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« UNE
ELECTION DISPUTEE A LIEGE EN 1843 »
Par Robert Demoulin (1962)
(Robert DUMOULIN, Une élection disputée
à Liège en 1843, dans
(page 157) L’histoire politique des
premières années de
Dans maintes circonscriptions
électorales, le Roi fut cependant mal écouté et au Parlement les luttes entre
catholiques et libéraux furent fréquentes. L'Union qui avait permis
Tout le monde sait que le Cabinet
Lebeau du 18 avril 1840 fut le premier ministère homogène. Mais il disposait
d'une assise parlementaire faible. L'éligibilité au Sénat était réservée à ceux
qui payaient 1000 florins d'impôt direct, somme énorme pour l'époque, en 1843,
700 personnes pour tout le pays pouvaient accéder à un mandat sénatorial.
Comment pour les libéraux disposer d'une majorité dans un Sénat recruté de la
sorte et où dominerait l'aristocratie foncière ? Le Cabinet Lebeau dura
cependant près d'un an. La tension internationale de l'été et de l'automne 1840
provoquée par la crise d'Égypte, où
(page 159) Aussi bien à Liège les
relations étaient-elles mauvaises entre l'Hôtel de Ville et l'Évêché. Le
renforcement des pouvoirs des bourgmestres et le droit pour le Roi de les
nommer en dehors du conseil communal, la division en sections du corps
électoral communal des grandes villes, les « lois réactionnaires » déchaînèrent
la presse libérale. Le profond remaniement ministériel du 16 avril 1843 fut
loin de la calmer: Dechamps, n'entrait-il pas au gouvernement ? Il
s'agissait d'ailleurs de la constitution d'une nouvelle équipe. A part le chef
du gouvernement, J. B. Nothomb, et de Muelenaere, ministre sans portefeuille,
tous les ministres étaient nouveaux. Goblet, libéral modéré, devenait ministre
des Affaires étrangères, Mercier, libéral plus marqué à l'époque, Ministre des
Finances, d'Anethan, catholique modéré, ministre de
Le parti catholique n'était pas plus
satisfait du remaniement ministériel « car, aux dires du Nonce Pecci, le futur
Léon XIII, si dans le cabinet précédent il avait plusieurs défenseurs, il n'en
trouve plus qu'un dans l'actuel, c'est-à-dire Dechamps » (4). Mercier, qui
avait fait partie du cabinet Lebeau-Rogier, exprimait la même opinion dans un
plaidoyer pro domo qu'il adressait à Charles Rogier le 16 avril 1843 « Au
résumé, sur cinq nouveaux membres du Cabinet, quatre appartiennent à l'opinion
libérale modérée, un seul à l'opinion catholique » (5). Mais c'était là des
positions extrêmes et l'appréciation de
L'attitude du gouvernement inquiétait aussi le Nonce et très particulièrement à Liège où il appuyait la candidature de Fleussu « libéral dangereux » (6). Le gouvernement menait en effet une politique de bascule « conserver en 1843 le statu-quo parlementaire de 1841, c'est là le grand but qu'il ne faut pas perdre de vue un instant » telle était la pensée qui guidait Nothomb depuis sa prise du pouvoir (7). Aussi soutenait-il la réélection de catholiques et de libéraux, de tendance modérée ou supposée telle. Ainsi à Liège recommandait-il les catholiques Raikem, de Behr et Grandgagnage et les libéraux Fleussu et de Potesta.
La lettre du ministre Nothomb au
gouverneur de la province de Liège est un bon témoignage de la pression du
pouvoir. « Le gouvernement désire que les fonctionnaires publics et employés
usent de l'influence qu'ils peuvent avoir en faveur de MM. Grandgagnage et de
Potesta pour le Sénat, Raikem, de Behr, Fleussu pour
(page 161) La représentation, tant à
La députation liégeoise en 1843 était composée de deux catholiques, Raikem et de Behr et de deux libéraux, Fleussu et Delfosse. Elle comptait en outre Pierre David, élu le 11 juin 1839 sur la liste unioniste (12).
Les trois premiers avaient été élus
en 1839 avec l'appui des deux journaux unionistes, le Courrier de
Témoignage significatif de la variation des opinions et du flou des délimitations entre les partis, le 11 novembre 1841, (page 163) lors de la constitution de la commission d'adresse, tandis que les doctrinaires portent leurs suffrages sur de Behr pour exclure le catholique accusé Dubus, les catholiques préfèrent à de Behr d'autres députés. A ceux qui lui rapportent les plaintes de son collègue du banc de Liège, « son ancien ami », Raikem répond: « il faut qu'il choisisse d'être avec eux ou avec nous » (16).
Les deux tendances étaient aussi
représentées chez les libéraux. Auguste Delfosse était pour
Au Sénat siégeaient le baron de Potesta de Waleffe et le comte Vanderstraeten-Ponthoz. Tandis que ce dernier ne se représentait pas, le baron de Potesta, avait été élu comme unioniste. Il devait être présenté par les deux partis et être le dernier témoin à Liège d'une conciliation de tendances bien fragile.
Les efforts de rapprochement tentés par le ministère se heurtaient en effet à Liège à une accentuation croissante du divorce entre les groupes naguère alliés. En 1843, à Liège, qui fut le berceau de l'Union, les deux opinions sont maintenant nettement divisées. Chacune avait ses organes de presse. Le Journal de Liège, la vénérable « Gazette Desoër », défendait les idées libérales avec énergie et n'avait jamais été une feuille unioniste, mais la fusion, le 1er avril 1841, du Politique, créé par les Rogier, Lebeau et Devaux avec l'Espoir, fondé en 1835, dans la nouvelle Tribune, avait privé les libéraux modérés unionistes d'un journal qui avait exercé une influence considérable à un moment décisif de l'histoire des idées à Liège. La diffusion de la presse libérale était remarquable et inquiétait gravement ses adversaires (17).
