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Note d’intention
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Congrès national de
Belgique
Séance du jeudi 25 novembre
1830
Sommaire
1) Bureau de la commission des
pétitions
2) Commissions de vérification des
pouvoirs (Lefebvre, Watlet, Simons)
3) Communication d’une pièce
adressée au congrès
4) Proposition tendant à demander
un rapport sur l’état de l’armée (de Tiecken de Terhove,
Nagelmackers, A. Gendebien, Van de Weyer)
5) Proposition tendant à nommé une
commission chargée de rédiger un projet de loi sur l’organisation de la garde
civique (de Rouillé)
6) Proposition sur le sort et
l’organisation des compagnies volontaires belges (de Robaulx)
7) Rappel au respect du règlement (Devaux)
8) Présentation d’un projet de
constitution (Forgeur, Barbanson, Fleussu, Liedts)
9)
Proposition ayant pour objet de s’occuper du projet de constitution (Le Bègue,
de Gerlache, Forgeur, Le Bègue, Lebeau, Forgeur, de Gerlache, Beyts, Ch. le Hon, Beyts, Forgeur)
10)
Proposition relative à la publication des actes du congrès national. Rapport. (Forgeur,
Barbanson)
11)
Rapports sur des pétitions
a) mise
en liberté des officiers hollandais de la garnison de Mons (Ch. le
Hon, Ch. de Brouckere,
Van Snick, A. Gendebien, Raikem)
(E. HUYTTENS, Discussions du Congrès national de Belgique,
Bruxelles, Société typographique belge, Adolphe Wahlen et Cie, 1844, tome 1)
(page 320) (Présidence de M. le baron Surlet de Chokier)
La séance est ouverte à onze heures (P. V.)
M. Liedts, secrétaire, donne lecture du
procès-verbal de la séance précédente; la rédaction en est approuvée. (P. V.)
BUREAU
DE
M. le président
– La commission des pétitions a choisi dans son sein M. de Celles, président;
M. Coppieters, vice-président; M. Constantin Rodenbach, secrétaire.
La parole est à M. Coppieters. (J. F.. 27 nov.)
M.
Coppieters, rapporteur de la sixième commission de vérification des
pouvoirs, propose l'admission de M. Lefebvre, huitième suppléant du district de
Bruxelles, en remplacement des députés et suppléants optant, ou non acceptant.
(P. V.)
M. le baron Beyts croit que
toutes les places de députés, vacantes à Bruxelles, sont déjà remplies.
(C., 27 nov.)
Quelques membres lui font
remarquer que la quatrième place est encore à remplir, et que par la non-acceptation
de MM. le baron Emmanuel Van der Linden d'Hooghvorst, Coghen et de
Levielleuze, et l'option de M. Van Meenen, le huitième suppléant doit être
appelé. (C., 27 nov.)
- Les conclusions de la commission sont adoptées. (P. V.)
_____________________
M. Morel-Danheel, rapporteur de la deuxième
commission de vérification des pouvoirs, propose l'admission de M. Thonus,
deuxième suppléant du district de Marche, en remplacement de M. Dayeneux,
premier suppléant admis, mais non acceptant. (P. V.)
- Ces conclusions sont adoptées. (P. V.)
M. Thonus est introduit (E., 27 nov.)
_____________________
M. Vandenhove fait au nom de la même commission
un rapport sur les élections du district de Diekirch, sur lesquelles le bureau
avait été chargé de prendre des renseignements ultérieurs : il en résulte
qu'il reste prouvé que la liste de présence ne portait que le nombre de 527
électeurs, tandis qu'il s'est trouvé 545 bulletins dans l'urne, ainsi 18 votes
de plus que le nombre des électeurs votants. On a objecté que cette différence
provenait d'une erreur d'addition commise dans la liste de présence ; mais la
commission ne s'étant pas convaincue de la vérité de cette allégation, propose
l'annulation des élections de Diekirch. (V. P., 27 nov.)
M.
Thorn croit qu'il faut peut-être faire une distinction entre
les deux élections, et qu'il est nécessaire de donner lecture du procès-verbal
d'élection en entier. (C., 27. nov.)
M. Vandenhove fait cette
lecture. (C., 27 nov.)
M.
Thorn parle contre les conclusions; il résume d'abord le
procès-verbal. Il rappelle que le bureau a lui-même découvert la prétendue
erreur ; que ce n'est qu'une méprise du secrétaire ; que la même méprise n'a
pas été commise à l'égard de la deuxième élection. Il demande que les deux
élections soient maintenues. (C., 27 nov.)
M. Forgeur (à la tribune
à côté du rapporteur) – Il y a eu erreur d'addition au premier tour de
scrutin ; dix-huit noms ont été omis, mais la présence des votants est
constatée par la liste de présence; au nombre de ces dix-huit électeurs se
trouvent les membres mêmes du bureau dont la présence ne peut être déniée. Dans
tous les cas, la première élection ne peut être attaquée ; qu'il y ait erreur
ou non, M. Watlet a obtenu la majorité absolue. (C., 27 nov.)
