Accueil        Séances plénières         Tables des matières         Biographies         Livres numérisés     Bibliographie et liens      Note d’intention

 

« Aperçus de la part que j’ai prise à la révolution de 1830 » (« Mémoires »), par A. Gendebien (1866-1867)

 

Chapitre précédent                         Retour à la table des matières                          Chapitre suivant

 

B. LA GENÈSE DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE.

 

IX. L'arrivée de Louis De Potter.

 

(page 305) C'est au milieu des joies, du délire de la victoire, que De Potter arriva à Bruxelles, le 28 vers six heures du soir.

Un biographe de De Potter dit que les membres du Gouvernement provisoire se jetèrent dans ses bras. Je crois qu'il y avait peu de membres du Gouvernement provisoire à l'Hôtel de 'Ville, lors de l'arrivée de De Potter ; je ne sais s'ils se sont jetés dans ses bras. Van de Weyer et moi n'y étions pas ; après notre dîner, nous nous rendîmes à l'Hôtel de Ville ; nous ne nous jetâmes point dans les bras de De Potter ; c'est lui qui se jeta dans les nôtres. La raison en est simple ; il avait à se faire pardonner ses hésitations à Lille et à Valenciennes, son refus de marcher au secours de Bruxelles ! Nous, nous ne les avions pas oubliés. Nous n'avions pas oublié non plus les services qu'il avait rendus, (page 306) avant le combat, à la cause de notre indépendance ; nous savions les services qu'il pouvait lui rendre par sa popularité ; aussi, dès le lendemain de la victoire (le 27 septembre), nous proposâmes au gouvernement provisoire le rappel de M. De Potter et des autres bannis.

M. De Potter, qui ne laisse jamais passer une occasion de lancer à ses anciens collègues un trait empoisonné, dit, page 142 de ses Souvenirs personnels : « Lorsque le Gouvernement provisoire avait appris que j'étais en route, il s'était hâté de me rappeler par un arrêté ad hoc que je reçus avant d'entrer à Bruxelles.»

C'est un mensonge en fait, une calomnie dans l'intention ! Non, M. De Potter, nous ne savions pas, dans la matinée du 27 que vous étiez en route ; puisque vous n'avez quitté Lille que le 27, au soir (voir page 134). Ce n'est pas parce que nous savions que vous étiez en route ; c'était au contraire pour vous déterminer à partir ; c'était pour vous ôter tout prétexte d'hésitations nouvelles, que nous avions pris, le 27 septembre au matin, l'arrêté qui vous rappelait, ainsi que tous les bannis.

Nous avions fait de De Potter un drapeau ; nous savions, par expérience, qu'il n'avait que la valeur d'un drapeau ; mais ce drapeau, tenu et dirigé d'une main ferme, pouvait rendre de grands services à la cause que nous avions embrassée avec ardeur, soutenue avec persévérance et que nous étions décidés à faire triompher, par tous les moyens, sans en négliger aucun ; c'est pourquoi nous l'avons mis en demeure de revenir.

Chapitre suivant