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Chambre des représentants de Belgique
Séance du jeudi 12 janvier
1832
Sommaire
1) Pièces adressées à la chambre, notamment
pétition relative au conseil des mines (Gendebien, Jonet), absence de plusieurs députés (H.
de Brouckere, Ch. Vilain XIIII, Lebeau)
2) Motion d’ordre relative à l’indemnité
parlementaire (F. de Mérode, Gendebien)
3) Projet de loi relatif au conseil des mines.
Quorum parlementaire (Lebeau, Gendebien,
Mary, C. Rodenbach, Nothomb, Lebègue, Ullens)
4) Rapport sur des petitions relatives au tarif
des douanes et à l’industrie de la soie (Ch. Vilain XIIII,
Lebeau)
(Moniteur
belge n°14, du 14 janvier 1832)
(M. Destouvelles, vice-président, occupe le
fauteuil)
La séance est ouverte à une heure.
M. Lebègue, l'un des
secrétaires, fait l'appel nominal.
M. Dellafaille lit le procès-verbal de la séance du 30
décembre 1831 ; il est adopté.
M. Lebègue analyse plusieurs
pétitions parmi lesquels nous remarquons celle des propriétaires et sociétaires
des mines, qui demandent que la chambre s'occupe immédiatement, à cause de
l'urgence, du projet de loi sur les mines proposé par le gouvernement.
- Ces pétitions sont renvoyées
à la commission.
M. Gendebien. - Je demande que
la pétition des propriétaires des mines soit examinée incessamment, et qu'on en
fasse rapport demain.
M.
Jonet.
- Il n'y a plus de commission des pétitions : celle de janvier, qui doit
examiner la pétition dont il s'agit n'est pas nommée encore.
M. Gendebien. - Je désirerais,
au moins, qu'il nous en fût donné lecture séance tenante.
M. Lebègue lit la pétition.
M. F. de Mérode. -
Je demande à présenter quelques observations à la chambre. Messieurs, lors de
la loi qui a réglé l'indemnité mensuelle attribuée par la constitution aux
membres de la chambre des représentants, j'ai demandé que cette indemnité fût
établie en raison du temps que chaque député consacrerait réellement à
l'exercice de ses fonctions. Rien n'était plus facile à constater au moyen des
listes de présence. Trente signatures d'un membre eussent été considérées comme
un mois de présence, en comprenant aussi dans ces catégories les jours de congé
obtenus régulièrement. Il serait résulté de la mesure que je proposais beaucoup
plus d'assiduité aux séances : car, messieurs, ne nous le dissimulons pas, nous
sommes de la même nature que les autres hommes ; un stimulant agit sur nous
comme sur eux, et, sans diminuer en rien la considération que je dois à mes
collègues, je crois pouvoir exprimer franchement l'opinion que j'émets. Au
surplus, s'il ne résultait aucun avantage du mode que je voudrais voir
substituer à celui qui a été adopté en premier lieu, sans examen suffisant,
selon moi ; s'il n'en résultait, dis-je, aucun avantage, quant à une plus
grande exactitude de notre part à assister aux travaux de la chambre, du moins
la négligence des membres qui s'absentent sans congé tournerait-elle au profit
du trésor, et la distribution de l'indemnité se ferait beaucoup plus
équitablement : car, messieurs, il est tel député qui ne paraît dans cette
enceinte que fort rarement, et qui perçoit le même dédommagement pécuniaire que
le plus zélé des représentants. Qu'on n'accuse pas mon opinion d'inconvenance
pour la dignité de la chambre. L'assemblée constituante...
M. Gendebien., interrompant. -
Mais c'est l'objet d'une proposition à faire. L'honorable membre ne peut être
entendue sans violer le règlement.
Voix nombreuses. - Appuyé !
M. F. de Mérode. -
Si vous ne voulez pas m'entendre, vous en êtes les maîtres ; mais je ferais
observer...
M. Gendebien. - Nous demandons
que le règlement soit exécuté. Le discours de l'honorable membre ne peut être
entendu que quand il aura déposé une proposition sur le bureau, et qu'elle aura
suivi la filière indiquée par le règlement.
