimement le redressement des griefs ;
mais bien loin de prendre vos demandes en considération et d'encourager vos
espérances ; avec une inconcevable perfidie, on déchaîna contre vous une
soldatesque brutale et sanguinaire ; exaltés par le désespoir, vous vous
défendîtes vaillamment, la plus basse et la plus inouïe des trahisons ne fit
qu'enflammer davantage vos cœurs de lion. Peuple de braves ! vous persistâtes
jusqu'au triomphe, jusqu'à ce que vos ennemis, les plus barbares que la terre
ait portés, eussent couronné leur défaite par une fuite honteuse. Belges! c'est
ainsi que vous avez achevé la conquête de votre liberté ; il vous reste
maintenant la tâche de lui constituer des garanties. Notre devoir comme hommes,
est de vous congratuler, de nous consoler avec vous, mais non de faire connaître
nos vœux pour le gouvernement que vous aurez à préférer : choisissez librement,
et ne craignez point l'intervention étrangère ; le premier despote qui se
lèvera contre la liberté, sera précipité de son trône et tout s'ébranlera
autour de lui ; l'exemple de
« HUNT,
président.
« J. DIAS SANTOS, secrétaire
honoraire. » (U. B., 11 et 12 déc.)
Plusieurs voix – L'impression. (E., 11 déc.)
M. de Robaulx
– Je demande que cette
pièce, expression de la sympathie d'un peuple voisin, soit déposée au greffe.
(U. B., 11 déc.)
M. le baron de Leuze – Je désire qu'il soit dit au
procès-verbal que nous n'entendons pas approuver la critique faite, dans l'une
de ces pièces, du gouvernement anglais. (C.,
11 déc.)
Plusieurs voix – Non ! non ! (Murmures et rumeurs.) (U. B., 11 déc.)
M.
l’abbé de Foere propose de voter des remercîments aux
signataires des deux adresses. (J. B., 11 déc.)
Une
voix – Non!
non! (U. B., 11 déc.)
M. le président
– Le congrès veut-il
qu'il soit adressé des remercîments aux signataires de l'adresse ? (U. B.,
11 déc.)
De
toutes parts – Oui ! oui ! (U. B., 11 déc.)
La
même voix – Non!
non! (U. B., fi déc.)
M. le baron Beyts – Je propose de nommer une
commission... (Rires et murmures: ils empêchent M. Beyts d'achever sa
phrase.)(U. B., 11 déc.)
-
L'assemblée décide que les deux adresses seront déposées au greffe, et qu'il
sera inséré au procès- verbal que le peuple belge vote des remercîments aux
signataires. (C., 11 déc.)
M. le président
– La parole est à M.
Charles de Brouckere. (U. B., 11 déc.)
M. Charles de Brouckere fait le rapport de la section centrale sur le titre
II du projet de constitution: des Belges et de leurs droits (1).
M. le président
– Le rapport sera
imprimé et distribué.
M. le président
– Le congrès ayant
résolu, dans sa séance du 7, que les chefs des divers comités d'administration
générale seraient entendus aujourd'hui, je donne la parole à M. Tielemans,
chef du comité de l'intérieur, et l'invite à monter à la tribune. (U. B., 11
déc.)
M. Tielemans, chef du comité de l'intérieur, monte à la tribune ;
il prononce quelques mots d'une voix faible. (U. B., 11 déc.)
De divers côtés – Plus haut ! (U. B., 11 déc.)
M. le président
– M. Tielemans vient de
me dire que l'état de sa santé ne lui permettant pas d'élever la voix, il prie
le congrès de permettre qu'un de MM. les secrétaires donne lecture de son rapport. (Oui ! oui !) (U.
B., 11 déc.)
M. le vicomte Charles Vilain XIIII, secrétaire, lit le rapport de M. Tielemans sur la
situation du département de l'intérieur. (U. B., 11 déc.)
De
toutes parts – L'impression ! l'impression ! (U. B., 11 déc.)
M. le président
– Le congrès ordonne
l'impression du rapport de M. Tielemans.
M. le président
– M. Gendebien a la
parole. (U. B., 11 déc.)
M. Alexandre Gendebien, administrateur général de la justice, fait un rapport
sur les opérations de ce comité.
De
toutes parts – L'impression! l'impression. (U. B.. 11 déc.)
M. le président
– Le congrès donne acte
à M. le chef du comité de la justice de son rapport, et il en ordonne
l'impression. (U. B., 11 déc.)
Plusieurs voix – Et des tableaux ! (U. B., 11 déc.)
M. le président
– Cela va sans dire. Il n'y
(page 381) a plus rien à l'ordre du
jour el il n'y aura rien avant samedi ; j'ai donc l'honneur de proposer au
congrès de décider qu'il n'y aura pas de séance publique demain : samedi, nous
aurons, en vertu de l'art. 3 du règlement, à renouveler le bureau; nous
commencerons par là; nous entendrons ensuite les rapports des chefs des
comités de la guerre et des finances, qui seront invités à se rendre dans le
sein du congrès.
J'invite
la section centrale à se réunir demain matin à dix heures, pour délibérer sur
le projet du titre II de la constitution: des Belges et de leurs droits. J'invite
pareillement à se réunir les membres de la commission chargée de rédiger un
projet de loi sur les gardes civiques. La séance de samedi s'ouvrira à onze
heures. (U. B.. 11 déc.)
Plusieurs voix – A dix heures ! à dix heure s! (U. B.. 11 déc.)
M. le président
– Je ferai observer que
la section centrale doit se réunir avant la séance. D'ailleurs si tout le monde
est exact à se rendre à onze heures, nous aurons tout le temps. (U. B., 11
déc.)
- La
séance est levée à quatre heures. (P. V.)