(page 164) La jeune Gazette de Liège
- le premier numéro parut le 4 avril 1840 - et le Courrier des campagnes
soutenaient les thèses catholiques. Joseph Demarteau, le directeur-rédacteur de
Dans l'arrondissement de Liège, il y
avait déjà des organisations de parti. L'Association de l'Union libérale, avait
été fondée le lundi 11 avril 1842, à l'initiative d'une commission provisoire,
présidée par l'ancien bourgmestre Louis Jamme, et dont le secrétaire était
Walthère Frère-Orban. Plusieurs centaines de personnes sanctionnèrent le
règlement lu par le futur chef du gouvernement « après une légère modification
dans la rédaction d'un article ». Au scrutin secret et à, la quasi-unanimité
elles élirent les onze membres du Comité central de l'arrondissement de Liège,
les citadins y dominaient (20). Le nouveau Comité central liégeois qui avait
des « liens volontaires avec
Les membres de l'Association de
l'Union libérale furent convoqués le 30 mars 1843 à 15 heures à l'hôtel de
Suède (21). Pour la première fois l'Association libérale choisissait ses
candidats pour la représentation nationale. Les dirigeants du parti étaient formels
« En dehors de ces choix il n'y aura point de candidature possible pour les
libéraux. Les élections préparatoires qui auront lieu demain lieront tous les
membres » (22). Trois cents personnes se pressèrent dans les salons de l'hôtel
de Suède. Ce fut d'après un « reporter » du temps « une réunion d'électeurs,
telle que nous n'en n'avons jamais vue à Liège» (23). De nombreux électeurs des
campagnes, parmi lesquels une vingtaine de bourgmestres se trouvaient dans la
salle. L'Assemblée procéda d'abord au renouvellement du Comité. Tous les
membres furent réélus par acclamation. Au Comité central, Frère-Orban jouait un
rôle efficace car il en était le secrétaire. Ainsi « plébiscité » le Comité
soumit aux suffrages de l'assemblée six noms pour
(page 166) L'Union libérale choisit les deux députés sortants et préféra au professeur d'Université et au magistrat, Charles Lesoinne, sans doute pour son nom et sa notoriété dans le monde industriel, et Tornaco qui jouissait de la confiance de nombreux habitants du Condroz. Pour le Sénat les choix se portèrent sur Potesta. et sur l'ancien bourgmestre de Maestricht Rennequin qui avait été gouverneur du Limbourg, mais qui était venu se fixer à Liège et était entré au Conseil communal (25). Les francs-maçons frappés par la circulaire du 28 décembre 1837 et par les homélies de Mgr. Van Bommel avaient participé activement aux opérations préparatoires au scrutin.
(page 167) Les catholiques s'étaient
réunis le 24 avril à 15 heures chez le comte de Méan, au Mont Saint-Martin
(26). Cent cinquante-trois personnes d'après
Le changement de dénomination du
parti catholique lui attirait les sarcasmes ironiques de l'adversaire « Le
parti clérical s'est affublé selon les circonstances de noms différents. Il
s'appelait, il y a quelques années, le parti unioniste. Plus tard il nomma ses
partisans: les amis de l'ordre et de la constitution; quand ces qualifications furent
usées, il y substitua celle d'amis de l'industrie et du commerce; aujourd'hui
il prend hardiment le titre de parti conservateur » (28). Et comme l'écrivait
le Journal de Liège: « Heureux, trois fois heureux les gens qui ont une
garde-robe aussi bien garnie qui, repoussés sous tel costume, l'abandonnent
sans regret pour en endosser un autre! C'est qu'en vérité on ne les
reconnaîtrait pas si Conservateurs, Amis du Commerce, Libéraux modérés, Amis de
l'ordre et de
Ainsi constate-t-on, dans les deux camps, l'action d'un groupe étroit qui s'impose aux militants, aux quelques centaines de personnes qui se sont réunies dans les séances préparatoires. Le choix est fort limité. Le Comité central libéral propose six noms pour quatre places. Le bureau catholique présente une liste toute faite. Les réactions des militants sont faibles. Chez les catholiques, le général Kénor (32) « dont la candidature a été présentée séance tenante », recueille 27 voix et trois unionistes (page 169) donnent leur voix à Fleussu. Chez les libéraux, personne ne soumet un nom en dehors de la liste arrêtée par le bureau. Le Comité libéral affirme « que tout se fait au grand jour sans mystère, sans coterie » et « que la majorité de l'association décide et que sa décision fait loi » (34). Personne n'est dupe. Les catholiques accusent l'Union libérale d'imposer ses candidats aux électeurs, de « réduire ceux-ci au rôle de machines » (35). Mais chez eux, le choix a encore été moins large.
L'assemblée pré-électorale catholique
a ratifié les propositions du bureau. Les deux députés sortants, Jean-Joseph
Raikem et Nicolas de Behr, un industriel, Charles Renoz et un propriétaire, de
Longrée- Verdbois, ancien conseiller communal de Liège et ancien bâtonnier de
l'ordre des avocats, forment la liste pour
A Liège, cette double candidature était déjà en 1843 un anachronisme. La volonté d'en finir avec l'Union se renforçait de plus en plus dans l'opinion libérale. La presse libérale liégeoise exigeait que chaque parti reprenne sa liberté d'action « qu'il n'avait momentanément enchaînée que devant un intérêt plus puissant » et elle s'indignait parce que le parti clérical « trouve inconstitutionnelle et odieuse la prétention de rendre une opinion prépondérante ». Car « Il est de l'essence des convictions ardentes et sincères de chercher à se propager. Le prosélytisme est aussi vieux que le monde. S'il est une école qui ait mauvaise grâce à contester la légitimité de cet esprit de prosélytisme c'est assurément l'école catholique » (37). Pour le Journal de Liège, la division de l'opinion est nette. S'adressant aux électeurs, il leur disait « Vous aurez à choisir entre les candidats des deux opinions qui divisent la nation » (38). Pour l'organe doctrinaire liégeois « Les élections de 1843 marqueront dans l'histoire de notre régénération politique; elles décideront peut-être laquelle des deux idées rivales qui se trouvent en présence doit obtenir la prépondérance en Belgique » (39).
Les libéraux ont-ils un programme précis ~ Les éjections sont l'occasion pour les comités de rédiger des textes que les journaux diffusent. A Liège, le 26 mai 1843 on pouvait lire un appel clair : « Que veut le parti libéral en masse.»
« Dans l'ordre politique, il veut la conservation intacte de tous les principes de liberté inscrits dans la constitution, et le développement sagement progressif des institutions destinées à les garantir; il veut le maintien de la royauté, la séparation du pouvoir temporel et spirituel, l'indépendance du pouvoir civil dans sa sphère d'action politique. Dans l'ordre moral, il veut qu'on répande, parmi le peuple, l'instruction et les lumières et que l'État intervienne convenablement dans l'organisation et la direction de l'enseignement civil, en laissant au clergé la surveillance exclusive de l'école religieuse.