M. Vandenhove, rapporteur – L'erreur
n'a été découverte qu'après le dépouillement du scrutin. (C., 27
nov.)
M. Du Bus, membre de la
commission – La vérification n'a été faite qu'après le dépouillement du
scrutin, après la levée de la séance et à huis clos. On ne peut avoir égard à
une rectification faite hors de la présence du public et après coup ; après la
levée de la séance, le bureau avait perdu ses pouvoirs. La liste de présence
n'a pas été jointe au procès-verbal, elle n'a été envoyée que postérieurement,
et la date, 5 novembre, est surchargée. Quant à la deuxième élection, elle est
nulle, étant la conséquence d'un premier scrutin nul. (C., 27 nov.)
M. Vandenhove, rapporteur
– Je n'ai pas fait mention de la surcharge, nous avons pensé que les autres
circonstances étaient suffisantes. (C., 27 nov.)
M. Forgeur , Le
principe qui doit nous guider dans la vérification des pouvoirs est celui-ci :
y a-t-il de la fraude ou non ? Évidemment il n'y a pas eu fraude, il y a
méprise. La surcharge ne prouve rien ; c'est un accident. Les membres du bureau
sont au nombre des dix-huit noms omis ; évidemment ils ont pris part aux
élections. J'insiste sur cette observation qui me paraît décisive.
- Les conclusions de la commission sont rejetées et les
élections maintenues. Les élus sont MM. Watlet et Simons. (P. V.)
COMMUNICATION
D'UNE PIECE ADRESSEE AU CONGRES
M. Le Bon demande un congé de dix
jours.
- Accordé. (C., 27 nov.)
M. de Tiecken de Terhove fait une
proposition tendant à envoyer un message au pouvoir exécutif, afin que le
chef du comité de la guerre fasse un rapport à une commission nommée par le
congrès, sur l'état de l'armée, les approvisionnements, la force des
corps, la quantité de munitions et de harnachements. (U. B., 27
nov.)
- La proposition est appuyée. (C.. 27 nov.)
M. de Tiecken de Terhove a la parole
pour la développer - Messieurs, nous avons déclaré notre indépendance, mais
il faut la soutenir par la force ; il faut qu'un corps d'armée nombreux et
régulier puisse être opposé à ceux de nos ennemis. On parle beaucoup
d'organisation, et rien ne s'organise. Je vois beaucoup d'officiers et pas de
troupes ; jusqu'à présent nous n'avons de force que dans la volonté nationale.
Une poignée de braves seulement est sous les drapeaux, comme si
nous étions à l'ombre de l'olivier de la paix, tandis que nos ennemis, qui ont
vu échapper leur proie avec des pleurs de rage, prennent leurs mesures ; ils
viennent de renforcer la garnison de Maestricht, de ravitailler cette place,
tandis que nous restons inactifs. On m'objectera, sans doute, les
préliminaires de l'armistice ; mais je pourrais me dispenser de vous rappeler
cette vérité banale, que c'est pendant la paix qu'il faut se préparer à la
guerre. (U. B., 27 nov.)
M. Nagelmackers – Je suis
partisan autant que qui que ce soit d'une entière publicité ; mais il
est des cas où il faut restreindre cette publicité, si elle pouvait devenir
dangereuse. Je pense que les développements de la proposition peuvent être nuisibles.
(U. B., 27 nov.)
M. Alexandre Gendebien
– L'honorable membre a raison sans doute de craindre la publicité sur
certaines matières, cependant je puis à cet égard rassurer parfaitement
l'assemblée : nous avons aujourd'hui vingt-quatre mille hommes de troupes
réglées, prêtes à marcher contre l’ennemi. (U. B., 27 nov.)
M. Van de Weyer – Il y a quelques
jours, il fut annoncé au congrès que les commissaires généraux des
administrations devaient lui soumettre un rapport sur la situation de toutes
les branches administratives ; dans ce rapport, qui sera officiel, vous
trouverez ce qui vous est demandé. Je pense qu'il faut attendre ce rapport. (U.
B., 27 nov.)
M. Van Meenen – Quand ces
rapports nous seront-ils remis ? Aucun délai n'est fixé. (C., 27
nov.)
M. de Tiecken de Terhove – Saxe-Weimar vient
d'entrer à Maestricht : pourquoi ne l'a-t-on pas arrêté ? (C., 27 nov.)
- Dix membres requièrent le renvoi de la proposition à
l'examen des sections. (C., 27 nov.)
M. de Tiecken de Terhove – D'après les assurances
qui viennent de nous être données, je retire ma proposition. (C., 27 nov.)
PROPOSITION TENDANT A NOMMER UNE COMMISSION CHARGEE DE REDIGER UN PROJET
DE LOI SUR L'ORGANISATION DE
Un des secrétaires donne lecture d'une proposition ainsi
conçue :
(page 322) « J'ai
l'honneur de soumettre au congrès national la proposition suivante :
« Qu'il soit nommé une commission chargée de rédiger, le
plus tôt possible, un projet de loi sur l'organisation de la garde civique,
sans que cela puisse entraver la discussion sur la constitution.