M. F. de Mérode. -
Je déposerai une proposition ; mais je ne fais, maintenant, que présenter des observations
à la chambre. Si elle veut que je continue...
Quelques voix. - Continuez ! Continuez
!
M. F. de Mérode. -
L'assemblée constituante, qu'on n'accusera pas d'avoir méconnu la dignité de la
représentation nationale, avait fixé par ses membres une somme journalière de
18 fr. Ceux qui ne paraissaient pas à la séance en étaient privés.
Remarquez bien, messieurs, que ce
n'est pas un traitement mensuel que la constitution a voulu nous attribuer, puisque
ceux d'entre nous dont la résidence est fixée à Bruxelles exercent gratuitement
leurs fonctions. C'est donc un dédommagement purement temporaire, qui doit
équivaloir aux frais de logement et d'entretien hors du domicile habituel de
chacun. Dès lors, l'indemnité doit être proportionnée aux frais occasionnés par
l'absence de ce domicile ; et celui qui ne le quitte que pendant deux ou trois
mois, supporte un préjudice beaucoup moindre que celui qui l'aura quitté
presque sans interruption pendant quatre, cinq ou six mois consécutifs. Puisque
la constitution a voulu attribuer aux membres de la chambre des représentants
une indemnité et non pas un traitement, ce serait un contresens que de
continuer à indemniser le membre qui demeure chez lui sans congé légal, pendant
une partie plus ou moins considérable de la durée des sessions, et qui, par
conséquent, ne supporte qu'une partie des frais que l'indemnité mensuelle est
destinée à couvrir.
Si le changement que j'ai proposé
offrait de grandes difficultés d'exécution, je serais le premier à
l'abandonner, ou plutôt je me serais abstenu d'en parler de nouveau. Mais rien
au monde n'est plus simple : chaque député signe en arrivant la liste de
présence ; trente jours de présence compteront pour un mois, les dimanches
considérés comme jours de congé (on rit),
sauf exception de séance extraordinaire spécialement fixée par la chambre. Le
greffier ferait, à la fin de chaque mois, le relevé des signatures
quotidiennes, et le paiement de l'indemnité de 200 fl. serait fait à
l'ayant-droit, en raison du nombre de ses signatures.
Messieurs, ce changement serait juste
: son adoption ne peut avoir aucun inconvénient, et j'espère que la chambre
voudra bien prendre en considération favorable la proposition que j'ai
l'intention de déposer sur le bureau pour cet objet.
M. Lesbroussart adresse à la chambre
une dissertation sur le choléra asiatique, d'un médecin de la ville de Gand.
M. le secrétaire
lit ensuite les lettres envoyées à M. le présidence par divers représentants,
pour justifier leur absence.
MM. de Robaulx, Serruys, Verdussen et
d'Huart s'excusent de ne pouvoir assister aux séances de la chambre par cause
d'indisposition. M. Gérard Legrelle demande une prolongation de congé, parce
que les affaires municipales de la ville d'Anvers l'empêchent de se rendre à
son poste. M. Jamme annonce également qu'il est retenu par l'administration de
la ville de Liége et MM. d'Elhoungne et Fleussu, par des affaires de famille. M.
Jacques informe la chambre qu'il ne peut laisser sa mère seule dans ce moment
où elle loge 8 à 12 soldats par jour. Enfin M. Fallon prie ses collègues de
l'excuser parce qu'une rechute de son fils nécessite sa présence dans sa
famille.
M. le président.
- J'ai aussi reçu de M. de Gerlache une lettre qui m'informe que des affaires
très importantes l'ont jusqu'alors retenu, mais qu'il sera ici ce soir ou
demain.
M. H. de Brouckere.
- Si, sous prétexte d'excuse, on peut s'absenter, autant vaudrait retrancher
l'article du règlement qui défend de s'absenter sans congé.
M. Ch. Vilain XIIII.
- La chambre est libre d'admettre ou de rejeter ces excuses. En conséquence, je
demande qu'elles soient successivement mises aux voix.
- Appuyé.