Dans l'ordre matériel, il veut la diminution graduelle des impôts, l'extension de l'industrie et du commerce, l'aplanissement des barrières qui s'opposent au libre échange des richesses publiques » (40). On devait retrouver dans le programme du parti libéral voté par le Congrès du 14 juin 1846 nombre de ces principes. Il est significatif d'autre part de noter l'adhésion formelle au libre-échange. On reconnaît la griffe de Frère-Orban dans ce document. Le parti libéral s'efforce essentiellement de gagner les suffrages de la bourgeoisie urbaine et rurale, et oppose deux classes, la bourgeoisie et l'aristocratie alliée au clergé. Il traite ses adversaires de « rétrogrades » à longueur d'articles. Les organes libéraux distinguent « idées féodales » et « intérêts bourgeois ». La tendance libérale « veut continuer l'œuvre de nos pères, poursuivre les grandes traditions de l'ancien tiers état... le plus grand nombre d'entre vous, Messieurs les électeurs, appartient à la bourgeoisie, aux classes laborieuses de la société... Ce sont les intérêts bourgeois que le libéralisme défend contre ceux de l'Église et de l'aristocratie. A ce titre, la bourgeoisie tout entière doit lui venir en aide, vous n'avez point à vous préoccuper des (page 171) personnes, c'est le système politique qu'il vous faut condamner et flétrir. Ce système, qui nous régit depuis trop longtemps, qu'a-t-il fait pour les intérêts bourgeois? Absolument rien; il a entravé le commerce et nui aux campagnes par ses nouveaux tarifs de chemins de fer, ... il menace [la bourgeoisie] de nouveaux impôts ». (41).
Le recours à l'histoire est constant; l'histoire creuse le fossé social, car c'est vraiment une lutte des classes que prêche la presse libérale. L'aristocratie pourfendue est l'alliée du clergé. L'hostilité à l!égard du haut clergé est brutale. Les mots de féodalité, de main morte sont utilisés pour frapper l'imagination des bourgeois des campagnes. La polémique énerve les hommes et la démesure gâte l'argumentation. « Les deux camps sont en présence: sur l'un se déploie la bannière de nos pères, toujours prêts à courir aux armes, à sonner le tocsin quand leur liberté était menacée, repoussant le joug auquel voulaient les assujettir ces évêques bavarois, dont l'odieuse mémoire se révèle dans les tendances d'un parti qu'avoue et que protège un prélat peu populaire, étranger au pays (42). L'autre camp se pavoise de sinistres et sombres couleurs, avant-coureurs de deuil et d'orages; sur le drapeau qu'il arbore se trouvent inscrits ces mots fatidiques : Main morte, Féodalité. L'avenir pour ces hommes c'est la résurrection du passé; le despotisme de la mître et du blason, la glèbe et la corvée, les maîtrises et les jurandes, le servage et le paupérisme » (43). Les princes-évêques « exécrés » sont aussi évoqués: « Accepterez-vous volontairement, au point d'émancipation où nous sommes. parvenus, le joug que subissaient sous Ferdinand, sous MaximilIen, sous Honsbrouck, le paysan appauvri par la glèbe monacale, le bourgeois se débattant à peine contre les odieuses prétentions de la féodalité? » (44).
Mais attaquer l'aristocratie alors qu'un Tornaco figure sur la liste qu'on défend, prête le flanc à une critique facile. L'habileté de la riposte vaut d'être soulignée. Un subtil « distinguo » est fait entre vieux aristocrates et aristocrates qui sont les enfants (page 172) du siècle. « Il y a deux espèces d'aristocrates; les uns, vieux débris d'un passé détruit, traditions encore vivantes d'une époque où la féodalité pesait, avec tous ses abus, sur les classes laborieuses et utiles de la société, voudraient, dans l'intérêt de leur vanité et de leur ambition, ressusciter ces temps de déplorable mémoire; pour eux, le peuple ne se compose que de brutes, que de manants corvéables et taillables à merci, qu'ils regrettent de ne plus pouvoir exploiter; nos institutions libres leur font peur: ils ne voient dans l'organisation et dans le jeu du régime constitutionnel que désordre et anarchie, et ils s'empresseraient à la première occasion favorable de les détruire, pour reconquérir leurs anciens privilèges; Les autres, nés avec le siècle, élevés sous l'empire des principes et des doctrines de la génération nouvelle, éclairés par les leçons de l'histoire, reconnaissent la nécessité d'institutions libres et prêtent le concours de leurs talents et l'appui de leur nom à la sainte cause du progrès... » (45).
C'était là une conception manichéenne fort simple, mais peut-être l'argumentation a-t-elle convaincu certains électeurs des campagnes qui ont mauvais souvenir d'un passé qui n’est pas tellement lointain et que réveille la tradition orale (46).
Bien que seuls les censitaires soient
appelés aux urnes - 2102 électeurs pour 200.359 habitants soit pour les villes
de l'arrondissement de Liège 12,55 électeurs pour 1.000 habitants et 9,26 pour
les communes rurales (47) -, la polémique électorale s'adresse à un cercle
beaucoup plus large que les « happy few », détenteurs du pouvoir de choisir les
représentants de la nation, et la propagande considère les aptitudes sociales
des candidats. Charles Lesoinne a été moqué par la presse catholique (48). Il
(page 173) était « bien vu d'un public qui aime les combats de coqs, le jet à
l'oie, les libations, les joies populaires, la bonne grosse vie paysanne (49).
Le 5 juin
Il est difficile d'apprécier le rendement de ce système de raisonnement. L'unité d’opposants aux anciens privilégiés ne semble pas encore gravement menacée à Liège en 1843, du moins à lire la littérature électorale et ce sont les journées de juin 1848 qui marquent la grande cassure entre bourgeoisie et (page 174) classe ouvrière en Europe occidentale.. En s'appuyant sur le consensus de la masse, sur le pays réel, au sens précis du terme, les propagandistes libéraux cherchent moins à satisfaire des électeurs à la frange de la bourgeoisie, extrêmement rares d'ailleurs, qu'à opposer leurs candidats à ceux de l'aristocratie et à gagner ainsi les voix de ceux qui craignent la « réaction ». Ils affirment aussi que leurs candidats sont vraiment dignes de représenter le peuple, si même ce peuple est privé du droit de suffrage.