« Bruxelles, le 24 novembre 1830.
« ED. DE ROUILLÉ. » (A. C.)
M. De Rouillé développe sa proposition et cite le
règlement de la garde civique de Bruxelles, qui a été admirée il y a quelques
jours. (U. B., 27 nov.)
La proposition est renvoyée à l'examen des sections. (P. V.)
Un des secrétaires donne lecture d'une proposition de M. de
Robaulx, conçue en ces termes:
« C'est au courage des volontaires de toutes les
provinces que nous devons le triomphe de la révolution belge.
« Ce sont eux qui, depuis les événements de Bruxelles
jusqu'aujourd'hui, n'ont cessé de combattre l'ennemi commun qu'ils ont expulsé
de la presque totalité de notre territoire.
« Si cette élite de citoyens n'a obéi qu'à l'élan d'un
généreux patriotisme, lorsqu'elle a abandonné ses foyers pour voler à la
défense du pays, il faut que de son côté la nation sache reconnaître et
récompenser dignement de pareils services, en assurant aux volontaires qui
veulent demeurer sous les drapeaux un sort qui les indemnise des sacrifices
qu'ils ont faits. .
« Cependant beaucoup de volontaires se plaignent de
l'état dans lequel le gouvernement provisoire laisse cette partie de l'armée
belge, et du peu d'accueil que l’on fait à leurs réclamations.
« Le besoin que nous avons de nous mettre sur un pied de
guerre imposant, fera sentir au congrès combien il est important qu'il soit
pris des dispositions qui règlent définitivement l'organisation des
volontaires, ou au moins fixent les droits des officiers, sous-officiers et
soldats, afin que les grades obtenus et à obtenir, dans leurs légions, ne
puissent être anéantis par un licenciement.
« Néanmoins, comme le gouvernement provisoire est le
mieux à même à même de faire les propositions qui conviennent, je voudrais lui
laisser l'initiative.
« En conséquence, j'ai l'honneur de proposer au congrès
de décider que le gouvernement provisoire sera invité à lui proposer les
mesures nécessaires pour régler le sort et l'organisation des compagnies volontaires
belges.
« Fait à Bruxelles, le 25 novembre 1830.
« A. DE ROBAULX. » (A. C.)
- Cette proposition est appuyée. (P. V.)
M. de Robaulx monte à la tribune
pour la développer – L'organisation des compagnies volontaires n'est encore
que provisoire. Les volontaires ont depuis plus d'un mois quitté leur famille
et leur état. Il faut assurer leur sort ; les laisser dans le provisoire et
l'incertitude, c'est s'exposer à les voir tomber dans la misère ou retourner
dans leurs foyers. Il faut aussi encourager les enrôlements. Je ne fixe aucun
délai, mais la mesure me semble urgente. Je désirerais qu'il fût délibéré sans
renvoi aux sections. (C., 27 nov.)
- La proposition est renvoyée à l'examen des sections. (P.
V.)
M. Devaux, pour une motion d'ordre –
Déjà plusieurs fois on nous a présenté des propositions avec leur
développement : c'est un moyen d'éluder, l'article 28 du règlement ; je demande
que tonte proposition soit présentée dans des termes simples et concis et telle
qu'elle doit être adoptée par l'assemblée. (U. B., 27 nov.)
M. de Robaulx : Je demande
la parole pour un fait personnel : l'observation est dirigée contre moi ; pour
obtenir l'appui de cinq députés, il est bien nécessaire d'énoncer quelques
motifs. (C.. 27 nov.)
M. Nagelmackers – J'appuie ce
qu'a dit M. Devaux ; l'art. 28 du règlement est formel ; on l'élude si, avant
que la proposition soit appuyée, on la développe par écrit. (C., 27 nov.)
M. le comte d’Arschot pense qu'il ne
faut pas s'arrêter à de semblables discussions, et qu'il est bien plus
important de passer à la constitution : nous nous occupons de tout, excepté de
la constitution. (U. B., 27 nov.)
M. Destouvelles – La
proposition a été appuyée par cinq membres ; aux termes de l'art. 28 du
règlement, son auteur a le droit de la développer et je ne conçois pas... (De
toutes parts: Ce n'est pas de cela qu'il s'agit.) (U. B., 27 nov.)
M. Forgeur – Sur quoi
délibérons-nous ? Il n'y a pas de proposition faite. (C.. 27 nov.)
(page 323) M. Van Snick pense que
toute proposition peut être précédée de quelques considérants : c'est
dans l'esprit du règlement. (C., 27 nov.)
M.
Lebeau – En permettant de faire précéder chaque proposition de considérants,
on permet les développements qu'il est impossible de limiter ; on tombe
dans le vague. (C., 27 nov.)
M. Charles de Brouckere – Il
résulterait de la proposition de M. Devaux que l'on ne pourrait plus
joindre de considérants à une loi, et c'est cependant une chose si
utile qu'il y avait dans notre ancienne loi fondamentale un article qui défendait
de présenter un projet de loi sans considérants. (U. B., 27 nov.)