M. Lebeau. - Pour agir d'une
manière conforme au règlement, il faudrait mettre aux voix la question de
savoir si la chambre accorde un congé à chacun des membres dont il s'agit ; car
de quelque manière qu'elles soient conçues, les lettres ne peuvent tendre qu'à
une demande de congé.
- La question, ainsi posée, est
successivement mise aux voix pour chacun des membres dont les noms précèdent.
La chambre accorde un congé à MM. d'Huart, Verdussen, Serruys, de Robaulx et
Fallon ; elle en refuse à MM. Jacques, Fleussu, d'Elhoungne, G. Legrelle et de
Gerlache.
M. le président.
- L'ordre du jour est la discussion du projet de loi sur les mines.
- Il est donné une seconde lecture du
rapport de la commission.
M. le président.
- On me fait remarquer que des membres se sont absentés depuis l'ouverture de
la séance, et que nous ne sommes plus que 49. Par conséquent, nous ne sommes
plus en nombre pour délibérer.
M. Lebeau.
- Il me semble que le règlement ne s'oppose pas à ce que les membres présents
s'éclairent ; on pourrait donc toujours commencer la discussion.
M. Gendebien.
- Cela est impossible ; car les membres qui n'y auraient pas assisté, ou
voteraient sans avoir été éclairés, ou bien s'abstiendraient faute d'avoir pris
part à la discussion.
M.
Mary.
- En France, les chambres ont l'habitude de commencer les discussion, bien que
les membres ne soient pas en nombre.
M. C. Rodenbach.
- C'est une erreur ; les chambres françaises ne commencent jamais une
discussion sans qu'elles soient en majorité.
M. le président. - Je vais mettre aux
voix la question de savoir si la chambre entend ou non commencer la discussion.
M. Nothomb. - Je ferai remarquer
qu'il n'y a pas moyen de consulter la chambre ; car elle ne peut prendre aucune
résolution, puisque nous ne sommes pas en nombre.
M. Lebègue. - Des membres demandent
que l'on commence la discussion ; d'autres s'y refusent. Il me semble qu'il
faudrait pourtant consulter la chambre sur cette question. (Non ! Non ! C'est contraire au règlement !)
M. Ullens.
demande qu'on fasse de nouveau l'appel nominal, pour constater quels sont les
membres qui se sont absentés depuis l'ouverture de la séance.
- Cette proposition n'a pas de suite.
RAPPORT DE LA
COMMISSION D’INDUSTRIE SUR DES PETITIONS QUI LUI ONT ETE RENVOYEES
M. Ch. Vilain XIIII.
- Si la chambre le permet, je lui ferai un rapport au nom de la commission
d'industrie, sans qu'elle soit obligée de prendre aucune résolution sur ce
rapport. (Oui ! Oui !)
M. Ch. Vilain XIIII sort pour
chercher ce rapport, et il le présente à la chambre dans les termes suivants. -
Messieurs, votre commission permanente d'agriculture, de commerce et
d'industrie m'a chargé de vous faire un rapport sur la pétition du sieur Obert,
de Bruxelles, que vous lui avez renvoyée pour avoir son avis. Mais, avant d'en
venir à cet objet spécial, la commission m'a ordonné de vous présenter un
tableau succinct de ses travaux jusqu'aujourd'hui.
Nommée le 15 novembre, la commission
se constitua le 17 ; elle fut saisie, dès le premier jour, par les diverses
pétitions que la chambre lui avait renvoyées, des questions les plus
importantes et qui intéressent le plus intimement la prospérité et même
l'existence de l'agriculture, du commerce et de l'industrie en Belgique. Aussi,
malgré les travaux urgents des sections, des commissions spéciales et de la
chambre, auxquels chacun de nous prenait part, nos procès-verbaux attestent-ils
la fréquence de nos réunions, l'assiduité des membres et l'activité de notre
correspondance. Mais nous avons pensé, messieurs, que dans des questions aussi
vitales, l'important était de bien faire et non de faire vite ; nous avons
préféré la recherche lente et consciencieuse de remèdes assurés à la saisie
impromptue de palliatifs incertains. Telles sous les raisons qui ont tardé
jusqu'aujourd'hui tout rapport sur nos travaux.
