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« Aperçus de la part que j’ai prise à la révolution de 1830 » (« Mémoires »), par A. Gendebien (1866-1867)

 

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C. LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE.

 

XXIX. Les aspirations des provinces rhénanes.

 

(page 381) Les provinces rhénanes avaient tressailli à la nouvelle des trois journées de Juillet à Paris ; elles avaient applaudi à la chute des Bourbons et de la légitimité de droit divin et de l’ancien régime ; elles croyaient, comme nous, que la France avait reconquis pour elle et pour l'Europe, la liberté et l'égalité, proclamées le 4 août 1789. Elles avaient considéré notre révolution de septembre comme une conséquence  de celle de juillet, et comme la consécration de la propagation des principes du 4 aout 1789. Aussi applaudirent-elles a nos succès : elles nous donnèrent des preuves de sympathie et de leurs désirs de contribuer à la consolidation de notre révolution ; elles allèrent plus loin : elles exprimèrent l’espoir de notre coopération, de notre assistance pour leur délivrance.

J'ai eu plusieurs conférences avec les patriotes rhénans, ils se faisaient illusion sur l'état de nos forces, de nos moyens d'action ; ils les mesuraient, les appréciaient d'après nos nombreuses victoires qui nous avaient mis en possession de nos places fortes et de tout notre territoire en un mois de campagne.

Je leur fis comprendre que nous ne pouvions rien sans la France.

Que sa protection était nécessaire, indispensable, au maintien de notre indépendance, que son gouvernement se refuserait à toute espèce d'entreprise. Qu'il n'était fort que pour la défensive, parce que la France entière se lèverait pour repousser une agression. Que si nous avions l'imprudence de prendre une initiative quelconque, le gouvernement français nous retirerait sa protection et nous laisserait probablement écraser, parce qu'il n'a pas d'armée à mettre en campagne. Il l'a trouvée complètement désorganisée, plusieurs mois sont indispensables pour sa réorganisation.

En 1830, l'imagination ne s'effrayait de rien : ainsi des députations rhénanes, des Prussiens, des Polonais, avaient espéré une levée de boucliers formidable et avaient conçu le projet d'une fédération de l'occident qui aurait son siège à Francfort-sur-Mein, où toutes les (page 382) nations seraient représentées dans un Congrès européen, quelle que soit la forme de leur gouvernement.

C'était une fédération à l'instar des Etats-Unis, sauf la forme républicaine qui était momentanément ajournée.

C'était une utopie, digne de méditation et vers laquelle convergeront tous les bons esprits, alors que les peuples fatigués des calamités qui les oppriment et les écrasent, comprendront la nécessité de s'unir pour y mettre un terme.

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