M. Devaux – C'est si peu
cela que je demande, que ma motion a pour but d'obliger les membres du congrès
a présenter leur proposition rédigée dans des termes qui doivent être ceux
dans lesquels cette proposition peut être acceptée. (U. B.,27 nov.)
M. Barthélemy – Une
proposition doit être assimilée à un projet de loi ; elle doit renfermer tous les
termes et même les motifs. (U. B., 27 nov.)
M. Charles Le Hon pense que
les usages parlementaires sont contraires à cette forme. En France, à la
chambre des députés, les propositions comme les projets renferment simplement
la substance de ce qui est mis en délibération ; c'est dans les discours et
rapports que se trouvent les motifs. (U. B., 27 nov.) .
M. le baron de Woelmont demande la discussion
de la proposition de M. Le Bègue. (J. F., 27 nov.)
M. le président – Nous allons
nous en occuper tout à l'heure. Voici une autre proposition qui vient de
m'être faite. (J. F.. 27 nov.)
Un
des secrétaires donne lecture d'une lettre de MM. Forgeur, Barbanson,
Fleussu et Liedts, qui présentent un projet de constitution (J. F., 27
nov.)
- Après quelques discussions, on décide que le projet sera
imprimé, distribué et renvoyé à l'examen des sections. (J. F., 27 nov.)
M. le président – Nous avons
deux propositions à l'ordre du jour ; la section centrale a cru qu'il
fallait donner la priorité à celle de M. Le Bègue, sur celle de MM. Barbanson
et Forgeur. (J. F., 27 nov.)
M. Leclercq fait le
rapport de la section centrale sur la proposition de M. Le Bègue tendant à ce
que le congrès s'occupe immédiatement de l'examen du projet de constitution.
M. de Gerlache – Messieurs,
si la proposition de M. Le Bègue n'était pas appuyée, parce que le
projet de constitution qu'il vous présente n'est pas son ouvrage, mais bien
celui de tierces personnes que l'assemblée ne connaît pas, je n'hésiterais
point, avec la permission de ses honorables auteurs, à en avouer la paternité,
et à vous présenter comme mien, dans la vue de faciliter et d'accélérer la
marche de vos délibérations.
Ce projet a été l'objet de beaucoup de critiques, et cela ne
pouvait être autrement : puisqu'il consacre un système, il devait avoir
nécessairement pour adversaires tous les ennemis de ce système. Mais la
plupart de ces critiques semblent devoir disparaître depuis que vous avez décidé
que la forme du gouvernement serait une monarchie constitutionnelle : vous avez
nécessairement accepté par là toutes les conséquences naturelles de ce
système qui est le nôtre.
J'ignore si les nouveaux essais de constitution qu'on vous a
soumis et qu'on peut vous soumettre encore, vous paraîtront moins imparfaits
que celui-ci ; cela peut être. Mais comme il faudrait beaucoup discuter pour en
juger et pour se mettre d'accord, ce n'est pas une raison, à mon avis, pour ne
pas prendre pour texte de vos délibérations le travail de la commission.
Renvoyez, avec notre projet, aux sections, tous les projets,
toutes les notes, toutes les observations que chacun trouvera bon de vous
communiquer. Rien n'est plus facile que d'améliorer ou de changer les
dispositions qui en sont susceptibles. Votre section centrale aura, je l'avoue,
un travail très important et très difficile à faire pour fondre ensemble tout
ce qu'il y aura d'utile dans les remarques de chaque section ; mais je ne vois
pas que dans aucun cas vous puissiez prendre, pour cet objet, une autre marche
que celle que déjà vous avez adoptée.
On vous proposera, je crois, de nommer une commission chargée
de rédiger un projet nouveau. Cela entraînerait une grande perte de temps. Et
soyez assurés d'avance que ce nouveau travail, (page 324) quel qu'il soit, subira à peu près le sort de l'ancien.
Vous vous souvenez du projet de règlement dont personne ne voulait d'abord ; et
il a fini par être adopté par votre commission et par vous, après de légers
changements.
Or, calculez tout le temps qu'il faudra à cette commission pour
comparer tous les projets qui lui seront remis, pour les refondre et pour
rédiger un nouveau travail. Si j'en juge par notre expérience, c'est peu
d'accorder dix à quinze jours à la commission que vous nommerez pour une
pareille entreprise. C'est donc dix à quinze jours que vous iriez perdre. Et
dans les circonstances où nous sommes, cette perte peut avoir des suites incalculables.
Vous savez, sans doute, dans quel esprit le projet dont il
s'agit a été rédigé. On a choisi dans les constitutions existantes, et
particulièrement dans la charte française actuelle, les dispositions qui ont
paru s'approprier le mieux à notre pays ; et on y en a ajouté beaucoup d'autres
qui sont désirées par les meilleurs publicistes européens.
Je pense, messieurs, que le projet qui vous a été distribué
est très discutable, quoique je le regarde comme très amendable, et que je
sois loin de l'avouer en tout. Il y a peut-être quelques inutilités et
quelques lacunes ; sous le rapport de la rédaction et de la classification, il
laisse beaucoup à désirer, parce que le temps nous pressait. Mais je pense
aussi que tous les points capitaux et toutes les libertés essentielles y sont
consacrés.