Mais séduire des hommes détenteurs de ce droit était infiniment plus rentable. Pour triompher il était nécessaire d'étendre aux campagnes l'effort de propagande. C'était une tâche malaisée de gagner des suffrages dans les régions rurales où l'influence du clergé était grande. Les chefs de l'opinion libérale engagèrent instamment les nombreux propriétaires libéraux de faire pression sur leurs fermiers. « Le fermier, en Belgique, a généralement une grande confiance dans son propriétaire et le candidat que celui-ci lui recommande comme apte à remplir utilement pour le pays les fonctions de représentant a chance d'obtenir et la voix du fermier et celle d'autres campagnards avec lesquels il est en rapport. « (52). Aussi conseille-t-on instamment de dresser des listes d'électeurs de la campagne, portant les noms des propriétaires et de leurs fermiers, en utilisant les registres des bureaux des contributions et du cadastre.
La propagande libérale se heurtait évidemment à la résistance solide du catholicisme politique. Le clergé descendait dans l'arène. A Liège, Mgr. Van Bommel, l'ardent évêque prenait une part importante à la lutte. Les catholiques liégeois auraient souhaité la survie de l'Union, mais en 1843, ils doivent bien se convaincre que leurs vœux sont sans espoir. Ils reconnaissent que leurs anciens alliés, les libéraux modérés se sont jetés dans l'union libérale exclusive; en face d'eux les catholiques trouvent un bloc (53).
C'est sur la valeur personnelle des
hommes qu'ils présentent que les catholiques insistent. Raikem et Nicolas de
Behr sont fort connus dans l'arrondissement. Au Parlement et au Palais (page
175) ils occupent des places de tout premier plan. Cependant depuis quatre ans,
à Liège, les progrès du libéralisme ont été tels que l'ambition de leurs
adversaires se limite à obtenir la réélection des députés sortants. La
polémique est dirigée contre Lesoinne et Camille de Tornaco. Ce dernier portait
un nom qui permettait des attaques faciles. Il était le père « de deux jeunes
gens (Auguste et Victor) qui rêvèrent un jour que
L'organe catholique affirme avec force que l'accusation de réaction n'est que pure propagande et confesse aussi que son (page 176) évocation du sans-culottisme est inspirée par les mêmes préoccupations (57).
Mais par contre les catholiques dans leurs journaux et leurs bulletins électoraux, tirés à 2.500 exemplaires, accordent une grande signification aux démonstrations populaires anti-cléricales des dernières années « Quels glorieux faits d'armes ont signalé la marche (de ce parti)! Demandez-le aux émeutiers de Visé! Demandez-le aux assommeurs d'Ath! Demandez-le aux profanateurs de Tilff! » (58).
A ces excès, ils opposent la
modération de la conduite des affaires publiques par les catholiques qui affirment-ils
dominent depuis douze ans dans les chambres. La majorité de 1843 est toujours «
celle qui est sortie des élections pour le congrès de 1830, c'est elle qui a
affermi la nationalité; exécuté de grands travaux d'utilité publique, organisé
les pouvoirs communaux et provinciaux, et sagement légiféré (59). A l'agitation
que (page 177) cherche à créer les « pseudo-libéraux, illuminés de
* * *
Le mardi 13 juin 1843 - les élections
n'avaient jamais lieu le dimanche ce qui alourdissait encore la charge des
électeurs des campagnes contraints au déplacement long et coûteux au siège de
l'arrondissement - les censitaires se rendirent aux urnes. Ils étaient répartis
en sept sections. Les électeurs du siège de l’arrondissement – les censitaires
se rendirent aux urnes. Ils étaient répartis en sept sections. Les électeurs du
(page 178) quartier du Sud de la ville de Liège (de A à M) votaient dans la
grande salle de l'hôtel de Ville. Les autres électeurs de ce quartier, ceux du
quartier Est et ceux des communes de Jupille et de Wandre étaient convoqués au
foyer de la salle du Spectacle [salle du Théâtre] ; les électeurs du quartier
Nord et ceux du canton de Herstal votaient à
L'électeur devait porter sur un même
bulletin le nom de ses candidats pour le Sénat et pour
Au sénat, de Potesta, candidat des
deux partis, était élu haut la main, il recueillait 1.799 voix sur 2.102
inscrits et 1.900 votants. Hennequin l'emportait sur le candidat catholique par
plus de 500 voix: 1.235 contre 670. La comparaison avec les chiffres de 1839
était décevante pour les catholiques. En 1839 Raikem avait obtenu 1.163 voix,
de Behr 1.047 et Delfosse
Charles- Rogier se réjouit évidemment de la victoire libérale à Liège. « Liège a bien mérité de la cause libérale et du pays, vous avez, vous et vos amis, bien mérité de Liège. Quelque confiance que l'on eût dans l'énergie éburonne, on ne l'aurait pas crue capable de si grands coups. Vous même avez dû être étonnés d'une telle victoire ». Le demi-succès à Tournai où Adelson Castiau est élu, évinçant Dubus aîné mais où Le Hon échouait à six voix de Goblet, l'élection discutée de l'Elhoungne à Gand le satisfait (65).
Le bilan qu'établit Charles, Rogier est celui d'un partisan. Il est intéressant cependant car Rogier distingue les nuances de l'opinion, en un temps où les élus n'étaient pas encore tous embrigadés dans un parti, bien que la cassure entre les deux grandes tendances de l'opinion fût profonde. « De compte fait l'opinion libérale aura gagné Castiau (66), Lesoinne, Tornaco, Delhougne. Un ministère libéral pourrait de plus compter sur Goblet, De Chimay, Thyrion, Corswarem (67). Notre seule perte (page 180) de quelque importance est Cools (68). Les leurs sont colossales. Le parti catholique parlementaire est à peu près ruiné. Il est frappé dans son expression la plus pure et la plus respectable (69). De Theux, l'impossible De Theux va se trouver plus impuissant que jamais (70). Nos adversaires gagnent trois nouveaux imbéciles, de Nayer, Verwilghen, De Meester (71). Ils perdent trois orateurs (72) nous en gagnons trois, Castiau, Tornaco, Delhougne. Chimay, Goblet, Thyrion, Corswarem même, sont plus libéraux que catholiques. Pirson, fils, vaut mieux que son père » (73).
Puis Ch. Rogier considère le sort du
gouvernement et prend ses désirs pour des réalités. « Un ministère libéral,
armé d'une dissolution comme menace, marcherait mieux avec
C'est à la presse que Charles Rogier attribue la victoire libérale liégeoise « Je ne sais, mon cher Monsieur, si vous continuerez d'écrire dans la presse. Tous vos articles étaient excellents pour la forme et le fonds. Si partout l'opinion libérale avait eu des organes comme ceux de Liège, nous n'en serions pas où nous en sommes: On aurait obtenu un résultat immédiat et décisif ». Et il trace la route pour l'avenir: « Tout est consommé pour Liège et pour Verviers. Il faudrait que l'esprit liégeois penétrât plus avant dans les districts de Waremme et de Huy et surtout dans les districts flamands. Continuez de vous montrer fermes, confiants, modérés avant comme après la victoire. Veuillez féliciter M. Muller de ma part et remercier M. Desoer ». Ainsi Rogier n'oubliait ni l'autoritaire rédacteur en chef, le conseiller (page 182) provincial Clément Müller, (77) ni le propriétaire du journal (78).