Je ne vous parlerai pas, messieurs,
des différentes pétitions dont la commission s'occupe, et qui font dans ce
moment le sujet d'enquêtes approfondies : ce sont des conclusions que vous avez
le droit d'exiger, et non pas le narré de nos occupations. En conséquence, je
n'appellerai l'attention de la chambre que sur les questions dont la solution
est complète. La chambre a envoyé à notre avis la pétition de plusieurs
marchands bonnetiers de Tournay, qui demandent que les bas, surtout ceux
d'Allemagne et de Saxe, soient prohibés à l'entrée en Belgique, ou du moins
qu'ils soient frappés de droits très élevés : sans cette élévation, disent-ils,
la bonneterie est perdue à Tournay. La commission a jugé, à l'unanimité des
membres présents, que cette pétition ne pouvait pas être prise en
considération. En effet, la matière première, le coton, n'est frappé à l'entrée
en Belgique, que d'un droit de 80 cents les 100 kil. ; l'arrivage de cette denrée
est plus facile à Tournay qu'en Saxe ; enfin, les bas d'Allemagne, outre les
frais de transport assez considérable qu'ils doivent subir pour arriver
jusqu'en Belgique, sont frappés à 'entrée d'un droit de 10 p. c. sur la valeur.
Si, malgré ces avantages, les bonnetiers de Tournay ne peuvent pas soutenir la
concurrence avec l'étranger, la commission a pensé que l'intérêt général,
l'intérêt de plusieurs millions de consommateurs, ne devait pas être sacrifié à
celui d'un certain nombre d'industriels, quelque intéressants qu'ils soient d'ailleurs.
Un grand nombre de vignerons de la
province de Liége ont demandé que la fabrication du vin indigène fût libre de
droit pendant l'année 1832. Plusieurs marchands de vin du Hainaut ont réclamé
l'égalité de droits à l'entrée sur les vins étrangers, par terre aussi bien que
par mer. Le budget des voies et moyens, pour 1832, ayant fait droit à ces deux
réclamations, les pétitions deviennent sans objet. Il en est de même des
pétitions concernant l'industrie du fer. le système des pétitionnaires, ainsi
que la réclamation d'un fabricant de vin, ayant été admis par la chambre dans
la dernière loi qu'elle a votée sur cette matière, la commission n'a plus à
s'en occuper.
Un pétitionnaire s'étant adressé
directement à la commission pour lui demander des secours pécuniaires, afin de
donner à un établissement déjà ancien une plus grande activité, la commission a
posé en principe général qu'elle n'appuierait jamais près de vous, messieurs,
des demandes de secours en argent Nous avons pensé que ce secours, accordés la
plupart du temps à l'intrigue et à l'obsession, servant à faire écouler à vil
prix des marchandises mal fabriquées, pesant d'un poids immense et insoutenable
sur l'ouvrier actif, intelligent, et qui n'a pas part à la distribution,
étaient bien plutôt une cause de ruine qu'un soutien pour l'industrie. Vous
êtes trop convaincus, messieurs, de la vérité de cette assertion, trop de faits
viennent la confirmer pour que j'aie besoin d'insister davantage.
J'arrive à ce qui fait plus
particulièrement l'objet de ce rapport, à l'examen de la pétition du sieur
Obert.
Le pétitionnaire expose qu'il a
érigé, en décembre 1830, à Uccle, près de Bruxelles, un établissement
d'impression sur soie, et que ses essais ont été couronnés de succès, qu'il
l'emporte sur l'industrie anglaise, allemande et française, par le goût des
dessins, la beauté et la solidité des couleurs ; mais que ses produits ne
peuvent, cependant, pas soutenir la concurrence avec les produits étrangers, à
cause du haut droit dont sont frappés, à l'entrée, les foulards écrus. Il
demande la suppression de ces droits.
Messieurs, la commission a d'abord
voulu s'assurer de la vérité des assertions du pétitionnaire ; elle s'est fait
présenter des produits de sa fabrique, et elle a jugé qu'en effet ils étaient
de beaucoup supérieurs à tout ce que l'étranger nous avait envoyé
jusqu'aujourd'hui. Elle a pensé, en conséquence, que cette industrie était
digne de tout votre intérêt et méritait d'être encouragée par vous, messieurs.