Il ne renferme rien ou presque rien de nouveau ; et c'est ce
qui en fait, selon moi, le mérite. Il ne faut rien donner à l'aventure quand il
s'agit des institutions d'un pays. Et personne de nous n'a été assez osé pour
improviser des nouveautés.
Si je n'avais coopéré moi-même pour une très faible part à
ce travail, je dirais qu'après avoir approuvé tous les actes du gouvernement
provisoire, vous devez peut-être la priorité à l'ébauche de constitution
rédigée sur sa demande. Mais je me hâte d'ajouter, après vous avoir exprimé
franchement mon opinion sur le projet, que je m'en rapporte d'avance, et sans
répugnance aucune, à ce que vous déciderez à cet égard dans votre sagesse. (C., 27
nov.).
M. Forgeur – Nous sommes,
l'honorable préopinant et moi, dans une position assez singulière. Chacun de
nous a présenté un projet de constitution. Cependant, la forme monarchique
ayant été adoptée, il ne peut exister de dissentiment que sur une question
capitale et sur quelques accessoires. La question capitale est celle de la
deuxième chambre ; y aura-t-il une deuxième chambre ? sera-t-elle à la
nomination du chef de l'État ? héréditaire ? à vie ? élective ? à un ou deux
degrés ? On nous demande la priorité pour un projet qui n'a pas officiellement
paru parmi nous... (U. B., 27 nov.)
M. de Gerlache – Je fais le
projet mien, j'en fais une proposition. (L'honorable membre signe un projet
et le dépose sur le bureau.)(C., 27 nov.)
M. Forgeur, riant – Il
vient de paraître. Je crois qu'il serait plus convenable que ce projet émanât
du congrès lui-même, et pour cela je propose que l'on renvoie en sections tous
les projets présentés ; les secrétaires des sections, dont le travail sera
pénible dans cette circonstance, recueilleront toutes les observations faites
par les membres du congrès ; ils les inséreront dans le procès-verbal, et les
présidents se réuniront chaque jour pour se communiquer ces procès-verbaux et
faire leur rapport à leur section respective, afin d'imprimer une marche
uniforme à cet examen.
Je le répète, le projet de constitution doit émaner du
congrès lui-même : non que je veuille diminuer le mérite du projet imprimé qui
est le fruit de consciencieuses études, mais il n'est pas convenable que le
congrès donne la priorité à un projet quelconque rédigé hors de son sein. (U. B., 27 nov.)
M. de Gerlache – Mes
honorables collègues de la commission de constitution se joignent à moi pour
présenter notre projet à l'assemblée. (U. B., 27 nov.)
M. Le Bègue
– Messieurs, voyant la marche des travaux urgents d'une constitution. de
l'État, entravée et même arrêtée par une foule de propositions incidentes, et
dont nous ne voyons pas une importance aussi grande, j'ai désiré obvier à des
discussions inattendues, pour pouvoir tout de suite nous occuper de celles que
la nation attendait avec impatience.
C'est l'objet de la proposition que j'ai eu l'honneur de
faire au congrès. Elle a déjà réussi autant que je pouvais l'espérer. Car, soit
que le congrès ait embrassé, au premier abord, l'opportunité de la proposition,
soit que, sans elle, la présentation de nouvelles propositions se fût arrêtée
d'elle-même, toujours est-il que nous avons vu, depuis ma demande, s'approcher
le moment désiré de la discussion de la constitution.
Je regrette néanmoins qu'aujourd'hui plusieurs nouvelles
propositions soient venues diminuer de beaucoup mon espérance. Mais respectons
ce dont (page 325) nous ne pouvons
plus revenir et tâchons d'en profiter pour l'avenir.
Il serait inutile d'insister davantage sur ma proposition ;
la grande majorité de l'assemblée, en sections, l'a approuvée telle qu'elle est
conçue.
Cependant un grand nombre d'honorables membres ont manifesté
le désir, et la section centrale l'a embrassé également, de voir que ma proposition
ne fût point un obstacle à des discussions plus urgentes encore qui pourraient
venir se présenter, que celle de la loi fondamentale.
Comme je n'ai eu d'autre intention que de répondre à
l'attente de la nation, et que les mesures les plus urgentes sont et doivent
être le plus vivement désirées, je consens volontiers que mon intention à cet
égard soit formellement exprimée dans notre déclaration, conformément à l'amendement
de la section centrale.
Maintenant, et après ce qui vient d'être fait et dit par M.
Forgeur et les autres honorables membres qui ont porté la parole, je crois, messieurs,
que ma proposition reste dans le même état. Que le projet imprimé soit envoyé
en sections, que tous les autres projets, faits et à faire, y soient également
renvoyés, ils serviront de renseignements, et les sections en profiteront dans
leur choix. (J. F., 27 nov.)