A Bruxelles, où une foule de curieux
et d'impatients s'était rendue à l'arrivée du « convoi » pour connaître le
résultat des élections à Liège, la victoire libérale de Liège impressionna les
esprits. C'est le glas de l'unionisme. L'Emancipation, journal conservateur, le
5 juin prônait encore « un système de fusion, les avantages de concessions
mutuelles entre les partis », il recommandait de voter Raikem et Fleussu et il
regrettait que la division eût éclaté avec le plus de force dans une ville «
qui exerce sur le reste du pays une incontestable influence ». Après le
scrutin, le journal qui s'accrochait à l'unionisme, ne cherche pas à dissimuler
la gravité de la défaite catholique à Liège et Tournai et la rupture entre les
parties. « La ville du pays où l'union paraissait le plus solidement cimentée
en 1830 est celle où s'agite aujourd'hui le plus ardemment la discorde ». Il en
cherchait les causes dans les traditions historiques et accusait des
catholiques liégeois d'imprudence et d'un « désir trop vif de prépondérance qui
aurait peu à peu décidé la réaction » et il terminait son commentaire par une
phrase lourde de sens pour celui qui cherche à expliquer les options politiques
dans
Mais si l'on peut opposer, dans les résultats, provinces wallonnes et provinces flamandes, il n'y a point encore de conscience d'une communauté wallonne. A la veille même du scrutin, dans le dernier appel aux électeurs, que le Journal de Liège lance « aux industriels et commerçants de toutes les conditions » on trouve l'avertissement suivant: « Pensez à ce que deviendront nos houilles et nos fontes avec un ministère qui compte trois hommes du Hainaut : parmi ses membres et dont l'un même est (page 184) fortement intéressé dans les exploitations métallurgiques de cette province » (81).
La signification des élections
liégeoises de 1843 n'échappa nullement aux observateurs étrangers. Le ministre
d'Autriche Dietrichstein, recueillit les premières réactions du chef du
gouvernement. L'optimisme de commande de J. B. Nothomb et sa vision déformée de
réalités font sourire aujourd'hui. Dès le 14 juin 1843, en effet, Dietrichstein
mandait à Metternich que « Le ministère du Roi se montre satisfait du résultat
des élections aux Chambres qui ont eu lieu dans la journée d'hier » (82) et il
reproduit les « considérations que M. Nothomb vient de me développer à cet
égard ». Pour Nothomb le ministère a obtenu un « triomphe signalé » par
l'élection des deux ministres Dechamps et Goblet, surtout vu la campagne menée
par le puissant adversaire de ce dernier le comte Le Hon. Mais l'appréciation
de l'homme d'État qu'était Nothomb sur le parti libéral, si elle a été bien
comprise par le diplomate autrichien, nous déconcerte : « le parti libéral
exclusif, c'est-à-dire MM. Lebeau et consors, n'auront gagné à
(page 185) Mais le 17 juin,
Dietrichstein corrige le jugement de Nothomb. Il envoie le commentaire de
l'Indépendant sur les résultats et il se rallie aux conclusions de la feuille
de Faure, constatant les progrès du libéralisme dans le pays (84).
L'ambassadeur de France, Rumigny, le 14 juin, était à peine plus avisé. S'il
insiste sur la défaite du parti catholique, qui perd quatre de ses principaux
chefs Raikem, Dubus, De Behr et Demonceau, président et vice-président de
L'ambassadeur de Louis Philippe se félicite d'autre part du calme qui a règné partout malgré les appréhensions que l'on avait eues, le souvenir de l'élection agitée d'Ath du 19 juillet 1842 n'étant pas oublié. Les mesures de précaution prises par le gouvernement ont été sans objet. « L'on n'a eu nulle part aucun excès à réprimer. A Liège où l'esprit libéral a toujours aimé à se montrer par de la turbulence, on a cru devoir embellir des cris d'à; bas la calotte les ovations données aux députés élus. Cela a eu peu d'échos; heureusement » (87).
(page 186) Quant aux nonce Mgr Pecci, il insista aussi dans sa correspondance sur l'élection de Liège et sur les gains des libéraux dans les villes (88).
Tous les observateurs, après avoir pris quelque recul, reconnurent les progrès libéraux mais constatèrent que les libéraux n'avaient pas atteint leur but: la conquête de la majorité, ce « résultat immédiat et décisif » que Rogier regrettait de n'avoir pu saisir. Il lui faudra encore attendre quatre ans avant de se voir confier le pouvoir.
* * *
La lutte électorale à Liège avait été
violente et avait dressé face à face les partis. Ce n'était cependant pas un
simple épisode de la vie politique locale. Sur les bords de
Dans
Cette élection-témoin illustre bien
aussi le caractère social de la lutte entre les deux grandes tendances de
l'opinion. Toute la bourgeoisie n'est pas libérale. Mais les nouvelles couches,
issues des activités économiques et des fonctions intellectuelles sont
impatientes de briser la tutelle de l'aristocratie alliée au clergé. Dans la
période antérieure à
R. DEMOULIN.
Note de bas de page
(1) Nous renvoyons à la bibliographie
du récent ouvrage de C. LEBAS, L'Union des catholiques et des libéraux de 1839
à 1847. Etude sur les pouvoirs exécutif et législatif, 1960, pp. 293-298. Mgr.
Simon, un des meilleurs connaisseurs de la question, a publié, depuis la
parution de ce travail, L'Unionisme constitutionnel de Léopold 1er, in Res
Publica, 1959, n° 1, pp. 6-16 et Léopold 1er et les partis en Belgique, in
Bulletin de
(2) J. LEBEAU, Souvenirs personnels, p. 236.
(3) P. HYMANS, Frère-Orban, t. I, p. 61.
(4) A. SIMON, Lettres de Pecci (1843.1846), Pecci à Lambruschini, 18 avril 1843, p. 107.
(5) E. DISCAILLES, Charles Rogier, t. III, p. 88. Mercier à Rogier, 16 avril 1843.