Mais, avant de vous proposer les moyens de la favoriser, nous avons jugé
nécessaire de nous entourer de tous les renseignements possibles sur les
différentes industries qui ont la soie pour objet en Belgique, afin que les
avantages que vous pourrez accorder à l'une d'elles ne froissent pas les
intérêts des autres.
Notre première intention avait été de
présenter à la chambre un travail complet qui embrassât tout le commerce de la
soierie en Belgique : la culture du mûrier, l'éducation des vers à soie, la
production de la soie, la filature, le tissage, la teinture, l'impression, et
enfin le commerce de cette précieuse étoffe. Mais nous avons renoncé à ce
projet pour deux raisons : d'abord parce que nous eussions été obligés d'entrer
dans l'examen de la question de l'assiette de l'impôt, savoir : s'il faut le
prélever sur la valeur ou sur le poids de la marchandise ? Question très
importante, qui demande de mûres réflexions, qui embrasse la laine et le coton
aussi bien que la soie, et qui nous a semblé devoir être ajournée jusqu'à la
révision général du tarif des douanes. En second lieu, des raisons politiques
nous ont arrêtés ; nous avons craint que notre travail, la nouvelle échelle que
nous vous aurions présentée, n'entravassent les négociations entamées avec la
France pour conclure un traité de commerce, négociations que hâteront peut-être
les derniers événements de Lyon.
En conséquence, messieurs,
rétrécissant le cercle de nos investigations, nous nous sommes bornés à
examiner les changements que réclamait instantanément l'introduction de la
nouvelle industrie qui fait l'objet de ce rapport, et je vais avoir l'honneur
de vous les soumettre en peu de mots.
Le tarif actuel ne fait point de différence
entre les tissus de soie écrues et les tissus imprimés ; il les frappe tous
deux, à l'entrée d'un droit de 4 fl. par kil. Cette égalité est souverainement
injuste, non seulement parce qu'elle met sur la même ligne deux produits dont
l'un a beaucoup plus de valeur que l'autre, mais encore à cause du déchet
qu'éprouve la soie écrue lorsqu'elle est livrée à l'impression.
Les diverses opérations qu'il faut
faire subir à la soie écrue, avant de la livrer à l'impression, lui font perdre
environ un quart de son poids ; de sorte que 100 kil. de soie écrue ne pèsent
plus que 75 à 80 kil. après avoir reçu l'impression. C'est donc un véritable
droit imposé sur notre industrie, au profit de l'industrie étrangère. Des
chiffres feront encore mieux comprendre l'injustice que nous signalons : un
kil. de soie des Indes écrue vaut environ 40 francs ; il paie 4 fl. d'entrée,
c'est 20 p. c. 3/4 de kil. de soie imprimée représentent le même aunage qu'un
kil. de soie écrue, et l'impression a augmenté la valeur du tissu d'environ le
double ; le 3/4 de kilo valent donc 80 francs et ne paient, cependant que 3 fl.
à la douane, ce qui fait 1 1/2 p. c. L'industrie étrangère n'est frappée que
d'un droit de 7 1/2 p. c. et l'industrie belge d'un droit de 10 p. c.,
c'est-à-dire que l'industrie belge paie un droit de 25 p. c. à l'industrie
étrangère.
Il est évident, messieurs, qu'au bout
de peu de temps, lorsque les dessins ou les procédés du pétitionnaire auraient
été imités par l'étranger, il lui serait impossible de soutenir la concurrence,
non seulement à l'extérieur, mais même sur les marchés de l'intérieur.
En conséquence, messieurs, votre
commission pense qu'il serait convenable de maintenir sur les soies imprimées
le droit d'entrée de 4 fl. par kil. tel qu'il existe aujourd'hui, et de réduire
à 3 fl. le droit d'entrée sur les foulards écrus. Cette réduction de droits
mettra l'industrie indigène sur le même pied que l'industrie étrangère, quant à
la consommation intérieure ; mais, quant à l'exportation, cette réduction ne
suffit pas.