M. Lebeau – Il me
semble que l'honorable député de Liége, qui a parlé tout à l'heure, a fait la guerre
à des fantômes ; nous n'avons pas demandé la priorité pour notre projet,
seulement nous sommes rentrés dans les termes de la proposition de M. Le Bègue
qui a voulu, cet honorable collègue, que le projet connu depuis quinze jours,
qui est devenu l'œuvre de l'assemblée par le dépôt que nous en avons fait, fût
renvoyé aux sections pour leur servir de point de départ, sauf à elles à le
changer, à le modifier, comme elles l'entendront. Cette marche a été proposée
dans le but d'épargner les moments de l'assemblée, qui sont précieux.
Du reste, ce projet a en quelque sorte reçu l'approbation de
la nation, car tous ses auteurs ont été nommés au congrès, sauf l'un d'eux, M.
Charles Zoude, de Namur, qui avait fait connaître qu'il ne pouvait pas accepter
le mandat. Nous ne demandons point que ce projet soit mis avant tous les
autres, mais à côté de tous ceux déjà présentés et que l'on pourra vous
présenter encore. (U. B., 27 nov.)
M. Forgeur – L'honorable
député, élu à Huy comme moi, ne m'a pas compris ou feint de ne pas me
comprendre. (Oh ! oh !) Lorsque j'ai été élu, je n'avais point
fait de projet de constitution, ce qui ne m'a pas empêché d'être nommé : ainsi
honneur pour honneur. J'ai dit que le projet était le fruit de laborieuses
études : je ne demande pas même que notre projet soit mis à côté de celui de la
commission de constitution, mais en dessous ; mais je dis que le projet soumis
à vos délibérations doit émaner du congrès lui-même. Tout cela, au reste,
n'est qu'une dispute de mots. (Murmures). (U. B., 27 nov.)
M. de Gerlache – C'est une
dispute de mots, un combat d'amour-propre. On a prétendu que personne ne
voulait avouer le projet. (M. Forgeur fait un signe
négatif.) Je me suis empressé de le signer et de le convertir en
une proposition nouvelle : à défaut d'autre, je vous offre celle-ci. (C., 27
nov.)
M. le baron Beyts – C'est plus
qu'une querelle de mots : cela tient aux choses ; chacun a le droit de faire un
projet de constitution, et c'est même un devoir. L'initiative appartient à tout
le monde. Je ne vois dans le projet qu'une proposition de plusieurs membres :
elle ne doit jouir d'aucun privilège. J'ai étudié ce projet ; on peut le conserver
presque tout entier. (M. Beyts paraît fatigué.) (C., 27
nov.)
M. le président
– M. Beyts, êtes-vous indisposé? Vous pouvez vous asseoir. (C., 27 nov.)
M. le baron Beyts – C'est une
maladie que je porte partout avec moi… Il faut que les principes généraux de
liberté et les droits de l'homme soient décrétés dans la constitution. (C., 27
nov.)
M. de Gerlache – Mais cela
s'y trouve. (C., 27 nov.)
M. le baron Beyts – Je le sais,
mais ce n'est pas à sa place. - L'orateur passe en revue plusieurs
branches de la législation. D'après lui, il faut que la constitution reproduise
l'article 2 du Code civil sur la non-rétroactivité des lois ; les diverses
attributions, les matières administratives, et beaucoup d'autres choses. Nous
avons mis beaucoup d'exaltation, ajoute-t-il, dans la discussion sur la forme
du gouvernement. L'une et l'autre forme me convient : la différence n'est que
nominale, je vous ferai tantôt une proposition à cet égard. (C.,
27 nov.)
M. le président
– Il faut déposer votre proposition par écrit. (C., 27 nov.)
M. Charles Le Hon
– Le but de la proposition de M. Le Bègue est de régulariser et d'accélérer
nos travaux. L'initiative est une belle chose ; mais l'amour-propre de
l'initiative peut devenir funeste. Nous n'avons pas contesté au gouvernement provisoire
l'initiative de nous convoquer, de (page
326) nous installer. Il est notoire qu'il a nommé une commission,
composée de citoyens recommandables, pris dans toutes les provinces. Le
travail a été publié et a subi l'épreuve de la critique : il nous a été
distribué pour être officiellement présenté ; un motif de convenance s'y
opposait : c'est qu'à cette époque la question de monarchie et de république
n'était pas encore résolue, et le projet est conçu dans le système monarchique.
Il faudra accorder au moins quinze jours à une commission pour faire un projet
quelconque et nous renvoyer pour ce terme dans nos provinces. Les honorables
membres qui présentent un nouveau projet avouent eux-mêmes qu'ils ont reproduit
en entier le premier projet. Il nous faut une base quelconque, il faut de
l'unité dans nos travaux ; cédons à la nécessité ; adoptons pour élément
primitif le projet de la commission qui est connu de tous depuis quinze jours ;
nous le modifierons, nous le changerons ; nous le remplacerons par un autre, si
nous le jugeons convenable. (C., 27 nov.)
M. Deleeuw fait quelques observations. (U. B., 27
nov.)
M. de Gerlache – Ce qu'a dit
M. Beyts me confirme dans mon opinion ; nous ferions un digeste et non une
constitution. Il nous faut un guide, personne ne sera lié. (C., 27 nov.)