(6) A. SIMON, ibid., p. 113, Pecci à
Lambruschini, 31 mai 1843. Sur Stanislas Fleussu, membre du Congrès national,
député de Waremme puis de Liège, conseiller à
(7) A. de RIDDER, Fragments d'histoire contemporaine, p. 34. Mémoire Nothomb transmis à Metternich.
(8) ARCHIVES DU MINISTÈRE DES
AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE BELGIQUE, Papiers Nothomb, film 118, dossier 37. Cf. C.
LEBAS, op. cit., p. 135 note 2. - Jean-Joseph RAIKEM, membre du Congrès
national, président de
U. CAPITAINE, Nécrologe liégeois
1851, pp. 91-94. - Jacques-Joseph DE LONGREE, Liège 1791- Biesme-Golonaise
(Namur) 5 mai 1859 « un des membres les plus habiles du barreau de Liège
« , conseiller communal de Liège 1839-1841. Se retira à la campagne, en
1846 conseiller provincial du canton de Fosse et président du Conseil de la
province de Namur de 1846 à
(9) A Anvers et à Dinant deux élections partielles eurent lieu également. Smits, nommé gouverneur du Luxembourg, soumis à réélection, fut réélu à Anvers, Victor Pirson fut élu à Dinant en remplacement de son père démissionnaire.
(10) J. GILISSEN, Le régime représentatif en Belgique depuis 1790. Annexe I, pp. 188-189.
(11) A Liège, il y eut 1900 votants sur 2102 inscrits soit 90,4 % de votants et 9,6 % d'abstentions.
(12) Par suite de la loi électorale, l'arrondissement de Liège ne devait élire en 1843 que quatre représentants, tandis que l'arrondissement de Huy en élisait deux au lieu d'un. David, fabricant de draps, propriétaire de tanneries, exploitant un haut fourneau, associé à un vaste établissement de construction mécanique, grand propriétaire foncier, fut présenté à Verviers par les libéraux et fut élu avec le notaire Lys, évinçant le député catholique Demonceau.
(13) Auguste DELFOSSE, Liège 9 mai
1801 - 22 février 1858. Député de Liège de 1840 à sa mort, fut président de
(14) J. DARIS, Histoire du diocèse et de la principauté. de Liège, t. IV, p. 409.
(15) Journal de Liège, 11 juin 1843, p. 1, t. 2.
(16) Ch. Du Bus DE WARNAFFE, Au temps de l'Unionisme, p. 275. Ch. du Bus à son père, 15 novembre 1841.
(17) P. Kersten dans son Journal
historique et littéraire revient inlassablement sur cette question et réclame
un effort concerté des catholiques pour organiser une presse efficace. Citons
par exemple, t. V, 49e livraison, 1er mai 1838, p. 22 : « Les libéraux
nous surpassent de beaucoup en activité et en énergie. Ils ont des organes
nombreux, hardis et infatigables; ils ont dix, vingt journaux contre un des
nôtres... Ces feuilles sont répandues dans tous les lieux publics, dans les
hôtels, dans les cafés, chez les gens d'affaires, chez les industriels, chez
les marchands; elles pénètrent même dans les familles chrétiennes... »,
t. VII, 75e livraison, 1er juillet 1840, pp. 144-148; t. VII, 79e livraison,
1er novembre 1840, pp. 352-356; De
(18) J. DEMARTEAU, Liégeois d'il y a
cent ans. Le fondateur de
(19) F. MAGNETTE, Pierre Kersten
(1789-1865) Essai d'étude biographique sur un grand patriote et publiciste
wallon, in
(20) Journal de Liège, 12 avril 1842,
p. 1 c. 3 « Ont été nommés membres du comité central, pour le terme d'une
année: MM. Jamme, ex-bourgmestre; Delfosse, membre de
(21) UNION LIBÉRALE. Les membres de l'association de l'Union libérale sont instamment priés de se rendre à l'assemblée générale qui aura lieu aujourd'hui 30 mars à 3 heures de l'après-midi, à l'hôtel de Suède.
Motifs de la convocation:
1° Rapport annuel du comité central;
2° Nomination du comité central de 1843;
3° Elections générales du mois de
juin;
(22)
(23)
(24) Pierre Joseph DESTRIVEAUX, Liège
13 mars 1780 - Schaerbeek 3 février 1853, professeur à l'Université de Liège,
membre du Congrès national, vice-président du Conseil provincial en 1840,
membre de
François-Joseph GRANDGAGNAGE, Namur
20 juin 1797- Embourg 19 février 1877 était conseiller à
(25) Jean-François RENNEQUIN,
Wassigny (départ. Ardennes) 19 octobre 1772, mort au château de Gingelom le 28
octobre 1846, commissaire de directoire exécutif près le canton de Rolduc,
membre de l'Administration centrale du département de
(26) Eugène-François, comte de MÉAN, de Beaurieux, 9 février 1789 – 7 avril 1816, dernier membre masculin de la famille, membre suppléant du Congrès national pour le district de Huy, en 1843 conseiller provincial pour le canton de Nandrin, C. Du Bus DE WARNAFFE et C. BEYAERT, Le Congrès national, p. 109.
(27) Gazette de Liège, 25 avril 1843, p. 2, c. l, 26 avril 1843, p. 2, c. 1 et 28 avril, p. 2, c. 3 ; Journal de Liège, 25 avril 1843, p. l, c. 4.
(28)
(29) Journal de Liège, 26 avril 1843,
p.
(30) Gazette de Liège, 26 avril 1843, p. 2, c. 1.
(31) Ibidem, 3 mai 1843, p. 2, c. 3.
(33) Jean-Joseph KENOR, né à Liège le
9 janvier 1787, mort à Liège, le 12 avril 1856, général de brigade admis à la
retraite le 18 juillet 1842. H. VIGNERON,
(34)
(35) Supplément électoral au Courrier des campagnes, in Journal de Liège, 1er juin 1843, p. 2, c. 3.
(36) « L'estime dont il [de Potesta] jouit est tellement grande que nos adversaires n'ont pas osé le repousser de leur liste, bien qu'il ait toujours combattu leurs opinions, bien qu'il ne fasse pas un mystère de la sympathie qu'il a pour les nôtres» Journal de Liège, 9 juin 1843, p. 1, c. 3 et U. CAPITAINE, Nécrologe liégeois, 1851, pp. 91-94 « cet honorable citoyen, dont les convictions étaient acquises au parti libéral fut constamment réintégré dans ce mandat important [de sénateur] ».
(37)
(38) Journal de Liège, 30 mai 1843, p. l, c. 2.
(39) Ibidem, 10 juin 1843, p. l, c. 4.