Le pétitionnaire a mis sous les yeux
de la commission la preuve des commandes considérables qui lui sont faites par
la France et par l'Allemagne. Il faut éviter que l'Angleterre ne vienne, au
bout de quelques mois, se mettre à la place de l'industriel belge : en
conséquence, il nous a paru qu'il fallait placer cette industrie, pour
l'exportation, sur le même pied que l'industrie anglaise. En Angleterre, les
imprimeurs ont la faculté d'acheter à la compagnie des Indes autant de pièces
de foulard qui leur sont nécessaires, sans payer aucun droit, à charge par eux
de remettre à la douane pour l'exportation le même nombre de pièces ; pour tout
ce qui entre dans la consommation intérieure, ils paient un droit exorbitant.
La commission a jugé à l'unanimité qu'un
système à peu près semblable pourrait être introduit en Belgique pour
l'industrie qui nous occupe. Elle pense qu'une loi devrait donner au
pétitionnaire la faculté d'entreposer ses soies tissées écrues. Pour chaque
pièce de foulards imprimés qu'il déclarerait à la sortie, il aurait le droit
d'en reprendre une écrue à l'entrepôt, sans payer aucun droit. Cette sortie se
ferait comme s'opère aujourd'hui le transit, mais le droit de transit ne lui
serait pas applicable.
L'administration des douanes a été consultée
officieusement sur ce système, il nous a été répondu que, sans s'expliquer sur
le mérite même du système, l'exécution en serait très facile pour
l'administration, et que la fraude était impossible.
Le pétitionnaire, également consulté,
a répondu que, puisque la commission ne croyait pas pouvoir appuyer sa demande
d'exemption de tous droits, ce système de d'entrepôt lui suffisait pour
soutenir la concurrence avec l'Angleterre, et même pour la vaincre sur tous les
marchés de l'Europe.
En résumé, messieurs, la commission
juge :
1° Que, dans notre système de douanes
actuel, il est impossible d'accorder au pétitionnaire la demande de l'entrée
libre des tissus de soie écrue ;
2° Qu'il serait convenable de
maintenir le droit actuel de 4 fl. par kil. sur les tissus de soie imprimée ;
3° Que pour placer
l'industrie du pétitionnaire sur la même ligne que l'industrie étrangère, quant
à la consommation intérieure, il faudrait réduire à 3 fl. le droit d'entrée sur
les tissus de soie écrue ;
4° Que, pour placer l'industrie du
pétitionnaire sur la même ligne que l'industrie étrangère, quant à
l'exportation, il faudrait accorder aux imprimeurs sur soie l'échange libre à
l'entrepôt.
Si la chambre donnait son approbation
à cet avis, et si elle ordonnait qu'un projet de loi fût présenté dans ce sens,
le rapporteur s'empresserait de formuler les conclusions qu'il vient d'avoir
l'honneur de vous soumettre, messieurs, et qu'il livre à la sagesse de vos
réflexions.
M. Lebeau. - Je demande l'impression...
Quelques voix. - Nous ne pouvons pas
prendre de décision.
M. Lebeau. - Si la constitution a
voulu que nous fussions réunis en majorité pour prendre une décision, je ne
pense pas que l'on doive appliquer la constitution à un cas où il ne s'agit que
d'une chose si eu importante ; et je pense que, quand il ne s'agit que de
l'impression d'une pièce destinée à éclairer la chambre, cette impression peut
être ordonnée, même quand on n'est réuni qu'en minorité.
- Appuyé.
La chambre ordonne l'impression du
rapport.
La séance est levée à deux heures et
demie.
Nom de MM. les représentants absents
sans congé à la séance du 12 janvier 1832 : MM. Angillis, Berger, Blargnies,
Boucqueau de Villeraie, Bourgeois, Coppieters, Davignon, Ch. de Brouckere, de
Foere, de Woelmont, Domis, Dubus, Dumont, Dumortier, Gelders, J. Goethals,
Hye-Hoys, Jaminé, Jullien, Liedts, Liedts, Morel-Danheel, Pirson, A. Rodenbach,
Ch. Rogier, Seron,
Thienpont, Vergauwen, Veraghen, H. Vilain XIIII, Vuylsteke et Zoude.