M. Delwarde et M. l’abbé de Smet, croyant la question assez
développée, renoncent à la parole. (En note de bas de page de l’ouvrage d’E. Huyttens se trouve
le discours que M. de Smet se proposait de développer.) (J. F.,
27 nov.)
M. le baron Beyts dépose sa
proposition ; elle est ainsi conçue :
« J'ai l'honneur de proposer au congrès :
« De nommer une commission, composée de neuf membres,
laquelle soit chargée de présenter dans le délai de quinze jours un projet de
constitution, sur lequel délibéreront les sections, et par suite la section
centrale.
« La commission à nommer prendra en considération tous
les projets jusqu'ici présentés, et les travaux particuliers de tous les
membres du congrès. » (C., 27 nov.)
- Cette proposition n'est pas appuyée. (C., 27 nov.)
On met aux voix les conclusions de la section centrale :
elles sont adoptées. (P, V,)
M. Forgeur –
Je propose que pour ce cas la section centrale soit doublée. (C., 27 nov.)
- Cet amendement est adopté. (P. V.)
L'assemblée décide en outre que chaque section nommera deux
rapporteurs à la section centrale. (P. V.)
M. Devaux – Les sections
continueront-elles leurs travaux jusqu'à ce que le projet soit entièrement
terminé, ou discutera-t-on article par article ? (U. B., 27 nov.)
M. le président – Ce travail
important demande beaucoup d'ordre, il est destiné à être livré à
l'impression ; je prie MM. les présidents et secrétaires des sections de
veiller à ce que les rapports soient lisiblement écrits ; que les noms et
prénoms des membres qui auront assisté à chaque séance y soient consignés, afin
que le public sache quels sont ceux qui auront mis le plus de zèle à
s'acquitter du devoir le plus impérieux de leur mandat. (U.B., 27 nov.)
M. Théophile Fallon rappelle
les questions de M. Devaux. (U. B., 27 nov.)
M. Van Snick désire que
l'on discute article par article. (U. B., 27 nov.)
M. Charles de Brouckere. Pour que
la contexture du travail de chaque section soit mise en harmonie, il serait
désirable que tous les jours les présidents ou rapporteurs des sections se
réunissent, afin de conférer sur ce qui aurait été fait.
- Adopté. (U. B., 27
nov.)
M. Devaux demande qu'on procède d'abord à un
mode de classification des matières, pour le rendre commun à toutes les
sections. (U. B., 27 nov.)
M. Henri de Brouckere. Ne serait-il pas convenable de
placer un membre de l'ancienne commission dans chaque section ? (C., 27 nov.)
M. de Muelenaere présente
des observations. (U. B., 27 nov.)
M. le président pense que
la section centrale ne pourra que le lendemain s'occuper du travail des
sections. (J. B., 27 nov.)
M. le baron de Stassart – Les
sections s'assemblent de dix à trois heures, et rien n'empêche, me paraît-il,
que les membres de la section centrale se réunissent à sept heures: nous nous trouvons
dans des circonstances extraordinaires ; il importe d'obtenir de prompts
résultats, et l'on ne peut révoquer en doute le patriotisme, le zèle ni le dévouement
d'aucun de nous. (J. B., 27 nov.)
- L'assemblée décide que les sections se réuniront chaque
jour de dix à trois heures, et la section centrale à sept heures du soir. (P.
V.)
M. le président – L'ordre du
jour appelle en second lieu le rapport sur la proposition de MM. Forgeur
et Barbanson relative à la publication des actes du congrès. (C., 27 nov.)
M.
Raikem fait le rapport de la section centrale sur cette
proposition et présente une nouvelle rédaction.
Plusieurs membres observent
que cette nouvelle rédaction nécessite un examen particulier, et, vu
l'importance de la matière, demandent que ce nouveau projet de loi soit imprimé
et distribué conjointement avec le rapport de la section centrale, pour être
discuté en séance publique un autre jour. (J. F., 27 nov.)
- L'assemblée décide que ce rapport sera imprimé et
distribué ; elle en fixe la discussion à samedi à une heure. (P. V.)
Il n'y aura pas de séance publique demain, mais réunion dans
les sections. (C., 27 nov.)
M. Claes (d’Anvers) – Il n'est pas dit
dans la proposition amendée par la commission, quel sera le texte original des
décrets du congrès. (C., 27 nov.)
M.
Raikem : Il est entendu que le texte français est
l'original. (C., 27 nov.)
M. le président annonce qu'on
va faire quelques rapports sur les pétitions. (C., 27 nov.)
M.
Raikem, rapporteur de la commission des pétitions, a la
parole – Sous la date du 16 courant, les officiers hollandais de la garnison
de Mons, actuellement détenus à Tournay, ont demandé leur mise en liberté,
parce qu'ils ne pouvaient être considérés comme prisonniers de guerre, mais
bien comme otages ; qu'aucun Belge n'était retenu en Hollande ; que par
conséquent il y aurait violation du droit des gens à leur égard, s'il ne leur
était permis de rentrer dans leur patrie. La section a pensé qu'il ne pouvait
être statué sur cette pétition, sans au préalable s'être procuré des
renseignements près des autorités ; elle propose le renvoi au chef de
l'administration de la guerre. (U. B., 27 nov.)