(40)
(41) Journal de Liège, 10 juin 1843, p. 1, c. 4. On trouvera sur la discorde entre aristocratie et bourgeoisie lors de la crise gouvernementale de 1841 des références dans A. VERMEERSCH, O. c., p. 84.
(42) Corneille, Richard, Antoine VAN BOMMEL, était né à Leyde le 4 avril 1790, préconisé évêque de Liège le 8 mai 1829, sacré le 15 novembre 1829, il mourut à Liège le 7 avril 1852. P. C. MOLHUYZEN et P. J. BL,OK, Nieuw Nederlandsch Biographisch Woordenboek, t. I, c. 398-400, U. CAPITAINE, Nécrologe liégeois 18152, pp. 108-181.
(43) Journal de Liège, 12 juin 1843, p. 1, c. 2.
(44) Ibidem, 11 juin 1843, p. 2, c. 1 et 2.
(45)
(46) Sur les appréhensions de voir la dîme réintroduite et les déclarations rassurantes de l'épiscopat, voir circulaire de Mgr. l'Évêque de Namur, 12 mai 1841, Journal Politique et Littéraire, t. V1II,.85e livraison, 12 mai 1841, p. 57 et lettre du recteur de Ram à Mgr. Sterckx, 19 juin 1841 et la note 161 de A. SIMON, Réunions des Évêques de Belgique 1830-1867. Procès-verbaux, in Cahiers du Centre interuniversitaire d'histoire contemporaine, n° 10, p. 62.
(47) L'arrondissement comptait au 1er janvier 1843, 200.359 habitants dont 74.531 dans les villes et 125.828 dans les campagnes. Sur les 2102 électeurs il y avait 936 électeurs des villes et 1166 des communes rurales. Cfr. Exposé de la situation du royaume. Période 1841-1850, t. III, p. 28.
(48)
(49) Gazette de Liège, 3 et 4 juin 1843, p. 2, c. 3.
(50)
(51)
(52)
(53) Gazette de Liège, 9 mai 1843, p. 2, c. 4 « La fraction du libéralisme modéré qui s'est séparé de l'union catholico-libérale pour se jeter dans l'union libérale exclusive n'est parvenue à faire réussir aucun de ses hommes à la réunion préparatoire qui a eu lieu à Liège. Ses nouveaux amis et alliés ne lui ont rien accordé... »
(54) L. VERHULST,
(55) Gazette de Liège, 18 mai 1843, p. 2, c. 1 « L'organe du comité libéral se trompe d'époque; il se croit probablement en 1793. Le langage qu'il tient, ses déclamations eussent été plus convenablement placés (sic) dans la bouche des hommes que la convention envoyait dans les provinces afin de les sans-culotiser, des hommes tels que les Carrier et les Lebon... »
(56) Gazette de Liège, 16 mai 1843, p. 2, c. 2.
(57) Ibidem, 25 mai 1843, p. 2, c. 2.
Après avoir rappelé les temps où « le sang coulait à flots sur les échafauds,
et le sans culottisme, la hache à la main, parcourait
(58) Gazette de Liège, 12 juin 1843,
p. l, c. 4 et dans le même sens le 26 mai 1843, p. 2, c. 1. Les élections et
les missions religieuses donnèrent lieu à des manifestations anti-cléricales à
cette époque. L'affaire de Tilff d'avril 1838 passionna l'opinion. Elle eut des
répercussions à Liège. Elle fut évoquée à
Moniteur belge, 20-21-22 février
1840. Sur l'affaire Journal historique et littéraire, t. V, 49e livraison, 1er
mai 1838, p. 5-18, t. VI, 1839, 61e livraison, 1er mai
A Ath, à la suite de la nomination du
député A. Dechamps, comme gouverneur de la province de Luxembourg, le collège
électoral de l'arrondissement fut convoqué le 19 juillet 1842. Dechamps qui
avait obtenu 642 voix contre 141 à Delescluse en 1839 ne l'emporta que de 17
voix (475 contre 458). L'élection « a été l'occasion des plus déplorables
excès. Des pierres furent jetées aux électeurs d'Ellezelles et d'Èverbecq, les
ecclésiastiques furent insultés. « Le curé de Moustier, assommé de coups
et ses habits mis en pièces, fut poursuivi par ces assommeurs. ... un autre
ecclésiastique fut également assommé dans une écurie... Telle était la rage des
assommeurs ... » Ces extraits du récit du Courrier de l'Escaut furent
reproduits par
(59) Gazette de Liège, 21 mai 1843, p. 1, c. 2.
(60) Ibidem, 10 et 11 juin 1843, p. 1, c. 2.
(61) Ibidem, 28 avril 1843, p.2, c. 3.
(62) Cfr Gazette de Liège, 1 et 2 juin 1843, p. 3, c. 2 et 3. Il faut « que la religion, ce plus grand des besoins dans la famille comme dans l'état ne perde point son influence nécessaire; que le caractère national ne subisse aucune altération, que nos institutions demeurent en concordance parfaite avec le pays ».
(63) Sur Mathieu-Lambert Polain, 25 juin 1808-4 avril 1872, cfr A. LEROY, Liber memorialis de l'Université de Liège, c. 11-24, J. DEMARTEAU, Liège il y a cent ans, pp. 85-91, et F. VERCAUTEREN, Cent ans d'histoire nationale en Belgique, pp. 45-50. .
(64) Bibl. de l'Université de Liège, mss. n° 2941. Nous remercions notre collègue M. Jacques Stiennon qui a eu l'amitié de nous signaler ce document.
(65) François d'Elhoungne, 1815-1892, avocat à Gand; son élection contestée car le ballotage avait été remis au lendemain, fut validée le 16 novembre 1843. Sur cet homme politique qui s'entendit mal avec Frere-Orban et Rogier, J. GABSOU, Les débuts d'un grand règne, II, 56-59.
(66) Adelson-Joseph-Adolphe CASTIAU, Péruwelz 10 juin 1804-Paris 20 décembre 1879, député permanent, avait été élu à Tournai par 752 voix (1448 votants, majorité absolue 725).