M. Charles Le Hon demande la
parole (Rumeurs) – Je ne viens point m'opposer au droit
de pétition, je viens donner de simples renseignements, comme bourgmestre de Tournay.
Après la reddition de Mons, les officiers hollandais ne pouvaient rester dans
cette ville, qui n'a que des casernes et pas de citadelle; ils y eussent été exposés
peut-être à de mauvais traitements ; on les dirigea sur Tournay ; il furent
d'abord placés à la citadelle comme lieu de sûreté ; deux jours après ils
furent transférés dans l'une des casernes, où tout leur est accordé et où ils
ne courent aucun risque. (U: B., 27 nov.)
M. Charles de Brouckere
pense que si ces officiers ne sont point prisonniers de guerre, mais seulement
otages, leur renvoi doit être fait immédiatement après que le gouvernement se
sera (page 328) assuré si
aucun Belge n'est retenu en Hollande. (U. B., 27 nov.)
M. Van Snick soutient que
ces officiers ne sont pas des otages, mais bien des prisonniers de guerre. (U.
B., 27 nov.)
M. Alexandre Gendebien – Les
officiers qui réclament ne sont pas les seuls prisonniers qui soient en notre
possession : le général Owen est à Bruxelles ; depuis trois semaines, on lui a
laissé, sous parole d'honneur, la faculté de sortir de
M. Raikem, rapporteur,
persiste dans ses conclusions ; elles sont adoptées. (U. B., 27 nov.)
____________________
M. Raikem, rapporteur –
M. Trioen d'Anvers, demande l'abolition de la peine de mort ; la commission
propose le dépôt au bureau des renseignements et croit que le bureau doit être
dans un local particulier où les pièces seront à l'inspection de tous les
députés. (C., 27 nov.)
M. le comte de Celles dit
quelques mots. (U. B., 27 nov.) (Note de bas de page : L'honorable orateur, n'ayant pu se faire
entendre, a fait publier la lettre suivante par la voie des journaux :
« Bruxelles, le 26 novembre. Monsieur le rédacteur, je vous prie de
vouloir bien admettre dans votre journal quelques mots d'explication que je
n'ai pu faire entendre hier, à l'occasion .le la pétition de M. Trioen, demandant
l'abolition de la peine de mort : je désirais, tout en appuyant le dépôt au
bureau des renseignements, développer les hautes considérations morales et
politiques qui militent, plus que jamais, pour l'abolition de la peine de mort;
j'aurais dit le moins possible, pour ne pas fatiguer l'assemblée ; mais je
devais à mes principes de dire quelque chose en faveur d'une pétition de celle
importance. De plus encore, je comptais ajouter que le jury devant être l'une
de nos garanties sociales, et pour laquelle j'ai élevé ma faible voix, dès
1820, en entrant aux états provinciaux, je désirais que l'on pût examiner la
question de l'abolition de la peine de mort en même temps, et voici pourquoi :
Parmi les anciennes répugnances contre le jury, j'ai souvent entendu dire
qu'un citoyen ne voulait pas prononcer sur la vie de son semblable, et
qu'alors, en acquittant le prévenu, le crime n'était nullement puni. Supprimons
la peine de mort, et cette grande cause de répugnance disparaît. Je me devais,
et je devais à mes concitoyens, l'explication que je n'ai pas pu donner hier au
congrès. J'ai l'honneur d'être, etc. COMTE DE CELLES, député de Bruxelles
au congrès national. » (U. B., 27 nov.))
- Le dépôt au bureau des renseignements est ordonné. (J.
F., 27 nov.)
M. Van Snick monte à la tribune,
il demande la parole et pose sur le pupitre un volumineux manuscrit. (Rumeurs,
tumultes.) (J. F., 27 nov.)
De
toutes parts - L'assemblée a décidé ; le renvoi est ordonné ; nous
n'écouterons pas. (Les députés se lèvent.) (J. F., 27 nov.)
M. Van Snick reste
imperturbable et commence ainsi – Depuis longtemps la raison et la
philosophie... (Bruit, hilarité; les députés continuent à sortir, l'assemblée présente un désordre complet.) (J. F., 27
nov.)
M. le président agite la
sonnette et dit – Vous pouvez vous en aller, vous en êtes libres, mais ce dont
vous n'êtes pas libres, c'est de faire du bruit. (U. B., 27 nov.)
M. Van Snick, toujours à
la tribune, continue la lecture d'un discours sur la peine de mort. (Les bancs se
dégarnissent rapidement.) (C., 27 nov.)
M.
Raikem – Il n'y a plus de congrès, on n'est plus en nombre,
on ne peut délibérer. (U. B., 27
nov.)
M. Van Snick – Eh bien !
puisqu'on ne veut pas m'entendre, je renonce à la parole. (Hilarité
générale; l'honorable membre descend de la tribune.) (E., 27
nov.)
- Il est cinq heures; la séance est levée. (P. V.)