(67) Albert-Joseph GOBLET, né à Tournai le 26 mai 1790, mort à Bruxelles le 5 mai 1873, comte d'Alviella, lieutenant-général, était notoirement libéral, mais en acceptant le portefeuille des Affaires étrangères dans le
Cabinet Nothomb, remanié le 16 avril
1843, il avait encouru les critiques des libéraux exclusifs. A Tournai, aux
élections du 13 juin 1843, il avait obtenu 725 voix, précédant Le Hon de six
voix, le catholique Dubois n'avait recueilli que 701 voix (Moniteur, 15 juin
1843, p. 2, c. 2). Sur Goblet voir la biographie de T. JUSTE, Le lieutenant
général comte Goblet d'Alviella, ministre d'État, d'après des documents,
inédits, et H. T. DESCHAMPS, La vocation, du général Goblet, in
(68) Cools avait perdu son siège à Saint-Nicolas n'ayant obtenu que 494 voix, ses adversaires Verwilghen et De Meester recueillant 666 et 664 voix, le vicomte Ch. Vilain XlIII l'emportait haut la main (978 voix).
(69) Il s'agit sans doute de Dubus.
(70) Bartholomé-Théodore DE THEUX, Schaebroek (Limbourg) 25 février 1794-Heusden (Limbourg) 21 août 1874, chef du gouvernement de 1834 à 1840, leader de la droite, Ch. TERLINDEN, in Biographie nationale, t. XXIV, c. 771-782.
(71) De Nayer avait été élu à Alost, de Meester et Verwilghen à Saint-Nicolas. .
(72) Dubus, N. de Behr et Demonceau (528 voix), député de Verviers évincé par David (653 voix sur 1109 votants).
(73) Victor Pirson avait remplacé son père à Dinant, il avait été élu par 319 voix, son adversaire Collet en obtenant 285.
(74) Édouard Joseph MERCIER, Braine
l'Alleud le 12 germinal an VII (1er avril 1799) - Bruxelles 18 janvier 1870.
Fit sa carrière dans l'administration des finances où il était entré comme
surnuméraire en 1819. En 1839 il était directeur de l'administration générale
des contributions directes, cadastre, douanes et accises. Député de Nivelles le
18 janvier 1837, il fut trois fois ministre des Finances dans le Cabinet Lebeau
du 18 avril 1840 au 13 avril 1841, dans le Cabinet Nothomb du 16 avril 1843 au
30 juillet 1845, et dans le Cabinet de Decker du 30 mars 1855 au 9 novembre
1857. Nommé ministre d'État le 12 août 1845 il fut le même jour nommé
gouverneur du Hainaut de 1845 à son remplacement par le sénateur A. Dumon, le
12 août
(75) Barthélemy DUMORTIER (1797-1878), député catholique de Tournai, BRABANT, député catholique de Namur, auteur avec Dubus aîné de la proposition de loi accordant la personnification civile à l'Université de Louvain.
(76) Marcellin FAURE, journaliste français, directeur du Mémorial belge, le 16 décembre 1831, fondu un an plus tard dans l'Indépendant, feuille libérale que les bailleurs de fonds, le Roi en tête, voulaient transformer en ministériel. Les relations entre Nothomb et Faure connurent des fortunes diverses de 1831 à 1843. En juin 1843, précisément une crise grave éclata entre les deux hommes à la suite des élections et des commentaires de l'Indépendant. Une société en commandite fut constituée le 26 juin et Marcellin Faure devint le rédacteur en chef du journal libéral L'Indépendance belge. Il en assurait aussi la direction, il rencontra des difficultés financières et l'année suivante le 25 août 1844, Léopold 1er lui accorda une pension, Faure quittant le journal. A. VERMEERSCH, O. c. pp. 73-81, et J. RUZETTE, J.B. Nothomb, pp. 103.104, ARCHIVES DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE BELGIQUE copie de la correspondance diplomatique de Dietrichstein, 10945, 21 juin 1843, 1 juillet 1843 et de Rumigny, 21 et 28 juin 1843.
(77)
Clément-Barthélemy-Lambert-Joseph MULLER, né à Liège le 15 septembre 1810 de
parents domiciliés en Belgique, son père était né à Coblence, décédé à Liège le
15 décembre 1882. Docteur en droit de l'Université de Liège le 7 mai 1831, ami
intime de Jacques DESOER, devint rédacteur en chef du Journal de Liège. Il
contribua puissamment au réveil et au succès de l'opinion libérale ans la
province. (Journal de Liège, 15 décembre 1882, p. 2, c. 1). Élu à Liège
conseiller provincial en 1840, il siégea à la députation permanente du 17
juillet 1847 jusqu'en 1858 lorsqu'il entra à
(78) Jacques DESOER, 1798-1881,
imprimeur, propriétaire du Journal de Liège, in Album édité à l'occasion du
deuxième centenaire de
(79) L'Émancipation, 16 juin 1943, p. 2, c. l.
(80) Journal historique et littéraire, t. X, III e livraison, 1er juillet 1843, pp. 141-146. Kersten insiste sur la nécessité de sauver la langue flamande « ... la culture de cette langue doit être le principal moyen à employer. Si l'étude en était négligée dans les écoles, si les jeunes gens, après être entrés dans le monde ne trouvoient pas ou trouvaient difficilement dans cet idiome, les livres et les journaux dont ils peuvent sentir le besoin, il est évident que ce rempart doit s'écrouler peu à peu et finir pas disparaître ».
(81) Journal de Liège, 12 juin 1843,
p. l, c. 1. Le général comte GOBLET, tournaisien, était à ce moment candidat
pour
(82) ARCHIVES DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE BELGIQUE, 10945, Dietrichstein à Metternich, Bruxelles, 14 juin 1843 (copie).
(83) Ibidem.
(84) ARCHIVES DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE BELGIQUE, 10945, Dietrichstein à Metternich, Bruxelles, 17 juin 1843 (copie).
(85) Ibidem, Rumigny à Guizot,
Bruxelles, 14 juin 1843, H. T. DESCHAMPS,
(86) Ibidem, 16 juin,l843 et H. T. DESCHAMPS, o. c., p. 364.
(87) H. T. DESCHAMPS, o. c., p. 365.
Il y avait, cependant du mouvement, en ville le soir des élections. La presse
locale les jugeait différemment.
(88) A. SIMON, Lettres de Pecci, p. 116. Pecci à Lambruschini, 28 juin 1843.
(89) Le 8 avril 1845, Frère-Orban écrit à Delfosse à propos de la zizanie dans le camp libéral liégeois « J'ai dit franchement mon opinion sur cette guerre intestine qui dure depuis dix ans, qui a paru cesser dans le principe de l'Association mais qui renaît depuis l'an dernier plus vivace que jamais ». ARCHIVES GÉNÉRALES DU ROYAUME, Papiers Frère-Orban, 1063.
(90) R. DEMOULIN, Recherches de sociologie électorale en régime censitaire, in Revue français 3 de science politique, 1953, n° 4, p. 703 et 706.